Thu, 08 Jan 2009 14:03:23
Valse avec Bachir
Valse avec Bachir
(en hébreu ואלס
עם
באשיר ; Waltz with
Bashir pour le titre anglais) est un film d'animation de 2008 réalisé
par Ari Folman. C'est une coproduction internationale entre Israël, l'Allemagne et la France.
En
1982, Ari Folman a vingt ans et fait son service militaire dans l'armée
de son pays. En 2006, il rencontre un ami de cette époque qui lui
raconte ses cauchemars, liés à l'Opération Paix en Galilée. Folman se
rend compte qu'il n'a pas de souvenirs de cette époque, mais, le soir
même, il rêve d'un épisode du massacre de Sabra et Chatila dont il ne
sait pas s'il a réellement eu lieu.
Dans son souvenir, lui et
d'autres soldats israéliens se baignent dans la baie de Beyrouth sous
la lumière des fusées éclairantes qui explosent au dessus de la ville.
Il va alors enquêter sur cette époque pour savoir ce qui s'est
réellement passé pendant la guerre, plus spécialement à Sabra et
Chatila. Le film se termine alors sur des images documentaires réelles
filmées par la télévision britannique lors des évènements.
Le
film, proche du questionnement documentaire, aborde la question de la
mémoire et de l'oubli. Il s'intéresse en particulier aux soldats
israéliens confrontés aux souvenirs du massacre de Sabra et Chatila en
1982 lors de l'intervention militaire israélienne au Liban de 1982 :
partie prenante ou spectateurs ? Ce thème historique est atypique pour
un film d'animation.
Le film était en compétition officielle du
61e Festival de Cannes (2008), où il a reçu un large succès de la
critique lors de sa première.
Cette fresque explore
l'inconscient d'Ari Folman, confessant que ce film est son « histoire
personnelle » et dont les nuits sont troublées par des hallucinations.
Il
s'agit du premier long métrage documentaire d'animation (un
court-métrage documentaire d'animation avait été fait en 1994 par Chris
Landreth sous le titre Ryan).
Le titre fait référence à une
scène du film où, pendant un combat en plein Beyrouth, un officier
israélien tire longuement en tournant sur lui-même, effectuant ce qui
ressemble à une valse, à quelques mètres d'un immense portrait de
Bachir Gemayel. Le meurtre de Gemayel fut, à l'époque, l'évènement
déclencheur des massacres de Sabra et Chatila.
Valse avec Bachir
est un film pour adultes, mû par une profonde inquiétude, conduit comme
une psychanalyse. Qu'ai-je donc fait à Beyrouth, en septembre 1982,
pendant le massacre perpétré par les chrétiens phalangistes dans les
camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila ? Ainsi se tourmente
Ari, l'auteur-réalisateur.
Le film progresse à coups de
témoignages d'anciens compagnons d'armes, auprès desquels Ari cherche à
reconstituer ses souvenirs. Le choix du dessin est celui de
l'imaginaire, de la fiction, du spectacle.
Ce choix se révèle
également fulgurant pour refléter la navigation du récit entre présent
et passé, fantasmes et vérités, ou pour suggérer tour à tour la
dilatation et la rétractation du temps. Non seulement les souvenirs
d'Ari lui font défaut, mais les anciens soldats qu'il retrouve
paraissent eux-mêmes flotter dans les eaux troubles de leur mémoire et
d'images qu'ils ont reconstruites a posteriori. A l'écran, tout
présente le même degré de réalité ou d'irréalité : les corps fatigués
d'aujourd'hui et ceux, juvéniles, d'hier, les flashs mentaux et les
épisodes avérés, les souvenirs et les scènes oniriques.
Valse
avec Bachir ne réserve cependant aucune vraie révélation sur Sabra et
Chatila et le laisser-faire coupable de l'armée israélienne lors des
massacres. Ari Folman cherche avant tout à regarder enfin en face une
vérité déjà accessible à autrui depuis longtemps. Sa quête est
personnelle, et de cette dimension intime, commune à tous les
témoignages recueillis, découle l'émotion spéciale provoquée par le
film. Autour de la tâche aveugle des tueries de Beyrouth ressurgissent
les années 80 d'une jeunesse banale, rétrospectivement bouleversante :
le tube Enola Gay, d'Orchestral Manoeuvres in the Dark, les soirées en
boîte et leur tension sexuelle, les odeurs de patchouli prisées alors
par les jeunes Israéliens.
Pour ces garçons d'autrefois,
l'expérience du front était éventuellement une façon de conjurer un
manque de succès auprès des filles ou la blessure d'avoir été quittés
par leur copine. L'un croit se souvenir de son trajet en bateau vers
Beyrouth comme d'une croisière sur un yacht avec la fête à bord, une
cuite et un rêve érotique titanesque sur le pont. En chacun et comme
pour toute guerre, le maniement des armes - sensation de
toute-puissance comprise - et le voisinage de la mort ont provoqué un
dérèglement à long terme, la culpabilité d'avoir survécu, un
renoncement aux ambitions d'avant le départ.
Fiche technique
*
Titre original : ואלס
עם
באשיר Vals Im Bashir
* Titre anglais : Waltz with Bashir
* Réalisation : Ari Folman
* Scénario : Ari Folman
* Musique originale : Max Richter
* Animateur : Tal Gadon, Gali Edelbaum
* Durée : 90 minutes
* Dates de sortie : 3 mai 2008 (festival de Cannes)
* Récompenses : Six Ophir du cinéma
Thu, 04 Dec 2008 16:56:29
Les Aventures de Robin des Bois (1938)
Les Aventures de Robin des Bois film américain de Michael Curtiz et William Keighley (The Adventures of Robin Hood) sorti en 1938.
En
l'an 1191, le roi Richard Cœur-de-Lion, parti pour les Croisades, a été
fait prisonnier par Léopold d'Autriche, qui demande un million d'écus
de rançon. Mais à la Cour de Nottingham, son frère, le prince Jean, qui
s'est assuré la complicité du seigneur Guy de Gisbourne, tient à garder
le pouvoir. Robin de Loxsley, archer de grande valeur, se refuse à
reconnaître l'autorité de l'usurpateur. Recherché activement, il se
réfugie dans la forêt de Sherwood avec quelques compagnons dont
Petit-Jean, Willy l'Écarlate et Frère Tuck. Ensemble, ils recrutent des
hommes fidèles à Richard et organisent la résistance.
Les
révoltés font prisonnier Gisbourne et sa suite venus récolter les
impôts. Robin décide d'envoyer le butin ainsi recueilli en Autriche,
pour payer la rançon de Richard. Ce geste lui attire la sympathie de
Lady Marian, qui accompagnait Gisbourne. Peu après, enfin libéré, le
roi Richard refait son apparition. Avec l'aide de Robin, il parviendra
à récupérer son trône, tandis que Gisbourne sera tué en duel. Le prince
Jean sera condamné à l'exil et Robin, promu baron, épousera Marian avec
la bénédiction du roi.
Remake du remarquable Robin des Bois
(Robin Hood, 1922) d’Alan Dwann avec Douglas Fairbanks, ce film
apparaît comme la quintessence du grand cinéma hollywoodien. C’est un
spectacle total, magique, l’étalon-or du film d’aventures. Son
scénario, qui nécessita plusieurs moutures, fut sciemment organisé
autour de sept morceaux de bravoures : l’apparition insolente de Robin
au château de Nottingham, son duel amical avec Petit Jean près de la
rivière, sa rencontre avec frère Tuck, l’attaque du convoi de Sir Guy,
le tournoi de la flèche d’or où Robin est capturé, la libération de
Robin sur la potence et la bataille finale avec le duel entre Robin et
Sir Guy.
Les scènes d’action, tournées à l’origine par William
Keighley, ont été retouchées par Michael Curtiz après qu’il l’eut
remplacé après deux mois de tournage (reproche avait été fait à
Keighley de manquer de vigueur dans sa réalisation). C’est bien à
Curtiz, en revanche, que l’on doit toutes les scènes d’intérieur aux
fabuleux contrastes. Ce film est le second parmi les dizaines
d'adaptation du mythe, mais il a marqué l'histoire du cinéma en
utilisant le tout nouveau procédé Technicolor. Vedette du film au même
titre qu’Errol Flynn, le Technicolor trichrome gagne en 1937 ses
lettres de noblesse en imposant ses conventions dans le cinéma
d’aventures. Ce film est le premier en couleurs de la Warner Bros.
Ce
film contient de nombreux systèmes d'opposition : la forêt/le château,
le végétal/le métal-minéral, le haut/le bas, le peuple/l’aristocratie,
les Saxons/les Normands, la loyauté/la félonie, l’individu/le groupe,
le légal/l’illégal, etc. Et ce contraste se poursuit par une
utilisation symbolique des couleurs, à laquelle nous sommes aujourd'hui
habitué, mais qui a été expérimenté ici.
D’emblée, le contraste
est fort entre les couleurs vives des costumes des personnages et de
leurs accessoires et l’environnement froid des murs du château, comme
pour rehausser la valeur signifiante affectée à la couleur dans la
dramatisation. Robin porte haut les couleurs de la forêt (le vert et
l’ocre), bien détaché sur les tons ternes du mur et des uniformes des
gardes. Mais il ne s'agit pas d'une opposition systématique et
simpliste entre les couleurs saturées des bons (Robin) et les couleurs
ternes des méchants (les autres).
Ce n’est pas le cas. Le code
est plus complexe. Tous les autres personnages de félons sont, eux
aussi, parés de couleurs vives. Ainsi Guy de Gisbourne, en rouge et
bleu, avec des motifs dorés, l’évêque de Black Mountains, en violet, ou
même du prince Jean, dont le revers bleu-vert de sa tunique pâle frappe
l’œil. On peut remarquer que, dans le premier cas, les deux couleurs
primaires de Gisbourne s’opposent logiquement à la troisième, celle de
Robin. Les couleurs des trois personnages cités ont ici une fonction
symbolique propre à chacun d’ eux : le rouge dominant du vêtement de
Guy de Gisbourne exprime son caractère sanguinaire et pulsionnel ; la
fonction épiscopale impose plus simplement le port de la couleur
améthyste ; enfin, la tunique du prince Jean, démarquée de la franchise
rubiconde de Gisbourne, signifie, par sa pâleur et l’absence de
couleurs saturées, la ruse et l’hypocrisie.
Mais le principe
général qui commande le code chromatique du film ne se situe pas là. Il
repose en fait sur l’opposition du mat et du brillant : l’éclat des
parements, bijoux, motifs d’armoiries et surfaces satinées des félons,
outre qu’il connote la valeur sociale de leurs nobles porteurs,
s’oppose aux tons mats des rebelles de Sherwood et des gens du peuple.
Cette opposition, lorsque Robin se trouve debout devant ses ennemis,
est frappante. La vaisselle dorée, les chandeliers, l’éclat mordoré des
tentures, la clarté brillante des tuniques des personnages secondaires
ajoutent à cet effet.
Dans le cours du film, cette stratégie
fait évoluer les personnages. Ou ne les fait pas évoluer : dans le cas
de Guy de Gisbourne, sa tenue, lors des scènes d’action, est
invariablement à dominante rouge sang. Tandis que la félonie et
l’hypocrisie du prince Jean sont constamment désignées par des
changements de costumes. Le cas de Lady Marian est intéressant à
étudier de façon plus approfondie :au début du film la jeune femme est
clairement du côté des aristocrates, par les atours dont elle s’est
parée. Une coiffe satinée et une robe sertie de pierres et d’émeraudes
dont l’éclat tranche sur une cape noire de jais la désignent comme une
ennemie de Robin. Et pourtant, la robe se singularise par son
bariolage, c’est-à-dire par le fait qu’une couleur est imprécise. Tout
au long du film, Lady Marian, seul personnage à évoluer positivement
pour épouser enfin la cause des rebelles, passe insensiblement de la
brillance aristocratique à la matité populaire, de la couleur vive à la
clarté virginale.
Les Aventures de Robin des Bois est considéré
par les cinéphiles comme la quintessence du film d'aventure classique
hollywoodien. Ce fut un immense succès à sa sortie en 1938.
Distribution
* Errol Flynn (Robin)
* Olivia de Havilland (Lady Marian)
* Basil Rathbone (Guy de Gisbourne)
* Claude Rains (prince Jean)
* Patrick Knolles (Will Scarlett)
* Ian Hunter (Richard Cœur de Lion)
* Eugene Pallette (frère Tuck)
* Alan Hale (Little John).
Fiche technique
* Titre original : The Adventures of Robin Hood
* Réalisation : Michael Curtiz
* Scénario : Norman Reilly Raire, Seton I. Miller et Roland Leigh, d'après une légende du moyen-âge
* Musique originale : Erich Wolfgang Korngold
* Image : Tony Gaudio & Sol Polito
* Date de sortie : 25 avril 1938 (USA)
* Durée : 102 minutes
Tue, 02 Sep 2008 07:31:50
L'Empreinte de l'ange
L'Empreinte de l'ange , film français de Safy Nebbou sorti 13 août 2008. Il est inspiré d'une histoire vraie.
Elsa
Valentin, une préparatrice de pharmacie, est en cours de divorce et
dépressive. Alors qu'elle va chercher son fils à une fête chez un de
ses camarades, elle aperçoit une petite fille de 7 ans, Lola, qui la
trouble profondément. Revoir la petite Lola devient une obsession pour
elle, au prix de délaisser son travail et son fils.
Elle suit la
famille de Lola Vigneaux, et réussit à se rapprocher de la petite fille
en prétextant de visiter leur maison qui est à vendre, en prévision
d'un départ de la famille à l'étranger. Elsa, dès lors, crée les
coïncidences pour passer des moments avec Lola. Sa négligence pour son
fils inquiète les parents d'Elsa qui finalement leur avoue qu'elle est
persuadée d'avoir reconnu en Lola, sa fille morte à cinq jours dans
l'incendie de la maternité où elle avait accouché. L'entourage d'Elsa
s'inquiète de sa mythomanie et Claire, la mère de Lola, commence à être
suspicieuse de cette femme qui entoure son enfant.
Quelques
jours plus tard, Claire oblige Elsa à lui avouer ses motivations.
Devant les révélations, elle prend peur et menace Elsa. Cette dernière
ne cède pas et lui demande de pratiquer des tests ADN pour qu'elle
puise enfin où non faire le deuil de cette enfant qu'elle à perdu. La
famille Vigneaux refuse, et Claire commence à se troubler. Après une
violente lutte qui oppose les deux femmes — Elsa ayant pénétré dans
leur maison pour se trouver des cheveux de la petite Lola — Elsa est au
bord de craquer psychologiquement, lorsque Claire, finit par venir à sa
rencontre et lui avouer qu'elle était présente à la maternité lors de
l'incendie. Lola est bien sa fille.
Le moteur et l'intérêt
principal de l'histoire, qui a les avantages et les faiblesses d'un
scénario inspiré du réel, est le face à face entre les deux actrices,
toutes les deux remarquables: Sandrine Bonnaire, la maman officielle de
l'enfant, et Catherine Frot, la challenger déstabilisée, fragile puis
inquiétante et menaçante, peut-être folle. Il y a bien une relation
spéculaire entre elles : peu à peu, l'une semble prendre la place de
l'autre, et vice versa.
L'Empreinte de l'ange, ce n'est pas du
Bergman, mais c'est mieux qu'un thriller mélodramatique calibré. La
scène d'ouverture, qui voit Catherine Frot traverser en voiture un
quartier incendié, enfumé, comme une frontière mentale est remarquable.
Belles et inquiétantes séquences de piscine, de patinoire ou de danse,
imprégnées de l'éventualité d'un rapt, ou pire, et mobilisant chaque
fois toutes les ressources anxiogènes propres à leur décor.
Le
film garde une belle tenue, évite le trop-plein de larmes ou de mots au
profit d'une attention méticuleuse aux attitudes et aux regards. Si
Sandrine Bonnaire excelle sur le mode de la défensive, Catherine Frot
est stupéfiante, donnant l'impression rare de n'en savoir jamais plus
que son personnage hagard. Aux deux, l'épilogue qui aurait pu gagner à
être plus elliptique, offre une partition équilibrée, qui ne prétend ni
liquider toutes les souffrances du monde, ni les décréter à jamais
inconsolables.
Distribution
* Catherine Frot : Elsa Valentin
* Sandrine Bonnaire : Claire Vigneaux
* Wladimir Yordanoff : Bernard Vigneaux
* Antoine Chappey : Antoine
* Michel Aumont : Alain Valentin
* Michèle Moretti : Colette
* Sophie Quinton : Laurence
Fiche technique
* Réalisateur : Safy Nebbou
* Scénario : Cyril Gomez-Mathieu et Safy Nebbou
* Photo : Éric Guichard
* Montage : Bernard Sasia
* Producteur :Michel Saint-Jean
* Durée : 95 minutes
* Distribution : Diaphana films
* Date de sortie : 13 août 2008 (France)
Thu, 14 Aug 2008 09:22:18
Nue propriété
Nue propriété film franco-belge (et aussi luxembourgeois) réalisé par Joachim Lafosse, sorti en 2006.
Pascale
est divorcée et vie avec ses deux fils étudiants dillettantes dont elle
s'occupe seule. Quand leur mère décide de vendre la maison familiale,
Thierry et François réalisent qu'ils vont devoir affronter leur vie
d'adulte. Leur relation fusionnelle va alors se transformer en guerre
fratricide sous les yeux impuissants de leur mère.
Le film
aborde de façon frontale la profonde dyssimétrie qui peut exister dans
un couple divorcé, entre le père qui refonde un foyer et la mère qui se
fait traiter de "pute" dès qu'elle tente de retrouver une vie affective
normale. Le malaise est accentué par l'attitude de Pascale qui tente de
maintenir une relation fusionnelle avec ses jumeaux qui ont dépassé les
20 ans. Dans certaine circonstanes, elle se comporte en camarade et non
en mère.
Comme dans ses autres films, la question de l'identité
linguistique en Belgique est posée. Le français et le flamand n'ont pas
la même portée; ainsi le père divorcé s'est remarié avec une flamande
et communique avec son nouvel enfant en flamand.
Isabelle
Huppert est irréprochable dans son interprétation, comme dans presque
tous ses films; elle élève ainsi le niveau des principaux acteurs qui
savent trouver le juste ton.
Le court métrage Tribu (2001) avait esquissé les principaux thèmes de ce film, avec toutefois une morale différente.
"Maîtrisés,
fixes, proches des acteurs, les plans sont souvent superbes. Les
personnages y entrent, les traversent en occultant parfois les autres.
La mise en scène construit une distance que le jeu intense des acteurs
conteste. Isabelle Huppert nappe son personnage de ce mélange de
ténacité et de fragilité qui est sa marque. Jérémie Rénier est superbe,
buté, emporté et malheureux et son frère Yannick est bouleversant."
Edouard Waintrop, Libération, 21 février 2007
Distribution
* Isabelle Huppert : Pascale
* Jérémie Renier : Thierry
* Yannick Renier : François
* Kris Cuppens : Jan
* Patrick Descamps : Luc
* Raphaëlle Lubansu : Anne
* Sabine Riche : Gerda
* Dirk Tuypens : Dirk
* Philippe Constant : Ami de Jan
* Catherine Salée : Amie de Jan
* Delphine Bibet : Karine
Fiche technique
* Titre : Nue Propriété
* Titre international : Private Property
* Réalisation : Joachim Lafosse
* Scénario : Joachim Lafosse et François Pirot
* Production : Joseph Rouschop
* Sociétés de production : Tarantula et Mact productions
* Photographie : Hichame Alaouie
* Son : Benoît De Clerck
* Montage : Sophie Vercruysse
* Décors : Anna Falguère
* Costumes : Nathalie du Roscoat
* Pays d'origine : Belgique - France - Luxembourg
* Durée : 90 minutes
* Date de sortie : 1er septembre 2006 (Mostra de Venise), 24 janvier 2007 (Belgique); 21 février 2007 (France)
* Nominé au Lion d'Or et Prix Signis à la Mostra de Venise.
Tue, 01 Jul 2008 21:07:14
Perfect Blue
Perfect Blue ( Pefekuto Buru) film d'animation japonais de Satoshi Kon, sorti en 1999 en France.
Analyse
La
chanteuse Jpop Mima quitte son groupe déjà très populaire, les Cham,
pour se lancer dans une carrière d'actrice. Pour ses débuts, elle
accepte un petit rôle dans une série télévisée. Mais ce tournant dans
sa carrière correspond-t-il vraiment à ce qu'elle souhaitait? De plus,
cela ne plaît pas à tous ses fans. L'un d'entre eux fait savoir sa
rancœur à Mima à travers un site Internet où il dévoile des détails de
la vie privée de la jeune femme. Par la suite, plusieurs incidents très
graves arrivent à l'entourage de Mima. La jeune femme confond peu à peu
la réalité avec ses rêves et la série qu'elle tourne. Elle plonge dans
un état de schizophrénie avancée.
Perfect Blue est réussi dans le sens ou jusqu'au dénouement on se
demande si tout ce que l'on voit arrive vraiment, si c'est une scène de
la série télévisée, ou si c'est l'héroïne qui fait des crises de
schizophrénie...
La tension monte puis descend un peu pour remonter encore plus haut...
Malgré quelques faiblesses techniques (l'animation n'est pas toujours
des plus fluides), c'est un film captivant et on oublie rapidement que
c'est un film d'animation grâce a un doublage des plus convaincants
(j'etais plutot crispee par les cris de l'héroïne pendant la scène de
viol, qui est pourtant on le sait simule !), de plus la bande sonore
soutient bien les moments de tension sans trop miser sur les effets...
Perfect Blue fait partie de ces films qui s'ils avaient été réalisés
ailleurs qu'au Japon ne seraient pas des films d'animation. Mais la
tradition nippone de dessins animes fait que leur production revient
beaucoup
moins chère que celle d'un long métrage classique et permet à des
réalisateurs de montrer leur talent sans avoir a faire trop de
concessions a un producteur qui a peur de l'échec commercial.
A voir des films comme celui-ci en France, j'aime a me dire qu'un jour
les
producteurs occidentaux comprendront que la technique de l'animation ne
convient pas uniquement aux films pour enfants. Mais sans doute
manquons-nous encore de realisateurs dignes de ce nom dans ces
milieux...
Fiche technique
* Réalisateur : Satoshi Kon
* Scénariste : Sadayuki Murai
* Producteurs : Hiroaki Inoue / Masao Maruyama
* D'après l'œuvre de : Yoshikazu Takeuchi
* Musique : Masahiro Ikumi
* Directeur de la photographie : Hisao Shirai
* Animation et effets visuels : Hiroyuki Morita
* Producteurs exécutifs : Koshiro Kanda / Yuichi Tsurumi
*Durée 81 minutes
*Date de sortie : 28 février 1998 (Japon) 8 septembre 1999 (France)
Tue, 01 Apr 2008 19:37:53
Boys Don't Cry
Boys Don't Cry film américain réalisé par Kimberly Pierce, sorti en 1999.
Analyse critique
Teena
Brandon est une jeune femme de 20 ans atteinte d'une crise d'identité
sexuelle. Elle est née hermaphrodite, c'est un gêne qui lui permet
d'avoir des organes appartenant aux deux sexes. Se sentant plus à
l'aise en tant qu'homme plutôt que femme, elle change de nom et se fait
passer pour Brandon, un jeune homme aux cheveux courts et quitte sa
mère pour Lincoln et décide de cohabiter avec son cousin, Lonny.
N'ayant pas encore l'argent pour se faire une transplantation de sexe,
elle se sert de stratagèmes pour se faire passer pour un homme
(comprimation de poitrine).
Un évènement fâcheux avec une fille
pousse Lonny à jeter Teena dehors. C'est alors qu'il fait la
connaissance de Candace dans un bar du coin.
Il lui sauve la vie
lors d'une rixe avec un gars qui a essayé de la prendre avec lui.
Brandon fait la connaissance de John Lotter et son meilleur ami Tom,
qui pour le remercier l'entraînent à Falls City, une petite bourgade à
quelques kilomètres de Lincoln.
Il parvient à s'intégrer
facilement parmi la communauté des jeunes de la ville. Il tombera
amoureux de Lana Tisdel, la meilleure amie de Candace et la
"petite-soeur" de John, qui lui voue une dévotion et un soutien
obsessionnel.
Lors d'une course-poursuite contre une bande de
filles de riches, Brandon contourne la police sous une fausse identité,
ce qui permet aux autres de ne pas découvrir la vérité. Quelques jours
après ses 21 ans fêtés aux côtés de Lana et ses amis et le séjour de
Brandon en prison, John et Tom découvrent que Brandon est en réalité
une femme.
L'histoire est rigoureusement authentique: Teena
Brandon, 21 ans, fut assassinée le 30 décembre 1993, ainsi que ses deux
amis Lisa Lambert (Candace dans le film) et Philip Devine (et non pas
le bébé de Candace). Ses deux meurtriers furent condamnés l'un à la
peine de mort (par injection), l'autre à la prison à perpétuité...
Le scénario, refusé par les grands studios US, fut finalement tourné par une réalisatrice "indépendante", Kimberly Peirce.
Cette
histoire terrible est vraie S'appuyant directement sur un documentaire,
"The Brandon Teena Story" (Susan Muska and Greta Olafsdottir, 1998), la
réalisatrice a respecté à la lettre la terrible histoire de Teena
Brandon. A tel point que Lana Tisdel (la vraie Lana) a renoncé à la
plainte qu'elle avait déposé contre le film, poussée par sa famille et
après avoir commencé à collaborer à l'écriture du scénario. A la vue du
film, elle n'a pu que constater sa fidélité aux faits...
Ce film
heurte, laisse pantois et force à la réflexion. Nous sommes confrontés
à l'un des plus terribles exemples d'intolérance et de bêtise, à la
sauvagerie brute dont l'homme est, hélas, trop souvent capable. La
certitude qu'il n'y aura pas de happy end crée une tension qui s'empare
très vite du spectateur et ne le lâche plus. La dernière demi-heure
nous explose à la figure, la violence ne nous est pas épargné par la
réalisatrice. On peut se demander si la scène du viol de Brandon par
John et Brendan,montrée à l'écran dans tous ses détails, était bien
nécessaire. Peut-être une ellipse renvoyant l'image de Brandon dans le
bureau de l'ignoble sheriff, tuméfiée et forcée de raconter son viol
aurait eu autant de force. Par contre, la scène où les deux déjantés
forcent Brandon à exposer sa véritable identité sexuelle s'impose, bien
que provoquant un dégoût physique difficilement supportable...
La
mise en scène de Kimberly Peirce, jeune femme de 31 ans au moment du
tournage est diablement efficace, elle alterne présent et flash-backs,
et monte sa spirale infernale séquence après séquence. La noirceur de
l'histoire se retrouve dans les tons du film, beaucoup d'intérieurs et
d'extérieurs nuit, et la réalisatrice a essayé avec succès d'éviter
toute emphase sur-dramatique. La vérité objective est la seule chose
qui l'intéresse.
Il est intéressant de noter que le personnage
même de Teena Brandon, menteuse invétérée et voleuse, ne nous apparaît
pas spécialement sympathique au début du film. Elle le devient peu à
peu, plus nous sentons le danger monter, plus les autres personnages
montrent leurs vrais visages. Elle n'est pas une "héroïne", juste une
terrible victime. Il faut parler de la performance de son interprète,
Hillary Swank. 25 ans au moment du tournage, à peine remarquée dans des
films aussi stupides que "Buffy, tueuse de vampires" ou "Miss Karaté
Kid" , elle réussit un prodige et a mérité l'Oscar de la Meilleure
Actrice qu'elle remporta pour ce film. Son interprétation expose à la
perfection tout à la fois l'enthousiasme de Teena/Brandon pour une
nouvelle vie, sa naïveté à croire que tout se passera bien, son charme
naturel dévastateur, mais aussi sa fragilité, la confusion de son
esprit et l'incertitude de sa propre identité. Elle devient très
émouvante dans la dernière demi-heure, notamment dans ses rapports avec
Lana.
Chloe Sevigny, qui interprète cette dernière, a aussi
rassemblé l'unanimité des critiques et y a gagné un Golden Globe. Elle
incarne avec excellence l'aspect grunge de Lana, effacée et peu sûre
d'elle au début du film, physiquement quelque part entre Courtney Love
et Madonna. Mais la rencontre de Brandon, l'amour qu'elle reçoit de
celle qu'elle croit être un garçon, la transforme peu à peu. Et c'est
tout le talent de Chloe Sevigny de savoir nous rendre perceptible cette
lente évolution et attachant ce personnage.
Distribution
* Hilary Swank : Teena Brandon
* Chloë Sevigny : Lana
* Peter Sarsgaard : John
* Brendan Saxton III : Tom
* Alicia Goranson : Candace
* Jeanetta Arnette : Juliet Tisdel, la mère de Lana
* Allison Folland : Kate
* Matt McGrath : Lonny
Fiche technique
*Réalisation : Kimberly Peirce
*Origine : USA
*Date de sortie : 1999
*Durée : 114 minutes
Récompenses
* Golden Globe Award : Meilleure actrice dans un film dramatique en 2000 pour Hilary Swank dans le rôle principal.
* Oscar : Oscar de la meilleure actrice en 1999 pour Hilary Swank

Sat, 22 Mar 2008 15:33:14
Les Duellistes
Les Duellistes (The Duellists) film britannique de Ridley Scott, sorti en 1977. Le scénario est tiré du roman le Duel de Joseph Conrad, paru en 1908.
Le
film commence en 1800, à Strasbourg, le lieutenant de l'armée
napoléonienne Gabriel Féraud se bat en duel contre le neveu de maire de
la ville, qu'il blesse grièvement. Un autre lieutenant, Armand
d'Hubert, est chargé par son supérieur de le mettre aux arrêts. Ce
dernier signifie son arrestation à Féraud alors qu’il se trouve au
domicile de Madame de Lionne, l’une de ses amies. L'interpellation,
pourtant courtoise, est mal ressentie par Féraud qui, pour des raisons
peu claires, conçoit aussitôt une vive animosité à l’encontre de
d’Hubert qu’il provoque, sur le champ, en un duel dont il sort blessé.
Cette
première rencontre conflictuelle sera suivie de plusieurs autres,
toujours plus violentes, qui se terminent par autant de combats
acharnés. Chacun est blessé à tour de rôle, plus ou moins grièvement.
Mais Féraud, animé par une véritable rage meurtrière, ne cesse de
poursuivre d’Hubert de sa vindicte lors de leurs rencontres successives.
Une
accalmie entre les deux protagonistes semble pourtant possible en 1812,
lors de la campagne de Russie, au cours de laquelle ils affrontent
ensemble les Cosaques. D’Hubert imagine même une possible entente avec
Féraud.
Après Waterloo et l’abdication de Napoléon en 1815,
d’Hubert, devenu royaliste, est général, marié à une riche héritière.
Il apprend que Féraud, qui n’a pas renié ses convictions bonapartistes,
se trouve en prison. Il fait jouer ses relations auprès de Fouché, le
chef de la Police, pour le faire libérer, mais n’obtient, en guise de
remerciement, qu’une nouvelle provocation en duel. Cette ultime
confrontation, au pistolet, tourne à l’avantage de d’Hubert qui épargne
Féraud alors qu’il pouvait lui ôter la vie. Ce dernier connaît ainsi la
pire des humiliations : le déshonneur de devoir la vie à son ennemi
Adapté
d’une nouvelle de Joseph Conrad, fondé sur des faits historiques, la
Grande Armée a bien eu deux officiers qui avaient convenu de se battre
en duel chaque fois qu'ils se rencontreraient dont l'un était le
général François Fournier-Sarlovèze, ce film propose un scénario
profondément original. Il met en relief une véritable obsession : le
désir qu’a Féraud, mû par un sens de l’honneur exacerbé ou une haine de
classe atavique, de tuer D’Hubert en dépit des efforts de ce dernier
pour mettre fin à un conflit qu’il ne comprend pas et qu’il juge
fréquemment « absurde ». Les duels récurrents qui rythment le film ne
cessent de gagner en sauvagerie : le premier, à l’épée, se déroule
selon les règles de la courtoisie ; le second, au sabre puis à mains
nues, révèle, au contraire toute la sauvagerie dont l’homme est capable
; le troisième, à cheval, exprime le désir de tuer. Quant au dernier,
au pistolet, il signifie la fin de la confrontation par la mort
annoncée de l’un des deux protagonistes.
Au fond, si Féraud et
d’Hubert se battent , c'est parce que tout deux se ressemblent,
fonctionnent encore sur les instincts qui animaient les hommes des
cavernes. Et ce qui vaut pour leurs duels le vaut aussi pour la guerre,
pour cette interminable suite de batailles dans laquelle Napoléon les a
embarqués. Certes, il y a bien une différence de comportement entre les
deux hommes, le premier, en bon primitif fasciné par la force qu‘il
est, s’y est engagé de gré et le second n'y est allé que contrarié dans
ses aspirations. Mais cet écart ne nous amène t’il pas à conclure que
tant qu’il y aura des hommes, il y aura la guerre, d’Hubert, l’ayant
faite, possédant, au fond de lui, l’indéfectible pulsion animale qui en
est l’une des conditions sine qua non?. Bien sûr que oui!, car au
magnifique message d’espoir en l’humanité qui viendra éclairer l’une
des toutes dernières scènes du film, Armand d’Hubert disant alors à un
Féraud vaincu mais sauf : « Depuis 15 ans vous m’avez fait subir votre
loi, plus jamais je ne me plierai à vos exigences. Selon les règles du
combat singulier, de ce moment votre vie m’appartient, je vous
considèrerai simplement comme mort. Dans tous vos rapports avec moi,
vous me ferez la grâce de vous comporter comme un homme mort. Je me
suis soumis depuis assez longtemps à votre notion de l’honneur,
maintenant vous vous soumettrez à la mienne… »
Les deux
raisons originelles du conflit entre les deux hommes, ci-dessus
évoquées (lors de sa mise aux arrêts, Féraud se retrouve doublement
humilié : d'une part, parce qu'elle intervient devant Madame de Lionne
dans le Salon de laquelle il est invité, et, d'autre part, sans doute,
parce que D'Hubert est noble alors qu'il n'est lui-même que roturier),
ne peuvent suffire à expliquer un sens de l’honneur pareillement
développé. De même que le Barry Lindon (1975) de Stanley Kubrick,
auquel le film de Ridley Scott fait irrésistiblement penser, montrait
la vanité de toute destinée, on peut se demander si Les Duellistes ne
met pas en exergue l’ennui et la vacuité de la vie humaine et la
volonté acharnée de lui donner un sens et un prix (fussent-ils les plus
absurdes !), dans le défi permanent lancé à la mort, renforcé par la
haine envers qui touche à l'honneur.
Le plan final, énigmatique,
montre un Féraud de dos (qui évoque Napoléon avec son célèbre bicorne)
dominant une rivière sinuant dans un magnifique paysage. Faut-il y voir
un rapprochement avec le destin de Napoléon, lui aussi humilié et
défait ? Ne symbolise-t-il pas, plus généralement, l’échec de toute
existence fondée sur des projets qui n’aboutissent jamais ? Cette
silhouette immobile finale ne représente-t-elle pas cette ultime
méditation apaisée (sérénité du paysage montrée) sur la vie ?
On
ne peut passer sous silence l’incroyable beauté visuelle de ce film. Il
nous offre, d’abord, une immersion juste et vraie dans une période
oubliée qui se met à revivre quasi charnellement. L’époque est, en
effet, reconstituée avec une extrême précision et un tel réalisme ne se
voit que très exceptionnellement : chaque plan est l’occasion d’une
nouvelle surprise ! Mais cette reconstitution est photographiée,
d’autre part, avec un tel souci esthétique, avec une telle méticulosité
que chaque image, soigneusement composée, se présente comme un
véritable tableau de maître : agencement des éléments, harmonie des
couleurs, jeu des contrastes, tout est somptueusement agencé et mis en
valeur. Ce premier film de Ridley Scott obtint le Prix de la Première
œuvre lors de sa présentation au Festival de Cannes en 1977.
Distribution
* Harvey Keitel : Gabriel Feraud
* Keith Carradine : Armand d'Hubert
* Albert Finney : Fouche
* Edward Fox : Colonel
* Cristina Raines : Adèle
* Tom Conti : Docteur Jacquin
Fiche technique
* Titre original : The Duellists
* Réalisation : Ridley Scott
* Scénario : Gérald Vaughn-Hughes d'après The Duel de Joseph Conrad
* Production : David Puttnam
* Musique originale : Howard Blake
* Photographie : Frank Tidy
* Montage : Pamela Power
* Pays d'origine : Royaume-Uni
* Durée : 95 minutes
* Date de sortie : 31 août 1977 (France)

Sat, 15 Mar 2008 21:51:48
Le Soldat bleu
Le Soldat bleu (Soldier Blue) est un film américain réalisé par Ralph Nelson, sorti en 1970.
Analyse critique
Le
film se situe en 1864, le détachement de cavalerie de Honus Gant, comme
celui du fiancé de Christa , sont en campagne contre les Cheyennes, et
ne s’attaquent pas uniquement, comme Gant va le découvrir, aux
guerriers indiens.
Christa Lee est une superbe jeune femme,
blanche comme la lune et blonde comme les blés. Des soldats l’emmènent
retrouver son fiancé, qui s’est lui-même engagé dans l’armée. Christa
n’a pas attendu le retour de son fiancé au fond d’une maison
new-yorkaise. Elle a vécu parmi les Cheyennes. Cette aura de mystère ne
se dissipe pas lorsque le convoi est attaqué, dans le but, non de la
récupérer, mais de s’emparer du chargement d’or destiné à la paie des
soldats qui était attaché à quelques centimètres d’elle. Honus Gant,
seul survivant avec elle du massacre, découvre une jeune personne
déterminée et d’une connaissance remarquable du terrain. Contraints de
faire route ensemble, la presque Cheyenne et le soldat “Bleu”
apprennent à se connaître.
Le film est sorti en pleine guerre
du Viêt Nam, retraçant les évènements romancés entourant le massacre de
Sand Creek de 1864, survenus sur ce qui était alors le territoire du
Colorado.
Mi Lay, 1968. Le petit village vietnamien est attaqué
par l’armée américaine, rasé. Les habitants sont impitoyablement
massacrés. Femmes, enfants, vieillards font partie du nombre. Les
nouvelles et les images de cet évènement parvinrent aux États-Unis, et
provoquèrent l’indignation d’une grande partie de la population, tout
comme les tortures d’Abu Ghraïb firent honte à l’armée américaine en
2003.
Ralph Nelson, déjà auteur d’un western ambigu et
controversé, Duel dans la Vallée du Diable, d’une grande violence, qui
mettait en scène les faux-semblants idéologiques et leurs tristes
rencontres avec la réalité, frappe plus fort encore quelques années
plus tard avec ce film, directement influencé par les événements de Mi
Lay. Demeuré célèbre pour son extrême violence, le film a quelque peu
disparu des écrans ces dernières années, la célébrité de son auteur
ayant beaucoup à envier à celles d’autres de ses contemporains
westerners, tel Peckinpah. Il convient pourtant de revenir à Soldat
Bleu.
Totalement en phase avec son époque, il ne fait preuve
d’aucune pudibonderie, qu’il s’agisse de la belle Candice Bergen,
déshabillée peu à peu par les ronces du chemin, ou des mutilations
perpétrées par les soldats américains lors du massacre final. Les morts
voient leur sang jaillir des plaies, les impacts de balle couvrent les
visages, et les cadavres ne restent pas intacts après des jours au
soleil. Ce bras d’honneur aux conventions hollywoodiennes et au code
Hays agonisant est la métonymie du propos de l’auteur. Devant les
évènements qu’il choisit de conter, impossible de se voiler la face. Un
siècle après l’action qu’il filme, mais quelques années seulement après
leur répétition, Ralph Nelson gifle l’apathie de “ l’arrière”, cet
“arrière” toujours prêt à se contenter des versions officielles, et
sourd aux voix qui prêchent la paix.
Une bonne vingtaine
d’années avant Kevin Costner et son Danse avec les Loups, l’auteur met
en scène le parcours d’un soldat incrédule devant les signes qui
s’amoncellent. Il est initié, comme dans son lointain successeur, par
une femme, blanche devenue indienne, femme atypique, consciente de
l’impossibilité pour elle de devenir véritablement indienne, mais
incapable d’accepter pour autant l’hypocrisie ou l’aveuglement du mode
de vie des Blancs. Prise dans le no man’s land, elle ne peut que passer
d’une ligne à l’autre, ou se contenter d’assister aux évènements sans
pouvoir influer sur eux. Pas plus les Indiens, encore confiants dans la
bannière américaine et le drapeau blanc, que les soldats, suppliés pour
leur part par Gant, n’acceptent de modifier le cours de cette petite
parcelle de l’histoire, et s’acheminent vers un massacre gratuit.
Ce
massacre est d’autant plus insoutenable qu’il survient peu après le
retour des survivants à la civilisation, après que l’essentiel du film
s’est déroulé dans une ambiance de quasi-comédie: les péripéties qui
marquent le parcours de Christa et Honus sont soulignés par des
disputes, des réconciliations, des tirades injurieuses ou des épisodes
loufoques. Il faut voir Candice Bergen roter comme un conducteur de
charriot après avoir dévoré un lièvre pour le croire.
Passant de
la naïveté à la compréhension progressive du milieu naturel dans lequel
il évolue, et par-là même plus à même de comprendre ces Indiens qu’il
combat, Honus Gant comprend que les idées qu’il a défendues jusque là
ne sont que des mots. Quant à Christa, sa découverte d’un Blanc moins
corrompu et pitoyable que son fiancé ou ceux qui l’ont traitée comme un
objet, elle a la fugitive vision d’un futur possible au sein du monde
dont elle vient. Mais cela n’a qu’un temps, la foule apparaissant comme
une assassine de masse.
Pourquoi? demande Gant au Colonel
Iverson, qui vient d’abattre froidement une petite fille qu’un de ses
soldats avait amputée d’une jambe. La question traverse le film, et les
réponses sont toujours fausses. Pourquoi les Cheyennes attaquent-ils le
convoi au début du film? Ancien époux de Christa, Loup Tacheté ne
cherche pas à la récupérer lorsqu’il a la surprise de la trouver dedans.
Contrairement
aux idées reçues des soldats, les Cheyennes en ont bien après l’or de
la paie des soldats. Sont-ils devenus de simples brigands, l’homme
blanc les a-t-ils pervertis jusque là? Pas le moins du monde. Christa
l’expliquera à Gant lorsque ce dernier découvre le trafic d’armes en
cours: les Cheyennes attaquent les convois pour acheter des armes.
Pourquoi, encore? Pour se défendre de l’homme blanc. Pourquoi,
toujours? Loup Tacheté lui-même ne souhaite-t-il pas la négociation,
comme le chef du convoi qu’il a massacré au début du film, confiant
dans les promesses faites par les Blancs? Pourquoi Iverson attaque-t-il
ce village? Pour venger l’attaque du convoi? Ou pour, comme il le dit
lui-même dans son discours de remerciements à ses troupes, pour que ce
coin d’Amérique soit un peu plus habitable?
“ C’est mon pays,
soldat “Bleu”...” chante Buffy Sainte-Marie au commencement du film.
tout comme il l’avait laissé voir dans Duel dans la Vallée du Diable,
Ralph Nelson n’hésite pas à remettre en question l’intégralité des
mythes fondateurs de l’Amérique, ainsi que celle des colonisateurs en
général. Ce propos, mis en images alors que John Wayne achevait de
devenir une caricature, a de quoi surprendre à l’époque. Toutefois, la
tentation de railler une fois de plus les Américains ne résiste pas
longtemps, en effet, à un examen de conscience historique de la part du
spectateur européen.
Presque contemporaine de la guerre du
Vietnam, la guerre d’Algérie comporte son lot d’ambiguités
insoutenables. La bannière américaine, surmontée du drapeau blanc, est
piétinée par les chevaux du 11° détachement de cavalerie, en route pour
le massacre. Faut-il y voir un plan symbolique de l’engagement
pacifiste du cinéaste, évitant lui-même ainsi de bruler un drapeau, ou
le désespoir de voir que les valeurs, une fois confrontées aux réalités
de la politique, n’ont pas plus de valeur que le tissu sur lequel elles
sont cousues.
Western brutal, Soldat Bleu est proche du
pessimisme violent de Jeremiah Johnson auquel le rythme et le long
épisode central en pleine nature fait immanquablement penser.
Rousseauiste également, et de la même façon, il fait regretter que les
deux amants aient quitté leur caverne, pour retourner dans le monde des
hommes. La violence des dernières séquences, aussi graphiques que les
œuvres de Lucio Fulci, et empreintes de la folie qui animera l’ensemble
d’Apocalypse Now, ose dépasser le cadre de la querelle d’historiens
pour jeter au visage du public ses propres angoisses face à la barbarie.
Les
soldats, massacrant en riant, violant en chantant et torturant en
imitant les cris de guerre indiens, achèvent en défilant à la suite du
colonel Iverson en brandissant des trophées, membres coupés, têtes au
bout de lances, scalps. Après avoir découvert que les sauvages ne
l’étaient pas plus que lui, Gant, qui traverse le massacre en pleurant
d’incompréhension et d’horreur, est emmené prisonnier en riant,
brandissant la médaille que Christa lui a offerte, tandis que cette
dernière contemple les ruines du village, ainsi que le nouveau
cimetière qui orne le champ de massacre. A réinstaller parmi les œuvres
majeures du genre, le film offre ainsi une nouvelle réflexion sur les
origines, non seulement des Etats-Unis, mais de toutes les autres
nations.
Ce film entretient le nouveau courant hyper violent
crée par La Horde sauvage de Sam Peckinpah quelques années auparavant
consistant à dévoiler d’une manière très réaliste une violence extrême
dans un relationnel musclé entre personnages d’un récit. Le Western
dont le pistolet et le fusil sont les emblèmes de références sert de
cobaye idéal pour montrer cette dérive sanguinaire sans filet.
Les
balles traversent les corps, les enfants sont tués, les femmes violées
ou éventrées. Toutes ces images sont nouvelles, le rouge est mis, les
comportements sont bestiaux. C'est la surenchère des effets réalistes
dans une nature sauvage.La fureur non retenue déchaîne les esprits.
Le
titre est souvent mal interprété. Le titre original semble désigner la
couleur bleue du soldat, et non pas le soldat lui-même, de par l’ordre
des mots (Soldier Blue et non Blue Soldier). Toutefois, appelé ainsi
pendant tout le film par sa belle compagne, Gant s’avère un “bleu”, au
sens français de “nouveau”, “inexpérimenté”, ce qu’il semble en effet
en comparaison de l’expérience et des connaissance de Christa.
Distribution
* Candice Bergen : Kathy Maribel Lee
* Peter Strauss : Honus Gent
* Donald Pleasence : Isaac Q. Cumber
* John Anderson : Iverson
* Jorge Rivero : Spotted Wolf
* Dana Elcar : Battles
* Bob Carraway : McNair
* Martin West : Spingarn
* James Hampton : Menzies
* Mort Mills : O'Hearn
* Jorge Russek : Running Fox
* Aurora Clavel : femme indienne
* Ralph Nelson : Long
Fiche technique
* Titre : Le Soldat bleu
* Titre original : Soldier Blue
* Réalisation : Ralph Nelson
* Scénario : Theodore V. Olsen et John Gay
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 115 minutes
* Dates de sortie : 12 août 1970 (USA) ; 23 avril 1971 (France)
Source: Wikia film

Thu, 21 Feb 2008 17:25:59
Le Sergent noir
John Ford, pas si réactionnaire que l'on pense réalise ce petit bijou en 1960 : Le Sergent noir (Sergeant Rutledge)
Arizona,
1881. Ce film traite d'un procès fait à un sergent noir de la cavalerie
accusé d'avoir violé et tué une petite fille blanche. Le sergent
Braxton Rutledge fait partie des « buffalo soldiers », troupe de
soldats noirs engagés dans la guerre contre les Apaches. Accusé de viol
et de meurtre, il est défendu par son officier, blanc, le lieutenant
Thomas Cantrell.
Convaincu de son innocence, le lieutenant
Cantrell, accepte d'assurer sa défense malgré les preuves accablantes
accumulées contre lui. Plusieurs témoins l'ont en effet vu sortir de la
maison du crime, un revolver à la main.
Quand Ford réalise ce
film, en 1960, entre deux superproductions à grandes stars, il fait
l’un de ses « petits films » qui lui tiennent à cœur et estime sans
doute n’avoir rien à prouver. Il aborde un sujet sensible en cette
période de la lutte pour les droits civiques d’une façon à la fois
personnelle et déroutante, traduisant bien ses propres contradictions
dans la représentation des Noirs au sein de son oeuvre.
Pourtant,
avec le recul, il donne à Woody Strode, ce magnifique acteur, ce
splendide être humain, un rôle qui va bien au-delà de ce qui se
pratiquait alors chez des cinéastes « progressistes » comme Stanley
Kramer ou Martin Ritt. Tout est dans le titre qui met en avant le
personnage. Il fait de son sergent noir un héros authentique.
Ce
n’est pas la thèse qui l’intéresse mais le portrait d’un homme. « Il
m’a filmé comme John Wayne, sur fond de Monument Valley » disait
Strode. Chez Ford, la dignité n’est pas dans ce qui est dit mais dans
ce qui est montré, dans la façon dont sont montrés même les plus
humbles. C’est Muley dans Grapes of Warth (Les raisins de la colère),
c’est le chef Poney-qui-marche dans She wore a yellow ribbon (La charge
héroïque), c’est Cochise dans Fort Apache et c’est le sergent Braxton
Rutledge.
Le Sergent noir n’a qu’un héros et il développe un
autre thème tout aussi important et finalement plus significatif que
celui du racisme. Il s’agit de la vieille idée, chère au cœur de Ford,
de la dignité et du dévouement, qui s’identifie, comme si souvent dans
le passé, à la tradition de la cavalerie américaine.
Les deux
héros du film explicitent cette thématique et pour la première fois
dans l’œuvre de Ford, l’un de ces deux hommes est un noir. Rutledge, en
la personne du colossal Woody Strode, est moins une représentation
psychologique que poétique ou même mythique du personnage. Sa
silhouette, filmée en contre-plongée, se détache, monumentale, contre
le ciel nocturne d’une colline du désert ; les images et les chansons
l’identifient au capitaine Buffallo, incarnation de tout ce qu’il y a
de plus fort et de plus beau dans la tradition du soldat noir.
D’ordinaire joué sur le rythme d’une marche, le chant traditionnel du
capitaine Buffalo est ici joué de façon lente, élégiaque.
Distribution
* Woody Strode : Sgt. Braxton Rutledge
* Jeffrey Hunter : Lt. Tom Cantrell
* Constance Towers : Mary Beecher
* Billie Burke : Mrs. Cordelia Fosgate
* Juano Hernandez : Sgt. Matthew Luke Skidmore
* Willis Bouchey : Col. Otis Fosgate
* Carleton Young : Capt. Shattuck
* Judson Pratt : Lt. Mulqueen
Fiche technique
* Titre original : Sergeant Rutledge
* Réalisateur : John Ford
* Scénario : James Warner Bellah, Willis Goldbeck
* Photographie : Bert Glennon
* Musique : Howard Jackson; Mack David et Jeffrey Livingston (chanson "Captain Buffalo")
* Montage : Jack Murray
* Productions : Warner Bros.
* Durée : 111 minutes
* Date de sortie :18 mai 1960
source:wikia

Sun, 10 Feb 2008 10:54:11
Cloverfield
Cloverfield , film de science-fiction réalisé par Matt Reeves, écrit par Drew Goddard et sorti en 2008.
New
York - Une quarantaine de ses amis et relations ont organisé chez Rob
une fête en l'honneur de son départ pour le Japon. Parmi eux, Hub,
vidéaste d'un soir, chargé d'immortaliser l'événement. La "party" bat
son plein lorsqu'une violente secousse ébranle soudain l'immeuble. Les
invités se précipitent dans la rue où une foule inquiète s'est
rassemblée en quelques instants.
Une ombre immense se profile
dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre... et la tête de la
Statue de la Liberté s'effondre brutalement sur la chaussée. L'attaque
du siècle vient de commencer. Au petit matin, Manhattan ne sera plus
qu'un champ de ruines.
Le format choisi donne surtout à
l'ensemble un curieux effet de réalité : l'image fantôme du 11
Septembre ne cesse de hanter Cloverfield. En prime se cache une
plus-value romantique : par fragments surgit, sous le film qu'on est en
train de voir, le home movie tourné quelques jours plus tôt et que
l'enregistrement du cataclysme efface. Il s'agit d'une journée
romantique à la fête foraine de Coney Island, un petit bout de bonheur,
déjà balayé par l'horreur. Montrer d'un même mouvement l'avant et
l'après-catastrophe : effet glaçant garanti. C'est la vieille notion du
palimpseste, manuscrit gratté recouvert par un nouveau texte, en
matière de cinéma fantastique.
Pour commencer, une longue scène
d'exposition uniquement là en vue de ménager l'effet de surprise sur
lequel l'histoire proprement dite commencera. Déjà le jeu des deux
films superposés (Coney Island et la Party) intrigue le spectateur;
Sans oublier le tout début où l'on apprend qu'on est en fait au
Département des Renseignements, et que l'on visionne un document
essentiel concernant l'affaire "Cloverfield".
La caméra bouge
beaucoup, surtout au début, mais pas de quoi avoir le mal de mer. Par
la suite on est plus pris par l'histoire et l'action que les mouvement
de la caméra.
Pour ce qui est de l'histoire, au vu la bande
annonce, on pouvait craindre à un remake de Godzilla. On en est pas
loin, mais la "vue intérieure" donne vraiment une autre dimension à ce
film. On notera la qualité des acteurs malgré qu'ils soient totalement
inconnus.
Quand au monstre, on est loin des gros lézards ou des
gros singes traditionnels. On notera quelques scènes de panique assez
bien rendues quoique trop rares.
Les effets spéciaux numériques
(belles bestioles, jolies explosions) sont bien là, mais l'image
tremble, tressaute (pas facile de cadrer en courant), la psychologie
est réduite au minimum et à l'invraisemblable : faire marche arrière
pour sauver une girlfriend au trente-sixième étage d'un gratte-ciel
éventré.
Le procédé a beau être systématique, il se révèle
efficace et riche : il ramasse l'action, facilite la proximité avec les
héros anonymes et débarrasse le script de toute explication. « On ne
sait pas ce que c'est, mais c'est en train de gagner », lâche un
militaire.
La dernière image, assez rigolote, donne bien le ton
de ce qu'a été le film : ni un film d'angoisse, ni un film d'horreur,
ni un film d'action, mais un divertissement sympathique, léger, assez
amusant, sans vraies surprises, ni bonnes ni mauvaises. Pour un film
qui, semble-t-il, avait tout misé sur l'effet de surprise, c'est
sûrement la vraie seule surprise...
Par ailleurs, le film
Cloverfield n'a pas de bande originale ! La première apparition d'un
thème se fait à la toute fin du générique.
Bad Robot, la société
de production de J. J. Abrams, ayant acquis en 2003 les droits
cinématographiques de la nouvelle L'Appel de Cthulhu (1926) de Howard
Phillips Lovecraft, Cloverfield est une libre adaptation moderne de
l'œuvre du Maître de Providence.
En février 2007, Paramount
Pictures lance secrètement le projet « Cloverfield » qui doit être
produit par J. J. Abrams, réalisé par Matt Reeves, et écrit par Drew
Goddard d'après un projet initial de J. J. Abrams. Le casting fut
également conduit dans le plus grand secret, sans qu'aucun script ne
soit envoyé aux candidats.
Cloverfield est, comme d'autres films
avant lui à l'origine d'un buzz sur Internet... Alors que personne
n'était au courant de ce projet, un teaser "choc" nous plongeant une
fête new yorkaise perturbée par de gigantesques explosions fait
rapidement le tour de la toile en juillet 2007. Il ne dévoile alors
rien de l'intrigue mais précise toutefois le nom du producteur (J.J.
Abrams, le créateur de Lost) et la date de sortie. La caméra subjective
inspirée du Projet Blair witch et l'ampleur des effets spéciaux
provoquent alors un engouement jamais vu dans les forums du web, les
internautes s'efforçant de percer le mystère de cette force mystérieuse
s'apprêtant à dévaster la grande pomme.
Distribution
* Michael Stahl-David : Robert "Rob" Hawkins
* Mike Vogel : Jason Hawkins
* Lizzy Caplan : Marlena Diamond
* Jessica Lucas : Lily Ford
* T.J. Miller : Hudson "Hud" Platt
Fiche technique
* Réalisation : Matt Reeves
* Scénario : Drew Goddard
* Producteur : J. J. Abrams
* Production : Bad Robot
* Durée : 84 minutes
* Date de sortie : 18 janvier 2008 (USA) ; 6 février 2008 (France)

Sat, 09 Feb 2008 16:59:37
Juno
Juno film américain réalisé par Jason Reitman, sorti en 2007.
Juno
MacGuff est une adolescente confrontée à une grossesse imprévue,
enceinte de son camarade de classe Bleeker. Avec l'aide de sa meilleure
amie Leah , Juno a trouvé des parents idéaux pour élever son enfant :
un couple fortuné habitant en banlieue, Mark et Vanessa et , cherchant
à adopter. Heureusement, Juno a le soutien total de ses parents alors
qu'elle fait face à des décisions difficiles, embrassant le monde des
adultes, tout en finalement découvrant où est sa véritable place.
Un
film léger mais loin d'être superficiel. Si le sujet, une adolescente
enceinte cherche un couple heureux pour adopter son futur enfant,peut
sembler mélodramatique de prime abord, la tonalité joue essentiellement
sur le décalage.
Décalage générationnel tout d'abord : Juno est
une petite peste, totalement consciente de l'être, mais elle porte un
regard très distancié sur son monde, ce qui la rend nettement plus
mature que ses condisciples. Enceinte après sa première expérience
sexuelle, elle envisage un temps l'avortement puis préfère chercher
dans les petites annonces un couple en quête d'enfant. Elle l'annonce
tout de go à ses parents qui, heureusement pour elle, sont patients et
aimants.
Décalage social ensuite, quand l'adolescente brute de
décoffrage débarque dans le pavillon bourgeois des adoptants, tenue « à
la coule » et vocabulaire à l'avenant. Lucide comme elle l'est, c'est
loin d'être un déchirement moral pour elle que de leur confier son
bébé, consciente qu'il sera mieux élévé par eux que par une lycéenne de
16 ans.
On s'aperçoit vite que le mari est bridé par sa femme,
et qu'il aurait aimé finir sa crise d'adolescence. Au contact de Juno,
il s'abandonne à la régression et ils développent rapidement une
complicité amicale. Cependant, le mec immature qu'il est devenu est
beaucoup moins enclin à la paternité.
Le plus intéressant dans
le personnage de Juno est la relation entre l'actrice et le rôle
qu'elle joue. Des dialogues totalement surréalistes, décalés,
savoureux, insupportables, d'une espèce rare d'intellectualisme
délurée, de sagesse désinvolte, pleins de sensibilité amère et de
lucidité fantasque, tout cela joué par une adolescente sympathique avec
le plus grand naturel du monde, une simplicité et une évidence
totalement invraisemblable, et donc totalement enthousiasmante.
A
côté d'elle, une "best friend" qui n'est là que pour le contraste,
teenager au visage de teenager parlant avec une voix de teenager pour
dire des phrases de teenagers, et un "boy friend" perdu entre ces deux
univers, teenager dans l'âme, mais sous le charme de sa sorcière bien
aimée qu'il sent définitivement impossible à comprendre - mais
tellement facile à aimer.
Ples généralement ous les autres
personnages sont eux aussi, d'une certaine manière, des faire-valoir de
cette anomalie rigolotte et attachante, pénible et séduisante, qui a
pour elle, parce qu'elle est fondamentalement impossible, de ne
ressembler à personne : Juno est une chimère.
C'est ce décalage
et cette mise en abyme entre la "femme" qui a écrit le scénario et la
"fille" qui incarne le personnage qui aboutit tout naturellement à en
faire une "fille femme", c'est-à-dire une adolescente enceinte, actrice
à l'extérieure et scénariste à l'intérieure. C'est aussi pourquoi elle
ne peut pas garder cet enfant pour elle : comme si les paroles
n'appartenait à l'actrice que le temps d'un film, la femme n'est dans
la fille que pour un temps : à la fin tout redevient normal, la femme
tient dans ses bras son fils premier né ; la fille chante faux une
chanson de teenager avec son boyfriend.
Distribution
* Ellen Page : Juno MacGuff
* Michael Cera : Paulie Bleeker
* Jennifer Garner : Vanessa Loring
* Jason Bateman : Mark Loring
* Allison Janney : Bren MacGuff
* J.K. Simmons : Mac MacGuff
* Olivia Thirlby : Leah
* Rainn Wilson : Rollo
* Lucas MacFadden : le professeur de chimie
* Candice Accola : une technicienne de laboratoire
* Cameron Bright : un nerd
* Daniel Clark : Steve Rendazo
* Steven Christopher Parker et Robyn Ross : les personnes du laboratoire de chimie
* Emily Tennant : la fille « fantastique »
* Valérie Tian : Su Chin Quah
Fiche technique
* Titre : Juno
* Titre original : Juno
* Réalisation : Jason Reitman
* Scénario : Diablo Cody
* Musique : Matt Messina
* Photographie : Eric Steelberg
* Montage : Dana E. Glauberman
* Décors : Steve Saklad
* Costumes : Monique Prudhomme
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 96 minutes
* Dates de sortie : 5 décembre 2007 (États-Unis), 6 février 2008 (France)

Sat, 09 Feb 2008 08:05:43
The Pledge
The Pledge film américain de Sean Penn, sorti en 2001.
Jerry
Black est officier de police dans le Nevada. Inspecteur talentueux et
expérimenté, il est fêté par ses collègues pour son départ à la
retraite. Comme il est passionné de pêche, il se voit offrir un billet
d’avion pour réaliser un rêve : pêcher au Mexique. Mais, au cours de la
cérémonie, ses supérieurs apprennent qu’une petite fille de huit ans,
Ginny Larsen, a été violée et égorgée dans les montagnes enneigées.
Aussitôt, Jerry Black, à qui il reste six heures avant son départ
définitif, se porte volontaire pour assurer l’enquête, malgré les
réticences de ses collègues. C’est même lui qui va annoncer aux parents
l’assassinat de leur enfant.
Face à la douleur des Hansen, il
promet à la mère (« sur son âme », lui demande-t-elle) de tout faire
pour retrouver le meurtrier. Or, Toby, l’indien suspecté qui se suicide
en prison, ne lui paraît pas être le bon coupable. Suivant donc les
leçons de sa riche expérience et se fiant à la fois à son intuition et
à ses déductions, il commence alors sa propre enquête avec une minutie
et un souci du détail rares pour découvrir assez vite que trois
meurtres de fillettes présentant plusieurs points communs (âgées d’une
dizaine d’années, blondes, vêtues d’une robe rouge) ont été commis dans
la région. Il déménage même et s’installe au plus près de ce qu’il
pense être le rayon d’action du psychopathe. Il noue une relation avec
une femme mariée, Lorie, menacée par son mari et se sert de sa
fillette, Chrissie, qui ressemble aux victimes, comme d’un appât pour
attirer l’assassin. Mais il ne dit mot de son projet à quiconque.
Lorsqu’il comprend que le piège qu’il a mis au point porte ses fruits,
il prévient ses anciens collègues pour prendre le suspect sur le fait
et le confondre.
Avec The Pledge, Sean Penn, loin des effets de
mode, propose un film bouleversant d’humanité qui saisit la vérité
profonde d’un univers rural américain par le truchement d’un thriller
dont l’enquête met à nu l’âme humaine, et s’achève sur une fin
doublement déconcertante. Nouvelle version du film de L. Wajda (Ses
geschah am hellichten tag, 1958), Sean Penn nous fait regretter ses
trop rares passages derrière la caméra.
Le film vaut d’abord
pour le portrait de ce vieux policier interprété, avec une grande
sobriété, par un Jack Nicholson introverti, bouleversant d’humanité. Ce
policier qui part à la retraite est un vrai solitaire, peu à l’aise en
public. Il suffit de rappeler le visage et le sourire artificiel qu’il
se compose immédiatement avant d’entrer dans la salle où l’on fête sa
fin de carrière pour comprendre combien cette cérémonie lui coûte. Très
vite, Sean Penn montre que cette fête est plutôt celle des autres qui
dansent et s’amusent quand Jerry cherche une échappatoire.
Le
réalisateur affine le portrait de son personnage à travers un plan
significatif : le regard caméra saisit, par la fenêtre de ce bureau que
Jerry va devoir quitter à contre cœur, un vieillard appuyé sur un
déambulateur qui avance péniblement. Ce plan filmé en plongée dit
assez, par l’idée de chute qu’il suggère, la conscience aiguë qu’a
Jerry de sa déchéance à venir ; mais il révèle aussi combien ce métier
qu’il a exercé si longtemps avec passion comblait en fait un vide
existentiel en donnant une direction à sa vie. Policier la semaine et
pêcheur le dimanche, Black a passé l’essentiel de sa vie à observer, à
enquêter et à capturer criminels et poissons. On ne sait d’ailleurs
quasiment rien de l’histoire personnelle, ni du lieu de vie d’un homme
qui, à l’évidence, se confond avec son activité professionnelle.
Mais
le destin (Dieu ou le Hasard), qui d’ailleurs se manifestera à l’issue
du film lui accorde in extremis (à six heures de sa mise à la retraite
définitive !) un ultime sursis avant cette inévitable plongée vers le
néant. Et ce qui va maintenir en vie ce vieil homme à son crépuscule
est, paradoxalement, la mort d’une enfant à l’aube de la vie. Cet
échange trouble entre la Vie de l’un qui est régénérée par la Mort de
l’autre féconde alors la suite du film et offre une nouvelle raison de
vivre à Jerry.
Toute la force du film réside désormais dans ce
mouvement subtil qui va de l’enquêteur à son enquête car les deux sont
indissolublement liés. Féru de pêche au lancer, riche d’une longue
expérience professionnelle, solitaire et peu communicatif mais
profondément humain et respectueux des autres, Jerry Black utilise des
méthodes policières qui sont le reflet même de son tempérament. Tout se
met donc en place peu à peu selon une méthode éprouvée, étant bien
entendu que « Le poisson vivant est le meilleur des appâts » : ne pas
troubler l’eau de la rivière, montrer patience et discrétion avant de
lancer l’appât ; puis attendre, en se plaçant au bon endroit, de ferrer
la proie quand elle sera accrochée. Bref, on l’aura compris, la pêche
est bien la métaphore de l’enquête.
L’un des intérêts du film
est que Sean Penn s’appuie sur la diversité des points de vue
enrichissant ainsi la vision que le spectateur a des personnages. Jerry
est le personnage central auquel on s’identifie volontiers, dont on
admet le bien-fondé de la promesse faite à Mme Hansen et à qui l’on
souhaite de trouver le coupable. Mais Sean Penn sait montrer, de çà de
là, son héros sous un éclairage moins favorable ou plus sombre. Par
exemple, la psychiatre qu’il consulte pour faire avancer son enquête
détourne ses questions sur la psychologie du psychopathe pour le
pousser à s’interroger sur ses propres motivations à traquer le
meurtrier. De même, un autre regard critique est porté par ses
collègues policiers qui s’étonnent de son obstination à poursuivre
l’enquête et le lui reprochent. Enfin, sa compagne, Lori, le rejette
même pour ce qu’elle nomme sa folie.
Pourtant ces griefs en
forme de condamnation morale n’entament en rien la détermination de
l’inspecteur dont la monomanie exclut le moindre doute. Incapable de
communiquer avec ses semblables, et notamment avec sa compagne Lori,
persuadé qu’arrêter un dangereux criminel - quels que soient les moyens
utilisés, fût-ce en mettant en danger la vie d’une fillette ! - ne peut
que protéger les enfants, assuré du bien-fondé d’une méthode éprouvée,
Jerry est l’exemple même du mal-entendu. Il n’est d’ailleurs sans doute
pas exagéré de considérer la fin du film comme une véritable
crucifixion née de la malveillance du Hasard (l’impondérable de
l’accident) et de l’incompréhension de tous (le refus des collègues de
le croire et l’abandon de Lori) qui le conduit vers une folie dont le
réalisateur a montré les prémisses, qu’il s’agisse du premier plan d’un
ciel traversé par un vol de noirs oiseaux, de la bouteille de whisky
qui accompagne sa pêche, ou des visions, des hallucinations même
(Chrissy tuée dans l’église) qui le hantent lorsqu’il redoute l’échec
de son plan.
Ce film, qui va à l’essentiel jusqu’à l’épure,
multiplie – semblable au cours même de la vie - les scènes empruntées
au quotidien, ternes, banales ou lumineuses et part à la rencontre
d’êtres simples mais attachants.
C’est qu’à travers son
personnage principal, Sean Penn nous entraîne dans une enquête
policière qui se double d’un regard sur l’Amérique rurale profonde où
se découvrent des personnages floués par le destin mais d’une
résignation désarmante et d’une humilité bouleversante (les parents de
Ginny), ou encore traversés de croyances primitives (la grand-mère de
Ginny), hantés par les notions de Bien et de Mal. Une Amérique rurale
volontiers puritaine (le père de Ginny, malgré la douleur qu’il éprouve
à l’annonce terrible de la mort de sa fille, trouve la force
d’interdire au policier de fumer dans sa maison). On sent toute la
compassion de Sean Penn pour ses personnages et, notamment, pour son
policier si honnête, si consciencieux dans son travail, si semblable à
ceux à qui il a fait sa promesse et pour qui il enquête.
Sean
Penn, par ailleurs, innove en liant, de façon inattendue, contes de fée
et religion. L’imaginaire des enfants (conte d’Andersen cité par la
grand-mère de Ginny, les figures du géant – c’est-à-dire de l’ogre -,
du hérisson, du break noir – équivalent du carrosse des contes, etc.)
précède celui des parents (crucifix, serment qui engage le salut de
l’âme, ange qui conduit les enfants au ciel) et procède des mêmes
schémas mentaux. Le conte et la religion aux frontières mal définies et
traversées par une forme de superstition, comme une culture du monde
rural américain… Sean Penn suggèrerait-il allusivement que la condition
humaine régie par le Malentendu entre les êtres et promise à la
Vieillesse et à la Mort ne pourrait proposer comme divertissements
matériels que le Mal qui rôde alentour, cherche sa proie et détruit
l’innocence, tandis que les contes de fée et la religion –autre conte
?- serviraient à mettre en garde et à proposer des consolations
spirituelles ?…
Cette dualité thématique s’incarne dans les
paysages mêmes du film qui illustrent le propos du réalisateur :
offrant, d’abord, leur beauté glacée dans l’hiver neigeux de la
solitude, de la vieillesse et de la mort (c’est au cœur d’une neige
hostile que la simultanéité du départ à la retraite et de l’assassinat
de la fillette est rendue par un montage alterné des deux séquences),
ils s’humanisent ensuite (nature accueillante du Nevada, à la belle
saison, offrant ses montagnes, ses lacs et ses rivières ; ville
chaleureuse de ses habitants et de ses fêtes) à mesure que Jerry Black
rencontre, échange et partage avec les autres une vie aux joies
simples, oubliant - croit-on - son enquête au profit de son bonheur
personnel.
Le destin (Dieu ou le Hasard) que l’on évoquait à
l’ouverture du film intervient une dernière fois pour fermer l’histoire
: ces flammes qui dévorent le break et son conducteur évoquent-elles le
brasier infernal de quelque châtiment qui rétablirait l’ordre juste des
choses, en guise de réponse aux interrogations éplorées de la
grand-mère (« Pourquoi Dieu est-il aussi vorace ? ») ? Il est en effet
à noter que le film présente Dieu comme une sorte de Moloch, avide de
proies (comme le confirme la vision fugitive de Chrissy ensanglantée
immolée sur l’autel même de l’église), à la fois lointain et cruel,
dont les desseins sont impénétrables aux hommes qui en sont les jouets.
De
même, cette folie qui attend Jerry ne punit-elle pas le mécréant, pour
qui, selon ses propres termes, la religion relève du conte de fée ? Il
est vrai que si le destin, indifférent voire cruel, semble jouer aux
dés avec les êtres humains, les représentants de la société –policiers
et psychiatre- se montrent, de leur côté, sous un jour peu reluisant.
C’est ainsi que les collègues de Jerry se fourvoient dans les chemins
de traverse de l’erreur policière, manquent de l’humanité la plus
élémentaire en refusant de prévenir les Hansen de la mort de leur
fillette et doutent, à tort, de l’enquête de Jerry qu’ils finissent par
déconsidérer. Pour sa part, la psychiatre, chez qui se rend Jerry pour
qu’on l’aide à interpréter le dessin de Ginny, loin d’accéder à sa
demande, ne sait que faire étalage d’une déformation professionnelle
coupable en prétendant expliquer ses exigences d’enquêteur obsédé par
la vérité par une inhibition sexuelle. L’injustice du destin relayée,
en quelque sorte, par l’incompréhension aveugle de la société…
Au
final, un beau film porté par une musique de Hans Zimmer et de Klaus
Badelt qui égrène les notes mélancoliques d’un piano ou susurre la
berceuse de voix humaines et privilégie comme thème récurrent une
mélodie de violons si lancinante qu’elle illustre mezza-voce cette idée
fixe qui finit par posséder Jerry. Un film bouleversant au rythme lent
comme celui de la vie lorsqu’elle semble devenir immobile sous le poids
du chagrin.
Distribution
* Patricia Clarkson : Margaret Larsen
* Benicio Del Toro : Toby Jay Wadenah
* Dale Dickey : Strom
* Wendy Morrow Donaldson : Resort Owner
* Adrien Dorval : Sheriff
* Aaron Eckhart : Stan Krolak
* Shawn Henter : Bus Driver
* Kathy Jensen : Store Clerk
* Taryn Knowles : Ginny Larsen
* Nels Lennarson : Hank
Fiche technique
* Titre original : The Pledge
* Réalisation et production : Sean Penn
* Scénario :Jerzy et Mary-Olson Kromolovski , d'après la nouvelle de Friedrich Dürrenmatt
* Directeur de la photographie : Chris Mendes
* Musique originale: Klaus Badelt, Hans Zimmer
* Production : Clyde is Hungry Films / Franchise Pictures / Morgan Creek Prod
* Distribution : Warner Bros
* Durée : 124 minutes
* Film américain
* Date de sortie : 9 janvier 2001
Source : Wikia

Fri, 08 Feb 2008 19:07:03
Into the Wild
Into the Wild film américain écrit, réalisé et produit par Sean Penn sorti en 2007.
Christopher
McCandless est un étudiant brillant qui vient d'obtenir son diplôme et
parti pour avoir un grand avenir devant lui. Rejetant les principes de
la société moderne, il décide de partir, sans prévenir sa famille, sur
la route. Il brûle ses papiers et une partie de ses économies, tandis
qu'il envoie le reste à Oxfam. Il quitte tout et part en voiture vers
le sud des États-Unis. Il découvre le Grand Canyon et la Californie.
Il
arrive au Mexique, lorsque lui vient l'idée d'aller en Alaska. Il met
tout en œuvre pour y arriver et parvient finalement à Fairbanks
(Alaska) en auto-stop. Il découvre les montagnes enneigées et se
réfugie dans un bus rouillé. Il y passera cinq mois. Cinq mois de
solitude, de compréhension de la nature et de l'être humain.
Il
découvre en Alaska le bonheur toujours recherché, une paix spirituelle
et une sorte de paradis pur et sain. Au bout de deux ans de voyage, il
décide qu'il est temps de rentrer chez lui. Mais il est bloqué par la
rivière et se voit contraint, en attendant que l'eau du fleuve
descende, de rester vivre dans le bus. Entre temps, il comprend que la
solitude n'est pas l'idéal de l'homme. Mais il manque de nourriture,
et, affamé, meurt après avoir mangé une mauvaise plante.
Inspiré
d'une histoire vraie narrée par le journaliste Jon Krakauer dans son
livre Voyage au bout de la solidude, le film de Sean Penn nous décrit
l'itinéraire d'un personnage très proche des obsessions de
l'acteur-réalisateur, de Crossing Guard à The Pledge (où il mettait en
scène Jack Nicholson) et en commençant par The Indian Runner, celui
d'un être désabusé en quête de paix intérieure dans un monde un peu fou
qui semble progressivement sombrer dans le chaos.
Avec une
sensibilité rare, Sean Penn pose donc une fois encore son regard plein
de compassion et de pudeur sur un de ses "largués" de la vie. Il n'en
oubliera pas au passage d'attarder sa caméra sur des paysages
magnifiques, et parfois insoupçonnés, du continent nord-américain,
comme il l'avait fait sur The Pledge à travers de belles images
contemplatives du Nevada ; de beaux moments de répit qui tranche avec
le tourbillon de folie d'une Amérique en crise. Sean Penn a un sens de
l'image certain et une volonté de contestation encore plus forte.
Mais
avant tout, Christopher McCandless est un personnage qui laisse une
impression paradoxale. Ce jeune garçon aime en effet la philosophie de
vie naturaliste et recherche une vie simple loin de la technologie, et
des attaches et contraintes sociales. Alors forcément, il aime à se
perdre dans la lecture de l'idéaliste américain Henry David Thoreau, de
l'anarchiste pacifiste russe Léon Tolstoï ou de l'aventurier et
romancier américain Jack London. D'ailleurs, lui aussi semble prêt à
répondre à l'appel de la forêt.
Christopher McCandless s'est un
peu de Martin Eden qui aurait pris vie. Son histoire est pareillement
celle d'un apprentissage, d'une quête de liberté spirituelle, mais
aussi le récit d'un désenchantement, du refus catégorique de se
conformer à la vision commune d'une élite hermétiquement fermée à toute
pensée originale, aussi brillante fût-elle. Un véritable refus des
conventions et un rejet viscéral de l'individualisme grandissant d'une
société libérale qui se gangrène. Paradoxalement donc, notre "héros"
est un être profondément égoïste qui fait passer son besoin de liberté,
sa recherche du bonheur et de la vérité (celle qu'il veut sienne) avant
tout le reste ; avant ses parents évidemment qu'il rejette pour leur
superficialité et leur lâcheté (qui ne comprennent donc pas pourquoi il
préfère sa vieille guimbarde à une nouvelle caisse rutilante, et
auxquels il ne pardonne pas leur passé illégitime), mais aussi avant sa
petite sœur qui l'admire pourtant d'un amour aveugle et si tristement
naïf, palpable à travers sa narration un peu pathétique qui illustre
(plus que les images encore) le parcours de son frère.
Christopher
McCandless va donc fuir sa vie passée, et la folie de la ville
industrielle, pour partir à l'inconnu dans la nature ("Into the Wild"
donc...). Parcourant seul des paysages magnifiquement mis en image par
Sean Penn, et accompagné par une bande-originale saisissante (où Eddy
Vedder, le charismatique leader de Pearl Jam, côtoie le folkore métissé
américain, quelque part entre Bruce Springsteen et M.C. Hammer), la
route du jeune garçon va croiser celle de nombreux personnages
touchants et attachants hauts en couleurs, du couple hippie chaleureux
à la chanteuse de country transie d'amour, du couple danois bohême à
l'assistante sociale amusée, de l'agriculteur filou et bon vivant au
vieil homme solitaire et aigri.
C'est une sorte d'auberge
espagnole où chaque personnage rencontré fait avancer Christopher
McCandless, qui veut désormais qu'on l'appelle Alexander Supertramp
dans sa quête intérieure et représente, chacun à leur manière, un peu
de ce qu'est le jeune homme et son contraire. Car les rencontres qu'il
fait sont autant disparates que lui-même est complexe ; comme le film
dont les interprétations peuvent être très différentes.
La
société libérale que l'on connaît et ses individus matérialistes sont
pour lui des fléaux à fuir. Ses parents, piégés par cet individualisme
ambiant, sont donc à fuir aussi. Qu'importe s'il ne les comprend pas
plus qu'eux et qu'il lui faille laisser une petite sœur à l'abandon. Sa
soif d'exister et de vivre sa vie est plus forte. Sean Penn de nous
décrit le portrait d'un jeune homme passionnant qu'il se garde bien de
juger ou d'approuver dans sa démarche. Tout juste nous laisse-t-il le
loisir de nous interroger sur ce retour à la nature primal, sur cet
extrêmisme naturiste, sur cette critique de la société contemporaine,
sur cette révolte d'un adolescent contre un modèle parental qui le
révulse, ou plus simplememnt sur cette banale recherche du bonheur.
On
peut reprocher à Sean Penn d'enjoliver un peu trop le parcours de son
"héros" qui ne devait certainement pas être un éternel envol d'oiseaux
sauvages au soleil couchant ou un troupeau d'élan s'éloignant au
ralenti dans la neige. Il a sûrement dû aussi connaître de profonds
moments de solitude où l'ennui et le doute furent ses compagnons, et
sans pouvoir se divertir de cette bande originale rock & folk qui
agrémente (rien que pour notre plaisir) le film.
On peut
également se questionner sur cette volonté de sublimer les rencontres,
étrangement toutes gentillettes, du garçon qui semble évoluer dans un
monde peuplé de gentils bohémiens où seul un méchant gardien et son
chien paraissent discordants. Et pourtant, seuls ces gens vivants si
simplement sont à même de comprendre la démarche de Christopher
McCandless ; effectivement "supertramp" (pseudo qu'il revendique avec
vigueur et que l'on peut comprendre par "super vagabond") lorsqu'il
évolue dans la nature, mais qui redevient un simple "tramp" (un
"clochard" donc, paria de la société) lorsqu'il retourne à cette ville
où il n'a ni ne trouve sa place.
Distribution
* Emile Hirsch : Christopher McCandless
* Marcia Gay Harden : Billie McCandless
* William Hurt : Walt McCandless
* Jena Malone : Carine McCandless
* Catherine Keener : Jan Burres
* Brian Dierker : Rainey
* Vince Vaughn : Wayne Westerberg
* Zach Galifianakis: Kevin
* Kristen Stewart : Tracy
* Hal Holbrook : Ron Franz
* Steven Wiig : Ranger Steve Koehler
Fiche technique
* Réalisation : Sean Penn
* Musique originale :Michael Brook, Kaki King et Eddie Vedder
* Photographie : Eric Gautier
* Producteur : Sean Penn; Art Linson; Bill Pohlad
* Durée : 140 min.
* Dates de sortie : 21 septembre 2007 (USA) ; 9 janvier 2008 (France)

Wed, 16 Jan 2008 14:33:01
Zodiac
Zodiac film américain, de David Fincher, sorti sur les écrans en 2007.
Un
tueur en série, se faisant appeler Zodiac, revendique ses meurtres par
des lettres codées. Deux inspecteurs, un journaliste et un dessinateur
de presse suivent l'affaire. Le film, inspiré par des faits réels,
retrace l'enquête sur le tueur du Zodiaque, un mystérieux tueur en
série qui frappa dans la région de San Francisco dans les années 60 et
70.
David Fincher a été, enfant, marqué par cette affaire.
Habitant la région, il utilisait les bus scolaires, surveillés par la
Police que le Zodiac avait menacés de faire sauter. Sa voisine était
une des policières enquêtant sur l'affaire et il avait pique-niquer en
famille au lac Berryessa, juste après qu'un des meurtres du Zodiac n'y
soit commis.
La particularité de cette affaire qui se déploie
sur une décennie, c'est qu'elle a rendu à moitié fous ceux qui ont
voulu la dénouer et qu'aucun coupable ne fut jamais arrêté. Zodiac suit
donc pas à pas ces dizaines de chemins qui ne mènent nulle part.
Culs-de-sac déductifs, voie sans issue des analyses graphologiques,
puzzle de preuves manquantes, impasses procédurales, tout ici s'abolit
en dossiers poussiéreux et anéantit l'avidité du citoyen, et du
spectateur, pour la résolution.
Thriller d'une élégance
implacable, magnifiquement photographié par le grand Harris Savides
(The Yards, Elephant...), le film est une étrange équipée au royaume
indécis de la curiosité et de la frustration. Le désir de connaissance
et la part d'inconnu livrent un combat feutré pour tracer les
frontières de leur territoire que seule rassemble la lumière huileuse
des crépuscules californiens. En dernier lieu, seul le doute demeure.
Le
film est basé sur le livre de Robert Graysmith, dessinateur au San
Francisco Chronicle à l'époque des faits et qui n'a jamais décroché de
cette affaire alors que policiers et journalistes abandonnèrent. Le
livre reprend ainsi tous les détails de l'affaire sur plus d'une
décennie. Le film reprend largement les éléments du livre et les
personnages, réels, que sont le journaliste Paul Avery, les inspecteurs
de police Dave Toschi et Bill Armstrong mais sous un angle original. En
effet David Fincher ne va pas placer le tueur en série au centre de son
film mais plutôt les policiers et les journalistes, l'impuissance de
leur enquête et les conséquences que le Zodiac aura sur leur propre
vie.
Distribution
* Jake Gyllenhaal : Robert Graysmith
* Robert Downey Jr. : Paul Avery
* Mark Ruffalo : Dave Toschi
* Anthony Edwards : Bill Armstrong
* Brian Cox : Melvin Belli
* John Carroll Lynch : Arthur Leigh Allen
* Richmond Arquette : Zodiac 1 & 2
* Bob Stephenson : Zodiac 3
* John Lacy : Zodiac 4
Fiche technique
* Titre original: Zodiac
* Réalisation : David Fincher
* Scénario : Robert Graysmith (histoire originale) et James Vanderbilt (scénario)
*
Production : Ceán Chaffin, Brad Fischer, Mike Medavoy, Arnold Messer,
Louis Phillips (producteur exécutif) et James Vanderbilt
* Musique : David Shire
* Photographie : Harris Savides
* Montage : Angus Wall
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 158 mn
* Dates de sortie : mars 2007 (USA), 17 Mai 2007 (Sélection officielle Cannes France)
Source sous GFDL Wikafilms

Thu, 10 Jan 2008 22:29:08
Les Arnaqueurs de Stephen Frears
Les Arnaqueurs (The Grifters) film américain, de Stephen Frears, sorti sur les écrans en 1990.
Roy
Dillon est arnaqueur. Pas un gros, un arnaqueur modeste. Un artisan.
Les tours de passe-passe au comptoir des bars sombres, les entourloupes
sur les paris de coin de rue, c’est sa petite entreprise.
Rien à
voir avec sa mère, Lily, à peine quatorze ans de plus que lui. Elle est
un cadre supérieur de l’embrouille. Faire chuter les cotes des
outsiders aux courses en pariant gros sur eux, et ainsi limiter les
pertes de gros et méchants poissons qui gèrent les paris, c’est son
dada. Rien à voir non plus avec Myra Langtree, la petite amie de Roy,
un beau brin de fille qui survit dans des coups microscopiques, mais
dont l’ardeur et l’audace révèlent son récent passé de showgirl de la
magouille. Débusquer et ferrer le pigeon, c’était son spectacle.
Un
jour Roy Dillon est blessé par un barman. Sa mère vient lui rendre
visite à l'hôpital et y rencontre Myra, la petite amie de Roy. Entre
les deux femmes, c'est aussitôt l'inimitié, puis la haine farouche.
Le
roman de Jim Thompson, scénarisé par Donald E. Westlake, domnne
naissance à une histoire de losers et de truands dans un film puissant,
nerveux et perturbant.
Le sujet ne pouvait qu’attirer un poète
de l’ambigu comme Stephen Frears. L’auteur de films qui firent date
dans l’Histoire de l’homosexualité au cinéma, entre autres titres de
gloire, tire tous les fils de cette famille de circonstance qui
n’existe que par à-coups, d’élans sincères en manipulations tendres et
cruelles. La surprise vient d’ailleurs de l’absence ou presque
d’action. Posons les personnages, tendons des fils entre eux, des
câbles pour les uns, du suc d’araignée pour les autres, et le réseau se
complique vite.
Les Arnaqueurs donne un coup de poignard aux
réfractaires au culte de la Réussite. Manger ou être mangé, arnaquer ou
être arnaqué. Le juste milieu ne peut exister. Et cette ambition, cette
démesure conduit à la chute. La démesure qui perdit le partenaire de
Myra, devenu fou de son succès. Celle qui perdra Myra elle-même, car on
ne s’improvise pas meurtrière quand on est la plus belle des
arnaqueuses. Celle-là même qui châtie Lily, mère trop jeune, fille trop
mûre, dure et tendre, incapable d’accepter sa vie tout en la portant en
étendard de la cause de l’Arnaque.
Les Arnaqueurs sont embarqués
dans une tragédie comme le film noir n’en connut pas beaucoup. Comme si
certains héros de la Grèce d’antan s’étaient échappés de l’Hadès… Pour
tomber en Enfer ! Jamais au grand jamais Roy n’aurait contrarié les
cieux, plutôt envoyer au diable la pétulante et tourbillonnante Myra,
qui rêve de retrouver les jours heureux. Il est pourtant frappé et
poursuivi. Frappé par sa cannibale de mère, Médée prête à engloutir ses
enfants pour quelques liasses, poursuivi par une poisse qui lui fut
prophétisée par son mentor, lui-même pas brillant sujet. Poursuivi par
les femmes. Frappé par elles.
Distribution
* Anjelica Huston : Lilly Dillon
* John Cusack : Roy Dillon
* Annette Bening : Myra Langtry
* Pat Hingle: Bobo Justus
* Jan Munroe : Guy at Bar
* Robert Weems : acetrack Announcer
* Stephen Tobolowsky : Jeweler
* Jimmy Noonan : Bartender
Fiche technique
* Réalisateur : Stephen Frears
* Scénario: Donald E. Westlake d'après le roman homonyme de Jim Thompson
* Musique originale : Elmer Bernstein
* Producteur : Martin Scorcese
* Image : Oliver Stapleton
* Montage : Mick Audsley
* Durée : 1h50
* Dates de sortie : 5 décembre 1990 (USA), 23 janvier 1991 (France)
Source sous GFDL Wikafilms

Sun, 06 Jan 2008 11:11:12
Audition
Audition (Ôdishon) film japonais réalisé par Takashi Miike, sorti en 1999.
Un
producteur de film dont l'épouse est morte il y a sept ans, accepte
sous les conseils d'un ami réalisateur d'assister à un casting pour
dénicher une nouvelle actrice. Il est profondément attiré par une jeune
femme qui va l'attirer dans une horrible et sanglante spirale .
Âmes
sensibles s’abstenir ! Derrière la romance qui se profile avec cette
intrigue se cache une histoire bien plus crue ! Ce film sentimental
tourne vite à la boucherie, et c’est là la force d’Audition ! Le
réalisateur fait s’entremêler deux genres de cinéma avec beaucoup de
finesse et de maîtrise : bluette et horreur.
Ce film met mal à
l’aise et est même proche de l’insoutenable lorsque l’on se rapproche
du dénouement. Le contraste des genres sert au mieux l’intrigue : la
douceur et la douleur, l’art et l’âpreté, l’innocence et la violence.
Un film déroutant car on y perd totalement ses repères, et simplement
pour son originalité.
Audition est surtout un film d'ambiance :
l'atmosphère est en effet à tailler au couteau. Le film est cependant
assez sobre, et toute l'histoire est construite de façon à mettre le
spectateur mal à l'aise alors qu'il ne se passe finalement pas grand
chose sur l'écran : des regards, des silences, une caméra qui s'attarde
sur un couloir vide, quelques flash-back dont on ne saisit pas la
portée immédiatement. On " sent " que quelque chose peut arriver, mais
on ignore ce dont il s'agit.
Une atmosphère pesante utilisant le
look d'Asami, tête en avant et cheveux masquant son visage, qui
aboutira sur un final très gore, qui pourra choquer les non initiés. La
scène très violente, qui arrive sur la fin, est le résultat évident de
toutes les tensions accumulées tout au long de l'intrigue, comme un
abcès que l'on crève.
Il faut souligner la bonne interprétation,
la réalisation soignée avec l'alternance rêve/réalité vers la fin du
film qui désarçonne complètement le spectateur, quelques jolis coups de
frousses qui valent le détour mais que la bande annonce dévoile
honteusement
Distribution
* Ryo Ishibashi : Shigeharu Aoyama
* Eihi Shiina : Asami Yamazaki
* Tetsu Sawaki : Shigehiko Aoyama
* Jun Kunimura : Yasuhisa Yoshikawa
* Renji Ishibashi : Le vieil homme en chaise roulante
* Miyuki Matsuda : Ryoko Aoyama
* Toshie Negishi : Rie
* Ren Osugi : Shibata
* Ken Mitsuishi : Le réalisateur
* Yuriko Hirooka : Michiyo Yanagida
* Fumiyo Kohinata : Présentateur TV
* Misato Nakamura : Misuzu Takagi
* Yuuto Arima : Shigehiko enfant
* Ayaka Izumi : Asami enfant
Fiche technique
* Titre : Audition
* Titre original : Ôdishon
* Réalisation : Takashi Miike
* Scénario : Daisuke Tengan, d'après un roman de Ryu Murakami
* Production : Satoshi Fukushima et Akemi Suyama
* Musique : Kôji Endô
* Photographie : Hideo Yamamoto
* Montage : Yasushi Shimamura
* Pays d'origine : Japon
* Durée : 115 minutes
* Dates de sortie : 1999 (Canada), 3 mars 2000 (Japon), 6 mars 2002 (France)
Crédit : Wikia



Sat, 05 Jan 2008 20:49:51
Falling down (Chute libre)
Chute libre (Falling down) film américain réalisé par Joel Schumacher, sorti en 1993.
Un
cadre dynamique William 'D-Fens' Foster soudainement en plein
embouteillage sous une chaleur torride pète les plombs abandonne son
véhicule et part pour une randonnée sanglante à travers Los Angeles.
C’est
vraiment une sale journée qui commence pour ce personnage subitement
projeté hors du système. Tout le long de son parcours, il remet tout en
question. L’épicier qui vend ses fruits trop chers, l’image réelle du
hamburger servi qui ne correspond pas au produit publicitaire, le
vendeur fasciste.
Ce monde est fou, toutes les personnes
croisées le long de ce périple sont encore plus déjantées que le héros
qui devient moralisateur, provoque, juge et sanctionne certains cas
désespérés.
S’arrêtant dans un restaurant, il se voit refuser le
petit-déjeuner qu’il commande au nom d’un respect excessif de l’horaire
de service, ce qui le pousse à menacer, avec les armes dérobées,
clients et employés jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction.
Pendant
ce temps, l’inspecteur Prendergast, un policier consciencieux, établit
un lien entre ces divers incidents et entame des recherches avec sa
jeune collègue Sandra. On apprend qu’il a fait valoir ses droits à une
retraite anticipée, le soir même, suite à l’exigence pressante de sa
femme Amanda, une personne fragile et angoissée depuis le décès
accidentel de leur fillette. Il met à profit ses dernières heures de
travail, et, se souvenant de l’embouteillage au cours duquel il a dû
aider à pousser la voiture de D-Fens sur le bas-côté, il l’identifie :
il s’agit du nommé Bill Foster. Il se rend chez sa mère, puis chez sa
femme.
Entre-temps, D-Fens croise la route d’un marchand de
vêtements militaires homophobe admirateur d’Hitler qu’il tue au cours
d’un pugilat, avant de s’emparer d’un bazooka avec lequel il déclenche
une explosion dans un chantier urbain. Son errance le conduit sur un
terrain de golf où il se dispute avec un joueur qui veut l’éconduire et
qui s’affaisse, victime d’une crise cardiaque. Il menace même une
famille chargée de s’occuper d’une maison luxueuse.
Il finit par
arriver au domicile de sa femme qui s’enfuit précipitamment lorsqu’il
arrive. Il s’y installe alors et visionne une cassette de souvenir
d’anniversaire. Dérangée par l’arrivée de l’inspecteur Prendergast, il
tire sur son assistante Sandra et rejoint sa femme et sa fille
réfugiées sur une jetée. D-Fens fait croire à l’inspecteur, qui veut
l’arrêter en douceur, qu’il est armé. Ce dernier abat D-Fens au moment
où il dégaine le pistolet à eau de sa fille.
A travers ce film
se dégage l’atmosphère d’une ville « Los Angeles » où tout semble hors
contrôle, du port d’armes abusifs aux conflits raciaux avec à chaque
rencontre la découverte d’un territoire cérébral insensé.
Le
réalisme professionnel impitoyable du début des années 90 sert de
référence à ce film qui révèle un véritable problème de notre société,
les cadres pressés comme des citrons par les contraintes de leurs jobs
perdent la raison et deviennent dangereux pour la société.
Cet
homme saturé par les responsabilités professionnelles se lâche et
progresse dans le zoo urbain d’une ville ou tous les excès sont
possibles.
Conçu comme une parabole de la société américaine
contemporaine, et plus largement des sociétés modernes, il n’utilise
certes pas la litote pour délivrer sa vérité. On y voit « un homme
ordinaire » à la dérive, interprété par un excellent Michael Douglas,
traverser une partie de Los Angeles pour échouer au bord de l’océan.
Le
décor de cet itinéraire a valeur de symbole : cette Ville par
excellence s’apparente à une jungle où l’homme, pour survivre, doit se
comporter comme « un loup pour l’homme ». Mais, à la différence des
films d’aventure, cette odyssée ne transforme pas le personnage en
héros, puisqu’il échoue dans son projet. Pourtant ce pessimisme doit
aussitôt être nuancé. En effet, un second personnage – le seul qui
s’intéresse vraiment à cet anonyme et comprend ce qu’il se passe -,
l’inspecteur Martin Prendergast, suit un chemin inverse : son ultime
enquête modifiera l’avenir qu’il avait envisagé selon les voeux de sa
femme ; contrairement à ce qu'elle avait souhaité, il ne partira pas à
la retraite. Ces deux personnages sont donc liés : l’un agit et sème le
désordre et la violence dans la ville ; l’autre réagit et « suit » le
premier dans sa dérive en observateur, d’abord, en chasseur, ensuite,
en acteur déterminant artisan du destin, enfin.
On remarque que
les protagonistes sont de simples citoyens, hommes simples, à la vie
modeste, voire difficile. Ils sont surveillés par une police
omniprésente et empêtrée dans ses propres difficultés : lors de
l’embouteillage initial (surveillance et dépannage), pour enquêter sur
les vols (boutique du Coréen), sur les homicides (la virée
malencontreuse du gang) ou pour protéger les femmes de leur mari
violent (Beth Travino inquiète des coups de fil de D-Fens). Mais l’on
ne relève aucune présence physique de ceux qui ont licencié D-Fens, ou
qui habitent les maisons luxueuses de Los Angeles (on ne « voit » que
les gardiens). Bref, tout se passe comme si les responsables de cet
état de fait social étaient absents et laissaient citoyens et policiers
régler leurs comptes entre eux. Une dernière photo de famille.
Le
personnage commence par abandonner sa voiture, puis sa mallette de
cadre, enfin sa vie qu’il offre à son enfant dans l’espoir que la prime
de son assurance-vie le remplacera auprès de sa fille en lui apportant
la sécurité. Cette progressive mise à nu correspond à un refus de
l’existence qu’il a menée jusque-là, et à une volonté de rétablir ce
qu’il estime être une forme de justice : celle de l’individu trop
longtemps exploité et trompé par ceux qui l’employaient, et victime de
conditions sociales qui l’exposent à la nocivité des plus démunis. «
D-Fens », a toujours été un citoyen-modèle, obéissant, prêt à faire ce
qui lui était demandé. Pourtant, son mariage a été un échec et l'a
privé de sa fillette qu'il n'a pas vu grandir. Pourtant, sa Société l'a
licencié. Pourtant, il est vu comme “le méchant” et, s'il se laisse
arrêter par Prendergast, il va passer le reste de sa vie en prison. Une
fin absurde...
Alors, Bill Foster, désormais coupé de sa
famille, tel une feuille morte, se détache de son cadre social,
tournoie en une valse hésitante dans les rues de Los Angeles, avant de
se noyer dans l’océan tout proche.
L’un des points forts du film
est de permettre au spectateur de s’identifier, d’une certaine façon, à
cet homme à la personnalité sans doute rigide, mais foncièrement
honnête et altruiste, qui part à la dérive et, brusquement, refuse de
suivre les codes sociaux pour agir selon son instinct de justice, et,
dans le fond, pour réaliser ce que tout un chacun a eu envie de faire
un jour ou l'autre, sans jamais se l’autoriser. Il en résulte un bon
film qui propose un mélange des tons réussi. De son côté, Michael
Douglas compose, de façon magistrale, un personnage d'américain
“moyen", tour à tour proche et loin du spectateur, à la fois révoltant
et émouvant.
Distribution
* Michael Douglas : William 'D-Fens' Foster
* Robert Duvall : Detective Martin Prendergast
* Barbara Hershey : Elizabeth 'Beth' Travino
* Tuesday Weld : Amanda Prendergast
* Rachel Ticotin : Detective Sandra
* Frederic Forrest : Nick, Surplus Store Owner
* Lois Smith : William Foster's Mother
* Joey Hope Singer : Adele Foster Travino
* Ebbe Roe Smith : Guy on Freeway
* Michael Paul Chan : Mr. Lee
Fiche technique
* Titre original : Falling down
* Réalisation : Joel Schumacher
* Scénario : Ebbe Roe Smith
* Production : Arnold Kopelson et Herschel Weingrod
* Musique : James Newton Howard
* Photographie : Andrzej Bartkowiak
* Montage : Paul Hirsch
* Durée : 112 minutes
* Date de sortie :26 février 1993 (USA) ; 26 mai 1993 (France)

Sat, 05 Jan 2008 08:52:41
Requiem pour un massacre
Requiem pour un massacre ( Idi i smotri , litt: Va et regarde) film russe de Elem Klimov, sorti en 1985.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, Fliora, jeune garçon d'un village de
Biélorussie occupé par les troupes nazies, s'engage, bien que trop
jeune, chez les partisans. Il va découvrir l'amour, la fraternité, la
souffrance, la guerre.
L'oeuvre semble, du début jusqu'à
l'envolée lyrique finale, n'être qu'un cauchemar éveillé, en proie aux
doutes, à la folie, à l'instar de son jeune "héros", soldat bon gré mal
gré.
Le lyrisme est souvent à la limite du paroxysme, atteignant
son apogée dans la force de certains plans, centrés sur des visages
bientôt presque déshumanisés, tous empreints d'une poésie ombrée,
désespérée, morbide. Mais jamais complaisante. Toujours nécessaire,
apte à mieux montrer l'absurde, la souffrance.
Dans la version
originale, le titre se lit "Va et regarde", dénominateur commun et
explicite de cette histoire tragique, paradoxalement presque irréelle,
voire onirique. La vraie force du film, le vrai réalisme de cette
histoire, est de faire ressentir toute l'horreur de la guerre non pas
seulement dans la chair, mais de manière à ce qu'elle soit
psychologiquement palpable à tout moment, sans rupture, dans
l'atmosphère pesante, suffocante et survoltée, omniprésente d'un bout à
l'autre du film.
Non, la guerre n'est pas une partie de plaisir.
La guerre de "Va et regarde" est une guerre sale, une guerre sans
héros, une guerre où il n'y a plus ni de bons, ni de méchants. Juste
des hommes et des femmes. Ce cinéma-là est dérangeant, inconvenant, et
renvoie l'image d'une Biélorussie brouillardeuse et boueuse, dévastée
et en proie au nazisme.
La violence est très rarement montrée,
elle est suggérée. A travers les yeux d'un enfant, bientôt soldat de
fortune, l'histoire relate sa rapide désagrégation mentale face à cette
guerre où il se retrouve vite dépassé par les évènements, livré en
pâture à la barbarie ambiante. Le soldat souffre, et le peuple aussi.
Klimov sait le dévoiler, et adroitement, puisque c'est au travers des
errances de l'enfant que la soudaine brutalité martiale apparaît comme
monolithique, indestructible, et incontrôlée.
Il y a et il y a
eu un lien au-delà de la complicité entre le réalisateur et son jeune
acteur de 14 ans. Klimov considère son jeune acteur de 14 ans un peu
comme son fils, ainsi, et pas seulement pour renforcer la véracité des
situations, le metteur en scène a décidé d'employer l'hypnose,
accompagnée à tout moment d'un psychologue pour le préserver du
traumatisme lié au thème. De plus, afin d'être mieux imprégné de toute
la gravité de son rôle, toutes les scènes ont été tournées dans
l'ordre, ce qui est assez inhabituel lors d'un tournage. L'enfant a
donc le temps d'être mis en condition, de mieux rentrer dans son
personnage, de l'interpréter avec une conviction décuplée et une
imprégnation dans la violence qui va crescendo avec la logique adoptée
par Klimov.
Au centre du film, une scène d'une très grande
intensité, celle de la fille violée. Le viol n'est pas filmé, seulement
l'après. Toute la scène se joue entre les regards que se jettent le
jeune soldat et la fille : hagards, pleins d'une totale
incompréhension, à eux seuls révélateurs et catalyseurs d'un très grand
et très profond désarroi.
La manière de filmer de Klimov
participe énormément au réalisme sombre de l'ensemble. Sans aucun doute
grâce aux éclairages très particuliers, presque surréalistes. Il y a là
une très grande beauté plastique, très présente, foisonnante. La caméra
met mal à l'aise jusqu'à la nausée. Elle est désarticulée, près des
visages, cerne les regards avec insistance. Mais la bande sonore y est
également pour beaucoup. Elle est discrète, mais terriblement
troublante. Ainsi, lors d'un bombardement, les oreilles de l'enfant
sifflent, nous sommes avec lui, nous entendons nous aussi ce
bourdonnement, en quelques mots, ce film met mal à l'aise.
Avec
une rigueur monstrueuse et une maestria inouïe, Klimov colle à la
subjectivité du personnage principal (on ressent lorsqu’il a froid, on
plonge avec lui dans un marécage, on partage sa stupeur lorsqu’il prend
conscience de sa folie, on subit les sons de son cerveau flingué) et au
gré d’images crues donne à suivre une lente dégradation physique et
morale. Une lutte inespérée pour la survie. Ce n’est pas rien de
peindre le massacre d'un village de Biélorussie par les Allemands au
cours de la deuxième guerre mondiale. Mais il se cache derrière ces
images chocs une intelligence de cinéma, dans des mouvements de caméra
étourdissants tout en Steady Cam. Dès qu’il s’agit de faire ressentir
une angoisse (la mère qui s’inquiète pour son enfant au début), un
malaise (lorsque la jeune fille découvre le secret derrière la maison),
un tumulte (le coup de foudre du jeune garçon), une horreur (la fille
qui accuse le garçon d’avoir essayé de le noyer) ou un moment d’extase
(les deux enfants qui secouent les arbres pour arroser leurs corps
frêles).
Avec cette méthode comme soutien, Klimov a réussi là
une oeuvre forte, extrêmement sensible, où la souffrance reste
indélébilement gravée sur le visage de ses personnages. De nombreux
participants, tous non professionnels, étaient présents lors des
incursions nazies, ce qui confère au film ce réalisme tant recherché.
Les interprètes vivent l'histoire, ils sont l'histoire, ils deviennent
l'histoire. Tant de sincérité, alliant à la fois autant de vérité et de
simplicité, est admirable.
Le réalisateur ne tombe pas sur la
piste glissante des effets-chocs gratuits et de ses soubresauts, il
évite de même discours et spectacle moralisateurs. Tout est montré,
tout est vécu, en aucun cas le film laisse place à de pâles et plates
démonstrations, reléguant la forme au profit d'un fond criant, hurlant
plutôt, pour mieux livrer au grand jour ses questions, ses réflexions,
son pessimisme.
Distribution
* Aleksei Kravchenko : Florya Gaishun
* Olga Mironova : Glasha
* Liubomiras Lauciavicius : Kosach
* Vladas Bagdonas
* Juris Lumiste
* Viktor Lorents
* Kazimir Rabetsky
* Yevgeni Tilicheyev
* Aleksandr Berda
Fiche technique
* Titre : Requiem pour un massacre
* Titre original: Idi i smotri
* Autre titre : Go and See (USA)
* Autre titre : Va et regarde
* Réalisateur : Elem Klimov
* Scénario : Elem Klimov, Ales Adamovich
* Musique originale : Oleg Yanchenko
* Image : Aleksei Rodionov
* Durée : 142 minutes
* Dates de sortie: juillet 1985

Sat, 05 Jan 2008 08:49:51
Black Book
Black Book (en néerlandais Zwartboek) film néerlandais de Paul Verhoeven sorti en 2006.
La Haye,
sous l'occupation allemande, vers la fin de la guerre. En 1945, les
armées alliées s’apprêtent à libérer les Pays-Bas. Rachel Stein, une
jeune chanteuse d’origine juive est réfugiée dans une ferme bientôt
détruite par un bombardement accidentel. Désireuse de rejoindre sa
famille qui cherche à gagner le sud du pays, déjà libéré, pour échapper
à la Gestapo, elle assiste, impuissante, au massacre du groupe tombé
dans un guet-apens pendant la traversée du delta du Biesboch.
Elle
rejoint alors la Résistance dans le but de mettre hors d’état de nuire
ceux qui ont trahi les Juifs qu’ils avaient pour mission de faire
s’échapper et prend le pseudonyme d’Ellie de Vries.
A la demande
du responsable de sa section, elle est chargée d’infiltrer la gestapo
et, pour ce faire, devient la maîtresse de l’officier Mûntze qui lui
offre un emploi de secrétaire au cœur même de son service de
Renseignements. Rachel-Ellie de Vries et Mûntze, en dépit de la
situation, vont éprouver, l’un pour l’autre, un véritable attachement
qui survivra à la révélation du double jeu de Rachel. Placée entre les
Résistants et les Nazis, avec pour seule aide dans le service, Ronnie,
une Hollandaise gaie et aux mœurs libres, elle affronte les situations
les plus difficiles qui soient et connaît les pires drames : exécution
d’un traître par les Résistants, puis de Résistants par les Nazis ;
attaque armée de la gestapo par les Résistants, noyée dans le sang ;
doutes sur sa sincérité et soupçons sur ses liens réels avec l’officier
allemand de la part des Résistants, etc.
Cette existence
dramatique, paradoxalement, ne cesse pas à la libération du pays :
Rachel subit les exactions commises envers les femmes convaincues
d’avoir entretenu des rapports avec les occupants et connaît la douleur
de perdre Mûntze, fusillé pour traîtrise par les Nazis avec
l’assentiment des autorités alliées ! Elle boira le calice jusqu’à la
lie en découvrant, grâce à un livre noir (le Black book du titre) que
celui qui a trahi sa famille n’est autre que le propre notaire de son
père, en qui elle avait une totale confiance.
On la retrouve, onze années plus tard, en Israël, accompagnée d’un mari et de deux enfants…
Verhoeven
revient filmer dans son pays - ce qu’il n’avait pas fait depuis 1983 et
Le quatrième homme - pour s’intéresser à une période sensible de son
Histoire : la fin de la Deuxième guerre mondiale, et, plus
particulièrement, la traque des Juifs et la Résistance aux Allemands.
Ce film inspiré – est-il précisé – de faits réels, est à apprécier,
malgré les réserves d’usage concernant certaines péripéties assez
invraisemblables (par exemple, la longue traque-exécution du traître
par les résistants dans la rue à proximité même des locaux de la
gestapo sans qu’il y ait la moindre réaction). C’est un beau film par
son sujet, bien sûr, mais aussi par sa mise en images qui propose des
séquences mémorables. Un bombardement inattendu.
On évoquera, en
premier, la scène qui, au début du film, filme Rachel prenant son repas
avec le fermier hollandais chez qui elle se cache et qui l’oblige à
dire la prière chrétienne en lui signalant que « Si les juifs avaient
obéi à Jésus, ils n’en seraient pas là ! » En guise de réponse, elle
fait couler dans son assiette un liquide noir qui, sur un fond blanc,
dessine une croix ; attend que son hôte la voie et, le regardant droit
dans les yeux, l’efface en faisant tournoyer sa cuillère. Peu après,
c’est un bombardier en perdition qui, pour reprendre de la hauteur,
lâche ses bombes, au hasard, dans la mer, sur la plage et sur cette
ferme où elle est hébergée. C’est aussi, à la fin du film,
l’inimaginable vengeance à l’encontre des femmes à la Libération. Ou
encore l’incroyable exécution - autorisée par les autorités allées ! -
d’un officier allemand par les nazis. Ou encore, en guise de très
convaincante scène contre les discriminations antisémites, cette
répartie de Rachel à l'officier qui lui reproche d'être juive : “Et ça,
c'est juif ?", tout en guidant les mains du nazi sur son corps
plantureux. On terminera cette énumération des scènes originales par
une magnifique scène d'amour. A Muntze qui vient de découvrir qu'elle
est une résistante chargée d'infiltrer ses services, elle rétorque :
“Si tu écartais ton pistolet et que tu m'embrasses ?” Les deux amants
s'embrassent alors. Puis Muntze reprend la parole : “Je t'ai embrassé.
Parle maintenant."…
Plus généralement, Verhoeven montre l'époque
sous un angle original - loin de tout manichéisme, il excelle à montrer
la complexité des situations et l'ambiguïté des êtres -, qu'il s'agisse
de l'Occupation, de la Résistance, ou de la Libération. Il crée,
d’autre part, un personnage étonnant de femme libre (interprétée par
une actrice, l’épatante Carite Van Houten, que l’on n’est pas prêt
d’oublier), forte et courageuse, sensible et vulnérable, drôle et
ingénue, et si à l’aise avec le désir des hommes qu’elle en est
troublante.
Le titre, déjà, évoque, bien sûr, le « carnet noir »
qui, dans le récit, révèle la culpabilité de l’avocat dans la
spoliation et le meurtre des Juifs désireux de quitter la Hollande.
Mais il fait sans doute allusion, aussi, à l’un des « Livres noirs » de
l’Humanité, l’anéantissement programmé des Juifs de l’Europe.
La
fin du film, abrupte, suscite quelques interrogations. Il s’achève –
après le récit des dernières années de la guerre en 1944 et la
Libération - par un retour en arrière qui renvoie à l’entame du film
situé en Israël en 1956. On y montre une Rachel immobile, perdue dans
ce rappel des années noires ; on la voit, rejointe par deux grands
enfants et un mari, se diriger en leur compagnie vers une sorte de camp
à l’entrée duquel s’inscrit sur un panneau : « Israël - octobre 1956 -
kibboutz Stein fondé avec l’argent des victimes juives de 39-45 ». Puis
la caméra prend de la hauteur et filme, presque en plongée, des soldats
en jeep qui obligent Rachel et les siens à se ranger sur le bas-côté de
la piste. Plusieurs fortes déflagrations retentissent alors. Aussitôt,
ces mêmes soldats en armes courent vers les miradors et les barbelés
qui délimitent ce camp, et mettent en joue un ennemi invisible. Un
fondu au noir marque la fin du film.
On peut alors, en se
souvenant du cri de désespoir et de colère lancé par un personnage au
moment des purges de la Libération (« Décidément rien ne changera
jamais. »), se dire que Verhoeven exprime ainsi sa compassion pour les
Juifs, une fois de plus persécutés. Et ce sentiment est justifié par le
sens même du film. Pourtant, ce kibboutz retranché de 1956, dans lequel
s’enferment des Juifs pour se protéger d’une menace, n’évoque-t-il pas,
d’une certaine façon, les camps des nazis des années quarante où ils
étaient enfermés pour être exterminés ? La situation, même inversée,
confine à l’absurde et l’on peut supposer l’ironie du regard de
Verhoeven sur ce nouvel avatar de l’Histoire
Paul Verhoeven
apparaît bien, par ce nouveau film, comme un cinéaste complexe dont le
regard au scalpel révèle, film après film, toute l’ambiguïté de la
nature humaine. Entremêlant souvent le Bien et le Mal – sans jamais les
confondre -, le réalisateur excelle à jouer sur l’imprévu des
situations pour révéler le désarroi profond de l’être humain et de sa
condition absurde. Et nous bouleverse ainsi durablement par ce film
prenant.
Techniquement, il paraît utile de détailler le procédé
utilisé par Verhoeven pour lier les deux époques représentées dans son
film, dans la mesure où ce procédé de va-et-vient temporel, utilisé au
début et à la fin, se caractérise par une gande pudeur.
Le film
présente, dans l’ordre, deux époques : l’une a pour cadre Israël en
octobre 1956 ; l’autre, les Pays-Bas en septembre 1944. La première
n’est évoquée qu’à deux reprises : un peu plus longuement à l’entame du
film, et très brièvement (à travers une séquence d’une minute) lors du
retour en arrière final.
Le film s’ouvre donc sur des
retrouvailles hasardeuses mais émouvantes en 1956 - entre Rachel,
institutrice vivant en Israël et Ronnie, touriste de passage – qui vont
servir de prétexte à l’évocation du passé de la jeune femme. Le passage
de 1956 à 1944, d’Israël d’aujourd’hui aux Pays-Bas d’alors, se fait à
l’aide d’une surimpression toute de douceur : en filmant une fenêtre,
la caméra cadre le visage de Rachel qui s’efface progressivement –
cependant qu’un thème musical assure la transition – par une
surimpression de pluie (synonyme de tristesse) sur une vitre qui fait
apparaître, par un mouvement latéral de la droite vers la gauche et
ascensionnel du haut vers le bas (symbole des années noires), le visage
de la Rachel d’alors.
Le film déroule ensuite les deux heures de sa triste histoire aux Pays-Bas en 1945…
Le
retour en arrière final qui ramène à la scène du début utilise le même
procédé de surimpression. En effet, un rond dans l’eau que fixe une
Rachel désespérée en 1945 s’élargit, efface le visage de la jeune
fille, et devient, par surimpression, vague du lac devant lequel la
Rachel de 1956 – dont le visage réapparaît alors progressivement par un
mouvement latéral de caméra inversé, cette fois, de la gauche vers la
droite (synonyme de retour au présent heureux) – achève cette plongée
dans les souvenirs malheureux.
Distribution
* Carice van Houten : Rachel / Ellis
* Sebastian Koch : Ludwig Müntze
* Thom Hoffman : Hans Akkermans
* Halina Reijn : Ronnie
* Waldemar Kobus : Günther Franken
* Derek de Lint : Gerben Kuipers
* Christian Berkel : General Käutner
Fiche technique
* Titre: Black Book
* Titre original: Zwartboek
* Realisation: Paul Verhoeven
* Scénario: Gerard Soeteman, Paul Verhoeven
* Compositeur: Anne Dudley
* Pays d'origine: Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas
* Durée : 145 minutes
* Date de sortie : 29 novembre 2006 (France)
Credits

Sun, 16 Dec 2007 09:21:58
La mort sur le mont Hakkoda
1902 au Japon:
Commandée par le Colonel Nakabayashi, une compagnie de soldats japonais
entreprend une traversée des Monts Hakkoda. Une tempête de neige
terrible survient, mais les officiers décident de continuer la mission,
tout en prenant de mauvaises décisions. La quasi totalité des hommes
périssent de froid et d'épuisement.
Ces faits sont historiques:
En
février 1902 la cinquième Compagnie d'infanterie Japonaise part en
manœuvres près d'Aomori, sur les pentes des Monts Hakkoda. Le but de
cet entrainement est d'aguerrir les soldats en vue d'un conflit
possible avec la Russie, qui risque de se dérouler dans des conditions
climatiques rigoureuses. Une tempête de neige, la mauvaise organisation
et la bêtise des officiers provoquent une catastrophe: sur les 210
officiers et soldats, seul 11 vont survivre, encadré par le caporal
Gotō Fusanosuke, qui possède sa statue au ied des Monts
Hakkoda.
La conséquence pratique la plus positive de ce drame
fut l'introduction au Japon du ski, qui était inconnu en 1902, et qui
commença à équiper les troupes de montagne.
Ce fait divers tragique et édifiant a donné lieu à un film : Hakkodasan (Mount Hakkoda en anglais) , film japonais de Shirô Moritani sorti en 1977
Ce
film, sorti 75 ans après les faits, dénonce longuement certains défauts
anciens et en partie toujours actuels de la société japonaise, vue à
travers ses forces armées. La soumission à l'autorité, le manque
d'initiative individuelle, le poids de la bureaucratie.
Distribution
* Hideji Otaki : Colonel Nakabayashi
* Ken Takakura : Capitaine Tokushima
* Kinya Kitaoji : Capitaine Kanda
* Tetsuro Tamba : Colonel Kojima
* Rentaro Mikuni : Major Yamada
* Komaki Kurihara : Hatsuko Kanda (femme de Kanda)
* Mariko Kaga : Taeko Tokushima (femme de Tokushima)
* Yuzo Kayama : Capitaine Kurata
* Kumiko Akiyoshi : Sawa Takiguchi (le guide)
Fiche technique
* Réalisateur : Shirô Moritani
* Scénario : Shinobu Hashimoto apès le roman de Jiro Nitta Marche vers la mort sur le mont Hakkoda
* Producteur : Kazuo Baba
* Production : Hashimoto Productions ; Shimano Kikaku Company Ltd. ; Toho Company
* Musique originale :Yasushi Akutagawa
* Image : Daisaku Kimura
* Montage : Michiko Ikeda
* Durée : 169 minutes
* Date de sortie : 4 Juin 1977
* Extrait du film sur Youtube

Wed, 14 Nov 2007 07:55:36
Un Jour sur Terre
Un jour sur Terre film documentaire britannique de Alastair Fothergill , sorti en 2007
Analyse
La
caméra se balade aux quatre coins de la planète, nous révélant des
choses plus étonnantes les unes que les autres, et faisant exploser
sous nos yeux un nombre impressionnant d’images gorgées de poésie.
Partant
du Pôle Nord pour parcourir la Terre jusqu’au Pôle Sud, en passant par
la toundra, la jungle, le désert. Le film nous rappelle que la nature
fragile peut aussi être mortelle et que l’homme, par son action, ne
l’aide pas à être plus douce avec les êtres qui la peuplent. Le
comportement humain déchaîne les colères de la nature et déstabilise
l’équilibre de notre univers et de celui de la faune, qu’elle soit
terrestre ou maritime.
Les neiges de la banquise de l’Arctique
fondent à une vitesse toujours plus folle rendant alors la survie de
l’ours blanc, devenu symbole du destin tragique de la planète miracle,
de plus en plus incertaine. Les éléphants d’Afrique ainsi que leurs
camarades les gnous doivent se déplacer durant des semaines afin de
trouver l’eau qui se fait de plus en plus rare d’années en années.
Cinq
ans de tournage auront été nécessaires à Alastair Fothergill et à son
équipe de La Planète Bleue pour réaliser Un jour sur Terre.
Les
toutes dernières technologies en matière de prise de vue en haute
définition ont permis de tourner des images d'une beauté à couper le
souffle et de mettre en valeur la vie qui palpite et bouillonne à
chaque instant, sur le moindre centimètre carré de notre planète.
Fiche technique
* Titre original : Earth
* Réalisation, Scénario : Alastair Fothergill, Mark Linfield
* Production : Alix Tidmarsh, Sophokles Tasioulis
* Narration : Leslie Megahey, Alastair Fothergill, Mark Linfield
* Musique Originale : George Fenton
* Voix V.O. : Patrick Stewart
* Voix version française : Anggun
* Montage : Martin Elsbury
* Durée : 98 minutes
* Date de sortie : 10 octobre 2007

Sat, 06 Oct 2007 12:44:09
Nid de Guêpes
Nid de guêpes film français réalisé par Florent Emilio Siri, sorti en 2002.
Banlieue
de Strasbourg, 14 juillet. Louis, ancien pompier, se rend sur son lieu
de travail en moto afin de faire une nuit de garde dans un entrepôt.
Dans le même temps, Nasser, Santino et leur bande, des petits voleurs,
se préparent afin d'effectuer un casse dans un hangar pour récupérer du
matériel informatique. Pendant ce temps, un chef de la mafia albanaise
est escorté sous très haute protection par les forces d'élites
européennes.
Le film débute sur trois histoires, trois destins
qui vont, par le plus grand des hasards, se rencontrer pour le meilleur
et pour le pire. Une coïncidence impossible et invraisemblable où des
personnes que tout oppose vont devoir collaborer pour des questions de
survie. Nid de guêpe est un huis-clos étouffant, sans aucune issue
possible, où les frontières établies entre policiers et voleurs, entre
force de l'ordre et délinquants, entre bons et méchants vont voler en
éclat, afin de faire ressortir les réelles valeurs de chacun, quels que
soient leur origine et leur milieu.
Florent Siri realise sans
conteste un film qui lui est tout à fait personnel, il avoue très
volontiers entrer dans la tradition d'un cinéma de genre. Et les
références de codes et styles sont cohorte dans "Nid de guêpes" comme
celles au western avec "La chevauchée fantastique" de John Ford, et
"Quand les tambours s'arrêteront" de Hugo Fregonese, le film
catastrophe avec "L'aventure du Poséidon" de Ronald Neame, le cinéma
fantastique avec "Alien" de Ridley Scott, le western urbain avec
Assaut, de John Carpenter (lui-même remake avoué de Rio Bravo et non
avoué de" Fort Alamo" et de " La nuit des morts vivants"), où l'on
retrouve certaines similitudes comme l'assassinat d'un père et de son
enfant gênant l'opération. Ou encore du film "Les sept Mercenaires" de
John Sturges, auquel le cinéaste rend hommage en faisant siffler le
thème principal par ses protagonistes au début du film. Un scénario
extrêmement précis et minutieux, une construction qui va, au fil du
film, restreindre les issues positives possibles, et pousser le
suspense à son paroxysme, entraînant le spectateur dans ses derniers
retranchements.
Un film de genre et qui s'ancre néanmoins dans
la réalité et l’actualité, avec un thème omniprésent, celui de la
traite des femmes dans les filières de la prostitution albanaise.
Florent Siri et son scénariste se sont énormément documentés sur la
traite des femmes à l'Est et les éléments de son film en rapport avec
les filières albanaises, la traite des filles enlevées de leur famille,
et divers détails sont tirés d'un travail de recherche, constitué de
dossiers de presse.
Il faut aussi noter la participation du
chanteur de rap Akhenaton à la chanson Nid de Guêpes, qui clôture le
film sur une note assez noire et produite en collaboration avec
Alexandre Desplat (compositeur des musiques des autres films de Florent
Siri), Akhenaton s'est lui aussi extrêmement documenté sur le milieu de
la mafia albanaise afin de faire une chanson la plus réaliste possible.
Il livre un texte percutant et amer sur la relative passivité
occidentale, voir la connivence de la clientèle, face à la barbarie et
l'inhumanité de ce que les filles victimes des filières de la
prostitution albanaise endurent.
Distribution
* Samy Naceri : Nasser
* Nadia Farès : Laborie
* Benoît Magimel : Santino
* Pascal Greggory : Louis
* Sami Bouajila : Selim
* Anisia Uzeyman : Nadia
* Richard Sammel : Winfried
* Valerio Mastandrea : Giovanni
* Martial Odone : Martial
* Martin Amic : Spitz
* Alexandre Hamidi : Tony
* Angelo Infanti : Abedin Nexhep
Fiche technique
* Titre : Nid de guêpes
* Réalisation : Florent-Emilio Siri
* Scénario : Florent-Emilio Siri, Jean-François Tarnowski
* Musique originale : Alexandre Desplat, chanson générique fin: Akhenaton
* Durée : 105 minutes (1 h 45)
* Date de sortie : 6 mars 2002 (France)
Voir Wikia film
:)
Tue, 25 Sep 2007 16:01:21
Matchpoint
Match Point film américano-britannique réalisé par Woody Allen sorti en 2005.
analyse
Jeune
professeur de tennis issu d'un milieu modeste, Chris Wilton se fait
embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne
tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un jeune homme de la haute
société avec qui il partage sa passion pour l'opéra.
Très vite,
Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloe, la sœur de
Tom. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et qu'il voit sa situation
sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante
fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune Américaine venue tenter sa chance
comme comédienne en Angleterre. Entre sa passion pour la pulpeuse Nola,
et ses rêves de grandeur, qu’il réalise en se mariant à Chloé, "une
fille de la haute", Chris ne parvient pas à choisir.
Ce film met
en scène l'importance du hasard: Il en va de la vie comme des matchs de
tennis, parfois la balle touche le filet alors la chance décide de la
suite : on gagne, on perd. Parce que chez Woody les hommes sont lâches,
Chris opte pour le confort. Mais le film ne porte pas véritablement sur
les ravages de la passion, ou la vanité de l’ambition. Il s’agit bien
davantage de montrer à quel point la chance prévaut sur la bonté.
Un
temps Allen nous fait croire à l’existence d’une justice divine. La
chance, et en l’occurrence la malchance semblent alors à propos. Mais
dans un final magnifiquement radical, il laisse triompher l’insensé. Le
héros cite la phrase de Sophocle "Ne jamais être né est peut-être la
plus belle des aubaines".
Nous avons à faire à des personnages
de tradition calviniste, c’est à dire une tradition dans laquelle il
n’y a pas d’idée de péché. Ainsi le sentiment de culpabilité n’est pas
fonction des actes, mais de la volonté de Dieu. S’il est croyant, Chris
n’a donc pas à avoir de remords dès lors qu’il est sauvé par la chance.
Le fait qu’il soit par ailleurs fortuné lui permet de se sentir élu de
Dieu. Cependant, et c’est plus probable, Chris peut être athée. Dans ce
cas, c’est un fond de compassion humaniste qui explique pourquoi les
fantômes de ses victimes viennent un temps lui donner des remords. Mais
ces remords ne sont que temporaires, liés à l’émotion suscitée par son
acte, car Chris qui bouquine Dostoïevski est bien placé pour le savoir,
"Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis".
Match Point a
ceci de beau qu’il donne des réponses sans poser de questions. C’est le
propre du cinéma, ce qui l’oppose à la littérature. En cela, Match
Point est une fable amorale qui va à l’essentiel.
Woody Allen
livre ici une fois de plus une critique acerbe d’un snobisme social et
intellectuel qu’il incarne par ailleurs. Grâce à une construction sans
faille, il révèle l’absurdité du monde et fait en sorte qu’on en rit.
L’enchaînement des séquences est particulièrement bien vu et on lit
l’évolution de l’histoire et des personnages en pointillé, entre les
scènes. Woody ne joue pas dans le film, mais son ombre est bien là, on
l’imagine fantôme, nous prenant à partie au milieu d’une scène pour
nous dire la cupidité des hommes. Son absence donne au film l’élégance
d’une satire muette.
Distribution
* Scarlett Johansson : Nola Rice
* Jonathan Rhys-Meyers : Chris Wilton
* Emily Mortimer : Chloé Hewett Wilton
* Matthew Goode : Tom Hewett
* Brian Cox : Alec Hewett
* Penelope Wilton : Eleanor Hewett
* Morne Botes : Michael
* Rose Keegan : Carol
* Eddie Marsan : Reeves
* Miranda Raison : Heather
* Zoe Telford : Samantha
Fiche technique
* Réalisation : Woody Allen
* Scénario : Woody Allen
* Photographie : Remi Adefarasin
* Montage : Alisa Lepselter
* Pays d'origine : États-Unis, Royaume-Uni
* Durée : 124 minutes
* Dates de sortie : 12 mai 2005 (festival de Cannes), 26 octobre 2005(France), 25 décembre 2005 (États-Unis)
Récompenses
* Nomination au César du meilleur film étranger en 2006.
*
Nomination aux Golden Globes du meilleur film dramatique, meilleur
réalisateur, meilleur scénario et meilleur second rôle féminin pour
Scarlett Johansson en 2006.
* Goya du meilleur film européen en 2006.
* Nomination à l'Oscar du meilleur scénario original en 2006.
Ref: Wikiafilm
:)
Mon, 17 Sep 2007 17:29:16
Les Biches
Les Biches , de Claude Chabrol, sorti en 1968.
Analyse
Frédérique,
bourgeoise parisienne oisive et insouciante, remarque un jour une jeune
fille bohème, qui dessine des biches à la craie sur le pont des Arts et
se fait appeler Why. Elle la séduit puis l'entraîne dans sa villa
tropézienne, occupée par deux parasites. Elles y passent d'agréables
moments, jusqu'au jour où Why est attirée par un séduisant architecte,
Paul Thomas.
Frédérique comprend que sa protégée est amoureuse
du jeune homme, et par jalousie, elle le séduit aussi. Mais elle
s'éprend de lui à son tour, et Paul partage cet amour. Les nouveaux
amants désirent vivre ensemble ; toutefois, par amitié pour elle, ils
demandent à Why de rester avec eux. Elle accepte et souffre en silence
; puis laisse exploser sa rancœur et tue Frédérique. Why s'habille
comme la morte, déguise sa voix. Elle est devenue Frédérique.
La
représentation explicite de l'homosexualité féminine attira, lors de la
sortie du film, des regards intéressés ou indignés. Mais le propos de
Chabrol est plus psychologique et se place dans la lignée de ses
précédents films.
Frédérique est le double féminin du personnage
de Paul incarné par Jean-Claude Brialy dans les Cousins (1959). Comme
lui, elle est prompte à déceler les faiblesses d'autrui. Elle voit
immédiatement une proie facile en Why qui est ce qu'elle dessine : une
biche, prête à être dévorée. D'autant qu'en dessinant ce qu'elle est,
Why trahit une incapacité à masquer sa nature fragile. Comme pour
Charles (les Cousins), on devine tout chez elle, contrairement à
Frédérique qui sait cacher son jeu quand il le faut. Why a été
recueillie comme Charles et elle devra apprendre le monde, en découvrir
l'hypocrisie et la cruauté.
Ce qui se découvrait
progressivement, dans les Cousins, c'était la dépendance de Charles à
l'égard de Paul, puis celle de Paul à l'égard de Charles. Ici, la
traversée des apparences se fait différente. Why reste attachée à
Frédérique, mais Frédérique découvre son indépendance sentimentale. La
« traversée » de Frédérique, c'est la prise de conscience que son
homosexualité était superficielle (Paul suivait un itinéraire inverse).
Dans le même temps, Why prend conscience de la profondeur de sa
bisexualité. Le drame surgit ainsi du croisement de « traversées »
inverses.
Distribution
* Stéphane Audran : Frédérique
* Jacqueline Sassard : Why
* Jean-Louis Trintignant : Paul Thomas
* Serge Benneteau : l'antiquaire
* Nane Germon : Violetta
* Henri Attal : Robègue
* Dominique Zardi : Riais
Fiche technique
* Réalisation : Claude Chabrol
* Scénario et dialogues : Claude Chabrol et Paul Gégauff
* Tournage : 1966
* Durée : 100 minutes
* Date de sortie : 22 mars 1968
* Ours d'argent au Festival de Berlin 1968
tiré de Ann Wiki

Sun, 26 Aug 2007 10:43:13
Cours, Lola, cours !
Cours, Lola, cours ! ( Lola rennt ) film allemand de 1998 par Tom Tykwer.
Manni,
le copain de Lola , doit s'occuper de transférer de l'argent pour un
trafiquant de voitures. Lola devait aller le chercher pour qu'il puisse
finir la transaction. Mais voilà, Lola s'est fait voler son scooter et
n'a pu arriver à l'heure. Manni décide de prendre le métro afin de ne
pas arriver en retard. Cependant, il oublie par mégarde dans le métro
berlinois le sac en plastique dans lequel se trouve la somme de 100 000
DM en liquide qui lui avait été confiée. Il ne lui reste plus que vingt
minutes avant qu'on vienne lui réclamer l'argent. Désespéré, il
téléphone alors à Lola. Elle a donc en fait exactement vingt minutes
pour essayer de l'aider à s'en sortir. Elle sort de chez elle en
courant, dans l'idée d'aller voir son père, qui devrait peut-être
pouvoir l'aider.
Le temps d'introduire le récit, Tom Tykwer a
déjà alterné retours en arrière en noir & blanc, cartoons, et
rapides mouvements de caméras, à quoi s'est ajoutée une musique
électronique dynamique. Le générique est d'ailleurs annonciateur, le
réalisateur s'amuse avec nos yeux: éclairs lumineux, couleurs saturées,
effet d'éloignement amenant le titre.
Revenons en à Lola, vêtue
de vert et de bleu clair, les visages des personnes dont elle pense
qu'elles pourraient l'aider sont projetés irrégulièrement, pendant que
la caméra tourne avec rapidité autour d'elle, le tout enveloppée par
des beats électroniques (à la System 7, fire album). C'est son papa
qu'elle décide d'aller voir, Lola quitte en courant son appartement
sans écouter la voix (de sa maman) qui réclame qu'elle lui rapporte du
shampooing, la caméra quitte à cet instant Lola et nous emmène là d'où
vient la voix, dans le salon, contourne le divan sur lequel est
affaissée sa maman - attirée par les boissons alcoolisées et
l'astrologie - et plonge vers un écran de télévision où on retrouve
Lola, dans un cartoon, qui devale les escaliers menant à la porte
d'entrée de l'immeuble.
Retour à la réalité, Lola s'élance dans
les rues de Berlin, la caméra la précède ou la suit, le temps pour nous
de contempler ses cheveux rouges chatoyants, son tatouage au bas du
ventre et son visage à la peau doucement tendue. Dotée d'une bonne
condition physique, Lola heurtera dans sa course des passants dont
l'avenir nous est suggéré par une succession de photographies qui font
sourire (un cycliste qu'elle rencontre se cassera la figure, se mariera
avec l'infirmière qui le soigne) ou lugubres (une dame plutôt
désagréable sera atteinte de paralysie, ou mourra, on intercepte
l'image d'un tombeau dans un cimetière).
Les infortunes de Lola
se succèdent, son père qu'elle a rejoint et en qui elle avait confiance
ne la prend pas au sérieux et la laisse en pleurs. Il reste peu de
temps, Lola court rejoindre son ami (l'écran est divisé en 3: Lola qui
court, Manni qui l'attend, l'horloge de la ville), celui-ci perd
patience et décide de commettre un hold-up dans le grand magasin du
coin. Arrivée, Lola l'aide, ils s'échappent avec le butin, sont
rattrapés par la police, un des agents tire maladroitement et atteint
Lola, qui tombe lentement (ralenti) sur le sol. FIN ? Non.
On
retrouve Lola et Manni en aparté, couchés sur le dos dans un lit, les
images sont rougeâtres, en amoureux ils se questionnent (tu m'aimes ?
etc.). Le récit fait marche arrière, on est de nouveau dans
l'appartement de Lola, elle vient d'apprendre que son ami est en danger
et quitte l'appartement tout aussi rapidement, une autre musique
électronique complète la scène (à la Underworld, avec des paroles), les
premiers gestes sont identiques à la "première version". Cependant,
Lola croisera différemment les passants, leurs réactions seront
différentes, leur futur suggéré aussi, elle trouvera son père dans un
autre contexte, ...
Cours Lola cours est un film qui sort de
l'ordinaire. À trois reprises, le film recommence au début de
l'histoire, un peu comme s'il y avait eu une erreur dans le montage des
bobines. On se prend alors à jouer au jeu des différences entre les
différentes « versions » de l'histoire, car, rassurez-vous, il ne se
passe pas trois fois exactement la même chose ! En fait, chaque
séquence débute sur un « Et si... ».
Le film rappelle Smoking /
No Smoking d'Alain Resnais pour les différents évènements et leurs
incidences, Trainspotting pour la musique intense, son côté "jeune" et
la course. "Lola Rennt" se caractérise par un rythme trépidant, un
style clip-vidéo (travellings optiques, fondus, etc.), un certain
humour (notamment les variations entre les versions de l'histoire, les
futurs suggérés, etc.), le mélange de cartoon, d'images vidéos
"amateurs", etc. Les personnages ne sont pas présentés longuement, on
suit simplement une courte période d'une journée de leur jeunesse.
Lola,
le personnage principal, passe presque tout le temps du film à courir,
et quand elle ne court pas, la vitesse du film ne ralentit pas pour
autant. Le film ressemble presque à un clip vidéo. C'est flashy : Lola
a les cheveux rouge vif ! C'est rapide, les plans de caméra se
succèdent les uns aux autres à une vitesse effrénée durant tout le
film. La musique techno est omniprésente. Pendant que Lola court, il
n'y a pas de dialogues, juste de la musique. Enfin, l'action se passe à
Berlin, la ville de la Love Parade, réputée pour ce genre de musique.
Cours
Lola cours est l'un des films allemands les plus importants des années
1990. Il a influencé le cinéma allemand et au delà puisque le premier
épisode de la série Alias multipliait les références à Cours Lola,
Cours (musique, cheveux teints en rouge, ...)

Distribution
* Franka Potente : Lola (VF : Barbara Delsol)
* Moritz Bleibtreu : Manni
* Herbert Knaup : le père de Lola
* Nina Petri : Jutta Hansen
* Armin Rohde : M. Schuster
* Joachim Król : Norbert von Au
* Ludger Pistor : M. Meier
* Sebastian Schipper : Mike
* Julia Lindig : Doris
Fiche technique
* Titre original : Lola rennt
* Réalisation : Tom Tykwer
* Scénario : Tom Tykwer
* Musique originale : Tom Tykwer, Reinhold Heil et Johnny Klimek
* Photographie : Frank Griebe
* Durée : 81 minutes
* Dates de sortie : 20 août 1998 (Allemagne) ; 7 avril 1999 (France)
Tue, 21 Aug 2007 06:53:20
Abyss
Abyss (The Abyss) film américain de James Cameron, sorti en 1989.
L'USS
Montana, sous-marin nucléaire américain, a fait naufrage par 700 mètres
de fond près d'une fosse abyssale de 8 000 mètres de profondeur. Pour
porter secours aux éventuels survivants, la marine américaine
réquisitionne le Deepcore, un puits de forage sous-marin, et son
personnel, et leur envoie une équipe du SEAL, des hommes surentraînés.
Mais peu à peu des phénomènes étranges se manifestent ; se pourrait-il
qu'il y ait quelque chose qui les scrute du fond de la fosse ?
La
réponse est bien sûr oui et la fin du film aborde la question, quoique
de manière assez simpliste, de la réaction humaine vis-à-vis d'une
intelligence non-humaine, et de la réaction possible de celle-ci.
Abyss,
de l’aveu même de Cameron, apporte une réponse visuelle à 2001 :
l'odyssée de l'espace. Mais bien plus que sur le plan esthétique, le
réalisateur ajoute ses propres réflexions sur les thèmes déjà abordés
dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick.
À l’instar de Georges
Lucas, Cameron traite dans ses films du rapport de l’homme avec la
machine, et Abyss ne déroge pas à la règle. Ainsi, tout est technologie
dans ce film, du sous-marin Montana à la plate-forme de forage
Deepcore. Comme dans le vaisseau Discovery One, les hommes sont à la
merci des machines pour survivre dans des endroits aussi inhospitaliers
que l’espace ou les grands-fonds.
Kubrick transforme ses
astronautes en paresseux utilisant des machines pour effectuer leurs
besognes les plus élémentaires (Hal redresse le lit de Poole pour que
celui-ci puisse visionner un message de ses parents sur ordinateur),
déshumanisant les hommes et humanisant les machines (Hal commet une
erreur et tue sans motif). Les mineurs de Cameron, à l’inverse, sont
des mutants dont les submersibles représentent une enveloppe charnelle
de métal, et les bras mécaniques des prolongements de leurs propres
bras (la scène où Une Nuit pince les fesses de Catfish par le biais du
bras mécanique), ici pas d’intelligence artificielle, la machine est
une prothèse dans l’évolution de l’homme.
L’évolution passe par
une renaissance : la scène de la réanimation/résurrection de Lindsay
est filmée avec l’intensité d’un accouchement. Cameron renforce la
comparaison avec la descente de Bud le long d’une fosse utérine, vers
une lumière douce. Une fois arrivé sur place, il débarrasse ses poumons
du liquide organique qui lui permettait de respirer. Le voyage de Bud
dans les entrailles du vaisseau alien est de facon flagrante un hommage
au voyage que fait David Bowman dans les entrailles du monolithe, au
bout duquel l’homme renaîtra dans une ère nouvelle.
En bon
cinéphile, Cameron a ajouté des références à deux autres films
présentant un parallèle direct avec 2001. En premier lieu, Solaris,
d’Andrei Tarkovski, dans lequel une mer recouvrant une planète
lointaine crée des chimères (comme le pseudopode ou le raz de marée
final) issues de l’esprit des scientifiques en poste sur place dans une
station d’observation. Présenté à Cannes comme un anti-2001, le film
s’orientait plus vers l’aspect métaphysique de la conquête spatiale.
Pour
le tournage du film, James Cameron a utilisé des éléments qui malgré
leur aspect futuriste, existaient à l'époque du tournage. ainsi deux
des trois modules de sous-marin de poche existaient bel et bien et
étaient fonctionnels. Le fluide respiratoire employé dans le film pour
plonger en grande profondeur existe réellement. De plus, la scène où
une souris est emprisonnée dans une cage et respire du liquide n'est
pas truquée.
Distribution
* Ed Harris : Virgil 'Bud' Brigman
* Mary Elizabeth Mastrantonio : Lindsey Brigman
* Michael Biehn : Lieutenant Hiram Coffey
* Leo Burmester : Catfish De Vries
* Todd Graff : Alan 'Hippy' Carnes
* John Bedford Lloyd : Jammer Willis
* J.C. Quinn : Arliss 'Sonny' Dawson
* Kimberly Scott : Lisa 'One Night' Standing
Fiche technique
* Titre original : The Abyss
* Réalisation : James Cameron
* Scénario : James Cameron
* Directeur de la photographie : Mikael Salomon
* Musique originale : Robert Garrett et Alan
* Effets spéciaux : David Amborn
* Durée : 146 minutes
* Dates de sortie : 9 août 1989 (USA) ; 27 septembre 1989 (France)
:)
Sun, 29 Jul 2007 10:25:57
Betty Fisher et autres histoires
Betty Fisher et autres histoires , film français et canadien réalisé par Claude Miller, sorti en 2001.
Betty
Fisher est une jeune écrivain de talent, heureuse mère d'un petit
garçon de 4 ans. Carole est une serveuse à qui la vie n'a pas fait de
cadeau, et qui ne s'intéresse pas beaucoup à son enfant. C'est la mère
un peu folle de Betty qui provoquera la rencontre de ces deux femmes
très différentes.
Le film commence dans un train, une petite
fille se fait frapper violemment par sa mère prise de démence. Des
années après, la petite fille, Betty Fisher, devenue jeune écrivain de
talent, heureuse mère d'un petit garçon de 4 ans, Joseph, vient avec
lui chercher sa mère à l'aéroport. Dans l'après-midi, Joseph se tue en
tombant par la fenêtre.
Carole est serveuse et s'occupe très mal
de José, son fils de 4 ans qui ne peut compter que sur François, le
compagnon de sa mère. La mère de Betty kidnappe José et le ramène à sa
fille pour remplacer Joseph. Betty veut rendre l'enfant mais ne veut
pas dénoncer sa mère. De son côté, Carole ne vit pas trop mal la
disparition de son fils, même si François est harcelé par les policiers
qui voient en lui le coupable idéal. Après le départ de sa mère, Betty
ne se résout pas à rendre l'enfant dont elle a découvert qu'il
subissait des mauvais traitements.
Devant l'arrivée d'Edouard,
le père de Joseph qui menace de dénoncer Betty, celle-ci décide de
quitter la France bien que séduite par le Docteur Castang. François,
lui, soupçonne Alex, ami de Carole et gigolo, d'être et le père de José
et son kidnappeur. Edouard veut négocier avec Carole mais ils se font
descendre par le patron jaloux de celle-ci. Alex tente de s'enfuir avec
l'argent de la vente d'une maison qui ne lui appartient pas, mais se
fait coincer à l'aéroport au moment où Betty et José embarquent.
Un
remarquable trio de comédiennes pour un film qui décline les
différentes facettes de la relation, parfois difficile, mère-enfant.
Une intrigue policière qui ne sombre jamais dans le pathos ni le
sordide malgré ses personnages border-line.
Ce film lucide et
glacé parle de la difficulté des relations mère-enfant qui peuvent se
transformer en duel égoïste et vengeur. Claude Miller tisse sa toile en
peignant séparément la vie d’êtres tourmentés et individualistes où
seul le chacun pour soi compte. Sa démarche est intéressante et
témoigne des maux de notre société occidentale.
Distribution
* Sandrine Kiberlain : Betty Fisher
* Nicole Garcia : Margot Fisher
* Mathilde Seigner : Carole Novacki
* Luck Mervil : François Diembele
* Édouard Baer : Alex Basato
* Virginie Emane : Fatou
* François Roy : Jean-Jean
Fiche technique
* Titre : Betty Fisher et autres histoires
* Réalisation : Claude Miller
* Scénario : Claude Miller d'après Ruth Rendell , son roman "Un enfant pour un autre"
* Directeur de production : Gilles Loutfi
* Directeur de la photographie : Christophe Pollock
* Compositeur de la musique : François Dompierre
* Durée : 103 minutes
* Date de sortie : 24 octobre 2001 (France)

Tue, 10 Jul 2007 21:27:33
Empereur Tomato Ketchup
Empereur Tomato Ketchup ( Tomato kecchappu kotei) film expérimental japonais en noir et blanc de Shuji Terayama, sorti en 1971.
Terayama
dépeint un monde fantasmé où les enfants ont lancé une grande vague de
répression contre la figure parentale. Père et mère traqués, parqués
dans des camps, faits esclaves, exécutés par des enfants en tenues de
soldats, extraits de correspondances entre un enfant et sa mère bientôt
arrêtée, adultes se déguisant en enfants, autant de minces motifs
narratifs noyés dans une surabondance de métaphores surréalistes.
Comme
beaucoup de ses réalisations, le film tire ses racines dans le passé
d'artiste polyvalent de son auteur. Au départ Empereur Tomato Ketchup
était un feuilleton radiophonique intitulé Otona gari (la Chasse aux
adultes) où Terayama, tel le pendant japonais du Orson Welles de la
Guerre des mondes, jouait au trublion en prophétisant au jour le jour
l'arrivée imminente d'une révolution violente fomentée par des enfants
tuant ou faisant esclaves leurs parents. Parodie avouée des mouvements
de protestations estudiantins contre le renouvellement du pacte de
sécurité nippon-américain, la diffusion du programme fut rapidement
interrompue après que des protestations virulentes furent émises.
Terayama
transporte avec lui toute une conception narrative et esthétique qui
prend racine dans ses travaux théâtraux. Produit en indépendant avec
l'énergie débrouillarde des pionniers, la troupe se démènent avec un
budget faible, tournant souvent en plein lieux publics. Profondément
ancré dans son époque, l'esprit frondeur du film reste intact, mais son
sous-texte reste indissociable d'un contexte historique dont les
résonances avec notre monde contemporain se sont depuis longtemps tues.
Terayama
insiste surtout sur l'aspect absurde et parodique de son entreprise.
Plus qu'un brûlot révolutionnaire, Empereur Tomato Ketchup reste avant
tout une bouillonnante, stimulante et grand-guignolesque
expérimentation de théâtre à ciel ouvert fixée sur pellicule. Son
découpage en actes, autant de plan-séquences monochromatiques étirés où
la caméra-temoin s'immisce dans un persistent monde fantasmagorique.
Autant de 'séquences artistiques' autonomes (omniprésentes de l'art
sous forme de musiques, danses, symboles,..) sans liens évidents qui
s'enchainent nonchalamment et inexorablement avec l'appui de
l'omniprésente voix d'un narrateur froid et détaché. Une monde où
cruauté et érotisme se mêlent dans une veine prophétique. Une oeuvre
qui de par sa nature poétique et son abstraction autorise plusieurs
degrés de lecture.
Il n'y pas de scénario à proprement parler,
l'influence du théâtre d'improvisation est ici patente. Terayama est en
effet particulièrement intéressé par la liberté d'expression de ses
protagonistes, il dresse un cadre théorique à ses scènes (lieu, décor
et idées générales ) soient autant de 'performances surréalistes' dans
lesquels les acteurs sont invités à s'exprimer et se mouvoir librement
sans se soucier des dialogues assurés par le narrateur Une démarche qui
lui valu quelques débordements non contrôlés de la part de ses
soixante-dix enfants-acteurs. Caractéristique typique de l'esthétisme
du réalisateur, l'emploi des filtres voilées est systématique, les
corps des acteurs en apparaissent presque évanescent, la lumière brute
expose même certaines scènes, les encombre de fumée jusqu'à les rendre
quasiment illisibles. Ancré dans la réalité, Terayama investit
arrières-cours et lieux publics tel cette séquence filmé au
téléobjectif où des enfants-militaires au milieu de la foule dessinent
des croix géantes sur les murs d'un poste de police.
Empereur
Tomato Ketchup regorge de références militaires, réminiscences de la
seconde guerre mondiale, ancrant le récit dans une réalité alternative
: hymnes martiaux, patrouilles de milices, chansons d'époques, insignes
militaires (la croix, symbole du mouvement révolutionnaire, évoquant la
croix gammée), discours politique, affrontements métaphoriques (une
guerre de frontière représentée par partie de ping-pong où une femme
nue ligotée fait office de filet, un absurde combat de
pierre-feuille-ciseaux qui semble ne jamais se conclure), spectacles
morbides à l'érotisme sous-jacent.
Distribution
* Goro Abashiri
* Tarô Apollo
* Shiro Demaemochi
* Mitsufumi Hashimoto
* Maya Kaba
* Keiko Niitaka
* Masako Ono
* Salvador Tari
Fiche technique
* Réalisateur : Shuji Terayama
* Scénario : Shuji Terayama
* Durée : version courte 27 minutes ; version longue 72 minutes
* Format : Noir et blanc
* Date de sortie : 1971

Mon, 25 Jun 2007 16:22:04
Irma Vep
Irma Vep film français réalisé par Olivier Assayas et sorti en 1996.
René
Vidal , réalisateur à la réputation quelque peu intellectuel doit faire
un remake du monument de l'histoire du cinéma Les Vampires de Louis
Feuillade. Pour incarner l'héroïne Irma Vep, il fait appel à une star
du cinéma de Hong-Kong, Maggie Cheung qui se joue elle même. Cette
dernière est prise en charge par Zoé , la costumière très sensible aux
charmes de l'actrice chinoise. Le tournage connaît de nombreux
problèmes. René déprime et croit de moins en moins en son projet.
Maggie, elle, reste très disciplinée et professionnelle, tout en se
laissant lentement envahir par la personnalité d'Irma Vep. Lorsque René
craque pour de bon, la réalisation du film est confiée à Moreno.
Avec Irma Vep, Olivier Assayas rend un triple hommage :
Le
premier, sous forme de satire, aux tournages de cinéma. Il nous montre
de l'intérieur comment un film se fait ou se défait. On pense (même
s'il en est très éloigné) à d'autres oeuvres partageant le même thème:
Ça tourne à Manhattan, Les ensorcelés, Quinze jours ailleurs, Hollywood
Ending, et bien sûr La Nuit américaine. La filiation avec le film de
François Truffaut peut paraître évidente, surtout que Assayas nous
lance sur cette piste avec Jean-Pierre Léaud. Pourtant le réalisateur
s’en défend, tout en reprenant l’idée, en la modernisant : « Irma Vep
essaye de parler de la façon dont on fait le cinéma moderne, avec ce
que cela veut dire de fragile, d'instable. Le seul film sur le cinéma
qui, éventuellement, pourrait être une référence, c'est Prenez garde à
la sainte putain de Rainer Werner Fassbinder. C'est un film qui prend
de plein fouet la problématique du cinéma moderne et c'est le premier à
le faire, avant L'Etat des choses de Wim Wenders. Alors Irma Vep n'en
est pas inspiré, mais ce n'est pas un hasard si Lou Castel est dans les
deux films. »
Assayas n'hésite pas à égratigner le mythe.
Difficultés financières, inorganisation frôlant le chaos, réalisateur
névrosé, jalousie et chamailleries,tout en renvoyant dos à dos cinéma
d'auteur "intello" (dont il pourrait passer lui-même pour l'un des
brillants jeunes représentants) et cinéma d'action "anti-intello"
(représenté par le journaliste prétentieux qui n'interroge Maggie
qu'afin de pouvoir asséner ses certitudes envers le génie de John Woo).
Le
deuxième hommage concerne, avec plus de précision, le vieux cinéma. Ici
celui, carrément mythique, de Louis Feuillade et de sa série Les
Vampires (1915). Un cinéma plein de charme et de poésie, vrai cinéma
populaire aussi. Un film parfait, pense René Vidal qui, s'il doit faire
un remake, tient à rester fidèle, plan par plan, presqu'image par
image, à l'original. La question se pose alors: pourquoi un remake si
l'on n'y apporte rien de nouveau ? La seule vraie idée personnelle de
René semble de faire interpréter le rôle d'Irma Vep tenu jadis par la
légendaire et inégalable Musidora, par une actrice chinoise. Une
Française prenant la place de Musidora ? "Ce serait un blasphème !",
confie-t-il à Maggie. Seule, Maggie, qu'il a découvert en catwoman dans
The Heroïc Trio (1993) de Johnny To Kei-fung et Ching Siu-tung et dont
on voit un extrait où Maggie combat avec Anita Mui, autre star de H-K,
peut ré-endosser le rôle. Idée qui révoltera Moreno, son successeur à
la réalisation et pour qui Irma Vep "c'est le Paris populaire, Arletty,
les Apaches, la zone, ce n'est pas Fu-manchu".
Mais lorsque sont
projetées les scènes déjà tournées par René et montées par lui-même
juste avant sa dépression, on est loin d'un simple remake ! Les images,
triturées et grattées exposent une incroyable modernité tout en
retrouvant la magie poétique de l'original. Et même si nous ne savons
pas si René n'a pas fait que "tailler son film en pièces" dans un accès
de désespoir, on se met à regretter qu'il n'ait pu terminer son oeuvre
à la gloire de son interprète.
Et ici, la fiction rejoint la
réalité pour le troisième hommage d'Olivier Assayas: celui à l'une des
grandes stars du cinéma chinois, la remarquable Maggie Cheung (hommage
à l'actrice, doublé sans doute d'un hommage à celle qui était à
l'époque du film sa compagne dans la vie). Outre sa beauté remarquable,
elle révèle un jeu tout en nuances (voir, par exemple, la scène où
Bulle Ogier lui apprend que Zoé en "pince" pour elle). Son visage peut
tout aussi bien afficher un "vide" total que la plus subtile émotion,
comique, elle est très drôle, ou dramatique. Elle a su aussi retenir de
ses multiples films d'action une magnifique souplesse corporelle qui la
rend ici, moulée au plus près du corps dans sa combinaison de latex
noire, terriblement magnétique et séduisante.
Notons aussi la
performance absolument parfaite de Nathalie Richard, confondante de
naturel, ainsi que la présence toujours précieuse de Bulle Ogier. Et
bien sûr, comme déja signalé, la formidable présence de Jean-Pierre
Léaud.
Assayas nous donne surtout dans ce film une leçon d’amour
: amour envers le cinéma et son microcosme, où le spectateur non-averti
sera perdu en ne reconnaissant pas les icônes du cinéma qu’on nous
livre sans décodage, leçon d’amour envers le cinéma asiatique , leçon
d’idolatrie avec les images de sa compagne de l’époque , Maggie Cheung.
La fin du film part en vrille avec la projection du remake moderne plan
par plan de l’ancienne série, tendance post-moderne avec graffitis et
bande-son néo-punk. Cette mise en abyme est finalement très Cahiers du
cinéma.
Distribution
* Maggie Cheung : Elle-même
* Jean-Pierre Léaud : René Vidal
* Nathalie Richard : Zoé
* Antoine Basler : Journaliste
Fiche technique
* Réalisation : Olivier Assayas
* Scénario : Olivier Assayas
* Photographie : Eric Gautier
* Montage : Luc Barnier
* Durée : 99 minutes
* Date de sortie : 13 novembre 1996 (France)

Thu, 07 Jun 2007 06:38:51
Les Amants crucifiés
L'action
se déroule au Japon en 1684. Ishun est Grand Imprimeur à Kyoto,
capitale impériale du Japon, et créancier de nombreux courtisans. Ishun
est mariée à O-San, de trente ans plus jeune que lui, que son frère
Dôki Gifuya puis sa mère pressent d'éponger les dettes familiales.
Mohei, qui est le meilleur employé d'Ishun et tient ses comptes, se
propose de tirer sa maîtresse d'embarras.
Un autre employé,
Sukeimon, surprend Mohei et menace de le dénoncer s'il ne le fait pas
profiter de sa prétendue filouterie. Plutôt que de commettre ce vol,
Mohei se dénonce à Ishun. O-San est sur le point de se dénoncer à son
tour, lorsqu'O-Tama, une jeune servante sur laquelle Ishun exerce un
droit de cuissage, s'accuse pour protéger Mohei. Ishun fait enfermer
Mohei. O-Tama révèle à O-San les infidélités d'Ishun. Pour le
confondre, O-San échange sa chambre avec O-Tama.
Sukeimon se
rend compte que Mohei s'est échappé et le trouve dans la chambre
d'O-Tama en compagnie d'O-San à qui il faisait ses adieux. Mohei
s'enfuit mais O-San se retrouve considérée comme adultère. Lorsqu'Ishun
lui enjoint de se suicider, elle s'enfuit à son tour et rejoint Mohei.
Soucieux d'étouffer le scandale, Ishun essaie de faire retrouver sa
femme et punir Mohei, le tout discrètement. Les dignitaires qui lui
doivent de l'argent veulent retourner la situation à leur profit en
l'obligeant, mais son concurrent Isan veut tirer parti du déshonneur
qui s'abattrait sur lui si sa femme était publiquement arrêtée en fuite
avec un homme.
O-San et Mohei sont sur le point de se noyer dans
le lac Biwa pour échapper à leurs poursuivants quand Mohei déclare son
amour à sa patronne. Dès lors, celle-ci ne veut plus mourir mais vivre
auprès de lui. Sur dénonciation du père de Mohei, ils sont finalement
rattrapés par les émissaires d'Ishun qui ramènent O-San chez sa mère et
son frère. Mohei parvient à la rejoindre. Les deux amants refusent de
se séparer. Le frère d'O-San les fait arrêter. Pour ne pas avoir
dénoncé sa femme, Ishun est dépossédé de ses biens et perd sa charge au
profit d'Isan. O-San et Mohei sont crucifiés pour adultère.
Dans
Les Amants crucifiés, Mizoguchi dénonce la corruption et l'hypocrisie
du Japon féodal, société fondée prétendument sur les valeurs
chevaleresques de l'honneur mais en réalité sur le pouvoir de l'argent,
et où la cupidité et le conformisme social (la peur d'être « déshonoré
») écrasent tragiquement l'amour et l'honnêteté. Il prend la défense
des innocentes victimes de cette société pervertie, et d'abord des
femmes. Les détenteurs du pouvoir légal (les fonctionnaires) sont
asservis à ceux du pouvoir économique (le bourgeois Ishun) par leurs
dettes, mais en retour ils exercent sur eux le pouvoir des symboles :
celui d'annoblir ou de dégrader.
La structure du film est
limpide. Tout se passe comme si l’histoire était écrite d’avance. A la
fin du premier quart d’heure, un épisode vient animer la vie de
l’imprimerie : des amants vont être crucifiés, et tous les gens de
l’imprimerie se pressent pour aller voir la procession accompagnant les
amants crucifiés. Vient ensuite un plan incruste d’une barbarie et
d’une puissance hors du commun, montrant les amants effectivement
crucifiés.On ne met pas beaucoup de temps à comprendre que c’est ce
triste sort qui attend nos deux héros, Mohei et O-san. Même si l’on a
pas encore confirmation de leur amour réciproque, les regards qu’ils se
sont jusque-là lancés ne trompent pas : il se passe quelque chose entre
eux. La révélation de leur amour n’est donc pas surprenante, elle
apparaît d’ailleurs assez tard dans le film. Leur fuite est donc sans
issue, on sait quel sera son aboutissement. Ainsi, on sent planer dans
Les Amants crucifiés un sentiment de fatalité, ô combien présent dans
toute l’œuvre de Mizoguchi. Cette idée de fatalité rend finalement
l’histoire de ces deux amants si émouvante : malgré la promesse de
crucifixion qui les attend, les deux héros décident de vivre jusqu’au
bout leur passion. On peut même encore aller plus loin : ils décident
de sceller leur union dans la mort.
Qu'ils s'entendent entre
eux, lorsqu'Ishun achète les courtisans en leur prêtant de l'argent, ou
qu'ils se fassent concurrence, lorsqu'Isan fait tomber Ishun, c'est
toujours aux dépens des cœurs purs. Mohei n'est coupable que de son
honnêteté. Lorsqu'il produit un faux, c'est uniquement pour donner de
l'argent appartenant à son patron à la femme de celui-ci. Il n'y a donc
pas vol, et il rend même service à ses maîtres puisque la ruine de la
famille d'O-San retomberait sans doute aussi sur l'image publique
d'Ishun. Les ennuis de Mohei commencent même précisément lorsqu'il
refuse de commettre un véritable vol. Le richissime Ishun, quant à lui,
est d'une avarice répugnante puisque la somme qu'il refuse à O-San pur
sauver sa famille de la ruine est dérisoire : un demi kan d'or, alors
qu'on le voit payer huit kan, et sans marchander, un travail de
calligraphie. D'ailleurs, son refus d'aider sa belle-famille est plus
que discutable puisqu'il n'aurait jamais pu épouser une femme bien plus
jeune et belle que lui si, justement, sa famille n'avait été
désargentée.
En apprenant les infidélités de son époux, O-San
fustige son hypocrisie : peu avant, il exprimait sa condamnation au
passage du cortège de deux condamnés à mort pour adultère. La famille
n'est pas épargnée : comme ceux de La Vie d'O'Haru femme galante , les
parents d'O-San apparaissent comme des proxénètes puisqu'ils donnent
leur fille en mariage par vénalité, sans se soucier de son bonheur.
Quant au père de Mohei, il refuse l'hospitalité aux deux fugitifs et
les livre à leurs persécuteurs. Il finit par permettre à son fils de
s'enfuir, mais en le conjurant de ne pas le déshonorer. Comme il se
doit, à la fin du film, le frère d'O-San est réconcilié avec Ishun avec
lequel il devise gaiement, alors que c'est originellement à cause de
leur différend qu'O-San est perdue.
C'est que les lois
fonctionnent différemment pour les uns et les autres. Pour les cœurs
purs, comme dans une tragédie, tout est irréversible. Pour les
profiteurs et les hypocrites, comme dans une comédie, toutes les
situations sont réversibles. Une fois que la machine infernale s'est
refermée sur les victimes innocentes, les ennemis d'hier peuvent se
réconcilier à leurs dépens. Ils sont à la fois les dindons de la farce
et les boucs émissaires dont le sacrifice réconcilie les ennemis
d'hier. On peut dire que le genre tragique et le genre comique
s'imbriquent dans la logique sacrificielle à l'œuvre dans le film. Mais
cette critique sociale acerbe se double d'un romantisme éperdu et
presque mystique.
Lorsqu'O-San apprend de Mohei qu'il l'aime en
secret depuis toujours, il n'est plus question pour elle de se
suicider, c’est-à-dire d'accepter les lois des autres, encore moins de
s'y sacrifier. Elle cesse même de se considérer comme une victime,
puisqu'il ne s'agit plus que de vivre, et que ce ne serait pas vivre
que vivre en victime. Aux yeux des autres, O-San et Mohei sont dévorés
d'une folle passion, leurs actes sont déraisonnables. La folie serait
pour eux d'obéir aux lois de la société, la seule conduite raisonnable
est d'obéir à celle de leur cœur.
En fait, délivrés par l'amour
des entraves sociales et aussi de la logique sacrificielle, ils
seraient désormais bien incapables, quand bien même ils le voudraient,
de vivre autrement qu'en harmonie avec leur être le plus profond. Ils
rayonnent encore de joie quand ils sont conduits au supplice car, dès
lors, il n'y a plus pour eux de sacrifice : à l'intérieur d'eux il n'y
a que l'amour, et à l'extérieur d'eux il n'y a que des circonstances
non essentielles.
Les Amants crucifiés est un mélodrame absolu
dans lequel Mizoguchi semble nous crier le droit à la passion amoureuse
; son film résonne comme un cri de détresse sur la liberté
individuelle, sur la nécessité et l’indépendance des relations
interpersonnelles, sur l’aliénation exercée par les coutumes, sur la
faiblesse des lois sociales par rapport à la force des sentiments.
Distribution
* Kazuo Hasegawa : Mohei
* Kyôko Kagawa : O-San
* Eitarô Shindô : Ishun
* Eitarô Ozawa : Sukeimon
* Yôko Minamida : O-Tama
* Haruo Tanaka : Dôki Gifuya
* Tatsuya Ishiguro : Isan
Fiche technique
* Titre original : Chikamatsu monogatari
* Réalisation : Kenji Mizoguchi
* Scénario : Matsutarô Kawaguchi et Yoshikata Yoda d'après la pièce de Monzaemon Chikamatsu
* Directeur de la photographie : Kazuo Miyagawa
* Musique : Fumio Hayasaka et Tamezô Mochizuki
* Format : Noir et blanc
* Durée : 97 minutes
* Dates de sortie : 23 novembre 1954 (Japon)
Sélection officielle Festival de Cannes 1955

Mon, 14 May 2007 07:50:07
La Roue
La Roue, film français d'Abel Gance, sorti en 1923
Synopsis
Le
film débute lorsque le mécanicien-chef Sisif recueille une petite
orpheline à la suite d'une catastrophe de chemin de fer. Elle s'appelle
Norma et est élevée avec Élie, le fils de Sisif, à peu près du même
age; celui-ci a appris le métier de luthier et espère retrouver le
secret de Stradivarius. Tout semble aller pour le mieux, mais peu à peu
Sisif se sent pris d'une étrange passion pour sa fille adoptive.
Son
comportement change, il devient alcoolique, ombrageux, soupçonneux,
violent. La grâce de Norma a séduit un ingénieur, Monsieur de Hersan;
Sisif commet l'imprudence de lui avouer la passion qui a grandi en lui.
Hersan le menace d'un chantage s'il ne consent pas à lui donner Norma.
Celle-ci se résigne, et Sisif, conduisant le train qui emmène la jeune
femme vers son nouveau destin, souhaite mourir avec elle. Il pousse la
locomotive à une allure folle. Grâce à son chauffeur, l'accident est
évité. Sisif reporte son amour sur cette locomotive.
Mais un
jet de vapeur brûle les yeux de Sisif qui doit abandonner son métier et
va assurer dès lors le service du funiculaire du Mont-Blanc. Élie a
suivi son père. Et Norma venue passer des vacances à Chamonix avec son
mari retrouve son compagnon d'autrefois. Les deux jeunes gens
découvrent leur amour réciproque. Hersan, jaloux, se bat avec Élie en
pleine montagne. Leur chute les tue l'un et l'autre. Sisif est vieux
maintenant, solitaire, tributaire de son travail monotone. Il voit
revenir vers lui Norma, seule aussi et pauvre, elle va veiller sur ses
derniers jours, jusqu'à ce que Sisif quitte ce monde, enfin apaisé
"comme un rayon de soleil quitte une fenêtre au crépuscule
Analyse
Abel
Gance avait lu le livre de Pierre Hamp "Le Rail", lorsqu'il commença le
tournage du film, d'abord intitulé, La Rose du Rail, en 1919. Son
interprète Séverin Mars mourut en 1921 avant la présentation de l'œuvre
dont la durée de tournage fut de seize mois. Y avaient participé Blaise
Cendrars, comme assistant bénévole, et Fernand Léger qui dessina les
affiches, enfin Arthur Honegger écrivit une partition dont un des
morceaux devint l'oeuvre de concert intitulée "Pacific 231".
Les
scènes ferroviaires furent tournées à Nice de décembre 1919 à juin
1920. Puis à Chamonix et au col de la Vesa où Gance, gêné par la gare
du funiculaire la fit démolir et déplacer des poteaux électriques. Le
film intégral durait à la projection à peu près huit heures, d'autres
versions suivirent, toujours plus réduites, le métrage passant de 10
000 à 4 200 mètres. Gance avait dû consentir à des concessions
commerciales et il déclara au critique André Lang: "Permettez-moi de vous affirmer que je suis très supérieur à ce que j'ai réalisé."
L'
émotion ressentie à la vision du film est intacte. Sisif, le mécano,
piqué par l'épine de la Rose du Rail, la belle Norma orpheline, sait
aussi parler et écouter les locomotives comme certains parlent aux
chevaux.
Sisif, le prolétaire du rail et sa Rose nous enivrent au
plus profond et au-delà de nos sens qui ont perdu l'habitude mais aussi
l'occasion de nous laisser aller, haler, par la pointe du cœur. Comme
un Raimu qui parle à sa femme par l'intermédiaire d'un chat, un Sisif
qui caresse sa locomotive et qui l' aime comme une femme, sans tomber
dans le ridicule, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de les
caresser du regard. Merci Monsieur Gance pour ces troublantes
turbulences
Distribution
*Séverin Mars : Sisif
*Ivy Close : Norma
*Gabriel de Gravone : Elie
*Pierre Magnier : De Hersan
*Max Maxudian : Le minéralogiste Kalatikascopoulos
*Georges Térof : Machefer
*Gil Clary
Fiche technique
*Titre initial: La Rose du rail
*Réalisation : Abel Gance
*Scénariste : Abel Gance
*Produit par : Abel Gance ; Charles Pathé
*Musique originale : Arthur Honegger
*Image : Gaston Brun, Marc Bujard, Léonce-Henri Burel, Maurice Duverger
*Montage : Marguerite Beaugé, Abel Gance
*Format: Noir et Blanc
*Date de sortie: 17 février 1923
*Durée : suivant les montages entre 273 mn (4h33) et plus de 8 h

Fri, 27 Apr 2007 16:04:45
Nadia (Birthday Girl)
Nadia (Birthday Girl) , film américain de Jez Butterworth, sorti en 2001
Critique
L'histoire
est assez classique et a déjà fourni, dans sa structure du moins, une
série sans fin de téléfilms de qualité discutable. Le principe repose
sur le mythe de Barbe Bleue : un couple se forme rapidement, et peu à
peu l'un des deux découvre que l'autre n'est pas celui qu'il prétend
être. Cette structure est ici déclinée dans le genre du polar : le
gentil naïf se rend compte qu'il a épousé une manipulatrice... dont il
est tombé amoureux.
Toutefois, si l'on regarde un peu plus
loin que cette structure basique pour s'intéresser aux personnages, on
découvre un monde d'une jolie complexité. Il y a d'abord les comédiens.
Nicole Kidman, sublime comme toujours, offre, au début du film, une
performance impressionnante. Jouant une Russe qui ne comprend pas
l'anglais, elle est pendant une bonne demi-heure muette.
Et
pourtant par un regard, une attitude, on devine tout ce qu'elle pense,
tout ce qu'elle ressent, tout ce qu'elle aimerait dire. Ensuite, à
mesure du film, elle se désagrège physiquement, blessée, battue mais
toujours aussi expressive et touchante. En face d'elle se trouve un des
deux maillons faibles du film. Ben Chaplin a pu jusque là faire
illusion sur ses dons de comédien et face à une actrice telle que
Nicole Kidman, on sent combien il est loin derrière, incapable de jouer
dans la même catégorie. Il est froid, inexpressif, de marbre. Certes,
cela correspond, au départ, au personnage du film.
Seulement
l'évolution du personnage est justement de sortir peu et à peu et de
temps en temps de cette coquille. Chaque fois que le script le lui
propose, il manque le coche. Fondamentalement, il manque trop d'humour.
Le second maillon faible se trouve être Vincent Cassel qui est lui
aussi d'un bloc. Très grande gueule, il a toutefois à sa disposition
plusieurs scènes d'émotion qu'il ne réussit pas à exploiter. Face à
Nicole Kidman, il semble difficile de rivaliser. Seul Matthieu
Kassowitz s'en sort avec les honneurs. Il incarne son personnage avec
une palette d'émotions et une complexité passionnante. Tout à la fois
amical, pervers, retors, il réussit même à être on ne peut plus
sympathique dans les scènes où il est le pire.
Des personnages
complexes donc qui réussissent à évoluer les uns par rapport aux autres
tout en prenant une certaine liberté quant à l'intrigue. Ce film est
l'exemple même de cet adage scénaristique qui veut qu'on entre dans le
film pour l'histoire et qu'on garde finalement en tête, à la fin, les
personnages. Car ce qui intéresse les auteurs du film, ce n'est
heureusement pas l'histoire purement policière, mais les personnages.
Cette femme d'abord, tout à la fois forte en apparence, capable de
manipuler les hommes, mais en même temps totalement fragile, avec une
âme de fillette, amoureuse de deux hommes, voulant réussir à trouver
une place qu'on lui refuse.
Autour de cette femme trois hommes
gravitent et ne savent pas comment l'appréhender. Kasso ne voit en elle
aucune féminité, aucun sentiment ou psychologie, Cassel ne voit qu'une
poupée, objet de plaisir qui se transforme en instrument de torture de
sa jalousie. Et Chaplin qui essaye de comprendre la psychologie de
cette femme qui le hante. De ce point de vue, on pourrait même se
demander si le film n'est pas une réflexion sur le personnage même de
Kidman.
Le début du film est particulièrement passionnant, et très
évident pour se convaincre que l'intérêt réside dans cette analyse des
personnages.
Le film démarre lentement, prenant son temps sur
le personnage de Ben Chaplin, puis sur le couple qu'il forme avec
Nicole Kidman, couple décalé, mais qui fonctionne tout de même. Puis,
tardivement, l'intrigue policière arrive dans l'histoire, comme pour
relancer l'intrigue et faire subir finalement au couple des épreuves
pour voir comment il va y résister.
Film tout en finesse donc, film
rafraichissant également qui prouve que, de plus en plus, le cinéma
intéressant ne se trouve plus dans les Majors, mais dans les petites
productions indépendantes..
Distribution
*Nicole Kidman : Sophia, alias Nadia
*Ben Chaplin : John
*Vincent Cassel : Alexei
*Mathieu Kassovitz : Yuri
*Kate Lynn Evans : Clare
*Stephen Mangan : Manager
*Alexander Armstrong : Robert Moseley
*Sally Phillips : Karen
*Jo McInnes : Gloria
*Ben Miller : Concierge
*Jonathan Aris : D.I. O'Fetiger
*Katya Barton-Chapple : Sophia jeune
*Rebecca Clarke : employé
*Mark Gatiss : portier
*Raj Ghatak : employé
Fiche technique
*Titre original : Birthday Girl
*Réalisation : Jez Butterworth
*Scénaristes : Tom Butterworth et Jez Butterworth
*Produit par: Steve Butterworth
*Musique originale : Stephen Warbeck
*Image : Oliver Stapleton
*Montage : Christopher Tellefsen
*Durée : 93 minutes
*Dates de sortie : 6 septembre 2001 (Festival de Venise) ; 6 août 2003 (France)

Sun, 01 Apr 2007 15:34:52
La Répétition
La Répétition, film français de Catherine Corsini, sorti en 2001.
Analyse
Deux amies d'enfance, Louise et Nathalie rêvent de brûler les planches.
Adolescentes,
elles se disputent brutalement pour ne plus jamais se revoir. Mais dix
ans plus tard, leurs chemins se croisent de nouveau. Louise est devenue
prothésiste dentaire, Nathalie comédienne. A la fois subjuguée et mal à
l'aise face à la réussite de son amie, Louise décide de vivre son rêve
de jeunesse par procuration.
Après la très réussie Nouvelle Eve,
Catherine Corsini change de ton en s'attaquant à une histoire d'amour
tragique entre deux femmes.
Le film possède des qualités
certaines. Il y a d'abord ses deux comédiennes formidables et
crédibles, Emmanuelle Béart qui n'avait pas vu de rôle aussi
intéressant depuis fort longtemps, et surtout la comédienne canadienne
Pascale Bussières qui prouve encore une fois son talent.
La
mise en images est plutôt réussie avec des récurrences visuelles
efficaces. La lumière est particulièrement travaillée et les cadres
bien faits.
Il manque quelque chose au film pour qu'il dépasse
le stade du "produit bien fait". Il manque un souffle de folie ou de
lyrisme qui aurait pu et dû transformer cette histoire, somme toute
banale et attendue, en un véritable drame humain. Peut-être que le
personnage de Pascale Bussières aurait mérité d'être moins clair dès le
début car on a trop vite l'impression qu'elle est folle, et du coup
toute la progression du film se fait sans surprise. Il ne se passe
finalement que ce à quoi on s'attend... ce qui est toujours dommage.
Distribution
* Emmanuelle Béart : Nathalie
* Pascale Bussières : Louise
* Dani Levy : Matthias (as Dani Lévy)
* Jean-Pierre Kalfon : Walter Amar
* Sami Bouajila : Nicolas
* Marilu Marini : Mathilde
* Clément Hervieu-Léger : Sacha
* Marc Ponette : Alain
Fiche technique
* Titre : La Répétition
* Réalisation : Catherine Corsini
* Scénario : Pascale Breton, Catherine Corsini, Pierre-Erwan Guillaume et Marc Syrigas
* Production : Daniel Louis, Philippe Martin, Vincent Meyer, Denise Robert et David Thion
* Musique : Pierre Bondu et Fabrice Dumont
* Photographie : Agnès Godard
* Montage : Sabine Mamou
* Pays d'origine : France
* Durée : 96 minutes
* Date de sortie : 22 août 2001
Sat, 24 Mar 2007 08:02:21
Kill Bill vol 1
Kill Bill 1 est un film américain réalisé par Quentin Tarantino, sorti en salles (premier de deux volets en 2003)
Analyse
Dans
une petite chapelle perdue au milieu du désert, alors que se déroule la
répétition d'une cérémonie de mariage, des assassins surgissent et
tirent impitoyablement et sans raison apparente sur toutes les
personnes présentes. La Mariée , qui est enceinte lors des événements,
survit à ses blessures mais sombre dans une profonde inconscience.
Toutefois, la Mariée n'est pas une personne ordinaire. Autrefois tueuse
à gages dans une organisation secrète, la Deadly Viper Assassination
Squad, elle est douée de capacités physiques hors du commun. Sortant de
son coma quatre années et demie plus tard, elle n'a plus qu'un seul but
: se venger de ses anciens complices dans lesquels elle a reconnu les
assassins de la noce, et surtout, tuer Bill , leur chef à tous, qui
était également le père de son enfant.
Ce film s'articule en
deux volets : Kill Bill (volume 1), sorti le 26 novembre 2003 et Kill
Bill (volume 2), sorti le 17 mai 2004.
Le premier volet débute sur la chanson Bang Bang (My Baby Shot Me Down) de Nancy Sinatra.
Selon
Quentin Tarantino, il était prévu, au départ, que Kill Bill ne soit
qu'un seul et unique film, constitué de nombreuses références au
septième art, réalisé par un cinéphile pour des cinéphiles. Toutefois,
le projet s'étant avéré trop ambitieux, la société de production a
décidé de scinder l'œuvre en deux parties. Il n'est pas surprenant dès
lors que les deux films se complètent, tout en ne se ressemblant pas.
Alors que le premier est un hommage avoué aux films de samouraï (on est
proche d'un plagiat de Lady Snowblood) et aux séries d'action
asiatiques des années 1970 (voir notamment La Rage du tigre), le second
trouve ses sources d'inspirations dans le western spaghetti à la Sergio
Leone (en allant jusqu'à reprendre dans la bande originale un thème
musical d'Ennio Morricone) et dans les films de Kung fu.
Encore
une fois, Quentin Tarantino fait preuve de son génie. Ce qui fait
habituellement le charme des films de Tarantino, c’est le style, et ici
nous sommes servi! Avec un montage comme lui seul peut le faire, un
fond inspiré des mangas japonais, une mise en scène époustouflante et
une distribution de qualité, Tarantino se surpasse encore et nous en
met plein la vue. Fidèle à son style, Tarantino réussit avec brio à
insérer sa touche humoristique particulière et méticuleusement calculée
qui fait en sorte que jamais le film ne tombe dans le piège de « se
prendre trop au sérieux », défaut de bien des productions américaines.
Ceux qui sont autrefois tombé sous le charme de ses autres films
(Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown) ne seront pas déçu, car
ce 4e film du grand Tarantino est littéralement envoûtant.
distribution
* Uma Thurman : La Mariée alias Black Mamba
* Lucy Liu : O-Ren Ishii alias Cottonmouth
* Sonny Chiba : Hattori Hanzo
* Vivica A. Fox : Vernita Green alias Copperhead
* Julie Dreyfus : Sofie Fatale
* Chiaki Kuriyama : Gogo Yubari
* Gordon Liu : Johnny Mo
* Michael Madsen : Budd alias Sidewinder
* Daryl Hannah : Elle Driver alias California Mountain Snake
* Michael Parks : le shérif
* Michael Bowen : Buck
* David Carradine : Bill
fiche technique
* Titre : Kill Bill (volume 1)
* Titre original : Kill Bill: Vol. 1
* Réalisation : Quentin Tarantino
* Scénario : Quentin Tarantino et Uma Thurman
* Film américain
* Date de sortie : 26 novembre 2003
* Durée : 112 minutes
Wed, 21 Mar 2007 09:40:31
Irréversible
Irréversible film français , réalisé par Gaspard Noé , sorti en 2002 .
Analyse
Première
séquence, sombre et agitée : Marcus et Pierre pénètrent dans une boîte
de nuit, Le Rectum. Ils y débusquent un homme et se battent violemment
avec lui...
Ce film est, de part sa construction, souvent comparé à Memento,
(2000) de Christopher Nolan, car la narration se fait de façon
chronologiquement inversée. Les séquences suivantes remontent le temps
pour comprendre les causes de la première séquence. Une jeune femme,
Alex, s'est fait violer par un inconnu dans un tunnel.
Irréversible
fut l'un des films les plus controversés de l'année 2002, entraînant en
France un débat extrêmement passionné, lors du festival de Cannes
notamment, du fait de la présence dans le film de certaines scènes de
viol et de meurtre particulièrement explicites, réalistes et violentes.
Ce film a été interdit au moins de 16 ans en France à sa sortie en salle.
Le
film a été tourné intégralement en Super 16, ce qui permet à Gaspar Noé
d'utiliser une caméra légère et maniable, la Minima. L'image sera
ensuite gonflée en Super 35 par procédé numérique.
Scène
centrale (à tous les points de vue) du film, le viol contient aussi le
choix central que Gaspar Noé va devoir faire. En mauvais philosophe,
mais victime de son époque, Noé se laisse prendre au jeu du « tout
montrer ». Tout, et toujours plus. Il en faut toujours plus, toujours
plus fort, toujours plus horrible, toujours plus barbare.
La
question n'est pas tant de savoir s'il faut tout montrer ou ne rien
montrer. Pas même s'il peut tout montrer ou ne rien montrer. Mais bien
s'il doit montrer, et ce qu'il doit montrer... et dans quel but !
Car
le problème qui se pose à lui, en tant que cinéaste, n'est pas
seulement celui de la gratuité de ces images. Ce n'est pas non plus
seulement celui de la complaisance de ces images. C'est bel et bien,
chose qu'il a totalement ignorée, la question du pouvoir de ces images.
L'erreur
de Noé c'est d'avoir réduit la problématique du hors-champ au cadre
rigide de l'idéologie dominante de notre siècle : la lutte aveugle et
partisane contre tous les spectres du puristanisme. Or la problématique
ici n'est autre que celle de l'expression de l'indicible, de la
représentation de l'irreprésentable.
Si le viol peut susciter la
peur, l'angoisse, c'est précisément à ce moment où il n'a pas
d'actualité immédiate. Toute actualisation, présentée, ou re-présentée
n'a jamais pu, et ne pourra jamais dépasser cela. Montrer cet
immontrable sera de toute façon toujours un échec. Par définition.
Parce que le viol, ce n'est pas simplement quelqu'un qui, sous la
contrainte, impose à quelqu'un d'autre un rapport sexuel. Le viol est
autre chose, et cet autre chose est intime, presque indéfinissable, et
échappe forcément à la représentation, et encore plus à la
re-présentation.
La représentation du viol, comme de toute autre
forme de barbarie, apparaît donc comme problématique à toute réflexion
sur le cinéma. Montrer ici ne montrera rien ; voir ici n'aura permis de
rien voir ; ressentir ici ne sera jamais comparable à vivre.
L'absence
manifeste d'une analyse de fond d'une part, et le choix
cinématographique (plan-séquence, caméra à l'épaule, style cinéma du
réel, simple monstration de la vraie vie) opéré par Noé d'autre part,
rendent ce dernier, de facto, suspect d'imposture.
Noé, dans
cette scène du viol, se fourvoie. Mais ce n'est encore qu'une erreur
négligeable en comparaison de celles qu'il peut commettre à d'autres
moments du film. La scène du passage à tabac reste, selon moi, l'un de
ses échecs les plus retentissants.
Dans cette scène, qui
intervient dans la chronologie du récit après la scène du viol (elle en
est le résultat), mais avant dans la chronologie-inversée qui est
donnée au spectateur, Marcus et Pierre sont venus se venger du Ténia,
auteur du viol.
Là encore, le même problème de "tout montrer" se
pose... mais il ne s'est visiblement pas posé pour le réalisateur, dont
le seul soucis semble avoir été les capacités techniques (au niveau du
trucage dans le montage) pour nous faire croire à un plan-séquence.
Il
est tout bonnement inconcevable de croire un seul instant qu'il n'y a
pas de trucage, sauf à mettre l'acteur Albert Dupontel (qui interprète
Pierre) en prison ainsi que toute l'équipe qui a participé à ce qui ne
serait rien d'autre qu'un « snuff ».
Là encore, le parti-pris est
problématique : quel intérêt peut-on avoir à faire paraître plus vrai
que le réel une scène dont n'importe quel spectateur se rendra compte à
coup sûr qu'il y a trucage ? Non pas que le trucage soit mal fait et
particulièrement visible (au contraire), mais parce que le contraire
est simplement inconcevable. Quel impact attend-on réellement sur le
spectateur, qui pourra être choqué *tout au plus* aux tout premiers
impacts, tant l'impossibilité conceptuelle d'y croire encore aura remis
le film à sa place de « simple film » devant l'exagération. Même dans
le réel, un tel acharnement et un tel résultat sont rarrissimes,
heureusement.
Pour quelle raison peut-on vouloir s'appliquer à
tout garder en permanence dans le cadre, au moment où un homme défonce
littéralement la boite cranienne d'un autre à coups d'extincteur ? Et
passer des heures et des heures en post-production pour que cela ait
l'air plus vrai que nature? Quelle sorte de plaisir peut-on en retirer,
pour y apporter un tel soin ?
Ce film réputé pour ses
scènes-chocs ne montre pas seulement la colère de deux personnages qui
finissent par perdre les pédales, mais aussi le coup de gueule d'un
réalisateur qui, pour se faire entendre, a décidé de choquer. Choquer
non seulement par ces séquences dont il a été question, mais aussi par
sa mise en scène hyperbolique. Jusqu'à la scène charnière (le viol), la
caméra n'aura de cesse de tournoyer littéralement dans tous les sens,
et ce, sans jamais vraiment s'arrêter.
De ces mouvements de caméra
incessants ressortiront beaucoup de passages où on ne voit rien (80% du
temps dans la première partie du film) et ces moments où malgré ses
retournements sur elle-même, la caméra gardera toute l'horreur des
événements dans le cadre.
Pcompléter la description de ce film à
la morale douteuse (en prenant le terme morale au sens le plus
universelle et humaniste), deux mondes s'opposent, celui du jour avec
plein de Blancs super sympas, et celui de la nuit avec des Chinois pas
agréables, des pédés tous pervers et des mafieux de pays de l'est qui
nous violent nos femmes. Evidemment, la police est dotée de bons
sentiments, mais comme elle n'a aucun moyen de rendre justice, il faut
la faire soi-même !
Et si Gaspard Noé, qui a réalisé quasiment
tout seul, monté tout seul son film n'était pas lui aussi « seul contre
tous » ? Est-ce que Philippe Nahon ne serait pas tout simplement un
portrait du réalisateur ? Lui, qui rêve de choquer les gens, non pas en
leur offrant un message social ou humain, mais uniquement pour choquer,
provocateur pervers sans message ?...
Distribution
* Monica Bellucci : Alex
* Vincent Cassel : Marcus
* Albert Dupontel : Pierre
* Jo Prestia : Le Tenia
* Philippe Nahon : L'homme
* Stéphane Drouot : Stéphane
* Jean-Louis Costes : Fistman
* Michel Gondoin : Mike
* Mourad Khima : Mourad
Fiche technique
* Réalisation : Gaspar Noé
* Scénario : Gaspar Noé
* Production : Richard Grandpierre, Nord-Ouest Production, Les Cinémas de la Zone
* Musique originale : Thomas Bangalter des Daft Punk
* Musique non-originale : Ludwig van Beethoven Symphonie n°7 en la majeur, Gustav Mahler Symphonie n°9 en ré majeur
* Film français
* Date de sortie : 24 mai 2002 (France)
* Durée : 90 minutes

Wed, 21 Mar 2007 08:57:16
Memento
Memento film américain , réalisé par Christopher Nolan , sorti en 2000 .
Analyse
Depuis
son agression, où il a reçu un terrible choc à la tête et où sa femme a
été tuée par un cambrioleur, Leonard recherche l'assassin de celle-ci,
un certain John G.
Il possède malheureusement depuis ce moment
une particularité handicapante : il oublie toute nouvelle information
au bout de quelques minutes. Il n'a donc aucun souvenir depuis
l'agression et doit pour se rappeler des choses élémentaires (où il
habite, qui sont les personnes qu'il rencontre) les photographier à
l'aide d'un Polaroïd et écrire le nom du motel où il habite, la plaque
d'immatriculation de sa voiture, le nom et prénom des personnes qu'il
rencontre et leurs caractéristiques (pour Teddy, il écrit « ne crois
pas ses mensonges »), etc. Suivant cette méthode de noter toute
information utile ou importante, il se fait tatouer ou se tatoue
lui-même les « faits » sur lesquels il doit s'appuyer pour trouver John
G.
Le seul but dans sa vie, c'est de venger sa femme en tuant
son assassin.En même temps que l'histoire principale, le héros relate
une histoire qu'il aurait vécue avant cet incident. Il était inspecteur
pour débusquer les arnaques à l'assurance et sa première mission fut
celle-ci :
Un homme, Sammy, après un accident, n'a plus de mémoire
immédiate. Il ne se souvient donc pas de ce qu'il a fait deux minutes
avant (comme le héros) et il n'applique pas de méthode pour pallier ce
handicap (en faisant des photos). Il touche donc de l'argent de
l'assurance qui le couvrait contre un handicap physique. Un jour, quand
Leonard vient chez cet homme, il fait mine de le reconnaître, Leonard
se demande donc s'il ne fait pas semblant d'avoir cette pathologie pour
que sa femme et lui aient l'argent de l'assurance. Leonard demande donc
une expertise et après les tests, l'assurance décrète que l'homme fait
semblant. Quelques jours plus tard, la femme vient au bureau de Leonard
pour lui demander si son mari fait réellement semblant ou pas, Leonard
lui répond que son handicap n'est pas d'origine physique. La femme de
Sammy étant diabétique, ce dernier doit lui faire régulièrement des
piqûres. Pour tester jusqu'où ira le « bluff » de son mari, elle lui
demande sa piqure d'insuline toutes les 20 minutes. Sammy lui fait sa
piqûre, une, deux, trois, quatre et cinq fois. Et la femme meurt suite
à cette « overdose ».
Cette histoire est à mettre en relation
avec l'histoire principale. En effet, à la fin du film, on apprend que
Leonard a déjà tué deux hommes pour venger sa femme mais qu'il l'oublie
(il brûle les photos) et Teddy (le policier qui a fait l'enquête du
cambriolage) lui dit (donc à la fin du film mais au début de
l'histoire) que c'est lui qui a tué sa femme diabétique (l'histoire
parallèle est donc la sienne) mais il l'oublie aussi et tue (au début
du film et à la fin de l'histoire) Teddy.
La particularité de
Memento (« je me souviens » en latin) est que les scènes du film sont
montées dans un narration non linéaire. Ce traitement est
particulièrement adapté au thème principal du film : la mémoire.
Le
film s'ouvre avec la fin de l'histoire, la dernière scène, puis le film
progresse, de la scène Z à la scène Y, puis de la scène Y à X et ainsi
de suite, la fin d'une scène recouvrant à chaque fois le début de la
scène précédente (précédente dans l'ordre du film, mais en réalité
suivante par ordre chronologique). Une narration parallèle est
introduite sous forme de courtes scènes tournées en noir et blanc
(suivant cette fois un déroulement chronoligique normal, de A à B etc.)
intercalées au montage antichronologique et qui à la fin aboutissent au
début de l'histoire, les deux narrations se trouvant ainsi raccordées.
Le passage du noir et blanc à la couleur se fait lors du développement
de la photo polaroïd que Leonard fait du cadavre de Jimmy.
Chaque
séquence est construite comme un court-métrage avec son début (qui
permet au héros de se resituer à chaque fois dans sa vie), son milieu
et sa fin. Celle-ci va servir de transition à une autre mini histoire
qui nous permettra de remonter le temps et de comprendre ce que Leonard
Shelby/Guy Pearce a réellement vécu. C'est vrai, ce n'est pas facile à
expliquer, et pourtant toute la force de ce film est là. Pour être plus
simple je dirai que ce film pourrait être comparé à un puzzle.
La
principale difficulté pour Shelby est qu'il doit prendre des décisions
alors que les éléments qu'il a en sa possession (photos, tatouages,
fiches) ne sont pas fiables car il doit porter un jugement sur une
situation ou une personne très rapidement puisque sa mémoire ne retient
pas plus d'un quart d'heure. Donc, il peut se tromper et nous il nous
entraîne dans son incertitude.
Memento n'a eu qu'un petit budget
et le tournage n'a duré que 25 jours et pourtant ce film a obtenu le
prix spécial du jury et le prix de la critique au festival du film
américain de Deauville en 2000.
A cette mise en scène inventive,
s'ajoutent des acteurs vraiment parfaits. Un excellent, Guy Pearce. Il
porte littéralement le film sur ses épaules puisqu'il est de toutes les
scènes. Il est complètement habité par son personnage. Son jeu est
subtil.
Après avoir vu ce film, nous pouvons nous demander deux
choses : « Peut-on se fier à sa mémoire? » et « Est-ce que le héros est
responsable ? » (d'avoir tué quatre personnes par arme à feu et sa
femme en lui injectant trop d'insuline). Ce film a donc une portée
Philosophie|philosophique sur le thème de la responsabilité et de la
personne. De plus, la fin du film est ouverte et peut autoriser
diverses interprétations suivant la sensibilité de chaque spectateur :
Leonard
Shelby est-il réellement celui qu'il se persuade être depuis le début ?
De toutes façons, lui même ne le sait pas, ayant oublié si ses
souvenirs d'avant l'accident sont le fruit de son expérience réelle, ou
s'il s'est conditionné pour se souvenir de cette vie (sa voiture est un
bon exemple de sa capacité à se persuader sincèrement de quelque chose
de faux, et d'inclure le mensonge dans un tout cohérent). On voit dans
le film qu'il s'est laissé manipuler par Natalie. Mais jusqu'à quel
point a-t-il aussi été manipulé par Teddy, par lui-même (cf. les
fausses notes), et par quiconque d'autre au courant de son état ? On
peut envisager le film comme une allégorie de la vengeance, un
sentiment qui ne s'apaise pas une fois l'acte de vengeance exécuté mais
peut devenir aveugle et se perpétuer indéfiniment.
Le film
utilise de façon délibérée une image subliminale. Dans la scène qui se
déroule à l'hôpital psychiatrique, quand Leonard Shelby raconte en voix
off l'histoire de Sammy Jenkins, on voit ce dernier assis sur une
chaise à l'hôpital. Il suit du regard une infirmière. Cette dernière
entre dans le champ de la caméra par la gauche, cache Sammy aux yeux du
spectateur puis sort du champ par la droite. Pendant 1/8 de seconde
c'est Leonard Shelby que l'on voir sur la chaise au lieu de Sammy. Ce
plan à peine perceptible est la clef qui permet de comprendre tout le
film. Sammy Jenkins et Leonard Shelby ne sont qu'une seule et même
personne.
* « Les souvenirs sont malléables, ce sont des
interprétations, rien de plus. Ils ne font pas le poids face à la
réalité. » (Leonard Shelby)
Distribution
* Guy Pearce : Leonard Shelby
* Carrie-Anne Moss : Natalie
* Joe Pantoliano : Teddy
* Mark Boone Jr. : Burke
* Russ Fega : Walter
* Jorja Fox : Catharine Shelby
* Stephen Tobolowsky : Sammy Jenkins
* Harriet Sansom Harris : Mrs Jenkins
* Thomas Lennon : le docteur
* Callum Keith Rennie : Dodd
* Kimberly Campbell : Blonde
* Marianne Muellerleile : la tatoueuse
* Larry Holden Jimmy Grantz
Fiche technique
* Titre français : Memento
* Titre original : Memento
* Réalisation : Christopher Nolan
* Scénario : Christopher Nolan et Jonathan Nolan
* Producteurs : Jennifer Todd , Suzanne Todd
* Date de sortie : 11 octobre 2000 (France)
* Durée : 116 minutes

Sun, 18 Mar 2007 18:21:25
Calculs meurtriers
Calculs meurtriers (Murder by numbers) film américain de Barbet Schroeder, sorti en 2002
Critique
Richard
Haywood est un lycéen, sûr de lui, richissime, coqueluche de son lycée
et qui tombe les filles. Justin Pendleton, lui, est un solitaire,
intellectuellement brillant et tête de turc de ses camarades. Alors
qu’apparemment rien ne les rapproche, les deux jeunes se voient en
cachette pour planifier le meurtre parfait. Ensemble, ils assassinent
une jeune fille prise au hasard et sèment des indices qui incriminent
un marginal, amateur de films pornos et dealer de drogue. Cassie
Mayweather et Sam Kennedy sont deux profileurs chargés de l’enquête.
Sam est persuadé que les indices mènent au véritable criminel, mais
Cassie n’en est pas convaincue. Elle va tout faire pour trouver les
véritables coupables.
Mais c'est surtout au niveaux des
personnages et des thèmes abordés que Schroeder réussit à transcender
ce film de genre en un film intéressant et personnel. Il y a d'abord le
personnage incarné par Sandra Bullock, nommé Cassie Mayweather. Ses
collègues la surnomment La Hyène parce que manifestement, elle en a.
Pourtant la belle est sensible et le soir sur une musique sirupeuse,
seule dans la pénombre, un verre d'alcool à la main, elle pleure. Femme
et flic. Kleenex et révolver. Avec sa sempiternelle triste moue - genre
chien battu - elle exprime son désarroi, sa colère, face à tous les
malheurs du monde, face à l'injustice du crime. C'est d'ailleurs ce qui
l'amènera à trouver le vrai coupable.
Classiquement, elle a un «
complexe intérieur » qu'elle devra assumer et dépasser car, de bien
entendu, tout film doit permettre au personnage principal « d'apprendre
quelque chose et d'évoluer ». Seulement, le personnage est plus que
cette obligation scénaristique. Elle est d'une noirceur rare dans un
film hollywoodien, d'une violence contenue assez impressionnante et se
positionne dès lors plus comme un anti-héros. Elle est surtout une
figure de la victime d'une société en laisser-aller, une société
violente aussi bien physiquement que moralement, voire culturellement.
Les
deux autres personnages principaux, les deux étudiants sont eux aussi
dans la même lignée thématique de la violence sociale. Il y a d'abord
le jeune séducteur riche qui s'ennuie et qui commet le crime pour le
fun, et puis l'intellectuel philosophe, mal dans sa peau, qui met, avec
ce crime, en pratique sa théorie sur la liberté qui, loin de
le
libérer, l'enferme. Le crime est ainsi emprisonné entre ses deux
extrêmes : le crime gratuit et le crime politique, mais dans tous les
instants du film, et là réside une des réussites du film, le crime ne
reste pas vivace comme tel, il se réduit très vite à son essence même
qui est la violence !
Pas de concession au niveau de ces deux
personnages car, si durant tout le film notre sympathie va vers le
personnage du jeune homme mal dans sa peau (dont le mal-être peut
justifier le crime, à l'inverse du séducteur qui ne peut rien
justifier) on découvrira aussi que le film évite finalement la moindre
issue positive pour préférer une résolution
encore plus terrible que le crime lui-même.
On se rappelle allègrement le duo composé par Farley Granger et John Dall dans La Corde de Hitchcock, ici adapté au monde d'aujourd'hui, qui voit des adolescents meurtriers se multiplier.
De
toute cette histoire finalement, aussi bien du personnage de Sandra
Bullock que des deux jeunes, une seule chose reste : l'impression de
gâchis, car au bout du compte la seule gagnante, c'est la violence,
celle donnée sans raison ou celle reçue sans réaction. Et cette
violence dépasse largement le cadre de ce crime, de cette affaire, qui
n'est au fond qu'une de ses résurgences...
Distribution
*Sandra Bullock : Cassie Mayweather
*Ben Chaplin : Sam Kennedy
*Ryan Gosling : Richard Haywood
*Michael Pitt : Justin Pendleton
*Agnes Bruckner : Lisa
*Chris Penn : Ray
*RD Call : Rod
Fiche Technique
*Titre original : Murder by numbers
*Réalisation : Barbet Schroeder
*Scénario : Tony Gayton
*Directeur de la photographie : Luciano Tovoli
*Musique originale : Clint Mansell
*Production Castle Rock Entertainment
*Durée : 118 minutes
*Date de sortie : 5 juin 2002

Wed, 14 Mar 2007 13:59:04
1001 Pattes
1001 pattes (A Bug's Life) film d'animation de Pixar pour les studios Disney sorti en 1999
Analyse
Le
maladroit Tilt a détruit la récolte de la saison de sa fourmilière.
Pareille bévue n'est pas faite pour plaire à l'affreux Le Borgne, venu
racketter les fourmis avec sa bande de sauterelles. Qu'importe, à
l'automne, il prendra le double ! Pour se faire pardonner, Tilt propose
d'aller engager des mercenaires pour se protéger de l'envahisseur...
Le
film est magnifique, le plus réussi des studios Disney depuis des
années, depuis Mary Poppins. L’animation est bien entendu parfaite,
alternant les tons pastels chers au studio, et une lumière d’apparence
naturelle pour donner à l’image ça et là une vraie chaleur (le vol de
Tilt accroché au pistil d’un pissenlit). Le studio Pixar n’a pas oublié
de
mettre le monde à l’échelle des fourmis, ce qui en modifie quelque peu
les perceptions : aucune surface n’est lisse, la trame des feuilles de
papier est visible.
Mais la technique ne serait rien sans la
perfection de l’écriture. Pour situer l’histoire, il suffit de se
remémorer Les sept mercenaires de Sturges, eux-mêmes adaptés des Sept
Samouraïs de Kurosawa. Les scénaristes ne se sont pas contentés d’en
faire un remake à la sauce insecte, ils ont réécrit entièrement
l’intrigue, ne se servant que
du fond de l’histoire. Aussi, cette
fois-ci les "mercenaires" ne sont plus 7 mais 10, ils ne sont pas des
hommes sans foi mais des artistes de cirque, ils ne viennent pas
défendre le village pour l’argent et l’aventure, puisqu’ ils n’ont
qu’une envie, c’est de repartir avant la bataille.
Toue la
réussite du film tient dans sa drôlerie, son humour constant (il se
passe toujours quelque chose dans un coin de l’écran qui mériterait que
l’on revoie le film plusieurs fois). L’humour est à la fois dans les
dialogues et dans le comique de situation jamais gratuit, où les
auteurs ne se moquent jamais de leurs personnages, tout juste les
taquinent-ils souvent. On rit beaucoup, de bon cœur, sans se sentir
manipulés par des pantalonnades vite regrettées.
Les auteurs ont
su écrire une ribambelle de rôles, tous identifiables par une
personnalité bien définie. Que soit Tilt, Marcel, Couette, l’excellente
Heimlich, les fous Chivap et Chichis, et toute la troupe du cirque
Puce, ils sont vivants, réels, fous et inventifs. Leur joie de vivre,
leur spontanéité relèguent un paquet d’acteurs de comédie au second
plan du panthéon de l’humour. Nous les aimons tous, un à un, et ils
nous émeuvent entre deux crises de rire. Si on les perçoit au bout du
compte comme de vrais acteurs,
cela tient au générique final, un générique historique.
Le
troisième rôle principal (après le scénario et la technique), est tenu
par la musique de Randy Newman. Rarement, une musique aura été autant
intégrée à l’image, à la fois inventive (les accords des 7 mercenaires
venant renforcer quelques scènes clin d’œil, par exemple), aussi
présente, soulignant la moindre action et pourtant diablement discrète.
Si on n'y tend pas l’oreille, elle colle à l’action, renouvelant la
performance de Fantasia. Et si on y prend garde, on prend conscience de
sa richesse.
Les auteurs n’ont pas hésité à braver quelques lois
disneyennes qu’il semblait difficile de déloger. Quelques personnages
(des vilains, rassurez-vous) meurent de mort violente. Rarissime ! Et
puis il y a cette mademoiselle Marcel, un personnage au sexe ambigu.
Etrange ! Ils glissent quelques sujets de réflexion : l’imagination
face à la servitude, l’invention face à la taylorisation, le pouvoir
des masses populaires face au règne de la terreur.
1001 pattes
n’est évidemment pas un film à thème, c’est un pur divertissement,
accessible à tous, ce qui, loin d’être une restriction à
l’intelligence, en fait un vrai joyau.
Fiche technique
* Titre version québécoise: Une Vie de Bestiole
* Titre original : A Bug's Life
* Réalisation : John Lasseter et Andrew Stanton
* Scénario : John Lasseter, Andrew Stanton et Joe Ranft
* Musique originale: Randy Newman
* Production : Walt Disney Pictures, Pixar Animation Studios
* Durée : 95 minutes
* Date de sortie : le 10 février 1999

Sun, 11 Mar 2007 10:02:55
Ennemi d'État
Ennemi d'État (Enemy of the State ) film américain de Tony Scott, sorti en 1998.
Analyse
Pour
améliorer la protection de l'État, une nouvelle loi sur les
télécommunications est proposée aux Américains. Cette loi vise à donner
plus de pouvoir aux autorités compétentes, comme l'utilisation de
caméras de surveillance et l'écoute téléphonique, dans le but de
garantir la sécurité de l'État, aux dépens des libertés individuelles.
Robert
Clayton Dean (Will Smith), avocat et citoyen américain comme les
autres, marié et père d'un petit garçon, reste sceptique lorsque sa
femme (Regina King) lui répète que les autorités usent déjà de ces
pouvoirs ; pourtant, il l'apprendra à ses dépens.
Enemy of the
state est d'abord un sacré thriller, bondissant et rebondissant . Dès
les premières scènes, il donne le ton de l'intrigue, basée sur le
mensonge et la manipulation. Il se permet même de dévoiler certaines
clefs du film dans le générique, clefs suffisamment cachées pour ne
rien révéler du suspense.
Mais le suspense ne tient pas dans
l'histoire. Car le prétexte à cette course-poursuite de 2 heures, est
une bande vidéo dont le contenu n'a d'importance que par le fait
qu'elle existe. Le héros, en verra bien le contenu, mais la boite de
Pandore ouverte n'apportera pas de bouleversement à l'action. La bande
vidéo n'est vraiment qu'un prétexte , un MacGuffin, pour lâcher la
moitié des services secrets US aux basques de Will Smith.
Le
suspense tient dans le film lui-même, ce qui en fait sa force. Par une
écriture, un montage très serré, Tony Scott donne au film un rythme
effréné.
Sa mise en scène, mise en image serait un terme plus
adéquat, est d'une densité peu commune, mais elle reste suffisamment
précise pour ne pas étourdir le spectateur. La réalisation est à ce
point dense qu'elle prime sur les acteurs. Will Smith, et surtout Gene
Hackman, sont excellents, mais tout parfaits qu'ils soient, n'importe
qui d'autre aurait fait l'affaire.
Et ce n'est pas un défaut,
car là est la touche de Tony Scott, tout miser sur l'image. Il faut
remarquer un remarquable de travail d'effets spéciaux, à la
post-production, sur la qualité de l'image. Scott a retouché l'image
pour en modifier la texture, rendant le film autant mystérieux que
d'une grande netteté, avec des tons gris métalliques angoissants.
Le
film dénonce au passage une nouvelle forme de fascisme basé sur le
pouvoir de l'image et de l'information transmise en temps réel à un
petit nombre de personnes "habilitées". "Le pouvoir est détenu par
celui qui possède l'information". Enemy of the state rappelle cet
axiome avec un certain talent.
Le film montre également un
racisme au quotidien, un racisme qui touche tout le monde. Autant
Reynolds (le méchant de l'histoire), que la mafia (qui ne supporte ni
les juifs, ni les noirs), que les ouvriers (qui ne supportent pas les
"ritals").
En extrapolant une vidéo surveillance envahissant
notre réalité, Tony Scott réalise un film sur l'individualisme. Car en
regarder ainsi vivre les autres, sans intervenir directement, sans être
au contact de l'autre, est un signe de dérèglement d'une forme de la
société, les nouvelles technologies (internet, les téléphones
cellulaires...) nous poussant vers un individualisme grandissant, sous
couvert d'une "nouvelle communication", si chacun ne prend garde à
réguler ces techniques.
Tony Scott déboulonne quelques standards
du film de genre. La bande de petits génies, sortes de MacGyver du
bidouillage informatique, n'est pas cette fois-ci composée de petits
garçons sympathiques, mais d'individus cyniques, irresponsables et
dangereux. Ce sont au final de sombres crétins, comme tous les bad guys
d'Enemy of the state.
Tony Scott, avec cet excellent thriller,
s'offre même le luxe rare de ne pas répondre à la question principale
du film : en fin de compte, qui est donc l'Ennemi de l'état ?
Distribution
* Jon Voight : Thomas Brian Reynolds
* Gene Hackman : Brill / Edward Lyle
* Regina King : Carla Dean
* Will Smith : Robert Clayton Dean
* Loren Dean : Hicks
* Lisa Bonet : Rachel Banks
* Barry Pepper : Détective David Pratt
* Jake Busey : Krug
* Jason Lee : Daniel Leon Zavitz
* Gabriel Byrne : Le faux Brill
Fiche technique
* Titre original : Enemy of the State
* Réalisateur: Tony Scott
* Scénario : David Marconi
* Production : Jerry Bruckheimer
* Musique originale: Harry Gregson-Williams et Trevor Rabin
* Photographie : Daniel Mindel
* Montage : Chris Lebenzon
* Durée : 133 minutes (2 h 13)
* Dates de sortie : 16 novembre 1998 (première USA) ; 6 janvier 1999 (France)

Tue, 06 Mar 2007 21:02:55
Films avant 2000
Bienvenue sur le blog des films cultes !
Les films analysés par ordre chronologique:
et bien d'autres sur ce site
Voir aussi films à partir de 2000
*La Roue, (1923) de Abel Gance
*Les Aventures de Robin des Bois, (1938) de Michael Curtiz
*Les Amants crucifiés , (1954) de Kenji Mizoguchi
*Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai), (1957) de David Lean
*Le Sergent noir, (1960) de John Ford
*Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia), (1962) de David Lean
*L'Incompris, (1966) de Luigi Comencini
*Les Biches, (1969) de Claude Chabrol
*Le Soldat bleu, (1970) de Ralph Nelson
*L'Inspecteur Harry (Dirty Harry), (1971) de Don Siegel
*Max et les ferrailleurs, (1971) de Claude Sautet
*Empereur Tomato Ketchup , (1971) de Shuji Terayama
*Eraserhead , (1977) de David Lynch
*Les Duellistes, (1977) de Ridley Scott
*Hakkodasan, (1977) de Shiro Moritani
*American College (Animal House), (1978) de John Landis
*Stalker, (1979) de Andreï Tarkovski
*Annie, (1982) de JohnHuston
*Requiem pour un massacre (Va et regarde), (1985) de Elem Klimov
*Platoon, (1986) de Oliver Stone
*Piège de cristal (Die Hard), (1988) de John McTiernan
*Rain Man, (1988) de Barry Levinson
*Miss Daisy et son chauffeur (Driving Miss Daisy), (1989) de Bruce Beresford
*Abyss, (1989) de James Cameron
*Les Arnaqueurs (The Grifters), (1990) de Stephen Frears
*Les Affranchis (Goodfellas), (1990) de Martin Scorsese
*Un Thé au Sahara, (1990) de Bernardo Bertolucci
*Reservoir Dogs, (1992) de Quentin Tarantino
*Wayne's World, (1992) de Penelope Spheeris
*Chute libre (Falling down), (1993) de Joel Schumacher
*Toy Story, (1995) de John Lasseter
*Braveheart, (1995) de Mel Gibson
*Waterworld, (1995) de Kevin Reynolds
*Irma Vep, (1996) de Olivier Assayas
*Titanic, (1997) de James Cameron
*Les Fleurs de Shanghai (Hai shang hua), (1998) de Hou Hsiao-Hsien
*La Classe de neige, (1998) de Claude Miller
*L'École de la chair, (1998) de Benoît Jacquot
*Mulan, (1998) de Studios Disney
*Cours, Lola, cours ! , (1998) deTom Tykwer
*Ennemi d'État (Enemy of the State), (1998) de Tony Scott
*Snake Eyes, (1998) de Brian de Palma
*The Truman Show, (1998) de Peter Weir
*Tokyo Eyes, (1998) de Jean-Pierre Limosin
*Perfect Blue, (1998) de Satoshi Kon
*Audition (Ôdishon) , (1999) de Takashi Miike
*Boys Don't Cry, (1999) de Kimberly Peirce
*Sixième Sens (The Sixth Sense) , (1999) de M. Night Shyamalan


Tue, 06 Mar 2007 20:53:39
Quand j'étais chanteur
Quand j'étais chanteur, un film français réalisé par Xavier Giannoli, sorti en 2006.
Critique
Au
fin fond de la France, Clermont-ferrand, par exemple, une beauté blonde
un peu paumée tombe dans les bras d’un chanteur de bal, champion de la
reprise roucoulante et de l’œillade langoureuse. Ces personnages, pour
elle sans passé, pour lui sans avenir se croisent. Premier plan du
film. Dans les coulisses d’une discothèque de province, sous les pieds
de Depardieu, s’étale une moquette aux larges motifs marron et orange.
On craint le pire: ça va être kitsch. Ou pire, méprisant.
Ce
film n'est pas une histoire d'amour compliquée et larmoyante : il ne
s'agit que de la rencontre de deux êtres matraqués par la vie et les
pauvres rencontres, qui luttent et résistent à exprimer leur passion
toute simple et si farouche ,au gré de bals populaires et de maisons
vides.
Cette histoire modeste et pathétique est pourant
superbement greffée sur une saga émouvante et pourtant essentielle, de
ces chanteurs de bal qui représentent certainement, de nos jours, un
jalon essentiel de la culture populaire, celle qui résiste aux ans et
aux modes.
D'où cet extraordinaire récital du chanteur Depardieu
qui demeure l'ossature de ce film, dans une atmosphère peut-être
accablante pour un être cultivé, mais incontournable pour les gens de
coeur.
Rarement il a été filmé en couleurs scintillantes un tel
personnage de la "roucoule", pitoyable amoureux vieillissant au visage
marqué, à la silhouette massive mais ramassée de dragueur sur le
retour, assujetti aux maux de gorge, mais toujours plein de charme et
de tendresse.
Par quel miracle Xavier Giannoli réussit-il à
filmer cette rencontre improbable sans tomber ni dans le ridicule, ni
dans le graveleux ? Grâce à un regard aimant posé sur des personnages
solides. Par petites touches, derrière la façade de bonhomie de l’un,
d’assurance de l’autre, il nous fait sentir leur complexité, leurs
failles et leurs contradictions. Et puis leur sincérité, leur
générosité. Leur soif de tendresse. Tout ce en quoi on peut se
reconnaître.
Et on y croit, à cette rencontre, parce qu’à ce
moment de leur vie, malgré tout ce qui les sépare, on comprend que ces
deux-là se ressemblent. Tous deux ont connu des déceptions
sentimentales, bien sûr. Mais surtout, tous deux se voient parfois mis
hors-jeu. Elle, en tant que mère séparée de son enfant. Lui, catalogué
par certains « chanteur de seconde zone », quand il n’a jamais prétendu
être autre chose qu’un interprète au service de « la roucoule ». Il n’y
en aura pas beaucoup entre eux, de roucoule. Plutôt de la défiance, des
coups de griffe, l’évidence d’une parenthèse. Car la vie a plus d’un
joli tour dans son sac
Distribution
*Gérard Depardieu : Alain
*Cécile De France : Marion
*Alain Chanone : Philippe Mariani
*Mathieu Almaric : Bruno
*Christine Citti : Michèle
*Patrick Pineau : Daniel
Fiche Technique
*Réalisateur : Xavier Giannoli
*scénario : Xavier Giannoli
*Directeur de la photographie : Yorick Le Saux
*Musique originaleCompositeur : Alexandre Desplat
*Producteur : Edouard Weil
*Durée : 112 minutes
*Date de sortie : 13 septembre 2006

Mon, 05 Mar 2007 08:35:34
Tokyo Eyes
Film franco-japonais réalisé par Jean-Pierre Limosin, sorti le 9 septembre 1998.
Critique
Un
fait divers perturbe la sérénité quotidienne de la capitale nippone
depuis plusieurs jours : un jeune homme, surnommé « le bigleux » en
raison de ses épaisses lunettes, défraie la chronique en tirant sur des
gens à bout portant, sans raison apparente. La jeune Hinano, dont le
frère est policier, a entraperçu le portrait robot de l'intéressé, et
acquiert bientôt la certitude d'avoir déjà vu ce « bigleux » sur la
ligne de métro qu'elle emprunte chaque matin. Elle se met en tête de
retrouver toute seule l'énigmatique personnage...
Tokyo Eyes,
Tokyo + Yeux : il y a la ville et puis les regards. Un Tokyo, dans
lequel on s'espionne, se filme, se toise et s'accroche dangereusement
du regard. Ce Tokyo-là ne pouvait laisser indifférent ceux qui sont
derrière la petite lucarne de l'écran, les yeux baladeurs et
clandestins, à suivre les déambulations de K, le tueur virtuel et
d'Hinano, midinette de l'âge numérique.
On est dans le Tokyo de
la faune lookée et décontractée, le Tokyo des jeunes qui s'amusent et
se défoulent copieusement, dans l'angoisse et la révolte d'avoir un
jour à ressembler à ces quelques spécimens de « salarymen » (petits
chefs) égarés qu'ils croisent de temps en temps. En attendant, ils se
réfugient à fond dans la BD, la musique, la mode des chaussures Nike,
des cheveux décolorés ou des jeux vidéos. K, digne mutant de l'ère
Vidéo Game, ne fait pas beaucoup la différence, puisqu'il continue de
canarder sur les méchants, exactement comme quand il est devant ses
écrans, son casque sur les oreilles. Dans un doux délire de justicier
farceur.
Hinano, soeur de flic et amoureuse téméraire, c'est la
future femme libérée. On l'imagine mal jouer les pots de fleurs (on dit
"fleur de bureau" au Japon) dans les grandes entreprises à servir le
thé et faire des courbettes à ses « salarymen ». Hinano, en attendant
la grande vie, fait des petits boulots, un arubaito (petit boulot) chez
un coiffeur. Et puis elle espionne ce type au comportement étrange, qui
se balade en faisant de grands gestes, un oeil secret dans la main.
J.P.
Limosin aime le Japon, mais la manière dont il en parle est un peu
maladroite et caricaturale en plusieurs occasions. La jolie Hinano est
ainsi un pur produit du phénomène « idole », Takeda Shinji incarne un
jeune homme qui ressemble plus ou moins à un « otaku », les salary men
s’endorment dans les métros, un videur de boite de nuit est surpris en
train de jouer avec une Gameboy, etc. Tout cela semble fait avec un
soupçon de naïveté qui laisse finalement une bonne impression, malgré
ce petit goût d’inachevé qui survient à la fin du film.
Distribution
* Shinji Takeda : K
* Hinano Yoshikawa : Hinano
* Kaori Mizushima : Naomi
* Tetta Sugimoto : Roy
* Ren Osugi : Le conducteur de bus
* Masayuki Yui : Le manager
* Fumiya Tanaka : Le DJ
* Takeshi Kitano : Un yakuza
Fiche technique
* Titre original : Tokyo Eyes
* Réalisation : Jean-Pierre Limosin
* Scénario : Jean-Pierre Limosin, Santiago Amigorena, Philippe Madral et Yuji Sakamoto
* Production : Hengameh Panahi (Lumen Films) et Kenzo Horikoshi (Euro Space)
* Musique originale: Xavier Jamaux
* Photographie : Jean-Marc Fabre
* Montage : Danielle Anezin
* Pays d'origine : France, Japon
* Durée : 97 minutes
* Dates de sortie : 9 septembre 1998 (France), 24 octobre 1998 (Japon)
* Présenté au Festival de Cannes 1998, dans la section Un certain regard.
Source:
film wikia

Fri, 23 Feb 2007 08:39:48
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Thu, 22 Feb 2007 13:07:02
La Classe de neige
La Classe de neige film français réalisé par Claude Miller et sorti en 1998.
Critique
Nicolas,
un enfant grave, fragile et perturbé, va vivre en classe de neige, mais
un peu en marge de la communauté scolaire, une étrange aventure. Sa vie
au quotidien est assaillie de souvenirs douloureux et traversée de
fantasmes plus ou moins terrifiants. Il a un ami, Hodkann, qu'il
entraîne un peu dans sa dérive mentale en lui racontant des histoires
terribles.
Au chalet, Nicolas, tombé malade, est choyé par le
moniteur Patrick et Mademoiselle Grimm, la maîtresse de sa classe. Au
terme de son aventure, la réalité se révèle plus éprouvante que ses
fantasmes les plus cruels. On croit toujours que les enfants ne
comprennent pas les affaires des grands et que le terreurs des petits
ne sont que de gros chagrins. C'est sûrement pour se donner bonne
conscience ou bien parce qu'on a oublié. L'enfance voit tout, sent
tout, vit tout. Elle ne peut pas juger mais n'accepte pas pour autant
l'inacceptable.
En adaptant ce best-seller d'Emmanuel Carrère,
Claude Miller poursuit poursuit son exploration du désir, de l'enfance
et surtout des phobies qui nous habitent. En très peu de films, Miller
s'est taillé une oeuvre singulière par ses sujets et académique dans
son traitement. La Classe de Neige n'échappe pas à la règle. Un script
osé, d'actualité et une réalisation qui en fait un bon film mais pas
une oeuvre majeure.
On peut alors accuser le film d'être trop
évident, d'appuyer parfois les effets, de se répéter ou même de trop
nous imposer les pathologies du père et du fils. Nicolas est un rêveur,
un solitaire, un enfant troublé. Il cherche à rendre son monde
meilleur, à fuir ses cauchemars, et ce en mélangeant la réalité et la
fiction. Tous ses SOS de détresse sont perçus mais incompris.
Face
à cette impuissance des adultes, ce film d'enfants repose avant tout
sur le regard du fils sur son père. Et sur les réflexes trop protecteur
d'un père pour son fils. Tragique, La Classe de Neige recèle de très
beaux instants et implique le public dans plusieurs intrigues, pour qui
n'a pas lu le livre. Essayant de ne pas alourdir ni juger un thème
qu'on pourrait qualifier d'opportuniste, Miller extrait la vraie magie
de quelques scènes (les premiers rêves) où l'on apprend à découvrur qui
est Nicolas, ses premiers émois, ses vrais peurs.
Ce film séduit
par son atmosphère tendue et faussement impudique. On suit les
angoisses et les fantasmes du jeune garçon sans retenue mais avec une
certaine délicatesse. La scène où Nicolas raconte « la petite sirène »
est une des plus émouvantes. Miller dit que c'est en racontant cette
histoire pendant le casting que le garçon aurait eu le rôle. En tout
cas, cette scène est très chaleureuse et vaguement érotique.
Le
film construit son atmosphère sur le fait qu'il semble au spectateur
tout à fait exagéré qu'un enfant soit perturbé à ce point. Et, de fait,
il l'est, perturbé ; parfois, semble-t-il, au-delà de tout souci de
réalisme. Mais, finalement, le film apporte lui-même la réponse, de
façon assez amusante. Alors que les révélations de la fin s'annoncent
de plus en plus sûrement, et qu'on les a anticipées depuis longtemps,
on est finalement surpris par la fin. En fait, on passe le film à
douter des pistes ouvertes un peu partout, les mettant sur le compte
des fantasmes personnels du héros (ou de ceux du spectateur).
La
Classe de neige est un film qui offre un visage à la fois cru et
pudique sur un adolescent, mais pas n'importe lequel, un adolescent
plongé dans un contexte très particulier, et c'est là une des
principales fausses pistes dans lesquelles nous entraîne le cinéaste,
celle de nous faire croire à un film social sur l'adolescence en
général, alors qu'il s'agit d'un drame particulier, d'une sorte de fait
divers présenté de façon très subjective. Mais la tendresse et la
chaleur dont il entoure ses comédiens rend ce faux thriller
particulièrement plaisant.
Étrangement le film terrifie plus
pour son absence de communication entre les rêves et paradoxalement la
surdose de connaissances chez les gosses. C'est aussi l'éloignement, le
maniérisme de sa caméra qui gêne et nous empêche d'être troublé comme
on aurait aimé l'espérer.
Distribution
* Clément van den Bergh : Nicolas
* Lokman Nalcakan : Hodkann
* François Roy : Le père
* Yves Verhoeven : Patrick
* Emmanuelle Bercot : Melle Grimm
* Tina Sportolaro : La Mère
* Yves Jacques : Le Visiteur
* Chantal Banlier : Marie Ange
* Benoît Herlin : Ribotton
* Julien Le Mouel : Lucas
* Tom Jacon : Le petit frère
Fiche technique
* Réalisation : Claude Miller
* Scénario : Claude Miller et Emmanuel Carrère, d'après son roman
* Production : Francis Boespflug, Annie Miller
* Musique originale : Henri Texier
* Image : Guillaume Schiffman
* Montage : Anne Lafarge
* Durée : 96 minutes
* Date de sortie : mai 1998
* Prix du Jury ex-aequo Cannes 1998
Source:
* film.wikia.com/wiki/La_Classe_de_neige
*Basé sur le travail de Grelcanta.
*Contenu disponible sous GNU Free Documentation License.

Tue, 20 Feb 2007 16:13:18
Les Fleurs de Shanghai
Les Fleurs de Shanghai (Hai shang hua) un film taïwanais réalisé par Hou Hsiao-Hsien, sorti en 1998
Critique
Dans
le Shanghai du siècle dernier, entre l'opium et le mah-jong, les hommes
se disputaient les faveurs des courtisanes qu'on appelait les fleurs de
Shanghai. Nous suivons les aventures amoureuses de Wang, un haut
fonctionnaire qui travaille aux affaires étrangères, partage entre deux
courtisanes, Rubis et Jasmin. En trente-huit plans-séquences d’une
stupéfiante beauté, systématiquement séparés par de lents fondus au
noir, Les Fleurs de Shanghai entrelace trois intrigues se déroulant
dans quatre « maisons de fleurs », riches établissements de
prostitution sis dans les enclaves internationales de Shanghai.
Ce
qui frappe au début dans "Les fleurs de Shanghai", c'est le formalisme
du film. Il s'agit d'une succession de scènes séparées par des fondus
au noir, chacune racontant, en un plan unique, une action simple (une
réunion d'hommes, une dispute, une négociation). Elles se déroulent
toutes dans l'une ou l'autre des maisons de prostitution de
Shanghai,
à la fin du XIXème siècle. L'écoulement du temps est incertain, on
ignore si quelques minutes, ou plusieurs mois ont passé entre un plan
et le suivant. De même, le jour et la nuit sont presque toujours
imperceptibles.
Paradoxalement on s'attache peu à l'histoire,
présentant un échantillon de liaisons entre les riches et les jolies. A
travers ce regard posé sur quatre chambres, "enclaves" de ces
demi-mondaines, Hsiao-Hsien présente conflits et jalousies entre
prostituées, au rythme d'épisodes calmes et foisonnants : Wang,
l'ancien protecteur de Rubis lui préfère désormais Jasmin ; Perle
arbitre les conflits qui opposent Jade et Trésor ; Émeraude cherche à
obtenir sa liberté.
Les personnages se débattent comme pris dans
un filet social, attachés à une prison dont ils n'arrivent à se
défaire. Cette tragédie ne s'exprime qu'imperceptiblement. Les
personnages semblent tous se raccrocher au factuel de cet environnement
compliqué, où argent et position sociale dominent au point d'occulter
l'autre dans le fait de le toucher.
Cette succession de
tableaux, comme pris au hasard, montre de manière vivante le
fonctionnement des bordels de luxe. On est au début ébloui par la
splendeur des décors et des vêtements, réchauffé par ce rouge et ce
marron omniprésents, dans une atmosphère intimiste éclairée à la lampe
à huile. Ce n'est qu'après qu'on commence à comprendre les dissensions
qui opposent les "pensionnaires" entre elles, parfois les drames
qu'entraînent leur dépendance et leur ignorance du monde extérieur,
lorsqu'elles sont abandonnées par un client, ou qu'elles croient à de
belles paroles.
De ces "Fleurs de Shanghai" qui portent des noms
de pierres, il faut retenir le visage de la plus belle des courtisanes
: un visage aux yeux fortement bridés, aux traits simples et nets,
géométriques (Michiko Hada). C'est un visage parfait et impénétrable :
on se demande longtemps si sa tristesse cache une vraie douleur, ou si
tout n'est que ruse de professionnelle. Et, de même, c'est peut-être
pour la garder plus longtemps que son client, sincèrement amoureux
d'elle, ruse et ne paie ses dettes et ses factures que progressivement.
Contrairement
à la facilité brutale du sexe qui caractérise certains films
complaisants sur la prostitution de la semaine, ici ce sont les
mouvements sinueux du désir que les clients viennent acheter, et c'est
l'une des raisons du charme unique du film.
Distribution
* Shuan Fang : Jade
* Michiko Hada : Rubis
* Annie Shizuka Inoh : Fleur d'or
* Jack Kao : Luo
* Carina Lau : Perle
* Tony Leung Chiu Wai : Wang
* Rebecca Pan : Huang
* Michelle Reis : Emeraude
* Vicky Wei : Jasmin
Fiche technique
* Titre : Les Fleurs de Shanghai
* Titre original : Hai shang hua
* Réalisation : Hou Hsiao-Hsien
* Scénario : T'ien-wen Chu, adapté d’un roman de Han Ziyun
* Direction de la photographie : Mark Lee Ping-Bin
* Pays d'origine : Taiwan
* Durée : 130 minutes
* Dates de sortie : mai 1998 (Cannes)

Mon, 19 Feb 2007 19:52:21
La Vie des autres
La Vie des autres (Das Leben der Anderen) un film allemand réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck, sorti en 2006.
Critique
En
1984 à Berlin-Est, dans un centre de formation de la toute puissante et
redoutable STASI (police secrète du régime), des étudiants écoutent
avec attention le cours de l’officier Gerd Wiesler sur les méthodes
d’interrogatoire. Le personnage est précis, méticuleux, sans faille. Le
genre de type qui pourrait être archiviste ou balayeur, le genre qu’on
ne remarque pas mais qu’on devine redoutable.
Un ancien
camarade d’université, devenu son supérieur, le Lieutenant Grubitz, lui
confie la tâche de surveiller un célèbre écrivain de théâtre Georg
Dreymann, très en vue et réputé acquis au parti, ami de Mme Honecker,
épouse du Président.Il ne se doute pas qu'il s'agit d'une intrigue
orchestrée par le ministre est-allemand de la culture Bruno
Hempf
qui, amoureux de son amie l'actrice Christa-Maria Sieland, souhaite
faire disparaître l'écrivain qui vit avec elle. Le lieutenant-colonel
Grubitz espère quant à lui tirer de cette mission un bénéfice pour sa
carrière. Wiesler, célibataire et pour ainsi dire sans vie privée,
découvre alors au cours de ses surveillances le monde de l'art, de
l'amour et de l'ouverture d'esprit, horizons qui lui étaient
jusqu'alors inconnus.
Petit à petit, il s'éloigne de son
devoir et n'intervient pas lorsque Dreymann, suite au suicide d'un de
ses amis réalisateurs dont la carrière avait été détruite, écrit un
article sur le taux de suicide anormalement élevé en RDA. Dreymann,
bien qu'ayant sa propre machine à écrire, utilise une machine à écrire
de contrebande qui lui a été fournie par
le magazine
ouest-allemand Der Spiegel. Wiesler protège même Dreymann en rédigeant
des rapports incomplets ou falsifiés. Lorsque Christa-Maria est
finalement interrogée dans les bureaux de la Stasi et dénonce son ami,
Wiesler se rend dans la maison de Dreymann afin d'y retirer la machine
à écrire compromettante. Dreymann est surpris de voir sa cachette vide
pendant la perquisition. Christa-Maria, n'osant plus faire face à
Dreymann, s'enfuit dans la rue et se tue en se jetant devant une
voiture. Quoique sans preuve, le supérieur de Wiesler est persuadé que
ce dernier a protégé Dreymann. Wiesler est alors rétrogradé au service
de contrôle du courrier (section M).
Plusieurs années plus tard,
après la chute du Mur et l'ouverture des archives de la Stasi, Dreymann
lit le dossier le concernant et est supris de découvrir la quantité de
documents de ce qui y est rapporté. Sur la dernière page, il trouve une
trace d'encre rouge provenant de sa machine à écrire et comprend qu'il
a été protégé par l'agent HGW XX/7. Il obtient sa fiche personnelle et
le retrouve. Wiesler distribue maintenant des prospectus dans les
boîtes aux lettres. Il souhaite lui parler mais change d'avis. Il
publie un livre qu'il dédie à l'agent HGW XX/7. Wiesler, voyant une
affiche publicitaire de ce livre, entre dans une librairie, découvre
cette dédicace, et achète le livre.
La Vie des autres est un de
ces films historiques passionnants. À la fois classique dans ses
développements, sa narration, et résolument moderne, issu de la
nouvelle école allemande, avec un travail superbe sur les cadres et la
lumière. Mais l’adhésion que suscite le film auprès d’un public déjà
nombreux s’explique sans doute parce qu’il va au-delà du film
historique. Même si la reconstitution de cette Allemagne de l’Est du
milieu des années 80 est très réaliste et minutieuse : le tournage de
nombreuses scènes s’est tenu dans les lieux même où ont eu lieu les
faits, comme dans l’ancien QG de la STASI aujourd’hui transformé en
musée.
On se passionne pour les destins croisés de personnages
qui se débattent avec leurs contradictions dans un monde finissant. Des
destins qui prendront inéluctablement une nouvelle trajectoire avec la
chute du Mur de Berlin et la fin du régime communiste. Et si le film
touche, c’est qu’il parle autant de nous que de ses personnages : il
parle de doute, de choix, de trahison, de liberté, d’engagement et de
renoncement. Il parle d’une société régie par la peur, d’un état devenu
ultra sécuritaire ou chacun est fiché et catalogué.
Florian
Henckel emprunte autant au film d’espionnage qu’au mélo, au film
policier qu’au drame social. Il réussit avec un talent rare à utiliser
cette large palette pour livrer une œuvre captivante : le film distille
une tension parfaitement dosée, au fil d’un récit redoutablement
efficace. Le pari le plus dangereux était sans doute de faire aimer le
capitaine Gerd Wiesler, cet officier froid comme la mort. Et pourtant,
on se surprend à éprouver une grande empathie pour lui, en
l’accompagnant pas à pas, dans le détail de son travail qui l’obsède.
Lui
« le bouclier et l’épée du Parti », lui qui vit dans une solitude
crasse, qui n’a ni ami, ni collègue, ni voisin. Lui qui n’ose pas
demander le nom d’un de ses voisins parce qu’il sait qu’il devra
inévitablement faire une fiche sur lui. Cet homme qui découvre le
théâtre, l’amour, la passion, la musique et qui tout à coup vacille…
finit par être bouleversant. Le talent et la physionomie de Ulrich Mühe
y sont pour beaucoup. Cet incroyable comédien que l’on a pu voir chez
Haneke et plus récemment dans Amen de Costa-Gavras, où il interprétait
le tristement célèbre docteur Mengele, restitue de façon rigoureuse les
émotions que traverse son personnage et livre son humanité.
La
Vie des autres est une réussite complète, un film fort qui confime avec
éclat la belle santé d’un cinéma allemand en pleine renaissance
Distribution
* Ulrich Mühe : Gerd Wiesler
* Sebastian Koch : Georg Dreymann
* Martina Gedeck : Christa-Maria Sieland
* Ulrich Tukur : Anton Grubitz
* Herbert Knaup : Gregor Hessenstein
* Werner Daehn : Directeur des opérations de la Stasi
* Thomas Thieme : Ministre Bruno Hempf
Fiche technique
* Titre original : Das Leben der Anderen
* Réalisation : Florian Henckel von Donnersmarck
* Scénario : Florian Henckel von Donnersmarck
* Production : Max Wiedemann, Quirin Berg
* Musique : Gabriel Yared, Stéphane Moucha, Ernst Ludwig Petrowsky
* Durée : 137 minutes
* Dates de sortie : 23 mars 2006 (Allemagne), 31 janvier 2007 (France)

Sun, 18 Feb 2007 22:00:06
Insomnia
Insomnia, film de Christopher Nolan, sorti en 2002, remake du film norvégien Insomnia, réalisé par Erik Skjoldbjærg en 1997.
Critique
Un
inspecteur de police, envoyé avec son partenaire en Alaska, est en fait
mis sur la touche le temps d'une enquête sur une affaire. Appelé pour
résoudre un meurtre dans le comté où il a été envoyé, il tue par
accident son partenaire dans une course poursuite avec le tueur
initial. Plus tard, il reçoit un coup de fil du tueur qui affirme
l'avoir vu tuer son partenaire. L'inspecteur doit alors faire face à
l'insomnie qui le gagne au pays où le soleil ne se couche pas avant
deux mois, en plus du tueur témoin qui commence à jouer avec lui.
Cette
ville sans histoire n’est pas sans rappeler la bourgade du Twin Peaks
de David Lynch : sous les apparences, se cachent – on le pressent -
maintes turpitudes ; il suffit d’ailleurs de se référer au nom de la
ville (Nightmute) qui évoque le silence (mute) et la nuit (night), ou
encore, symboliquement, le silence fait sur la nuit, sur ce qui est
nocturne et dissimulé. Surtout, les deux inspecteurs sont sous le coup
d’une enquête de la Police des Polices qui met en cause les méthodes
qu’ils ont utilisées lors d’une précédente affaire. Il va sans dire que
cette bavure peut ébranler l’excellence de la réputation de Will
Dormer, accueilli comme une célébrité par des policiers locaux
admiratifs devant ses talents d’enquêteur.
Une ville accueillante...
Cette
première fêlure du héros va s’accentuer sous le triple effet, d’abord,
d’un climat réfrigérant ; puis, d’un jour sans fin, auquel il ne
s’habitue décidément pas, qui le prive de sommeil et, enfin, d’un
accident pour le moins ambigu dont il est le responsable.
Dans
cette permanence de la lumière du soleil de minuit, rien ni personne ne
peut se cacher et les remords vont peu à peu tarauder la conscience de
Dormer qui est contraint, par l’absence de nuit et de sommeil, à une
lucidité qui se révèle corrosive et décompose progressivement une
personnalité fondée jusque-là sur la séparation entre l’apparence
sociale et la vérité intime. Le titre (in-somnia ou impossibilité de
dormir) donne son sens au film qui insiste sur l’état de veille, de
vigilance, indispensable à toute conscience, sur le nécessaire qui-vive
pour qui veut vivre dans l’honnêteté et l’estime de soi et se protéger
de toute faiblesse et d’éventuels remords.
Christopher Nolan –on
l’a compris- ne dédaigne pas le symbolisme : Will Dormer (qui peut se
traduire par celui qui veut dormir) a vécu jusque-là dans l’inertie de
sa conscience avec laquelle il n’a cessé de transiger et ce soleil de
minuit l’oblige, métaphoriquement, à un examen de ses erreurs, de sa
propre ambivalence, alors qu’il est censé traquer le Mal. D’autre part,
les paysages admirables du film –certains plans sont étonnants de
beauté !- mais glacés et inhumains servent de miroir à la vacuité des
relations humaines tout en matérialisant, par leur blancheur immaculée,
notre désir nostalgique d’une pureté sans doute inaccessible. Le
brouillard, enfin, qui est rendu palpable par une photographie
talentueuse et qui dissimule l’une des scènes-clés du film, exprime, à
l’évidence, le mensonge et l’opacité des personnages.
L’enquête
de Dormer se perçoit alors à un triple niveau : sa première mission
d’investigation sur le crime se commue en une quête d’identité
personnelle avant de devenir l’affaire intime du spectateur poussé à
réfléchir sur lui-même. Bref, l’enjeu du film rappelle celui de
l’univers de Hitchcock : faire participer le spectateur, puis
l’impliquer et, enfin, le transformer psychologiquement.
Ce film est bien l’histoire d’une prise de conscience.
Le passage du vice à la vertu.
La
dernière séquence – en forme de rédemption pour le héros - permet à
Will Dormer, d’une part, de résoudre son enquête ; d’autre part,
d’atteindre à une forme d’apaisement avec lui-même, c’est-à-dire de
retrouver, in fine, ce sommeil qui le fuyait et auquel il aspirait.
Distribution
* Al Pacino : Détective Will Dormer
* Martin Donovan : Détective Hap Eckhart
* Hilary Swank : Détective Ellie Burr
* Robin Williams : Walter Finch
* Oliver 'Ole' Zemen : Pilote
* Paul Dooley : Chef Charlie Nyback
* Nicky Katt : Fred Duggar
* Larry Holden : Farrell
* Jay Brazeau : Francis
* Lorne Cardinal : Rich
* James Hutson : Officier #1
* Andrew Campbell : Officier #2
* Paula Shaw : Coroner
* Crystal Lowe : Kay Connell
* Tasha Simms : Mme Connell
Fiche technique
* Titre : Insomnia
* Réalisation : Christopher Nolan
* Scénario : Hillary Seitz, d'après le scénario originel de Nikolaj Frobenius et Erik Skjoldbjærg
* Musique : David Julyan
* Photographie : Wally Pfister
* Montage : Dody Dornn
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 118 minutes
* Dates de sortie : 24 mai 2002 (USA), 6 novembre 2002 (France)

Sat, 17 Feb 2007 14:09:35
Marie-Jo et ses deux amours
Marie-Jo et ses deux amours film français réalisé par Robert Guédiguian sorti en 2002.
Critique
Marie-Jo
aime profondément son mari Daniel ainsi que son amant Marco... Mais
elle ne peut les vivre simultanément. Elle ira même jusqu'à provoquer
la destruction de ce fragile équilibre, avec une fin inéluctable et
tragique. Ce film juste et émouvant met en scène les acteurs fétiches
de R. Guédiguian, dans l'environnement des quartiers ouvriers de
Marseille auxquels il est si tendrement attaché.
Abandonnant
(provisoirement ?) sa veine politique, Robert Guédiguian nous offre un
mélodrame sentimental constamment sur le fil du rasoir. Il suffirait
d'un rien pour que le film verse dans le pathos ou le cliché.
Le
cinéaste évite l'écueil et conduit sa barque à bon port (de l'Estaque,
bien sûr) grâce à une certaine modestie dans le propos et surtout un
refus de jugement moral. Marie-Jo aime vraiment ses deux hommes et se
retrouve devant les éternels problèmes: choix, fidélité, trahison,
souffrance imposée et subie à soi comme aux autres.
Même si l'on
peut trouver la fin ratée (il existait peut-être une autre façon de
montrer le manque de solution à une telle situation) ou quelques
dialogues "forcés" (Marie-Jo "déclame" à son époux dans un style trop
littéraire, trop "bien écrit", son amour pour Marco) le film, empreint
d'une grande mélancolie, reste d'un haut niveau.
Comme toujours
dans les films du cinéaste marseillais, l'interprétation de son trio
fétiche est parfaite de naturel et de vérité avec, peut-être, mention
spéciale à Jean-Pierre Darroussin, extraordinaire d'humanité. Le trio
est parfaitement renforcé par la présence de la jeune Julie-Marie
Parmentier, l'un des meilleurs espoirs du cinéma français.
Distribution
* Ariane Ascaride : Marie-Jo
* Jean-Pierre Darroussin : Daniel
* Gérard Meylan : Marco
* Julie-Marie Parmentier : Julie
* Jacques Boudet : Jean-Christophe
* Yann Tregouët : Sylvain
* Frédérique Bonnal : Madame Fauvelet
Fiche technique
* Réalisateur : Robert Guédiguian
*Scénario : Robert Guédiguian, Jean-Louis Milesi
*Directeur de la photographie : Renato Berta
*Monteur : Bernard Sasia
* Durée : 2h 04mn
*Date de sortie : 16 mai 2002

Fri, 16 Feb 2007 11:07:29
Eraserhead
Eraserhead (littéralement Tête d'effacement) film américain, premier long métrage de David Lynch, sorti en 1977.
Critique
Dans
une ville industrialisée et polluée, où l'on mange des poulets aux
réactions étranges, les enfants naissent mal formés. Henry Spencer est
fiancé à Mary, qui accouche d'un bébé au corps enveloppé de bandes avec
une tête monstrueuse et un cou décharné. Cet étrange bébé pleure sans
arrêt. À bout de nerfs, Mary s'en va. Henry s'échappe de cet univers
par le rêve, en fantasmant sur sa voisine et en voyant apparaître une
chanteuse dans le radiateur. Il ne tarde pas à sombrer dans la folie.
C'est
un film qui met plus en scène une ambiance et un univers qu'une
histoire. Divers éléments viennent alimenter un malaise diffus :
l'absence d'intrigue tout d'abord, les scènes de début et de fin sont
complètement déconnectées du reste du film, un environnement délabré,
les lampes grésillent et clignotent, les appareils sont en panne, les
micro-poulets cuits bougent encore et suintent d'un liquide épais.
Film
cauchemardesque, Eraserhead dénote déjà de la très grande attention
portée par Lynch sur la bande son de ses œuvres. Retravaillée
ultérieurement par le réalisateur c'est un grondement sourd continu; en
fait, un bruit de ventilateur industriel enregistré et restitué à
l'envers et au ralenti. D’après lui, le son génère l’ambiance. Et s’il
y a un son qu’il affectionne particulièrement, c’est le son organique.
Cette ambiance oppressante d’un monde industriel à l’uniformité
effrayante, il le compose à l’aide de ce qu’il appelle des « présences
», divers bourdonnements qui confèrent une profondeur insoupçonnée à
certaines scènes. Des présences mises en avant par la rareté des
répliques (environ 300, et la plupart se limitant à un seul mot).
Le
film est en partie autobiographique. David Lynch s’est en effet
largement inspiré de ses premières années d’études à Philadelphie.
Concernant les thèmes abordés, on retiendra bien sûr celui de la
relation à la paternité, avec ce héros livré à lui-même, seul avec un
bébé difforme qui ne cesse de crier. On peut relever aussi plusieurs
pistes sur l’anonymat du citadin, dont les souvenirs sont si peu
loquaces qu’ils finissent en gommes à crayons. Un recyclage qui prouve
à lui seul ce côté désuet de l’existence. Et puis il y a donc le
caractère monstrueux du nouveau né qui annonce le film suivant de
Lynch, Elephant man. En conclusion, un film éprouvant indispensable pour mieux cerner les mécanismes du cinéma de David Lynch.
Fiche technique
* Titre original : Eraserhead
*Titre alternatif : Labyrinth Man
* Réalisation : David Lynch
* Scénario : David Lynch
* Production : David Lynch
* Musique originale: Peter Ivers et David Lynch
* Photographie : Herbert Cardwell et Frederick Elmes
* Montage : David Lynch
* Pays d'origine : États-Unis
* Format : Noir et blanc
* Date de sortie : 17 mars 1977 (USA)
Distribution
* John Nance : Henry Spencer
* Charlotte Stewart : Mary
* Allen Joseph : Bill, le père de Mary
* Jeanne Bates : la mère de Mary
* Judith Anna Roberts : la belle fille de l'autre côté du couloir
* Jean Lange : la dame dans le radiateur
* Laura Near : la grand-mère
* V. Phipps-Wilson : la propriétaire

Wed, 14 Feb 2007 21:45:50
Platoon
Platoon film américain de Oliver Stone, sorti en 1986
Critique
Platoon est en partie inspiré par la propre vie d'Oliver Stone, engagé volontaire pour la guerre du Viêt Nam.
En
1967, le jeune Chris Taylor souhaitant servir son pays, s'engage
volontairement dans la guerre du Viêt Nam. Il est affecté à la 25e
division d'infanterie, dans une section (platoon en anglais signifiant
section) qui a subi des pertes lors de récents combats. Son
enthousiasme s'évanouit rapidement tandis qu'il effectue
d'interminables patrouilles et s'épuise à creuser des trous servant
comme position de défense. Après une embuscade lors de laquelle il est
légèrement blessé, Taylor s'intègre peu à peu avec les soldats plus
expérimentés.
Lors d'une opération dans la jungle, son unité
découvre un complexe de bunkers. Trois soldats sont tués. Fatigués et à
cran, des soldats se vengent sur plusieurs paysans qu'ils torturent et
tuent. Lors d'un interrogatoire, le sergent Barnes exécute la femme du
chef de village devant les yeux de nombreux soldats et menace sa fille
quand le sergent Elias intervient. S'ensuit une bagarre entre les deux
hommes. De son côté, Taylor sauve deux filles du village sur le point
d'être violées par plusieurs soldats. La section repart après avoir mis
le feu au village.
Après l'incident de l'interrogatoire, le
sergent Elias se plaint à son capitaine qui promet la cour martiale à
Barnes si les faits sont avérés. La sympathie de Taylor, d'abord
acquise à Barnes penche maintenant pour le sergent Elias tandis que
ceux qui sont derrière Barnes parlent d'assassiner Elias pour
l'empêcher de témoigner.
Lors d'une nouvelle patrouille, la
section est prise en embuscade par des Viêt-Congs et subit de nouvelles
pertes. Le lieutenant Wolfe se trouve plus ou moins désemparé et Elias
propose alors d'emmener quelques hommes avec lui pour parer à une
probable attaque ennemie sur leur flanc. La tactique marche mais le
sergent Barnes vient chercher les trois soldats et leur dit d'évacuer
tandis qu'il affirme aller chercher Elias. En fait, une fois qu'il l'a
retrouvé, il l'abat froidement. Taylor soupçonne Barnes d'avoir
assassiné Elias.
La companie est renvoyée sur le front dans la
même zone où une attaque ennemie d'envergure se prépare. Presque tous
les membres de la section meurent dans la bataille sous le feu ennemi
et une attaque aérienne américaine au napalm. Taylor y survit. Il
recouvre conscience à l'aube après la bataille, il se saisit d'un fusil
AK-47 et commence à errer sans but dans la jungle jonchée de cadavres.
Parmi ceux-ci, il retrouve le sergent Barnes, blessé durant les combats
et l'abat.
Le sujet central du film est le combat des deux
sergents, Barnes et Elias, deux figures paternelles pour le jeune
soldat qui hésite entre les deux. Barnes symbolise la force brutale,
aveugle, le bras armé d'un État, celui qui ne sait que tuer dans la
vie. Finalement cette force se révèle incontrôlable. A l'opposé Elias
est la conscience morale, celui qui refuse de s'avilir, même quand
l'ennemi est lui même cruel. Il représente une figure christique dans
le film, à plusieurs reprises on le voit les bras en croix, notamment
lorsqu'il meurt. C'est aussi celui qui est sans doute le plus lucide,
il ne croit pas à la victoire. Finalement, comme il le dit à la fin du
film, Taylor se sent comme né de ces deux pères différents. À un second
niveau, on peut y voir une Amérique scindée entre les va-t'en-guerre
qui veulent une victoire quel qu'en soit le prix et ceux qui pensent
qu'à ce jeu l'Amérique perd son âme dans un conflit perdu d'avance.
Platoon
montre des aspects dérangeants de la guerre du Viêt-Nam comme l'abus
d'autorité des soldats aguerris sur les bleus, l'assassinat d'officiers
impopulaires, les représailles sur la population civile. Ce film révèle
la puissance du cinéma d'Oliver Stone. Un cinéma pas forcément très
fin, pas forcément toujours très subtil, mais marquant, choquant. Un
cinéma qui imprime une vision, une pensée, celle du cinéaste, dans
l'esprit du spectateur qui n'est pas prêt de l'oublier.
Le
Vietnam de Stone n'est pas celui de Cimino, plus orienté vers les
conséquences sur la société américaine (Voyage au bout de l'enfer) et
encore moins celui de Coppola (la folie grandiose de Apocalypse Now).
C'est un film concentré sur le sujet de la guerre elle-même, une guerre
atroce que décrit le cinéaste, pourtant à l'origine engagé volontaire
et revenu au pays en 1968 avec deux médailles pour acte de courage: sa
guerre, celle qu'il a vue, celle qu'il a faite. Un témoignage
implacable, déstabilisant, une révélation cinématographique.
Distribution
* Charlie Sheen : le soldat Chris Taylor / le narrateur
* Tom Berenger : le sergent Bob Barnes
* Willem Dafoe : le sergent Elias
* Forest Whitaker : Big Harold
* Francesco Quinn : Rhah
* John C. McGinley : le sergent Red O'Neill
* Richard Edson : Sal
* David Keith : King
* Kevin Dillon : Bunny
* Reggie Johnson : Junior
* Johnny Depp : Lerner
Fiche technique
* Titre original : Platoon
* Réalisation : Oliver Stone
* Scénario : Oliver Stone
* Musique : Georges Delerue
* Durée : 115 minutes
* Date de sortie:19 décembre 1986 (USA) 25 mars 1987 (France)
Récompenses: 4 Oscars dont Oscar du meilleur film
Wed, 14 Feb 2007 12:31:10
Le Pont de la rivière Kwaï
Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai) film réalisé par David Lean et sorti en 1957et adapté du roman de Pierre Boulle.
Critique
Le
colonel Saïto commande un camp japonais de prisonniers de guerre en
Thaïlande durant la Seconde Guerre mondiale. Il reçoit dans ce camp
perdu au milieu de la jungle un nouveau groupe de prisonniers
britanniques, commandés par le colonel Nicholson. Il doit aussi faire
construire un pont sur la rivière Kwaï, avec une échéance impérative :
un train d'importance stratégique doit y passer. Le colonel Saïto
décide donc de mettre à l'ouvrage ses prisonniers et exige du colonel
Nicholson que même les officiers se mettent au travail. Le colonel
Nicholson refuse ce dernier point, non conforme aux accords sur les
prisonniers de guerre. Saïto brime alors sévèrement Nicholson et met à
l'épreuve sa résistance physique, espérant ainsi le forcer à céder.
Nicholson ne cède pas, par principe. Tenant tête à ses geôliers,
Nicholson inspire une grande admiration de la part de ses hommes.
Mais
il voit aussi l'effet qu'ont la détention et ce travail forcé et
volontairement mal fait par sabotage sur les militaires dont il est
responsable. Il parvient donc à un accord avec Saïto : le pont, mal
conçu, sera construit sous son commandement et suivant ses plans. Il
met au travail ses officiers, et constatant que le temps qui manque,
convainc les malades et blessés de participer, allant ainsi au-delà de
la demande de Saïto. L'ouvrage productif et le but commun à atteindre
par les Britanniques ont un effet très positif sur le moral des
troupes. Nicholson a trouvé un moyen de remettre de l'ordre chez ses
subordonnés et de leur donner un sentiment positif de fierté pour le
travail accompli, alors qu'ils sont vaincus et prisonniers.
En
parallèle, un détenu est parvenu à s'enfuir et fait part aux alliés de
la construction de ce pont. Un commando arrive sur place la nuit
précédent le passage du train et met en place les explosifs sur le pont
achevé la veille. Le colonel Nicholson découvre le dispositif de
destruction. Il ne peut laisser faire le commando, car il perd tout à
fait de vue qu'au-delà de maintenir la cohésion de son groupe, la
construction sert l'ennemi dans une guerre qui dépasse les enjeux
locaux. Il prévient donc le colonel Saïto. Le colonel Nicholson est
mortellement blessé dans la fusillade, mais retrouve sa lucidité dans
ses derniers instants, et dans son dernier souffle déclenche lui-même
l'explosion involontairement en tombant sur la boite de commande au
moment où le train franchit le cours d'eau.
Pour la réalité
historique, il est vrai que des milliers de prisonniers sont morts tout
en construisant le chemin de fer en Birmanie. Mais la plupart des
évènements du livre de Pierre Boule et du film sont imaginaires. Ce
film tourne, pour l’essentiel, autour de la lutte entre deux volontés,
celle du Colonel Saito et celle du Colonel Nicholson dans une situation
qualifiée de “folie” par le médecin Clipton qui a le mot de la fin.
Après l’opposition totale au Colonel Saito, le Colonel Nicholson est
arrivé à une collaboration complète, jusqu’à empêcher la destruction du
pont qu’il a construit pour la gloire de l’Empire Britannique. C’est un
brillant réquisitoire contre l’absurdité de la guerre et la notion
d'"honneur" mal comprise.
Considéré comme l'un des meilleurs
films de guerre de tous les temps, "Le pont de la rivière Kwaï" ne
traite cependant pas de la guerre en tant que telle, mais de la vie des
soldats lorsqu'ils se trouvent capturés. Très loin de l'héroïsme de "La
grande évasion", David Lean traite ici de la plus belle des manières la
résistance de l'âme humaine face à la barbarie qu'imposent les
vainqueurs pour assouvir leur soif de pouvoir sur les vaincus, les
prisonniers de guerre.
Cette dialectique vaiqueurs/prisonniers
est également renforcée pas le choc des cultures, deux sociétés qui ne
se comprennent pas. D'un côté, le colonel Saïto, commandant du camp,
représente la culture japonaise et son sens très aigu de l'honneur, de
la dévotion et de l'obéissance. De l'autre, le colonel Nicholson avec
son légendaire flegme anglais, refusant de subir l’humiliation de la
défaite, entretient avec ses hommes leur dignité dans les valeurs de
l’ordre et de l’efficacité. Pour les prisonniers, construire le pont
n'est pas obéir aux barbares japonais, mais un moyen d'élever leur sens
moral et d'avoir une discipline propre à eux et ainsi se sentir libre
malgré leurs chaines et les humiliations nippones.
Le jeu des
acteurs, la beauté des paysages, le suspense psychologique lié à
l'opposition entre Nicholson et Saito, tout concourre à faire de ce
film un superbe spectacle à l'opposé des clichés du film de guerre.
Avec du recul, ce film peut même être considéré comme antimilitariste.
En témoigne le fait que deux des scénaristes (Carl Foreman et Michael
Wilson) faisaient partie de la liste noire d'Hollywood, soupçonnés de
sympathies communistes antipatriotiques. Leur scénario fut récompensé
par un oscar, mais il fut alors attribué au seul Pierre Boulle,
l'auteur du roman. Il fallut attendre 1984 pour que cette injustice
soit réparée.
Distribution
* Alec Guinness : Colonel Nicholson
* William Holden : Shears
* Jack Hawkins : major Warden
* Sessue Hayakawa : colonel Saïto
* James Donald : docteur Clipton
* Geoffrey Horne : lieutenant Joyce
Fiche technique
* Titre original : The Bridge on the River Kwai
* Réalisation : David Lean
* Scénario : Carl Foreman, Michael Wilson (non crédités), Pierre Boulle, d'après son roman homonyme, sorti en 1952.
* Musique originale : Malcolm Arnold
* Production : Sam Spiegel (Columbia Pictures)
* Directeur de la photographie : Jack Hildyard
* Pays : Royaume-Uni et États-Unis
* Durée : 161 minutes (2 h 41)
* Dates de sortie : 2 octobre 1957 (GB) 25 décembre 1957 (France)
Récompenses: 6 Oscars dont Oscar du meilleur film
Wed, 14 Feb 2007 09:38:16
Lawrence d'Arabie
Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia) film réalisé par David Lean
, sorti en 1962, inspiré de la vie de T.E. Lawrence.
Critique
Le
film relate les aventures d'un officier britannique, de la Première
Guerre mondiale, Thomas Edward Lawrence, qui aide les Arabes à se
révolter contre les Turcs. Curieux destin que celui de ce fou du désert
dont la fin se situe sur une paisible route de campagne britannique.
Après avoir survécu à tant de combats, il meurt d'un stupide accident
de motocyclette.
Cet esprit conquérant est projeté dans un début
de XXe siècle en pleine guerre Arabo-turque. Les rapports sont
déséquilibrés. Le sabre arabe contre les canons et les aéroplanes
turcs. Lawrence sert de « soutien technique » du côté arabe entre ces
deux extrémités.
Peu à peu, son implication se fait plus forte.
Le désert le trouble et sa raison le quitte irrémédiablement. Grisé par
ses propres théories, il est persuadé d’être au-delà de la
normalisation. Il devient un être transcendé par la mission divine dont
il se croit dépositaire. Cette lente agonie de l’esprit le mènera vers
la déchéance. Il finira déséquilibré et incompris, abandonné par tous
les sympathisants du départ.
Ce film d’hommes (rare film ou il
n'y a aucun rôle féminin dans la distribution) est l’amorce d’une
tentative d'unification en une seule pensée du peuple arabe qui se
débat depuis des millénaires dans un relationnel récurrent violent et
tribal bloquant l'élaboration d'une grande nation. Comment ne faire
qu'un seul courant d'une infinité de territoires ou chaque dominant
règne sans partage avec des lois différentes de celles du voisin. La
scène du meurtre de l'accompagnateur de Lawrence au point d'eau est
édifiante sur la perception des tribus entre elles. La tâche de
réconciliation semble insurmontable.
Lawrence, en mettant sa vie
en danger par le sauvetage de Kassim, qui, dans la perception des chefs
arabes, n'est rien, montrera que la voie du salut passe par la volonté
de sauvegarder n'importe quelle existence.Malgré ce premier résultat
positif, l’unification de cent mille règles différentes ne sera pas
simple. Lawrence regagnera le Royaume-Uni sans avoir terminé sa mission
de cohésion.
Faux film d’aventure et d’action, fausse épopée
spectaculaire et grandiose, Lawrence d’Arabie échappe à toute
catégorisation et à toute définition précise. Le film apparaissait
comme la promesse d’un dévoilement, la mise en lumière de la
personnalité contrastée et ambiguë de cette immense figure. En fait, à
toutes ces multiples questions le film propose de multiples réponses.
Loin de révéler les secrets de l’énigme Lawrence, en fait l’énigme de
l’être, il en prolonge au contraire le mystère.
Si bien que le
film semble permettre de mieux connaître le personnage, sans pour
autant que les certitudes et les doutes aient été quelque peu levés. La
mort de l’être emporte avec elle sa vérité. David Lean le savait et il
en a fait le sujet de son film, mêlant habilement l’intime et
l’extérieur, la fresque politico-historique et l’aventure intérieure,
au sein de paysages désertiques qui font échos aux âmes qui les
traversent, pour mieux montrer l’impossibilité de venir à bout de la
complexité et de l’ambiguïté du colonel Lawrence. Parvenir à capter et
filmer cela est sans aucun doute l’une des plus belles réussites du
cinéma.
Distribution
* Peter O'Toole : Lawrence
* Omar Sharif : Ali
* Alec Guinness : Fayçal
* Anthony Quinn : Auda
* Claude Rains : colonel Dryden
Fiche technique
* Titre original : Lawrence of Arabia
* Production : Sam Spiegel
* Réalisation : David Lean
* Scénario : Robert Bolt, d'après le roman autobiographique de Thomas Edward Lawrence : Les Sept Piliers de la sagesse
* Directeur de la photographie : Frederick A. Young
* Montage : Anne V. Coates
* Musique : Maurice Jarre
* Durée :222 minutes (3 h 42)
* Dates de sortie : 10 décembre 1962 (USA) 1er mars 1963 (France)
Récompenses: 7 Oscars dont Oscar du meilleur film
Wed, 14 Feb 2007 08:55:59
David Lean
sir David Lean est un réalisateur et producteur britannique. Son grand succès est Lawrence d'Arabie.
Filmographie
* 1941 : Major Barbara
* 1942 : Ceux qui servent en mer(In Which We Serve)
* 1944 : Heureux mortels (This Happy Breed)
* 1945 : L'Esprit s'amuse (Blithe Spirit)
* 1945 : Brève rencontre (Brief Encounter)
* 1946 : Les Grandes espérances (Great Expectations)
* 1948 : Oliver Twist
* 1949 : Amis passionnés (The Passionate Friends)
* 1950 : Madeleine
* 1952 : The Sound Barrier
* 1954 : Chaussure à son pied (Hobson's Choice)
* 1955 : Vacances à Venise (Summertime)
* 1957 : Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai)
* 1962 : Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia)
* 1965 : La Plus grande histoire jamais contée (The Greatest Story Ever Told)
* 1965 : Docteur Jivago (Doctor Zhivago)
* 1970 : La Fille de Ryan (Ryan's Daughter)
* 1984 : La Route des Indes (A Passage to India)
Biographie
David Lean est né le 25 mars 1908 à Croydon , dans le Surrey.
Après
des études classiques, David Lean a commencé dans le cinéma comme
assistant-opérateur (avec le clap). En 1930 il travaille dans l'édition
des films d'actualité diffusés au cinéma pour Gaumont Pictures ou
encore Movietone. Sa carrière, à proprement parler, commence avec «
Escape Me Never » (1936), tandis que son premier travail comme
réalisateur est effectué en partenariat avec Noel Coward sur « In Which
We Serve » (1942). Il se fait un nom avec « Brief Encounter » (Brève
Rencontre) (1945) puis dirige plusieurs films basés sur des romans
classiques tels que « Great Expectations » (Les Grandes Espérances)
(1946). « The Sound Barrier » (1952) est une comédie à la britannique,
tandis que « Hobson's Choice » (Chaussure à son pied) (1954), dont Lean
est aussi producteur, est une adaptation comique du Roi Lear dans le
Manchester Victorien.
Avec l'arrivée de la couleur, Lean devient
une figure incontournable avec « The Bridge on the River Kwai » (Le
Pont de la rivière Kwaï) (1957), pour lequel il remporte un oscar suivi
d'un autre pour Lawrence d'Arabie. En 1965 il réalise « Doctor Zhivago
» (Le Docteur Jivago) (1965) qui est également un succès. Après le
succès mitigé de « Ryan's Daughter » (La Fille de Ryan (1970), il ne
dirige plus aucun film jusqu'à son dernier en 1984 : « A Passage to
India » (La Route des Indes). Il meurt en 1991 alors qu'il prépare
l'adaptation de Nostromo de Joseph Conrad.
David Lean meurt à Londres le 16 avril 1991
Mon, 12 Feb 2007 17:15:28
Gladiator
Film américain réalisé par Ridley Scott, sorti en 2000.
Critique
Maximus
Decimus Meridius est un grand général Romain ayant conduit les Armées
de l'Empereur Marc-Aurèle à de nombreuses victoires. Ce dernier, en fin
de vie, apprend en privé à Maximus qu'il souhaite lui laisser le
pouvoir à sa mort, le préférant à son fils Commode. Lorsque ce dernier
l'apprend, avant l'annonce officielle, il tue son père pour que cette
annonce n'ait jamais lieu, et devient ainsi le nouvel Empereur. Bien
que la cause officielle du décès de l'Empereur soit la vieillesse,
Maximus comprend immédiatement qu'il a été assassiné par Commode.
C'est
pourquoi, lorsque celui-ci lui offre de le servir comme il a servi son
père, Maximus refuse. Commode le fait donc exécuter, avec toute sa
famille. Cependant, Maximus réussit à déjouer l'exécution et fuit.
Ayant vu sa femme et son fils morts, sauvagement assassinés par des
envoyés de Commode, il s'effondre et perd conscience. Il est récupéré
par des vendeurs d'esclaves et remis sur pied, puis vendu comme
gladiateur. C'est ainsi qu'il regagnera progressivement du pouvoir,
dans l'espoir de retourner à Rome et se venger du jeune Empereur.
La
reconstitution historique est soignée. Les personnages de Marc Aurèle,
Commode et sa sœur ont réellement existé. De son côté, Maximus est un
personnage fictif, mais tout à fait vraisemblable. Les décors, les
armements et les ambiances, très soignés, apparaissent comme
parfaitement documentés.
Le scénario est riche, mais assez
simple et linéaire. Le film s'inspire largement de Spartacus de Stanley
Kubrick et de Conan Le Barbare. A l’image de Spartacus, Maximus
utilisera son statut de héros pour rallier les gladiateurs et
s’insurger contre le pouvoir en place. Tout comme Conan, Maximus,
devenu esclave et gladiateur, n’aura que pour but de venger
l’assassinat de sa famille. Et le thème de la vengeance, moteur du
genre western, est aussi ici une claire référence quand lors du duel
final entre Maximus et l’empereur, la musique prend des accents d'Ennio
Morricone.
Gladiator est tout d’abord un film à grand spectacle.
Grâce à un budget important, le film parvient à refléter les fastes de
l’époque, à travers décors, costumes et une attention au détail
poussée. Le cinéaste nous gratifie de scènes de combat grandioses et
sanglantes avec un grand sens du mouvement et une rage exposant le côté
sauvage d’une époque dite civilisée.
Mais Ridley Scott ne se
contente pas de seulement projeter l’image de cette époque. Il y
apporte une dimension supplémentaire avec son esthétique et ses
métaphores. La scène d’ouverture, la bataille, avec son emploi des
filtres de couleur cendre contrastant avec le rouge vif du sang et un
montage saccadé créent une impression de furie inégalée alliant une
dimension artistique.
Un autre aspect apportant épaisseur à ce
film à grand spectacle est l’attention portée aux personnages. Entre
les scènes d’action, Scott établit un rythme assez lent, proche de la
narration, qui rend les personnages plus humains. Chaque personnage est
la proie de ses propres démons et ne limite pas à une seule dimension,
bonne ou mauvaise. Grace aux dialogues et l’approche psychologique, on
comprend les mécanismes qui les poussent à agir. Le personnage féminin
ne limite pas à un rôle de faire-valoir, mais tire les ficelles.
Le
film, en plus d’être un spectacle de qualité véhicule un certains
messages, que le réalisateur dissimule par exemple dans une scène entre
les deux sénateurs lors des jeux. Ceux-ci discutent de l’habileté de
l’empereur à divertir les foules en leur offrant du spectacle dans les
arènes. Il amadoue son peuple et peut ainsi gagner sa faveur,
l’influencer, le leurrer et le manipuler. Il est difficile de ne pas
percevoir une allusion directe aux salles de cinéma, véritable centre
de notre société, et le pouvoir que Hollywood et les réalisateurs
exercent sur nous.
Distribution
* Russell Crowe : Maximus
* Joaquin Phoenix : Commode
* Connie Nielsen : Lucilla
* Oliver Reed : Proximo
* Richard Harris : Marc-Aurèle
* Derek Jacobi : Gracchus
* Djimon Hounsou : Juba
* David Schofield : Falco
* John Shrapnel : Gaius
* Tomas Arana : Quintus
* Ralf Moeller : Hagen
* Spencer Treat Clark : Lucius
* David Hemmings : Cassius
* Tommy Flanagan : Ciceron
Fiche technique
* Titre : Gladiator
* Réalisation : Ridley Scott
* Scénario : David Franzoni, John Logan et William Nicholson
* Production : David Franzoni, Branko Lustig, Douglas Wick, Laurie MacDonald et Walter F. Parkes
* Sociétés de production : DreamWorks SKG / Universal Pictures
* Budget : 103 millions de dollars
* Musique originale : Hans Zimmer, Lisa Gerrard et Klaus Badelt
* Photographie : John Mathieson
* Montage : Pietro Scalia
* Durée : 155 minutes / 171 minutes (version longue)
* Dates de sortie : 1er mai 2000 (USA), 20 juin 2000 (France)
Récompenses: 5 Oscars dont Oscar du meilleur film
Mon, 12 Feb 2007 15:19:42
Miss Daisy et son chauffeur
Miss Daisy et son chauffeur (Driving Miss Daisy), comédie dramatique américaine, réalisée par Bruce Beresford, sortie en 1989.
Critique
Miss
Daisy Werthan, veuve âgée et fortunée, est douée d'un caractère
énergique et autoritaire. Elle est devenue la terreur des assurances,
tant elle multiplie les accidents de voiture. Mais cette incapacité à
conduire et la pression de sa famille vont finalement l'obliger à
accepter les services d'un chauffeur. Daisy, imprégnée des idées
ségrégationnistes issues de son éducation, et n'ayant eu que peu de
contact avec la population noire jusque-là, se retrouve obligée de se
laisser conduire par un chauffeur noir.
Ce chauffeur doux,
patient et pacifiste fera fléchir la vieille dame acariâtre, pour
finalement devenir son confident et son meilleur ami. Vingt cinq ans de
rapports humains allant de la haine à l'amitié profonde entre Miss
Daisy, vieille juive riche et autoritaire, et son chauffeur noir,
pauvre et patient.
Miss Daisy et son chauffeur remporta quatre
Oscars (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario et meilleur
maquillage) en 1989 et célébra Bruce Beresford comme un réalisateur et
un directeur d’acteurs sachant utiliser l’émotion et la sincérité à son
plus juste niveau. Il nous sert une œuvre à la fois tendre et violente
et le scénario d’Alfred Uhry (Mystic Pizza) est une véritable perle du
genre.
Même si l'ensemble est un peu conventionnel et est pétri
de bons sentiments, on passe tout de même un joli moment en regardant
ce film assez sensible, traitant le racisme de manière un peu facile,
mais tout de même sans trop de lourdeur. Ce film vaut surtout pour ses
deux remarquables interprètes principaux, Morgan Freeman et Jessica
Tandy.
Distribution
* Morgan Freeman : Hoke Colburn
* Jessica Tandy : Daisy Werthan
* Dan Aykroyd : Boolie Werthan
* Patti LuPone : Florine Werthan
* Esther Rolle : Idella
* Joann Havrilla : Miss McClatchey
* William Hall Jr. : Oscar
* Alvin M. Sugarman : Dr. Weil
* Ray McKinnon : un trooper
* Dean DuBois : un membre du Commerence Club
* Jack Rousso : Slick
* Bob Hannah : Red Mitchell
Fiche technique
* Titre original : Driving Miss Daisy
* Réalisation : Bruce Beresford
* Scénario : Alfred Uhry
* Production : Guy East, Lili Fini Zanuck, Jake Eberts, Alfred Uhry, Richard D. Zanuck, David Brown et Robert Doudell
* Musique originale: Hans Zimmer
* Photographie : Peter James
* Montage : Mark Warner
* Durée : 100 minutes
* Date de sortie : 13 décembre 1989 (USA), 13 juin 1990 (France)
Récompenses: 4 Oscars dont Oscar du meilleur film

Sun, 11 Feb 2007 09:46:36
Braveheart
film historique américain de et avec Mel Gibson.sorti en 1995.
Critique
Sur
le thème de la « Justice » et de la « Liberté », la vie tumultueuse et
romancée de William Wallace, héros et symbole de l'indépendance
écossaise, et admirable chef de guerre, qui à la fin du XIIIe siècle,
osa affronter, à la tête des clans écossais unis, les troupes du roi
Édouard Ier d'Angleterre qui tentait d'envahir l'Écosse.
Le
narrateur de l'histoire est Robert de Bruce, héritier du trône d'Ecosse
(et futur Robert 1er en 1306), fasciné par la fougue et le courage de
Wallace. Derrière lui se pressent les seigneurs écossais, souvent prêts
à manger dans la main de l'occupant pour gagner de nouvelles terres et
titres. Robert va osciller tout le long du film entre l'influence des
idéaux défendus par William Wallace (patriotisme, soif de liberté) et
le cynisme politique de son père ("la traîtrise est un art",
essaie-t-il de lui inculquer). Emu par la mort exemplaire de Wallace en
1305, Robert finira par échapper à l'influence de son père et
embrassera la cause de l'indépendance à son accession au trône.
Chez
les Anglais, Edouard 1er se pose en stratège et manipulateur sans
scrupules : il initie avec rudesse son bougre de fils (le futur Edouard
II) aux subtilités du pouvoir. Ce dernier, contrairement à Robert de
Bruce, passera de la réticence à la soumission. Le roi d'Angleterre
enverra aussi sa bru Isabelle en ambassade à William Wallace pour le
piéger malgré elle.
Après L'Homme sans visage, drame
contemporain et quasi intimiste, Mel Gibson s'attaque avec brio au film
historique médiéval : rarement les batailles rangées avaient été
filmées avec une telle ampleur et une telle violence. Dans les superbes
paysages d'Ecosse et d'Irlande l'amateur de grand spectacle voit
défiler des milliers de figurants, des charges de cavalerie lourde et
assiste à des retournements de situation pour son plus grand plaisir.
On suit ainsi la vie de William Wallace de sa première victoire à son
exécution à Londres, en 1305.
Mais tout ce bruit et cette fureur
ne nuisent en rien à l'émotion : on gardera longtemps en mémoire ce
gage d'amour entre les deux amants, un mouchoir que Wallace gardera
toute sa vie, l'assassinat atroce de Murron, la résistance héroïque de
Wallace à ses bourreaux..
Ce film respecte les figures
imposées du cinéma d'aventure : un héros qui se dresse et prend le
parti des faibles contre l'envahisseur, un compagnon incarnant la force
brute (le personnage d'Hamish), un roi cruel (Patrick McGoohan,
méconnaissable et machiavélique en Edouard 1er), une princesse
amoureuse qui prend fait et cause pour les insurgés (Isabelle, la fille
de Philippe le Bel, mariée au faible fils d'Edouard 1er, interprétée
par Sophie Marceau, un peu moins «nunuche» que d'habitude). On pense
aussitôt à Robin des Bois, entouré de son ami PetitJean, du Prince Jean
et de Lady Marian
Malgré sa durée ( 2h50 ), Braveheart reste
toujours passionnant grâce à une multitude de personnages, figures
historiques pour la plupart. Cette histoire garde une force certaine à
une époque où les questions de liberté et de patriotisme partagent
toujours cruellement le "Royaume Uni" en Irlande du Nord.
Distribution
* Mel Gibson : William Wallace
* Angus Macfadyen : Robert le Bruce
* Sophie Marceau : Princesse Isabelle de France
* Brendan Gleeson : Amish
* Patrick McGoohan : Roi Edward
* James Cosmo : Campbell
* Catherine McCormack : Murron
* Brian Cox : Argyle Wallace
* Peter Mullan : Un vétéran
* Ian Bannen : Père lépreux de Robert le Bruce
Fiche technique
* Titre français au Québec : Cœur Vaillant
* Réalisateur: Mel Gibson
* Scénario : Randall Wallace
* Producteur : Bruce Davey, Mel Gibson et Alan Ladd Jr.
* Musique : James Horner
* Photographie : John Toll
* Durée : 2 h 45
* Dates de sortie : 24 mai 1995 (USA) 4 octobre 1995 (France)

Sat, 10 Feb 2007 21:11:00
Un Homme d'exception
Un homme d'exception (A Beautiful Mind) film américain de Ron Howard, sorti en 2001.
Critique
En
1947, John Forbes Nash Jr. est un brillant élève, qui élabore sa
théorie économique des jeux à l'Université de Princeton. Pour lui, les
fluctuations des marchés financiers peuvent être calculées très
précisément.
Au début des années 1950, suite à ses travaux et
son enseignement au Massachusetts Institute of Technology, William
Parcher se présente à lui pour lui proposer d'aider secrètement les
États-Unis. La mission de John consiste à décrypter dans la presse les
messages secrets d'espions russes, censés préparer un attentat
nucléaire sur le territoire américain. Celui-ci y consacre rapidement
tout son temps, et ce, au détriment de sa vie de couple avec Alicia.
Mais tout cela n'est qu'un délire qui le conduit à l'internement.
Avec
son histoire exemplaire, sa distribution solide et Ron Howard aux
commandes, Un Homme d'exception fait figure de premier de la classe.
S'il est difficile de rester insensible face à un tel récit source
d'inspiration, on ne peut que regretter qu'une réalisation pesante
vienne trop souvent donner à l'ensemble un goût de téléfilm familial.
Un
des atouts du film est sans aucun doute d'avoir su développer une
approche créative d'un sujet plutôt roboratif au demeurant, les
mathématiques. Howard arrive à plusieurs reprises à rendre la recherche
mathématique excitante. Cependant Ron Howard sort un peu trop souvent
les violons tandis qu'une musique omniprésente rappelle ostensiblement
que la séquence est grave. On aurait préféré un peu plus de retenue, ce
qui aurait amoindri les fins spectaculaires du long métrage. Il ne
manque ni l'idylle à l'eau de rose ni le discours moralisateur final.
Côté
réalisme, le film possède une qualité majeure: montrer que la
schizophrénie n'est pas un mal sans remède, et rendre leur dignité aux
personnes qui en souffrent. Mais le spectateur qui aura, après avoir vu
le film, eu la curiosité de lire le livre constatera que le délire de
Nash, tel qu'il est décrit par la journaliste, n'a rien à voir avec ce
qui est montré au cinéma. Son délire réel était bien moins terrifiant,
moins spectaculaire, que ce qu'on nous montre. Or, seule une minorité
de spectateurs prendront la peine de lire le livre. Ils retireront du
film un idée totalement fausse de ce qu'est réellement la schizophrénie.
Exemple:
dans les dernières minutes du film, Nash déclare peu avant la scène de
remise du Nobel, qu'il prend "les nouveaux médicaments". C'est un
mensonge: dans la réalité, Nash avait cessé de prendre des
neuroleptiques au début des années 1970. Dans un interview à la
Télévision Suisse Romande, le réalisateur, Ron Howard, aurait déclaré
avoir menti sciemment pour éviter que des patients renoncent à prendre
des médicaments après avoir vu le film...
C'est plutôt
maladroit, et en contradiction avec le reste du film, qui montre,
justement, que Nash avait cessé de prendre ses médicaments parce qu'ils
diminuaient ses facultés intellectuelles et l'empêchaient de faire
l'amour avec sa femme. Qu'il avait décidé d'affronter son mal sans
médicaments: au lieu de tenter de faire disparaître les hallucinations
dont il souffrait, il avait appris à vivre avec. Ce qui s'était avéré
être le bon choix.
Il faut savoir qu'un délire schizophrène
véritable est généralement moins spectaculaire que ce que nous montre
"un homme d'exception". Dans le film, Nash souffre de hallucinations
persistantes, à la fois visuelles, auditives, et tactiles, qui lui font
voir, entendre, et sentir des personnes n'existant que dans son
imagination... Il continue à les "voir" même après avoir réalisé
qu'elles n'existent pas!
Des hallucinations d'un tel type sont
hautement improbables. Les hallucinations dont souffrent les patients
psychiatriques sont le plus souvent auditives. Il peut également
arriver qu'un patient voie une chose vraie en la prenant pour ce
qu'elle n'est pas: par exemple, il voit une cheminée sur un toit, croit
que c'est une personne, et imagine que cette personne l'observe. Mais
voir et entendre des personnes purement imaginaires, les toucher, des
années durant? J'ai interrogé à ce sujet un ami psychiatre, qui a
longtemps travaillé en clinique. Il ne se souvient d'aucun cas de ce
genre.
Dans le film, cela va plus loin encore: Nash monte dans
la voiture d'un personnage imaginaire, "travaille" sous ses ordres à
déchiffrer des "messages secrets" glissés dans les articles de
quotidiens.Dans le livre de Sylvia Nasar, réédité à l'occasion de la
sortie du film avec la photo de l'acteur sur la couverture, nulle
mention n'est faite de ces phénomènes plus qu'incroyables.
Pour
conclure, un sujet solide, une interprétation excellente, mais une
sauce hollywoodienne qui rend le film assez lourd à digérer
Distribution
* Russell Crowe : John Forbes Nash Jr.
* Ed Harris : William Parcher
* Jennifer Connelly : Alicia Nash
* Paul Bettany : Charles
* Adam Goldberg : Sol
* Judd Hirsch : Helinger
* Josh Lucas : Hansen
* Christopher Plummer : Dr. Rosen
Fiche technique
* Titre original : A Beautiful Mind
* Réalisation : Ron Howard
* Scénario : Akiva Goldsman d'après la biographie (A Beautiful Mind) de John Forbes Nash.
* Film américain
* Durée : 135 minutes (2h15)
* Date de sortie : 13 décembre 2001 Première à Los Angeles, 13 février 2002 (France)
Le film a remporté quatre Oscars pour 2001 dont
* Oscar du meilleur film
* Oscar du meilleur réalisateur (Ron Howard)

Sat, 10 Feb 2007 08:56:54
Collision (Crash)
Collision (Crash) film américain de Paul Haggis, sorti en 2004.
Critique
Les
fêtes de fin d'année se préparent à Los Angeles. Un vol de voiture, un
accident de la route, des individus de couches sociales et ethniques
différentes qui vont être amenés à se croiser. Deux voleurs de
voitures. Un serrurier mexicain. Deux inspecteurs de police qui sont
aussi amants. Une femme au foyer et son mari, district attorney. Tous
vivent à Los Angeles. Eux et beaucoup d'autres ne se connaissent pas,
leurs vies n'auraient jamais dû se croiser. Pourtant, en 36 heures,
leurs destins vont se rencontrer, révélant ce que chacun voulait cacher
ou ne pas voir. Une peinture réaliste sur la composition de l'Amérique
d'aujourd’hui, et de son communautarisme exacerbé, où la différence,
qu'elle soit sociale ou raciale, est omniprésente dans les rapports
humains.
Le film poursuit différents personnages dans un Los
Angeles rongé par la violence, la corruption et l’intolérance raciale.
Les destins de ces êtres meurtris s’entrecroisent inévitablement, dans
des circonstances souvent délétères. C’est par des collisions de
voitures, des vols, des abus que le réalisateur met en lumière les
différences raciales et les positions sociales. Ces rencontres
fortuites nous rappellent avec force que chacun a ses peurs et ses
préjugés. Ainsi, tout en nous montrant un clivage social, ce film nous
présente aussi nos ressemblances.
Haggis réussit à mener de
front différentes intrigues, sans jamais faire faiblir notre intérêt.
Avec des textes puissants et des scènes renversantes, Crash a le mérite
de nous ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure tout en étant
résolument ludique. Même si le trait est parfois grossier, Paul Haggis
pointe justement du doigt les défaillances du modèle d’intégration
américain que l’on disait pourtant bien rodé. Le melting pot,
littéralement pot-pourri, sur le papier accepte tous les hommes. En
réalité, il n’efface pas totalement les ressentiments de chacun. Haggis
n’évite pas les caricatures : le méchant flic blanc joué par Matt
Dillon et le gentil policier naïf, Ryan Phillippe, font équipe ;
l’avocat général, Brendan Fraser et sa femme, Sandra Bullock sont de
parfaits bourgeois méprisant les émigrés.
Les performances des
acteurs sonnent justes, particulièrement celle de Don Cheadle qui
incarne un personnage phare, lucide, dans cette ville assombrie par la
violence. Il ne faut pas cacher cependant quelques faiblesses. Et par
exemple ne pas se demander ce qui rassemble tous ces personnages, ni
s’interroger sur leurs liens. En fin de parcours, Haggis tente bien
d’injecter une dose de scénario. Mais tout cela semble artificiel. Et
la question du racisme ne parvient pas à lier les différents destins
des personnages.
Collision reste un film honorable grâce à ses
moments de franche tension et à ses plans lents et épurés; il aborde
avec intelligence un sujet délicat, mais pourtant omniprésent dans
notre société.
Distribution
* Sandra Bullock : Jean
* Don Cheadle : Graham
* Matt Dillon : Officier Ryan
* Jennifer Esposito : Ria
* William Fichtner : Flanagan
* Brendan Fraser : Rick
* Terrence Howard : Cameron
Fiche technique
* Titre original : Crash
* Réalisation : Paul Haggis
* Scénario : Paul Haggis et Robert Moresco
* Production : Don Cheadle, Paul Haggis, Mark R. Harris, Robert Moresco, Cathy Schulman et Bob Yari
* Musique originale: Mark Isham
* Photographie : James Muro et Dana Gonzales
* Montage : Hughes Winborne
* Pays d'origine : États-Unis, Allemagne
* Durée : 113 minutes
* Dates de sortie : 10 septembre 2004 (festival de Toronto) 14 septembre 2005 (France)
* Grand prix du festival du cinéma américain de Deauville 2005
* Oscar du meilleur film pour 2005

Fri, 09 Feb 2007 21:40:40
Le Retour du Roi
Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi
(The Lord of The Rings: The Return of the King) film
américano-néo-zélandais réalisé par Peter Jackson et sorti en 2003 est
une adaptation de la troisième partie du livre Le Seigneur des Anneaux
de John R. R.Tolkien.
Critique
Après les deux épisodes
précédents ( La Communauté de l'Anneau en 2001 et Les Deux Tours en
2002), les Hobbits Frodon et Sam continuent leur route vers la Montagne
du Destin, guidés par Gollum, un être perverti par l'Anneau de pouvoir
de Frodon. Après avoir vaincu l'armée de Saroumane, Aragorn, Gandalf,
Gimli et Legolas rejoignent les hobbits Pippin et Merry à Isengard. Là,
ils trouvent le Palantir de Saroumane. En regardant dedans par
convoitise, Pippin fait croire au Seigneur du Mal Sauron qu'il a
l'anneau de pouvoir.
Frodon capturé, Sam, rassemblant son
courage, tente de le sauver et de poursuivre la quête. Alors que le
reste de la Communauté s'était retrouvé, ils sont de nouveaux séparés.
Pippin et Gandalf chevauchent vers Minas Tirith pour rencontrer le
surintendant Denethor, père de Boromir et Faramir ; Pippin lui prêtera
allégeance. Quant à Merry, il se mettra au service du Roi Théoden.
Aragorn, Gimli et Legolas s'en vont par une autre route chercher une
aide supplémentaire pour essayer de changer le cours de la guerre, car
Sauron envoie sur Minas Tirith la plus grande armée jamais vue sur la
Terre du Milieu. La guerre continue et après une bataille indécise,
l'Anneau finit par être détruit et Sauron est terrassé. Les Elfes
quittent le continent ; une époque se termine : vient celle des Hommes.
Le
travail effectué par les scénaristes a permis de rendre entièrement
justice à Tolkien tout en s’adaptant bien au grand écran. L’idée de
retrancher des moments du second livre pour les transporter dans le
troisième aurait pu devenir un pari très risqué. Les plus grands fans
du livre étaient déjà prêts à être frustrés contre un éventuel gâchis.
Ils avaient tort. Si Jackson a effectué des changements, il l’a fait
pour le bien de tous.
Après une bonne introduction, on
replonge rapidement où l’on avait laissé les personnages à la fin du
deuxième film. Si la première demi-heure est relativement calme, tout
le reste du film se déroule à un rythme effréné car le montage est
beaucoup plus réussi, même s’il y a toujours beaucoup de changements de
lieux puisque l’on suit trois histoires différentes.
Jackson
sait exactement où il va dans son histoire et, il adapte presque tout
le livre de Tolkien à la lettre, tout en supprimant des éléments qui
auraient cassé le rythme. Par exemple, Frodon et Sam prennent beaucoup
moins de temps à atteindre la Montagne du destin. Si cela aurait pu
nous empêcher de mieux voir la difficulté énorme pour les hobbits de
poursuivre leur chemin, Jackson s’est assuré de rapidement nous faire
comprendre le poids qu’ils supportent.
Des moments d'émotion
intense jallonnent le film. La scène qui compte parmi les plus
touchantes est lorsque Frodon, aveuglé par Gollum, renie Sam et lui
demande de repartir chez lui. Le désespoir et la peine dans les yeux
d’Astin sont presque trop réels. Un autre moment rempli d’émotion nous
dévoilera Sam le brave persistant malgré tout à aider son maitre,
quitte à le transporter sur son dos jusqu’à la Montagne du destin. La
musique de Howard Shore vient souligner ces moments: son travail
effectué dans le troisième volet est certainement le plus accompli.
Distribution
* Elijah Wood : Frodon Sacquet
* Sean Astin : Samsagace Gamegie
* Sir Ian McKellen : Gandalf
* Billy Boyd : Pippin
* Dominic Monaghan : Merry
* Viggo Mortensen : Aragorn
* David Wenham : Faramir
* Orlando Bloom : Legolas
* Miranda Otto : Eowyn
Fiche technique
* Réalisation : Peter Jackson
* Scénario : Fran Walsh, Philippa Boyens, Peter Jackson d'après le roman de J.R.R. Tolkien
* Musique originale: Howard Shore
* Photographie : Andrew Lesnie
* Montage : Jamie Selkirk
* Production : Peter Jackson
* Durée : 201 minutes
* Date de sortie : 17 décembre 2003
Le film a remporté onze Oscars en 2004 dont
* Oscar du meilleur film
* Oscar du meilleur réalisateur

Fri, 09 Feb 2007 18:18:33
Chicago 2002
Film musical américain, de Rob Marshall, sorti en 2002.
Critique
À
Chicago, dans les années 1920, les meurtrières Roxie Hart, qui a tué
son amant, et Velma Kelly, qui a tué son mari et sa sœur, sont prêtes à
tout, pour éviter la peine capitale mais souhaitent devenir célèbres.
L'histoire étant basée sur une comédie musicale de Broadway, elle est
plutôt simple. Roxie Hart est une jeune femme qui tente de percer sur
la scène artistique. Malheureusement, elle s'entoure des mauvaises
personnes et en vient à tuer l'une d'elles. Une fois en prison, elle
réalise qu'on battit sa célébrité derrière les barreaux et non dans les
clubs de Chicago. Son avocat, lui enseignera les règles du métier
tandis qu'elle rivalisera avec la diva Velma Kelly.
Nulle
comédie musicale classique ne fait un tabac si elle n'a pas une bonne
trame sonore au départ. Le passage de la scène à l'écran est assez
fidèle. La présence du compositeur Danny Elfman se fait plutôt discrète
car il ne fait que légèrement adapter les chansons pour leur rajouter
un son plus chaud. Il s'est déjà montré plus original autrefois, signe
qu'à force de composer la musique pour pratiquement chaque blockbuster,
il finit par ne plus avoir d'inspiration. La musique reste tout à fait
délicieuse pour ceux qui aiment le jazz et le style cabaret des années
1920.
Normalement, une comédie musicale n'apparaît pas sans
une situation politique ou économique propice à sa création. Par
exemple, les années 1940 furent assez productives en comédies
musicales. Personne ne s'en lassait car la guerre démoralisait et les
comédies musicales se chargeaient d'égayer le public. Fin 2002, les
États-Unis étaient en guerre en Afghanistan et préparait activement
l'invasion de l'Irak. Est-ce une coïncidence que Chicago soit sorti en
salles précisément au bon moment?
Malheureusement, si au départ
le réalisateur nous présente une des meilleures introduction de toute
l'histoire des comédies musicales classiques, le film s'essouffle assez
rapidement. Même si le montage est très rythmé au départ et que le
réalisateur trouve des moyens originaux d'inclure les premières
chansons à l'action, Chicago n'arrive pas à suivre le tempo et après
quelques chansons, le public se lasse, déjà saoulé après trente
minutes. Le final tente désespérément de sauver le film et n'y réussit
à moitié. Ce n'est pas l'histoire qu'on apprécie véritablement, mais
plutôt les images proches du vidéo-clip. Pour ce qui est de la satire
sur les médias qu'on trouve chez Chicago, seul deux scènes sont
efficaces.
Les bons cotés se trouvent du coté de certains
interprêtes. Catherine Zeta-Jones bouge très bien et dégage énormément
de sensualité. Renée Zellweger chante joliment, par contre elle se tire
mieux d'affaire quand elle joue la jeune starlette naïve. Pour ce qui
est de Richard Gere, sa voix n'est pas assez travaillée, il joue bien
par contre il ne se réinvente pas et sa scène de claquette est si
pathétique qu'on regrette énormément la mort de Gene Kelly. Surprenant
tout de même quand on apprend que l'acteur s'est entraîné pendant des
semaines, voir des mois. C'est d'ailleurs le réalisateur, Rob Marshall,
un homme de théâtre, qui créa les chorégraphies et il les exécutait
avec les acteurs lors des pratiques.
Malheureusement Rob
Marshall privilégie l'esthétisme à l'originalité. Plusieurs scènes sont
très fortement inspirées de classiques comme Citizen Kane, les deux
versions de Broadway Melody et Gentleman Prefer Blondes. Ceux qui
s'intéressent moins à l'histoire du cinéma croiront à un film
innovateur quand, en fait, il recycle de vielles idées. Malgré ce
point, Chicago est agréable visuellement. Le cadrage et l'éclairage
joue beaucoup sur la dimension magique que prend le cabaret aux yeux de
Roxie. Tout au long du film, la direction photo ne cesse de nous
surprendre.
Au bout du compte, le film sera oublié dans
quelques temps car une autre comédie musicale l'écrasera. Le film sera
donc victime de ce qu'il tente d'exprimer, "C'est ça Chicago".
Distribution
* Renée Zellweger : Roxie Hart
* Catherine Zeta-Jones : Velma Kelly
* Richard Gere : Billy Flynn
* Queen Latifah : Matron 'Mama' Morton
* John C. Reilly : Amos Hart
Fiche technique
* Réalisation : Rob Marshall
*
Scénario : Bill Condon, d'après le livret de la comédie musicale
homonyme de Bob Fosse et Fred Ebb, lui-même tiré de la pièce de Maurine
Dallas Watkins (1926), d'après un fait divers de l'époque.
* Musique : John Kander (comédie musicale d'origine), Danny Elfman (compositions originales)
* Photographie : Dion Beebe
* Montage : Martin Walsh
* Direction artistique : Andrew M. Stearn
* Production : Kalis Productions (Allemagne), Miramax Films (USA)
* Durée : 113 minutes
* Dates de sortie : 10 décembre 2002 (première, USA), 26 février 2003 (France)
Chicago a remporté six Oscars en 2003 dont
* Oscar du meilleur film

Fri, 09 Feb 2007 13:20:47
Titanic
Film américain, de James Cameron. Sorti en 1998, Un immense succès. :(
Regard critique
Le
Titanic demeure un mythe. À lui seul, il continue de symboliser la
grandeur et la décadence de l'humanité. L’égoïsme des hommes, l’amour,
les clivages sociaux, la mort et la vie se déclinent et s’articulent
autour de cette catastrophe maritime, en peinture d'une société et de
mœurs d'une époque. La trop grande confiance des hommes dans le progrès
et ce qu'il en résulte.
Qu'en a fait Cameron? « La tragédie du
Titanic fait partie de la mémoire collective. Mais le temps lui a ôté
son côté humain, » insiste-t-il. C'est pourquoi, sur cette toile de
fond historique, Cameron greffe l'histoire de Jack Dawson et de Rose
Dewitt Bukater qui apportent tous les deux un repère émotionnel au
spectateur, lui permettant de vivre cette catastrophe de l'intérieur.
Mais
derrière cette facade brillante et cet immense succès commercial, un
regard critique s'impose. Pendant 1h30mn, avant que le Titanic ne
heurte l'iceberg, le film expose ses deux personnages principaux, Rose
et Jack. Leur rencontre, leur discussion, leur amour...
Malheureusement, les personnages n'intéressent pas Cameron. Seule
l'histoire qu'il peut dérouler comme un serpentin semble le guider dans
une galerie de clichés et d'images stéréotypées qu'on est même étonné
que cela ait pu provoquer une tel engouement de la part du public. .
Tout
est convenu, tout baigne dans la facilité et même la mise en scène de
Cameron est d'une lourdeur écrasante. Le nombre de plans en plongée au
dessus de ses personnages à la proue du Titanic en devient assommant.
Tout cela est mécanique et ne possède aucun souffle. Cameron est
incapable de faire vivre ses principaux personnages, de leur donner une
quelconque originalité. Ce sont souvent ses personnages secondaires qui
s'en tirent le mieux comme la mère, le futur mari de Rose, le
constructeur du Titanic (peut-être le personnage le plus touchant)...
Et encore, ils sont tellement stéréotypés, ne possède aucune épaisseur,
aucune ambiguité qu'on s'en
désintéresse très vite mais au moins, ils parviennent à exister. Quant aux amis de Jack, ils n'existent tout bonnement pas.
L'histoire
de Jack et Rose, elle non plus, ne possède aucune texture particulière.
On sait tout à l'avance et on a droit à tous les clichés en vigueur.
Passons sur le pauvre mais beau garçon et la pauvre petite fille riche.
Dès que Jack aperçoit Rose, boum, il craque. C'est tellement prévisible
que la scène elle-même, platement mise en scène et interprétée, est
fade. Cameron est tellement embarassé par cette première partie qu'il
ne parvient jamais à donner une âme à ses personnages. Tout comme la
scène de sauvetage ou bien sûr, Jack se trouve au bon moment, au bon
endroit. Et bien sûr, il faut que Rose glisse et manque de tomber et
bien sûr, Jack la retient.
Le film surtout révèle de grosses
lacunes de scénario. Cameron n'est pas marxiste, pour sûr, l'opposition
entre classes est totalement inexistante. Après avoir sauvé
Rose,
celle-ci revient voir le pauvre Jack, en passant on ne croit pas une
seconde à sa situation financière lamentable tellement tant il revêt
bien le smoking. Elle s'offusque des questions de Jack et brusquement,
sans crier gare, elle lui prend son carton à dessin mais comme elle ne
sait pas encore ce qu'il y a dedans, on se demande bien pourquoi elle
le lui chipe comme ça.
Dans la seconde partie, Cameron se sent
plus à l'aise. Il n'évite pas encore certains clichés comme quand le
Titanic heurte l'iceberg au moment où Rose et Jack
s'embrassent. On
a même l'impression que c'était ça qu'il voulait vraiment filmer. Ceci
dit, rien d'extraordinaire non plus, on est dans un film catastrophique
classique sauf qu'il s'agit du Titanic. On peut sauver du désastre
quelques fugaces moments où Cameron frôle l'incongru, l'inventivité
(les musiciens qui reviennent jouer , Rose crachant au visage de son
mari, ce qui fait écho à la scène ou Jack lui apprend à cracher, le
constructeur du bateau, assez touchant) mais ce n'est pas beaucoup.
Le
problème encore dans cette seconde partie, c'est que le pauvre Jack est
toujours là au bon moment, il a toutes les solutions, il s'en sort
toujours. Même Rose parvient à briser ses menottes après s'être
entrainé sur une armoire. Assez ridicule, surtout quand Jack lui dit
:"Bon, assez pour l'entrainement." ou encore quand Rose part chercher
de l'aide, il lui dit, alors qu'il est attaché :"Je t'attends ici."
Evidemment...
Dans la deuxième partie, c'est Kate Winslet qui
s'en sort le mieux par rapport à l'insipide Léonardo di Caprio,
totalement inexistant. Elle arrive à faire passer une certaine émotion,
une certaine épaisseur à son personnage qui n'en avait pas beaucoup
jusqu'ici. Elle arrive à être touchante comme quoi il suffisait de
creuser un peu.
Certes, Jack ne s'en sort pas à la fin et on se
demande bien pourquoi il ne tente même pas de chercher une planche (de
salut) et préfère mourir gelé en tenant la main de Rose. C'est
peut-être plus émouvant mais on n'y croit guère surtout qu'ils s'aiment
beaucoup et que le pauvre Jack a déployé tant d'efforts pour s'en
sortir qu'il n'a même pas un regard pour voir s'il n'y a pas une
solution pour survivre.
Reste quelques superbes plans du Titanic
illuminés, ou encore la scène où le Titanic se soulève et est englouti
par les flots, mais il n'y aucune mise en scène, une simple mise en
images avec 200 millions de dollars comme budget. Le gros problème du
film est son manque de point de vue, de véritables idées de mise en
scène. Cameron se sent obligé tout montrer alors que peut-être l'idée
était intéressante de rester un moment en dehors de la catastrophe et
de suggerer. La fin plonge dans les pires clichés qui soient (le bijou
que la vieille Rose lâche dans l'océan, ah "Le coeur d'une femme est un
océan de secrets"...) et entretient le mythe de l'amour éternel et
jeune qui perdure au delà de la mort.
C'est vraiment dommage que
Cameron se soit si peu foulé dans l'écriture de son scénario car cela
aurait été intéressant de bâtir une véritable histoire avec un film
"catastrophe".
Distribution
* Leonardo DiCaprio : Jack Dawson
* Kate Winslet : Rose Dewitt Bukater
* Billy Zane : Caledon Hockley
* Kathy Bates : Molly Brown
* Bill Paxton : Brock Lovett
* Gloria Stuart : Rose Dawson Calvert
* Frances Fisher : Ruth Dewitt Bukater
* Bernard Hill : Capitaine Edward J. Smith
* Jonathan Hyde : J. Bruce Ismay
* David Warner : Spicer Lovejoy
Fiche technique
* Titre : Titanic
* Réalisation : James Cameron
* Scénario : James Cameron
* Production : James Cameron, Jon Landau
* Musique originale : James Horner
* Montage : Conrad Buff IV, James Cameron, Richard A. Harris
* Pays : États-Unis
* Durée : 194 minutes (3h14)
* Dates de sortie : 14 décembre 1997 (Los Angeles) ; 7 janvier 1998 (France)
Titanic a remporté quatre Golden Globe Awards et onze Oscars en 1998 dont
* Oscar du meilleur film
* Oscar du meilleur réalisateur (James Cameron)
* Oscar du meilleur montage
* Oscar de la meilleure musique de film (James Horner)

Fri, 09 Feb 2007 08:34:51
Mulan
Film américain, Mulan est le 54e long-métrage d'animation et le 36e "Classique" des studios Disney. Sorti en 1998, il s'inspire de la légende de Hua Mulan. 
Critique
Mulan
est une jeune Chinoise. Lorsque la guerre éclate dans son pays, un
homme est convoqué dans chaque famille, pour défendre la Chine. Alors,
pour sauver son père, Mulan décide de prendre sa place. Elle doit
désormais se faire passer pour un homme, car si on découvre la réalité,
sa famille sera déshonorée.
Le film commence par une belle
scène, impressionnante, sur la Muraille de Chine, avec un méchant très
moche, un oiseau très vilain et des très belles couleurs. Le graphisme
est a un haut niveau. Peut-être est-ce dû au fait que les personnages
sont asiatiques, toujours est-il qu'ils ont tous de bonnes bouilles
(Mulan la première, très mignonne, mais aussi son père, sa grand-mère,
Shang, et l'Empereur), qui tranchent avec les visages-types Disney
(héroïnes aux grands yeux et au teint pâle, princes charmants un peu
mous).
Les décors, ensuite, sont aussi très réussis : que ce
soit le jardin de la propriété de la famille de Mulan, ou les montagnes
enneigées, c'est constamment magnifique. La scène de l'attaque des Huns
est à ce titre géniale, non seulement au niveau du graphisme, mais
aussi de l'animation. Les scènes de foules réalisées avec les système
GTI, depuis "Le Bossu de Notre-Dame", sont très maîtrisées. On
regrettera juste que le combat final se passe une fois de plus
au-dessus du vide et de la foule (cf. "le roi Lion", sur la falaise).
Bien
sûr, on retrouve les personnages secondaire rigolos, mais les
scénaristes n'ont pas trop abusé des petites bestioles qui parlent :
seuls un mini dragon (irrésistible) et un criquet (adorable) ont la
tâche d'aider Mulan dans ses aventures. Les ancêtres de la famille Fa
valent aussi le déplacement, ainsi que le petit chien de Mulan, dans
une courte apparition, mais tellement mignon qu'on a envie de l'acheter
en peluche au Disney Store du coin !
Le studio Disney s'attache
vraiment à son héroïne, et ne part plus dans tous les sens, dans une
surenchère de personnages secondaires et de méchants. Le personnage
central est réellement Mulan, d'ailleurs, sa présence est tellement
forte que le méchant Hun en perd un peu de sa méchanceté. Disons que
malgré ses yeux jaunes, il ne fait pas trop peur. Après Esmeralda,
première héroïne Disney un peu courageuse et entreprenante, voici
Mulan, fougueuse et garçon-manquée, à laquelle on peut s'identifier.
Le
film est constamment rythmé de chansons, pas toujours totalement
réussies, et surtout, il est hilarant, sans être pour autant trépidant.
On rit énormément, vraiment beaucoup beaucoup, on est parfois ému, et
le seul regret est que la fin laisse un peu sur sa faim. Esthétiquement
maîtrisé, c'est un film drôle, charmant, enlevé et qui tranche avec les
histoires de princesses attendant mélancoliquement leur prince
charmant.
Pour l'anecdote, on remarque quelques clins d'oeil à
un public potentiel japonais. Au début du film, Mulan se peint le
visage en blanc et revêt un kimono. Ces pratiques sont japonaises et
n'ont rien à voir avec la tradition chinoise. Lorsque Mulan se fait
guérir après la scène de l'avalanche, on remarque un drapeau japonais
sur le côté gauche de la tente.
Distribution
Voix originales
* Ming-Na Wen : Mulan
* Lea Salonga : Mulan (chant)
* B.D. Wong : Shang
* Donny Osmond : Shang (chant)
* Harvey Fierstein : Yao
* Eddie Murphy : Mushu
* Miguel Ferrer : Shan-Yu
* James Hong : Chi-Fu
Voix françaises
* Valérie Karsenty : Mulan
* Marie Galey : Mulan (chant)
* Renaud Marx : Shang
* Patrick Fiori : Shang (chant)
* Christian Pélissier : Yao
* Michel Vigné : Yao (chant)
* José Garcia : Mushu
* Richard Darbois : Shan-Yu
* Michel Prud'homme : Chi-Fu
Fiche technique
* Réalisation : Tony Bancroft et Barry Cook
*
Scénario : Rita Hsiao, Christopher Sanders, Philip Lazebnik, Raymond
Singer et Eugenia Bostwick-Singer d'après une histoire de Robert San
Souci
* Direction artistique : Ric Sluiter
* Conception des personnages : Chen-Yi Chang (supervision)
* Décors: Robert Stanton (supervision)
*
Animation : Mark Henn, Ruben Aquino, Tony Bancroft, Aaron Blaise,
Broose Johnson, Alexander Kupershmidt, Jeffrey Varab, Barry Temple,
Daniel T. Hofstedt, Brian Ferguson et Shawn Keller
* Montage : Michael Kelly (supervision film)
* Musique : Jerry Goldsmith
* Chansons : David Zippel (paroles), Matthew Wilder (musique)
* Directrice de production : Lisa Smith
* Production : Walt Disney Pictures
* Durée : 84 minutes
* Dates de sortie : États-Unis : 5 juin 1998 ; France : 25 novembre 1998
Nominations
* Nomination à l'Oscar de la "Meilleure bande originale" (Matthew Wilder, David Zippel et Jerry Goldsmith)
*
2 Nominations aux Golden Globes : "Meilleure bande originale" (Jerry
Goldsmith) et "Meilleure chanson originale" (Matthew Wilder et David
Zippel pour Reflection)

Thu, 08 Feb 2007 18:06:33
Annie
film américain réalisé par John Huston, sorti en 1982.
Critique
La petite Annie est orpheline. Joyeuse et décidée, elle entre dans la
vie d'un milliardaire, Oliver Warbucks, tout d'abord effrayé par cette
intrusion mais qui, rapidement, se prend d'affection pour elle et
désire l'adopter. Mais Annie rêve toujours de revoir ses véritables
parents dont elle ignore le décès dans un incendie, des années plus
tôt. Un couple de petits truands, Rooster et Lily, appâtés par une
promesse de récompense et aidés par Miss Hannigan, sœur de Rooster et
directrice de l'orphelinat où vit Annie, se font passer pour ses
parents.
Titulaire de 7 Tony Award et forte de 2377
représentations, la comédie musicale Annie se devait d'être adaptée au
cinéma. Le studio Columbia acquiert les droits d'adaptation en 1978 et
entame la production du film dont on estime actuellement le budget
final à 50 millions de dollars, soit cinq fois plus que le budget du
film E.T., sorti la même année. 8000 petites filles auditionneront pour
le rôle qui est finalement confié à Aileen Quinn, âgée de 11 ans, déjà
professionnelle et ayant joué plusieurs rôles d'orphelines dans la
comédie musicale Annie.
La trame simplissime de Annie en fait,
pour les enfants, un sympathique conte de fée. Mais on peut apprécier
Annie à d'autres niveaux. En effet l'histoire s'inscrit dans le
contexte de la Grande dépression de 1929, alors que Franklin Delano
Roosevelt cherche à mettre en place son New Deal malgré la résistance
des financiers comme Oliver Warbucks.
Cette contextualisation
du comic-strip Little Orphan Annie est ironique car elle est assez
éloignée des idées que l'on prête généralement à son créateur, Harold
Gray, qui comme son personnage Warbucks est catalogué (un peu vite sans
doute) comme un ultra-conservateur. Le spectateur adulte verra donc
dans Annie une noirceur que l'enfant ne percevra sans doute pas, et pas
uniquement pour les évocations de la vie politiques et économique de
l'époque. Le personnage de Miss Hannigan est, par exemple, absolument
sordide.
John Huston (dont ce sera le seul et unique film
musical), que l'on dit fatigué, réalise ce film avec le plus grand
professionalisme, même s'il s'agit sans doute pour lui d'un film
alimentaire. La critique à l'époque ne se montre pas très enthousiaste.
Le public, pour sa part, ne boude pas complètement le film, sans pour
autant lui donner le succès que connaissent E.T., Rocky III, Porky's ou
encore La cage aux poules, sortis la même année. Avec des recettes à
peine supérieures à son budget, on peut dire que Annie frôle la
catastrophe.
En matière de prestige, enfin, le film est nominé
pour quelques Academy Award et Golden Globe, et il est nominé pour cinq
des très redoutés Razzie Awards : pire metteur en scène, pire film,
pire scénario, pire nouvelle vedette et pire actrice secondaire (que
remporte la jeune Aileen Quinn).Malgré cet accueil mitigé, Annie est
une des dernières véritables comédies musicales hollywoodiennes à gros
budget, si ce n'est la dernière. Tant bien que mal, près de vingt cinq
ans après sa sortie, le film reste un classique des vidéothèques et
bénéficie de l'affection du public.
Les chansons du films sont
toutes écrites par Charles Strouse (composition) et Martin Charnin
(paroles). La plupart viennent directement de la comédie musicale, mais
certaines ont été ajoutées : Dumb dog, Sandy, Let's go to the movies et
We got Annie. Réciproquement, plusieurs titres de la comédie musicale
de Broadway n'apparaissent pas dans le film.
Distribution
* Aileen Quinn : Annie
* Albert Finney : Daddy Oliver Warbucks
* Ann Reinking : Grace Farrell
* Carol Burnett : Miss Hannigan
* Tim Curry : Rooster Hannigan
* Bernadette Peters : Lily St. Regis
* Geoffrey Holder : Punjab
* Roger Minami : Asp
* Toni Ann Gisondi : Molly
* Rosanne Sorrentino : Pepper
* Lara Berk : Tessie
* April Lerman : Kate
* Robin Ignico : Duffy
* Lucie Stewart : July
* Edward Herrmann : Franklin Delano Roosevelt
* Lois De Banzie : Eleanor Roosevelt
Fiche technique
* Réalisation : John Huston
*
Scénario : Carol Sobieski, d'après la comédie musicale de Thomas
Meehan, elle même adaptée du comic-strip Little Orphan Annie, par
Harold Gray (1924).
* Musique : Charles Strouse (paroles Martin Charnin)
* Photographie : Richard Moore
* Costumes : Theoni V. Aldredge
* Durée : 126 minutes
* Dates de sortie : juin 1982 (États-Unis), décembre 1982 (France)
Thu, 08 Feb 2007 18:00:27
John Huston
John Marcellus Huston est un réalisateur américain né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri.
Il a commencé sa carrière en tant que scénariste et a surtout réalisé des films à partir de pièces et de livres à succès.
Un
trait commun à nombre de ses films réside dans l'échec final du
personnage principal, à tel point qu'on a pu parler d'une thématique «
hustonienne » de l'échec.
Outre ses activités de dialoguiste, de
scénariste puis de metteur en scène, Il a également joué dans de
nombreux films, à partir des années 1960, notamment dans The Cardinal,
d'Otto Preminger et dans Chinatown, de Roman Polanski.
Le
comportement de John Huston durant le tournage de The African Queen
inspira Peter Viertel, le co-scénariste du film, pour l'écriture de son
roman Chasseur blanc, cœur noir (White Hunter Black Heart). Roman
éponyme qu'adaptera au cinéma Clint Eastwood en 1990.
Il est le
fils de l'acteur Walter Huston, qu'il dirigea dans Le Trésor de la
Sierra Madre pour lequel, fait exceptionnel, John Huston remporta
l'Oscar du meilleur réalisateur (ainsi que celui du scénario) et son
père celui du meilleur acteur dans un second rôle.
Il est le père d'Anjelica Huston, qu'il dirigea à plusieurs reprises.
John
Huston est décédé le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island
(États-Unis).Il repose dans un cimetière d'Hollywood, Californie.
Filmographie
* 1941 : Le Faucon maltais (The Maltese Falcon)
* 1942 : In This Our Life
* 1942 : Griffes jaunes (Across the Pacific)
* 1943 : Report from the Aleutians
* 1945 : La Bataille de San Pietro (San Pietro)
* 1946 : Let There Be Light
* 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre)
* 1948 : On Our Merry Way
* 1948 : Key Largo
* 1949 : Les Insurgés (We Were Strangers)
* 1950 : Quand la ville dort (The Asphalt Jungle)
* 1951 : La Charge victorieuse (The Red Badge of Courage)
* 1951 : L'Odyssée de l'African Queen (The African Queen)
* 1952 : Moulin Rouge
* 1953 : Plus fort que le diable (Beat the Devil)
* 1956 : Moby Dick
* 1957 : Dieu seul le sait (Heaven Knows, Mr. Allison)
* 1957 : L'Adieu aux armes (A Farewell to Arms)
* 1958 : The Barbarian and the Geisha
* 1958 : Les Racines du ciel (The Roots of Heaven)
* 1960 : Le Vent de la plaine (The Unforgiven)
* 1961 : Les Désaxés (The Misfits)
* 1962 : Freud, passions secrètes (Freud)
* 1963 : Le Dernier de la liste (The List of Adrian Messenger)
* 1964 : La Nuit de l'iguane (The Night of the Iguana)
* 1966 : La Bible (The Bible)
* 1967 : Casino Royale
* 1967 : Reflets dans un œil d'or (Reflections in a Golden Eye)
* 1969 : Davey des grands chemins (Sinful Davey)
* 1969 : Promenade avec l'amour et la mort (A Walk with Love and Death)
* 1970 : La Lettre du Kremlin (The Kremlin Letter)
* 1971 : Les Complices de la dernière chance (The Last Run)
* 1972 : Fat City
* 1972 : Juge et hors-la-loi (The Life and Times of Judge Roy Bean)
* 1973 : Le Piège (The MacKintosh Man)
* 1975 : L'Homme qui voulut être roi (The Man Who Would Be King) d'après Rudyard Kipling
* 1976 : Independence
* 1979 : Avec les compliments de Charlie (Love and Bullets)
* 1979 : Le Malin (Wise Blood)
* 1980 : Phobia
* 1981 : À nous la victoire (Victory)
* 1982 : Annie
* 1984 : Au-dessous du volcan (Under the Volcano)
* 1985 : L'Honneur des Prizzi (Prizzi's Honor)
* 1987 : Les Gens de Dublin (The Dead)
Thu, 08 Feb 2007 14:25:41
Rain Man
film américain réalisé par Barry Levinson, sorti en 1988.
Critique
Le
jeune Charlie Babbitt, importateur de voitures de sport et éternel
fauché, découvre que son défunt père a légué presque toute sa fortune à
son frère aîné perdu de vue depuis l'enfance, Raymond Babbitt. Alors
qu'il va aller le voir, il se rend compte que Raymond est un autiste
qui traîne dans une pension psychiatrique. Furieux de son sort, Charlie
essaie d'enlever Raymond pour qu'il partage sa fortune, mais découvrira
que malgré ses manies insupportables, Raymond est un génie du calcul,
mais qu'il est fragile et incapable de vivre indépendant. Il finira par
s'attacher à lui.
Rain Man est un film saisissant. En premier
lieu, par le jeu des acteurs. S’inspirant de sa propre expérience du
temps où il travaillait dans une institution psychiatrique, Dustin
Hoffman a su recomposer à la perfection la complexité autistique.
Complétant ce duo inattendu, Tom Cruise révèle quant à lui un potentiel
dramatique jusque là insoupçonné. Idéal en jeune loup cupide et
manipulateur, il compose un personnage presque aussi touchant que son
vis à vis dans l’évolution qu’il lui fait subir à mesure qu’il découvre
Raymond et se redécouvre lui-même parallèlement. La scène où il réalise
qui est réellement Rain Man est à ce titre véritablement bouleversante
de sincérité.
Côté récit, Barry Levinson ménage soigneusement
ses effets en jalonnant sa comédie d’éléments dramatiques comme des
crises d’anxiété de plus en plus fréquentes qui nous rappellent
régulièrement la condition de Raymond, qu’une personne peu familière
avec l’autisme pourrait prendre pour un simple original. C’est aussi
une des forces de ce récit, familiariser progressivement le spectateur
avec cette affection pathologique pourtant répandue.
Le scénario
tient vraiment la route jusqu'au bout. Qu’il s’agisse de la relation
entre Charlie et son père ou entre Charlie et Raymond, le problème de
la communication est à chaque fois présent. On dénote alors une volonté
très affirmée émanant de Charlie de ne pas commettre les mêmes erreurs
qu’avec son père. Raymond est un peu comme une seconde chance pour lui.
Et perdre Raymond serait comme enterrer son père une seconde fois.
La
musique du film, composée par Hans Zimmer, souligne parfaitement le
récit. Tantôt donnant le tempo de la comédie, tantôt sublimant
l’atmosphère poético-dramatique du récit, elle participe grandement au
succès du film.
Rain Man est, de loin, le meilleur long métrage du très inégal Barry Levinson.
Distribution
* Dustin Hoffman : Raymond Babbitt
* Tom Cruise : Charlie Babbitt
* Valeria Golino : Susanna
* Gerald R. Molen : Dr Bruner
* Jack Murdock : John Mooney
* Michael D. Roberts : Vern
* Ralph Seymour : Lenny
* Lucinda Jenney : Iris
* Bonnie Hunt : Sally Dibbs
* Kim Robillard : Docteur
Fiche technique
* Titre : Rain Man
* Réalisation : Barry Levinson
* Scénario : Ronald Bass et Barry Morrow
* Production : Mark Johnson, Gerald R. Molen, Peter Guber et Jon Peters
* Musique originale : Hans Zimmer
* Photographie : John Seale
* Montage : Stu Linder
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 133 minutes
* Dates de sortie : 12 décembre 1988 (première à New York), 16 décembre 1988 (États-Unis), 15 mars 1989 (France)
Récompenses
* Oscar du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Dustin Hoffman), meilleur scénario original en 1989.
* Ours d'or du meilleur film lors du Festival de Berlin 1989.
* Golden Globes du meilleur film dramatique et meilleur acteur (Dustin Hoffman) aux Golden Globes 1989.
* Nomination au César du meilleur film étranger en 1990.

Wed, 07 Feb 2007 12:42:48
Max et les ferrailleurs
Max et les ferrailleurs film français, de Claude Sautet, sorti sur les écrans en 1971.
Critique
Issu
d’une riche famille de vignerons du Maconnais et dégagés des soucis
matériels, Max est un solitaire qui se consacre entièrement à son
obsession : l’arrestation des malfaiteurs. Ancien juge d’instruction,
il a démissionné par dépit de devoir relâcher un coupable faute de
preuve. Il est maintenant inspecteur de police et il voit de nouveau
une bande de cambrioleurs lui échapper. Ce nouvel échec est encore
présent dans son esprit lorsqu’il rencontre Abel, un ancien camarade de
régiment, auquel il omet de révéler sa profession. Ce dernier est
devenu « ferrailleur » et pille les chantiers de construction avec une
bande de petits truands des environs de Nanterre. Max a l’idée de les
inciter à commettre un gros coup afin de réaliser un flagrant délit
indiscutable.
Se présentant comme client, il fait la
connaissance de Lily, une jeune prostituée d’origine Allemande qui est
la compagne d’Abel. Il se fait passer pour le directeur d’une petite
agence bancaire qui reçoit à intervalle régulier des recettes
importantes de commerçants. Il s’assure également de l’aide de son
patron et du commissaire Rosinsky, responsable du secteur, qui possède
un indicateur dans la bande. Max omet toutefois de leur révéler son
rôle d’instigateur. Peu à peu, un sentiment est né entre Max et Lily.
Mais Max garde une attitude réservée et se contente d’influencer les
ferrailleurs par son intermédiaire. Enfin, devinant la bande prête à
l’action, il leur communique une date idéale pour commettre le hold-up.
Le jour prévu, une souricière est tendue et la bande est arrêtée. Plus
tard, dans le commissariat, Rosinsky révèle à Max qu’il a parfaitement
compris sa responsabilité dans l’affaire et que, à défaut de pouvoir
quelque chose contre lui, il va s’arranger pour charger Lily.
Désemparé, Max essaie de la sauver et finit par menacer Rosinsky.
Celui-ci s’obstine et, à bout d’argument, Max sort son pistolet et
l’abat, rejoignant ainsi les ferrailleurs dans le crime.
Personnage-clé
de la mythologie du cinéma français, le « flic » a trouvé, grâce à
Claude Sautet, son visage archétypique : celui d'un ange noir butant
contre les « choses de la vie ». Premier opus de la « série des noms »,
des films auxquels Claude Sautet donne pour titre le nom d’un ou
plusieurs des personnages principaux, Max et les ferrailleurs se
présente comme une histoire policière, celle d’un inspecteur qui
devient par obsession de la justice l’instigateur d'un hold-up. C’est
aussi l’analyse d’une relation amoureuse fondée sur la frustration qui
conduit le personnage de Max jusqu'à une fin tragique. Une fin qui
révèle la fragilité qu’il cache derrière le mensonge de l'austérité.
Claude
Sautet (1924-2000) est, avec Jean-Pierre Melville, un des artisans du
renouveau du film policier français. Les univers des deux cinéastes,
pour autant, ne coïncident pas : à la froideur hautaine de Melville,
Sautet oppose une vision généreuse, nostalgique, d'une communauté de
marginaux évoluant dans un pittoresque décor de banlieue dont il est
lui-même issu. Les héros melvilliens portent des noms de guerre, ceux
de Sautet des prénoms familiers : Abel, Max, Vincent, François,
Rosalie, Mado... La femme joue ici un rôle privilégié : celui de pôle
d'attraction, ou de tendre consolatrice. Romy Schneider en sera l'inter
prête rêvée : elle créera pour Sautet des personnages vulnérables et
déchirants.
Max et les ferrailleurs est un «polar» psychologique
haut de gamme, plus proche de Dostoïevski que de Simenon. Une poésie
tenace imprègne ce duel à mort entre un fabricant de concepts et la
fraternité des traîne-misère; l'enjeu en est peut-être une quête
désespérée d'identité. Une mise en scène nerveuse, un dialogue vif, un
duo d'acteurs au meilleur de leur forme font le prix de cette saga
suburbaine, aux couleurs de la vie.
Distribution
* Michel Piccoli : Max
* Romy Schneider : Lily
* Georges Wilson : Le Commissaire
* Bernard Fresson : Abel Maresco
* François Périer : Rosinsky
* Boby Lapointe : P'tit Lu
* Michel Creton : Robert Saidani
* Henri-Jacques Huet : Dromadaire
* Jacques Canselier : Jean-Jean
* Alain Grellier : Guy Laronget
* Maurice Auzel : Tony
* Philippe Léotard : Losfeld
Fiche technique
* Titre : Max et les ferrailleurs
* Réalisation : Claude Sautet
* Scénario : Claude Sautet, Claude Néron, Jean-Loup Dabadie, d'après un roman de Claude Néron
* Production : Lira Films (Paris), Sonocam SA, Fida Cinematografica (Rome)
* Musique originale: Philippe Sarde
* Photographie : René Mathelin
* Montage : Jacqueline Thiédot
* Pays : France - Italie
* Durée : 110 minutes
* Date de sortie : 17 février 1971

Tue, 06 Feb 2007 18:11:42
Le sixième sens
Sixième Sens (The Sixth Sense) film dramatique américain de M. Night Shyamalan sorti en 1999.
Critique
Cole
Sear, un jeune garçon de huit ans, a un secret qui le traumatise : il
voit aller et venir des personnes décédées, parfois agressives, qui
l'apostrophent. Ce pouvoir l'enferme dans une peur continue et il
refuse de le révéler jusqu'au jour où il rencontre Malcolm Crowe,
psychologue pour enfants. Tous les deux iront à la recherche de
l'origine de cette étrange faculté, ce qui les amènera à une révélation
très inattendue…
La tentative de communication avec le fantôme
d'une petite fille, Kyra Collins qui est très malade le conduit dans la
maison de celle-ci alors que la veillée funèbre de Kyra est en cours.
Il trouve, sur les indications de celle-ci, une vidéo qu'il transmet au
père de la petite défunte et qui révèle que Kyra a été victime d'un
syndrome de Münchausen par procuration et que sa mère empoisonnait sa
nourriture. Cole découvre donc qu'il peut utiliser son don à des fins
positives.
Après une multitude de courts-métrages et une poignée
de longs remarqués seulement aux Etats-Unis, M. Night Shyamalan s’est
finalement fait un nom en un seul film, explosant dans le même temps
pas mal de vieux records du box office américain. Et tout ça grâce à un
scénario particulièrement malin doublé d’une mise en scène tout aussi
remarquable. The Sixth Sense a d’une certaine manière initié un nouveau
genre de films. Shyamalan a fait des émules, a souvent été copié, mais
rarement été égalé depuis. Peut-être parce que la recette ne fonctionne
que grâce à une préparation minutieuse où chaque détail revêt une
importance cruciale. Ce qui en ressort, c’est un minimum d’effets pour
un maximum de frousse.
Certes, l’idée de départ est une franche
réussite et contribue grandement au succès planétaire du film. Mais
l’idée ne fait pas tout. Déjà rôdé aux techniques de mise en scène, le
cinéaste fait preuve d’une adresse qui force le respect et
l’admiration. Les trouvailles sont nombreuses et jalonnent efficacement
le récit sans pour autant le surcharger. Même chose pour les dialogues,
relativement rares mais toujours nécessaires, comme si chaque mot avait
soigneusement été soupesé lors de la phase d’écriture. On pourrait
également s’attarder sur le soin apporté aux raccords de certaines
scènes, qui contribuent chacune à leur manière à éclairer le
spectateur, histoire de lui soumettre une piste mais sans lui en dire
plus. Il s’en dégage une impression d’unité brisée que seule une
lecture attentive pourra re-assembler.
Côté interprétation,
c’est le deuxième grand retour de Bruce Willis après Pulp Fiction.
Étonnant par la sensation de fragilité contrôlée et réprimée qui émane
de son personnage, il parvient à rendre crédible un rôle pourtant
casse-gueule sur le papier. Une performance au diapason de celle de son
jeune vis-à-vis dont le regard terrifié a marqué pour longtemps les
esprits. La relation qui va s’établir entre leurs deux personnages va
quant à elle orienter le récit et en accélérer progressivement le
rythme jusqu’au twist final le plus mémorable des années 1990. Avec ce
film, M. Night Shyamalan démontre un savoir faire impressionnant pour
son âge, que ce soit l’écriture, la mise en scène, la direction
d’acteurs ou simplement ce don pour nous conter une histoire sous un
angle original.
Distribution
* Bruce Willis : Malcolm Crowe
* Haley Joel Osment : Cole Sear
* Toni Collette : Lynn Sear
* Olivia Williams : Anna Crowe
* Trevor Morgan : Tommy Tammisimo
* Vincent Grey : Donnie Wahlberg
* Stanley Cunningham : Bruce Norriss
Fiche technique
* Titre : Sixième Sens
* Titre original : The Sixth Sense
* Réalisation : M. Night Shyamalan
* Scénario : M. Night Shyamalan
* Musique : James Newton Howard
* Dates de sortie : 2 août 1999 (USA), 5 janvier 2000 (France)
* Film américain
* Durée : 107 minutes

Fri, 02 Feb 2007 18:12:49
Citations Inspecteur Harry
Scènes et citation tirées de l' Inspecteur Harry
Scène célèbre
Une
scène récurrente est la suivante: après une fusillade, Harry se
retrouve au-dessus d'un criminel tombé au sol dont l'arme est toute
proche de sa main, le braquant avec son Magnum 44, et lui dit:
Ah
Ah, I know what you're thinking, punk. You're thinkin', 'Did he fire
six shots or only five?' Now, to tell you the truth, I've forgot myself
in all this excitement. But being as this is the .44 Magnum, the most
powerful handgun in the world, and will blow your head clean off,
you've got to ask yourself a question: 'Do I feel lucky?' Well, do ya,
punk? (Je sais ce que tu te demandes: " est-ce qu'il a tiré six coups
ou cinq seulement". Je dois avouer que dans tout ce merdier j'ai pas
très bien compté non plus. Mais ceci un 44 Magnum, le soufflant le plus
puissant du monde. Alors tu n'as qu'une question à te poser: " je tente
ma chance ou pas ?". Alors, tu la tentes ta chance ?
L'inspecteur Harry
Hin
hin ! Je sais ce que tu penses : "C'est six fois qu'il a tiré ou c'est
cinq seulement ?". Si tu veux savoir, dans tout ce bordel j'ai pas très
bien compté non plus. Mais c'est un .44 Magnum, le plus puissant
soufflant qu'il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la
cervelle. Tu dois te poser qu'une question : "Est-ce que je tente ma
chance ?" Vas-y, tu la tente ou pas ?
*(en) Ah Ah, I know what
you're thinking. 'Did he fire six shots or only five?' Well, to tell
you the truth, in all this excitement I've kinda lost track myself. But
being this is a .44 Magnum, the most powerful handgun in the world, and
would blow your head clean off, you've got to ask yourself one
question: 'Do I feel lucky?' Well, do ya, punk?
Alors vous voyez pourquoi on m'appelle Harry "Le Charognard" ?... On me colle tous les sales boulots du secteur...
* (en) Now you know why I'm called Dirty Harry...Every dirty job that comes along.
De Georgio, Gonzales, Callahan
De
Georgio : À cause d'un trait de caractère de notre ami : il n'a pas de
préférences. Il déteste tout le monde : les juifs, les métèques, les
englishs, les irlandais, les négros, les chinetoques, les japs...Faites
vot'choix.
Gonzales : Et qu'est-ce qu'il pense des mexicains ?
De Georgio : Il va vous le dire.
Callahan : Les pires de tous les métèques.
*
(en) De Georgio : That's one thing about our Harry. doesn't play
favorites. Harry hates everybody : limeys, micks, hebes, dagos,
niggers, honkies, chinks. You name it.
Gonzales : How does he feel about mexicans ?
De Georgio : Ask him !
Callahan : Especially spics.
Le maire, Callahan
Callahan
: Quand je vois un adulte du sexe masculin courir derrière une femelle
avec l'intention évidente de la violer, je le descends avant. C'est ma
politique.
Le maire : L'intention ? Elle restait à établir.
Callahan
: Quand un gars à poil court derrière une fille la queue en l'air et un
couteau de boucher à la main, c'est drôle...j'ai peine à croire qu'il
est en train de quetter pour la Croix Rouge.
* (en) Callahan : When an adult male is chasing femele with intent to commit rape, I shoot the bastard. That's my policy.
Le maire : Intent ? How do you establish that ?
Callahan
: When a naked man is chasing a woman in an alley with a knife and
hard-on... I figure he isn't out collecting for the Red Cross.

Fri, 02 Feb 2007 18:03:14
L'Inspecteur Harry
L'inspecteur Harry (Dirty Harry) de Don Siegel
Critique
Alors
qu'une jeune femme se baigne dans une piscine située sur un toit de San
Francisco, un homme l'assassine à l'aide d'un fusil puissant. En charge
de l'enquête, l'inspecteur Harry Callahan trouve la douille usagée sur
un toit situé non loin du lieu du crime. Un serial killer se faisant
appelé "Scorpio" commence alors à faire chanter la ville de San
Francisco, annonçant son intention de tuer une personne par jour
jusqu'à ce qu'on lui paie une rançon.
Callahan est un flic
atypique. Son surnom de Harry le Charognard est d'ailleurs une
référence à sa réputation à s'occuper des affaires les plus "pourries"
et à les résoudre même si cela implique la violation des droits des
criminels.
Un hélicoptère de la police parvient à déjouer sa
seconde tentative de meurtre mais il s'échappe et, le lendemain,
réussit à tuer un jeune garçon en tirant d'un toit. Callahan et Chico,
postés sur un toit en face de l'église, l'attendent et réussissent à
l'empêcher d'accomplir son attentat. Malheureusement, Scorpio tue un
policier dans sa fuite.
Arrété, Scorpio refuse de révéler le
lieu où est enterrée la fille, affirmant qu'il en a légalement le
droit. Pour toute réponse, Callahan le torture en appuyant sur sa jambe
blessée jusqu'à ce qu'il finisse par avouer où il garde la fille
prisonnière. Malheureusement, au moment où la police la trouve, elle
est déjà morte. Pire, Scorpio est même libéré à cause de la violation
de ses droits par Callahan.
Callahan ayant temporairement
abandonné sa filature, Scorpio peut alors kidnapper un bud scolaire
rempli d'enfant. Il demande une autre rançon et un jet privé pour
sortir du pays. Devant le risque, le maire insiste pour payer mais
Callahan pourchasse Scorpio sans autorisation et parvient finalement à
sauver les enfants. Lui laissant une dernière chance minime de se
défendre, Callahan abât alors Scorpio.
Callahan retire alors son insigne de son porte-feuille et le lance dans l'eau.
Les
policiers contemporains n'arrêtent pas de parler. Clint Eastwood, lui,
agit. Mais ce serait une erreur de lire la saga de Dirty Harry au
premier degré. A l'image de son flic désabusé, le film ironise sur les
demi-teintes et sur les archétypes. Ici naît l'antihéros des années
'70.
L'excellente musique de Lalo Schifrin donne le ton et met
en valeur le célèbre personnage de l'Inspecteur Harry, interprété par
un Clint Eastwood plus mythique que jamais. Dès les premiers instants,
c'est grâce à un charisme énorme dont peu d'acteurs peuvent se vanter
que malgré l'absence du moindre mot, on va tout de suite comprendre à
quel type de personnage on à affaire.
Ce qui va également être
assez frappant tout au long du film, c'est l'énorme influence des
Westerns que l'on sent au fil des plans et des répliques de ce Dirty
Harry... Eastwood, figure emblématique d'un genre aujourd'hui révolu,
semble pourtant continuer sur sa lancée au coeur de San-Francisco. Il
n'y a qu'à voir, entre autres, la scène où ce héros à part traverse la
rue pour aller stopper les braqueurs d'une banque.
Si les
origines de Eastwood ne laissent pas de doute sur les influences qui
ont profité au film, ce dernier a marqué définitivement un tournant
dans l'histoire du film d'action On construit une histoire qui
s'articule autour de quelques moments marquants et bien souvent
inoubliables, la scène d'ouverture, la fusillade devant la banque, la
torture au milieu du stade.
Ce qui marque finalement les
esprits avec ce Dirty Harry, c'est la façon dont le duo Siegel/Eastwood
arrive à imposer un film aussi virulent en 1971.
Répliques célèbres
Distribution
* Clint Eastwood : Inspecteur Harry Callahan
* Andrew Robinson : Scorpio
* Harry Guardino : Lieutenant Al Bressler
* Reni Santoni : inspecteur Chico Gonzalez
* John Vernon : le maire de San Francisco
* John Mitchum : inspecteur Frank DiGiorgio
* Mae Mercer : Mme Russell
* John Larch : le chef
* Lyn Edginton : Norma
* Ruth Kobart : la conductrice de bus
* Woodrow Parfrey : Mr Jaffe
* Joseph Sommer : Rothko
Fiche technique
* Titre : L'Inspecteur Harry
* Titre original : Dirty Harry
* Titre original du script : Dead Right
* Réalisation : Don Siegel
* Scénario : Harry Julian Fink, Rita M. Fink, Dean Riesner
* Photo : Bruce Surtees
* Musique originale: Lalo Schifrin
* Montage : Carl Pingitore
* Film américain
* Durée : 102 minutes
* Date de sortie : 23 décembre 1971 (USA)

Wed, 31 Jan 2007 10:33:49
Piège de cristal
Critique:
John
McClane, un flic de New York, débarque à Los Angeles afin de passer les
vacances de Noël avec sa femme Holly, dont il est separé depuis
plusieurs mois, dans le secret espoir d'une réconciliation. Celle-ci
est cadre dans une multinationale japonaise, la Nakatomi Corporation.
Son patron, M. Takagi, donne une soirée en l'honneur de ses employés, à
laquelle assiste McClane. Mais au même moment, la tour qui abrite la
soirée du réveillon est envahie par un groupe de malfaisants. Les
résidents de l'immeuble sont pris en otage. Tout a été calculé au
millimètre près. Tout sauf un détail : McClane. À l'origine, le
scénario était plus sombre, les preneurs d'otages étant de véritables
terroristes. Mais dans l'objectif d'y insérer plus de gaieté comme il
s'agissait avant tout d'un divertissement d'été, ce sont des
cambrioleurs se faisant passer pour des terroristes qui prennent le
relais.
Piège de cristal est un film d’action dans toute sa
splendeur, presque l’incarnation même du genre. Ce film possède de
nombreuses qualités cinématographiques et pourra ainsi plaire aux fans
du genre, mais également à un public plus large, malgré la grande
violence, hélas de nos jours banalisée.
La réalisation de
McTiernan est excellente, elle sert parfaitement la situation créée par
le scénario, et l’intimité de l’immeuble, ce huis clôs tridimensionnel,
n’est pas oppressant mais stressant, ce qui est exactement le but
recherché. Le montage vient en renfort de la très bonne réalisation,
avec un rythme effréné, soutenu, sachant cependant respirer à bon
escient, ce qui n’est pas le cas de la plupart des films d’action de
l'époque.
Les acteurs sont au niveau de la réalisation En effet
c’est le premier vrai long métrage de Bruce Willis, les amoureux du
petit écran l’auront apprécié dans son flegme crasseux et alcoolisé de
Clair de Lune, mais au cinéma c’est un là son vrai départ. En face,
McTiernan lui oppose Alan Rickman. Pour les plus jeunes d’entre vous,
c’est le méchant professeur Rogue des films Harry Potter. C’est ici
aussi son premier vrai grand film, dans lequel son interprétation est
déjà parfaite.
Une des forces du film tient dans son scénario.
Simple, tellement simple qu’il a servi de plate-forme à des jeux vidéos
de tir à la première personne. . Des pseudos terroristes qui s’emparent
d’un immeuble, un flic qui s’y trouve, donnent une guéguerre basée sur
la nervosité de l’adversaire, la furtivité d’un côté, la force de
frappe de l’autre. Bref, un mélange entre une partie d’échec et un
paint-ball à balles réelles. Pour épauler ce scénario simple mais
efficace, on trouve un vrai travail d’écriture dans les dialogues, et
les bons mots foisonnent.
Un contenu politique superficiel
existe pour dénoncer l’intrusion médiatique et les risques que font
encourir certains journalistes à des gens uniquement pour se faire un
nom.
On entend une musique derrière les coups de feu et
explosions en tout genre, elle est loin, super loin. Pas mauvaise, mais
la musique n’est clairement aucun rôle dans ce film
Au final
un film vraiment plaisant, qui fait passer un excellent moment avec des
bons acteurs, une bonne réalisation et un rythme parfaitement jaugé. On
regrette une certaine facilité générale et la fin, somme toute
décevante.
Distribution
* Bruce Willis : John McCLane
* Alan Rickman : Hans Gruber
* Alexander Godunov : Karl
* Bonnie Bedelia : Holly Gennero McClane
* Reginald Veljohnson : Le Sergent Al Powell
* Paul Gleason : Dwayne T. Robinson
* De'voreaux White : Argyle
* William Atherton : Richard Thornburg
* Hart Bochner : Ellis
* James Shigeta : Takagi
* Robert Davi : Big Johnson
* Grand L. Bush : Little Johnson
* Clarence Gilyard Jr. : Theo
Fiche technique
* Titre original : Die Hard
* Réalisation : John McTiernan
* Scénario : Jeb Stuart et Steven de Souza d'après le roman Die Hard de Roderick Thorp
* Production : Lawrence Gordon et Joel Silver
* Société de distribution : 20th Century Fox
* Musique originale : Michael Kamen
* Photographie : Jan De Bont
* Montage : John F. Link et Frank J. Urioste
* Pays d'origine : États-Unis
* Durée : 126 minutes
* Dates de sortie : 15 juillet 1988 (USA); 21 septembre 1988 (France)
Suites
Devant le succès de ce film, trois "suites" ont été tournées:
* Die Hard 2 : 58 minutes pour vivre de Renny Harlin avec Bruce Willis, Bonnie Bedelia, William Sadler (1990)
* Die Hard 3 : Une Journée en Enfer de John McTiernan avec Bruce Willis, Samuel Leroy Jackson, Jeremy Irons (1995)
* Die Hard 4 : Vivre libre ou mourir de Len Wiseman avec Bruce Willis, Maggie Q, Justin Long (2007)

Mon, 29 Jan 2007 20:47:33
John Landis
John Landis
est un réalisateur prolifique, souvent récompensé et acclamé pour des
films comme : American College, The Blues Brothers, Le Loup-garou de
Londres,
En 2004, la chaîne de télévision américaine The
Independent Film Channel a diffusé avec beaucoup de succès son
documentaire sur un vendeur de voiture, Slasher. Michael Jackson
tellement impressionné par son film, Le Loup-garou de Londres, demande
à Landis de réaliser son clip vidéo "Thriller". Landis et Jackson
collaboreront par la suite sur l’album "Black Or White" du chanteur.
John
Landis a participé en tant que Producteur Exécutif (et souvent
réalisateur) à la série télévisée Dream On. Les autres séries produites
par sa maison de production, St. Claire Entertainment sont : Weird
Science, Sliders, ChÉrie J’ai RÉtrÉci Les Gosses, Campus Cops et Sir
Arthur Conan Doyle’s Lost World.
Il a joué dans des films aussi
divers que Muppets Take Manhattan, et Spiderman 2, ainsi que dans Le
Couperet (2004) de Costa Gavras. Il a été honoré par plusieurs
récompenses dont le prestigieux People’s Choice Award, le W.C. Handy
Award et le NAACP Image Award et divers récompenses de festivals
internationaux de films et de télévision. Il est fait Chevalier des
Arts et des Lettres par le gouvernement Français en 1985 et est
récompensé du prix Federico Fellini au festival du film de Rimini en
Italie. En 2004, une rétrospective de tous ses films fut présentée au
festival du film de Turin ; la même année il a reçu le prestigieux Time
Machine Career Advancement Award au festival de Sitges en Espagne.
La
carrière de John Landis a été ternie par le drame qui s'est déroulé au
cours du tournage du segment de La Quatrième Dimension, qu'il
réalisait, où Vic Morrow incarnait un soldat américain sauvant deux
enfants lors de la guerre du Vietnam. Le 23 juillet 1982, l'acteur Vic
Morrow et deux enfants engagés de manière illégale, My-ca Ding Le et
Renee Shin-Yi Chen, respectivement 7 et 6 ans, sont morts lors d'un
accident impliquant un hélicoptère.
Filmographie
* 1973 : Schlock
* 1977 : Hamburger film sandwich (The Kentucky Fried Movie)
* 1978 : American College (Animal House)
* 1980 : Les Blues Brothers (The Blues Brothers)
* 1981 : Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London)
* 1982 : Coming Soon (vidéo)
* 1983 : Michael Jackson: Making Michael Jackson's 'Thriller' (vidéo)
* 1983 : Un fauteuil pour deux (Trading Places)
* 1983 : La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie)
* 1983 : Thriller (vidéo)
* 1985 : Série noire pour une nuit blanche (Into the Night)
* 1985 : Drôles d'espions (Spies Like Us)
* 1986 : ¡Three Amigos!
* 1988 : Un prince à New York (Coming to America)
* 1990 : Dream On (série TV)
* 1991 : L'Embrouille est dans le sac (Oscar)
* 1991 : Black or White (vidéo)
* 1992 : Innocent Blood
* 1994 : Le Flic de Beverly Hills 3 (Beverly Hills Cop III)
* 1996 : Les Stupides (The Stupids)
* 1997 : Chérie, j'ai rétréci les gosses (Honey, I Shrunk the Kids: The TV Show) (série TV)
* 1998 : Blues Brothers 2000
* 1998 : Susan a un plan (Susan's Plan)
Mon, 29 Jan 2007 20:33:05
American College
de John Landis; encore connu sous les noms de Animal House , National Lampoon's Animal House ou encore Collége américain.
Critique:
Septembre
1962. C'est le désordre au Faber College : deux associations
d'étudiants s'affrontent. Le directeur veut renvoyer les plus
chahuteurs, qui sont aussi les étudiants les plus pauvres. La maison
Delta est la pire de toutes les confréries. Mal entretenue, c'est un
ramassis de joyeux drilles alcooliques et fainéants, mais dans un pur
esprit rock n' roll. Ça fait des bêtises, c'est associal et rebelle.
C'est l'esprit fraternel, sous une grossièreté apparente qui ne cache
qu'à peine une générosité réelle. Une autre confrérie, plus aisée, plus
impliquée dans la vie politique de la fac et donc proche du pouvoir,
sont leurs grands ennemis.
Le film de collège américain
(collège au sens anglo-saxon et large du terme: collège, lycée,
université, premier âge adulte), est sans doute perçu en France comme
un sous-genre mineur, mais il n'en est rien. Il faut lui reconnaître
son statut essentiel et créatif, au même titre que le thriller, la
comédie (genre auquel, sur le papier, il appartient) ou le cinéma
fantastique.
"American College" est rempli de performances
d'acteurs, tous très bons, avec mention spéciale à Donald Sutherland et
Karen Allen, la copine d'Indiana Jones, grande actrice oubliée. Les
gags sont impertinents, grossiers et drôles, frôlant toujours un
non-sens de bon aloi. Quel portrait des USA de l'époque! Droits
civiques proclamés dans les défilés mais noirs toujours en apartheid,
gardes républicains qui deviendront les futurs victimes de la guerre du
Vietnam, liberté sexuelle florissante.
Ici toute la
contre-culture et l'esprit campus des années 60 sont décrits de la
manière la plus précise et la plus exhaustive, sans qu'aucune fois une
parole sociale soit prononcée tout le long du film (le mot Vietnam par
exemple n'est prononcé qu'une minute avant le générique de fin). On
boit de la bière, on fume des pétards, on rote, on fait l'amour, on
vole dans les magasins, et on reboit. On monte sur des échelles pour
aller espionner la chambre des filles, le soir quand elles se
déshabillent, comme si on avait 12 ans. Et jamais on ne se laisse
briser par le conservatisme des institutions et des esprits.
John
Landis avec "American College" faisait dans les années 70 un film
exclusivement sur des étudiants feignants qui rotent et flatulent, en
regardant sous la jupe des filles. En cela, il réalisait un grand film
social où tous les problèmes de cette période trouble sont abordés avec
précision. Une photographie exacte et subjective de la société
conservatrice de l'époque et de la lutte de la contre-culture. Le film
de Landis est politique, social et humaniste, et va au plus profond de
ces problèmes, sans jamais en parler ouvertement une seule seconde,
échappant ainsi à la censure plus ou moins latente qui a toujours régné
sur le cinéma commercial américain.
Distribution
*John Belushi : John 'Bluto' Blutarsky
*Tim Matheson : Eric 'Otter' Stratton
*John Vernon : Dean Vernon Wormer
*Verna Bloom : Marion Wormer
*Tom Hulce : Larry 'Pinto' Kroger
*Cesare Danova : Mayor Carmine DePasto
*Peter Riegert : Donald 'Boon' Schoenstein
*Mary Louise Weller : Mandy Pepperidge
*Stephen Furst : Kent 'Flounder' Dorfman
*James Daughton : Greg Marmalard
Fiche technique
*Titre original : Animal House (National Lampoon's Animal House)
*Version française québequoise : Collège américain
*Réalisation : John Landis
*Scénario : Harold Ramis, Douglas Kenney et Chris Miller
*Musique originale : Elmer Bernstein
*Image : Charles Correll
*Montage : George Folsey Jr.
*Durée : 109 minutes
*Dates de sortie: 28 juillet 1978 (USA); 4 octobre 1978 (France)

Mon, 29 Jan 2007 18:22:28
Old School
encore connu sous les noms de Back to School, Retour à la Fac ou encore Vive la fraternité.
Critique:
Mitch,
jeune avocat, va marier son copain de lycée, Franck, que son autre ami,
Bernard (riche commerçant enlisé dans son train-train familial), tente
de dissuader de quitter le célibat. Pendant la fête, Mitch retrouve
Nicole, une fille du lycée, qui le fascinait. Puis, il s'installe dans
une maison sur le campus. Pour redonner le moral à son ami, Bernard y
organise un gigantesque fête, où sont invités tous les étudiants du
coin. Les trois amis s'éclatent, Franck se remet à boire, se fait
surprendre et se retrouve séparé.
Bernard, Franck et Mitch
veulent renouveler la fête. Mais le doyen de la fac, leur ancien
souffre-douleur, veut réquisitionner la maison. Pour rester, le groupe
décide de s'intégrer à la vie de la fac en créant sa propre confrérie.
C'est une réussite : la confrérie enthousiasme autant les jeunes agités
que les quadras désabusés. Pendant ce temps, Mitch revoit Nicole, qui,
hélas, a déjà un petit ami. Quant au doyen, il ne désarme pas, et fait
tout pour casser le groupe. La confrérie devra même passer une série
d'examens pour prouver sa valeur. Finalement, il faudra utiliser une
cassette, prouvant la malhonnêteté du doyen, pour se débarrasser de
lui. Nicole quittera son ami et retrouvera Mitch. Lequel abandonnera la
confrérie, en cédant la direction à Franck.
Old School est
surtout composé de blagues au niveau intellectuel très bas, mais
certains moments sont franchement drôles. Il faut dire que les trois
acteurs, Luke Wilson, Vince Vaughn et Will Ferrell vont bien ensemble.
Chacun d’eux n’en fait pas plus que le rôle l'exige et arrive à nous
faire rire. Même si l’humour ne vole jamais très haut, Will Ferrell est
sans aucun doute le meilleur aspect de ce film.
L’histoire n’est
qu’un prétexte pour enfiler des farces, comme dans la plupart des
comédies, mais il est quand même plus intéressant quand un film a un
scénario qui tient bien la route. Ici, on manque d’originalité, mais ça
reste d’un niveau assez correct. Quand même, on peut féliciter l’équipe
derrière le film pour avoir donné un produit qui semble avoir été fait
avec beaucoup d’enthousiasme. Aussi, le film évite presque entièrement
les farces «pipi-caca» et n’est pas trop vulgaire sauf pour un certain
moment un peu plus explicite. Todd Phillips montre une assez bonne
énergie et la bande sonore est là pour accentuer ce sentiment.
C’est
une comédie assez sympathique qui ne révolutionne rien, mais qui peut
procurer assez de plaisir. Il faut bien sûr laisser son cerveau de côté
mais les comédiens livrent une bonne performance et c’est quand même
supérieur à plusieurs du même genre qui ont envahi les écrans au cours
des quelques dernières années.
Distribution
*Luke Wilson : Mitch Martin
*Will Ferrell : Frank Ricard
*Vince Vaughn : Bernard 'Beanie' Campbell
*Jeremy Piven : Dean Gordon 'Cheese' Pritchard
*Ellen Pompeo : Nicole
*Juliette Lewis : Heidi
*Leah Remini : Lara Campbell
*Perrey Reeves : Marissa Jones
*Craig Kilborn : Mark
*Elisha Cuthbert : Darcie
Fiche technique
*Titre original : Old School
*Version française québequoise : Vive la fraternité
*Titre français: Back to School (Retour à la Fac)
*Réalisation : Todd Phillips
*Scénario : Court Crandall, Todd Phillips et Scot Armstrong
*Musique originale : Theodore Shapiro
*Image : Mark Irwin
*Montage : Michael Jablow
*Durée : 91 minutes
*Dates de sortie: 21 février 2003 (USA); 13 août 2003 (France)

Thu, 25 Jan 2007 21:42:20
Les Affranchis
Critique
Henry
Hill a toujours rêvé d'être un gangster. Son rêve devient réalité
lorsqu'il devient, à 14 ans, un des hommes de main de Paulie Cicero.
Henry fait des rencontres comme Jimmy Conway et Tommy De Vito, son
éternel complice.
Bientôt le trio Conway-Hill-De Vito se fait
connaitre comme " les affranchis ", rien ne peut les arreter sauf la
brigade des stupéfiants. Après 2 séjours en prison, la descente aux
enfers commence lorsqu'ils tuent le chef d'un gang rival.
Scorsese
découvrit le livre de Nicholas Pileggi, inspiré de faits réels, sur le
tournage de La Couleur de l'argent. Les personnages et l'ambiance du
roman, rappelant l'univers de sa jeunesse et de Mean Streets, ont dû
fasciner Scorsese. Il contacte donc l'auteur et le producteur Irwin
Winkler qui possédait les droits.
Avec ce film, Scorsese
frappe un grand coup et signe une œuvre majeure. Tout l'univers
habituel de Scorsese est présent dans ce film : le monde des truands,
l'importance et l'influence de la famille et des femmes, le pouvoir de
l'argent, la trahison et la culpabilité et les remords de cette
trahison.
La narration est menée tambour battant au son de la
voix off de Ray Liotta et d'une bande originale remplie de standards de
rock. Dans une telle histoire la violence est inévitable, mais elle
fait partie intégrante du récit. Scorsese ne porte pas de jugement
moral a priori sur cette violence, mais en décortique les effets et les
conséquences. Ainsi le personnage le plus violent (Joe Pesci) finira
avec une balle dans la tête afin que son corps ne soit pas montré lors
de l'enterrement.
Côté interprétation, l'histoire permet à
Scorsese de développer plein de personnages secondaires. Mis à part Ray
Liotta (formidable, et qui obtient enfin un rôle à sa mesure), on
retrouve De Niro qui n'avait pas tourné avec Scorsese depuis La Valse
des pantins. Mais aussi, Joe Pesci, Paul Sorvino dans le rôle du
parrain, et Lorraine Bracco dans celui de la femme de Ray Liotta.
Fiche technique
• Titre : Les Affranchis
• Titre original : Goodfellas
• Réalisation : Martin Scorsese
• Scénario : Nicholas Pileggi (d'après son livre Wiseguy) et Martin Scorsese
• Production : Barbara De Fina, Bruce Pustin et Irwin Winkler
• Musique originale: Harry Nilsson
• Photographie : Michael Ballhaus
• Montage : James Kwei et Thelma Schoonmaker
• Pays d'origine États-Unis
• Durée : 145 minutes (2h25)
• Date de sortie : États-Unis : 19 septembre 1990, France : 12 septembre 1990
• Interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle en France.
• Cérémonie des Oscars 1991, Joe Pesci remporte l'Oscar du meilleur second rôle masculin.
Distribution
• Robert De Niro : Jimmy Conway
• Ray Liotta : Henry Hill
• Joe Pesci : Tommy De Vito
• Lorraine Bracco : Karen Hill
• Paul Sorvino : Paul Cicero (Paulie)
• Frank Sivero : Frankie Carbone
• Sonny Bunz : Tony Darrow
• Chuck Low : Morris Kessler (Morrie)
• Illeana Douglas : Rosie
• Samuel L. Jackson : Stacks Edwards
• Catherine Scorsese : la mère de Tommy
• Charles Scorsese : Vinnie
• Frank Vincent : Billy Bats
• Tony Conforti : Tony

Wed, 24 Jan 2007 20:19:54
Toy Story
Toy Story ou Histoire de jouets (en version québécoise) est un long métrage d'animation de John Lasseter.
Le
premier film des studios de production Pixar marque un tournant dans
l'histoire du dessin animé ; premier long métrage entièrement en images
de synthèse en trois dimensions, il est produit par Disney, qui
collabore depuis ce moment avec Pixar à l'occasion de nombreux succès.
Il est sorti en 1995 aux États-Unis.
Dans la chambre d'Andy,
les jouets se mettent à vivre leur propre vie dès que celui-ci sort de
la pièce. Le jour de son anniversaire, c'est la panique, puisque chacun
craint d'être remplacé par un jouet neuf. Woody le cowboy, est le jouet
préféré du jeune garçon, et n'appréhende donc pas tellement cette fête.
Pourtant, lorsque Andy reçoit un Buzz l'éclair, cela va bouleverser la
vie du cowboy.
Tous les enfants du monde entier partagent les
mêmes croyances ou les mêmes rêves. Qui n'a pas pensé ou rêvé un jour
que dès qu'il avait le dos tourné, les jouets s'animaient et vivaient
leur propres aventures. Humour, aventure, émotion, tout est dosé à la
perfection dans ce film qui, avec le Roi Lion, a donné aux adultes de
bonnes raisons de retourner voir des dessins-animés en salles. Plus de
honte à avoir, ce genre là est intelligent et plaît aussi bien aux
grands qu'aux petits. Ce film date de 1995, doit saluer la maîtrise
impeccable des outils informatiques qui ont ici servi le récit plutôt
que d'essayer de nous en mettre plein la vue avec ce qui est le premier
long métrage de l'histoire du cinéma à être exclusivement composé
d'images calculées par ordinateurs.
Sous la couche de
technique 3D se cache un scénario toujours extrêmement travaillé,
minutieusement préparé, avec des personnages charismatiques et des
répliques recherchées. En ce sens, il faut considérer Toy Story non pas
comme un simple film d’animation mais comme un long métrage, une œuvre
d’art réalisée par des moyens numériques et flirtant avec la perfection.
La
musique de Randy Newman apporte la cerise sur le gâteau à ce film en
tous points parfait. A la fois légère et dynamique, elle capture
l’essence même de l’esprit des jouets et par la même, celui de notre
enfance.
Fiche technique
* Titre original : Toy Story
* Titre québécois: Histoire de jouets
* Réalisation : John Lasseter
* Scénario : John Lasseter, Andrew Stanton, Peter Docter, Joe Ranft
* Animation : Pixar Animation Studios
* Production :Walt Disney Pictures
* Musique originale :Randy Newman
* Genre : film d'animation
* Durée : 97 minutes
*Dates de sortie: 19 novembre 1995 (USA); 27 mars 1996 (France)
Voix de la version originale
* Tom Hanks : Woody
* Tim Allen : Buzz l'Eclair
* Annie Potts : Bo Peeps

Wed, 24 Jan 2007 14:00:53
Uzak
Uzak de Nuri Bilge Ceylan
Critique
En
plein hiver, au cœur d'Istanbul, un photographe désabusé, hanté par le
sentiment que le vide entre dans sa vie et ses idéaux, se trouve obligé
de loger chez lui un jeune parent qui a quitté son village pour
réaliser son rêve: devenir marin.
Uzak est une réflexion sur
la difficulté de vivre ensemble et de communiquer son mal-être. Ceylan
filme avec minutie la cohabitation de deux hommes que tout oppose
hormis un lointain lien parental: Mahmut le photographe solitaire et
ténébreux, et Yusuf son jeune cousin qui cherche du travail dans la
capitale. L’appartement de l’aîné devient le théâtre d’un affrontement
quasi muet.
Célibataire endurci ne supportant pas la
promiscuité, Mahmut accepte difficilement la présence de Yusuf.
Celui-ci met à mal son petit rituel dépressif, l’oblige à envisager de
nouveau une vie à deux. Lors d’une discussion avec des confrères, on
comprend que Mahmut a abandonné ses illusions artistiques pour des
raisons matérialistes. Il y a perdu son âme et ne gère plus désormais
que les aléas du quotidien. Traquer une souris téméraire, regarder des
films X, prendre un soin maniaque de ses affaires. Le choc d’un retour
à la vie communautaire provoqué par l’arrivée de Yusuf est trop
important. Il cherchera à éloigner celui qui vient perturber sa lente
agonie, mais parviendra à son contact à renouer le dialogue avec la
femme qu’il aime.
A quoi tient la grâce d'un plan ? Dans Uzak,
l'évidence surgit d'emblée : Yusuf regarde, au petit matin, la neige
recouvrir la ville. Bien sûr, il y a l'idée de la glaciation des coeurs
et des âmes, mais cette dimension symbolique ne vient qu'après son
aspect concret : la beauté du paysage, le regard de Yusuf, la justesse
d'une image qui va installer le tempo feutré du film... Donc Mahmut et
Yusuf cohabitent. Souris des villes, souris des champs : les rongeurs,
deux scènes cocasses le confirment, sont là pour être attrapés,
scotchés sur une bande de papier collant, englués dans la mort comme
les hommes dans la vie.
Désarroi existentiel et dépression
économique, ces deux crises se répondent. Ou comment deux types vont se
tourner autour, se trouver ou se rater, se comprendre ou s'ignorer dans
la solitude de la grande ville. C'est un cinéma fait de petites
cocasseries quotidiennes, une drôle de comédie placide que dominent
deux beaux portraits impressionnistes. Nuri Bilge Ceylan manie en
maître l'art de la suggestion ironique, du clin d'oeil tragi-comique,
et fait de ces deux-là nos amis, nos frères.
Apôtre d’un cinéma
contemplatif, Ceylan filme ses acteurs amateurs en de longs
plans-séquences composés avec soin. Il observe les tourments
intérieurs, guette les regards et les gestes de tous les jours qui
trahissent une anxiété profonde. Parfois, l’humour vient briser
l’atonie ambiante et apporte un contrepoint salvateur à la souffrance
des deux personnages principaux. Quête existentielle vers un bonheur
illusoire, Uzak est un film exigeant, dont les plus beaux plans
évoquent la pureté des longs métrages de Bergman,Tarkovski, Ozu ou
d’Antonioni.
Fiche technique
*Réalisateur Nuri Bilge Ceylan
*Scénario : Nuri Bilge Ceylan
Avec Muzaffer Ozdemir, Mehmet Emin Toprak
*Photographie : Nuri Bilge Ceylan
*Pays d'origine : Turquie
*Durée : 110 minutes
*Dates de sortie :20 décembre 2002 (Turquie); 17 mai 2003 (Cannes); 14 Janvier 2004 (France grand public)
*Double prix d'interprétation masculine et grand prix, Festival de Cannes 2003.
Distribution
*Muzaffer Özdemir : Mahmut
*Emin Toprak : Yusuf
*Zuhal Gencer Erkaya : Nazan
*Nazan Kirilmis : L'amant
*Feridun Koc : Janitor
*Fatma Ceylan : La mère
*Ebru Ceylan : La jeune fille

Wed, 24 Jan 2007 09:50:39
Nuri Bilge Ceylan

Nuri Bilge Ceylan est un réalisateur turc, né en 1959 à Istanbul.
A
l'âge de 2 ans, Ceylan est parti avec sa famille à Yenice, petite ville
proche des Dardanelles dont était originaire son père, un ingénieur
agricole qui avait atterri là avec la volonté d'aider les gens. «Une
personnalité atypique : il roulait à vélo bien qu'il eût une voiture,
adorait lire et était fou d'Alexandre le Grand mais n'arrivait à
partager cet enthousiasme avec personne» , raconte Nuri Bilge Ceylan
qui revint à Istanbul avec ses parents huit ans plus tard. Offert par
son père, un livre lui donna adolescent la passion de la photographie.
Solitaire,
renfermé, il découvrit le cinéma pendant son service militaire à Ankara
puis lors d'une année de séjour à Londres où il avalait plus de trois
films quotidiennement. Il dévore l'oeuvre d'Ingmar Bergman dont il
découvre le Silence à 16 ans mais aussi celles de Tarkovski, Bresson et
Ozu. De son propre aveu, le cinéma turc ne l'a jamais vraiment
intéressé, même les films du défunt Yilmaz Guney, célèbre auteur
emprisonné de Yol ( la Voie ) et cinéaste engagé par excellence.
Titulaire
d'un diplôme d'ingénieur à l'université du Bosphore, Nuri Bilge Ceylan
étudie ensuite la mise en scène à Istanbul, sa ville natale. Dès son
premier court métrage, Koza, il est sélectionné au Festival de Cannes.
Il tourne en 1998 son premier long métrage, Kasaba, qui obtient le Prix
Spécial du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers.
C'est avec
son deuxième film Nuages de mai, sélectionné à Berlin, qu'il accède à
la reconnaissance internationale. La critique salue ce film
contemplatif réalisé par un admirateur d'Ozu et Bergman. Auteur à part
entière, Ceylan participe à toutes les étapes de la création de
l'oeuvre (scénario, réalisation, montage, production) et s'entoure de
proches, parents et amis, pour l'équipe technique et le casting, tout
en faisant souvent appel à des comédiens non-professionnels.
En
2003, Uzak, qui aborde des questions sociales (le travail,
l'urbanisation) à travers l'étude de la relation entre deux frères, est
le film de la consécration pour Ceylan. Premier réalisateur turc à
figurer dans la compétition cannoise depuis Yilmaz Guney, Palme d'or
pour Yol 20 ans plus tôt, il en repart auréolé du Grand Prix et du Prix
d'interprétation pour ses deux comédiens. Il revient sur la Croisette
avec son quatrième long métrage, Les Climats (2006), portrait d'un
couple en crise, dans lequel il joue le rôle principal aux côtés de
celle qui est son épouse à la ville.
Nuri Bilge Ceylan
représente une espèce d'ovni dans une cinématographie turque encore
dominée par des films commerciaux ressemblant à des séries télé
dégoulinantes de pathos. Il cultive son décalage. «La politique ne
m'a jamais intéressé même si, en tant que citoyen, je ne suis par
indifférent mais je crois que ni les choses, ni les gens ne changent
dans leur essence. Et, sur ce plan, je me suis toujours senti très
différent de mes amis avec un sentiment de faute d'être aussi étranger
à leurs certitudes militantes.» Ceylan a toujours eu envie
d'entretenir sa singularité d'artiste farouchement autonome avec une
constante passion pour les écrivains russes comme Dostoïevski et
surtout Tchekov dont aucun personnage «n'est entièrement bon ou
mauvais» .
Filmographie
* 1998 : Kasaba
* 1999 : Nuages de mai (Mayis sikintisi, mot à mot « ennui de mai »)
* 2002 : Uzak
* 2006 : Les Climats (Iklimler)
Tue, 23 Jan 2007 22:37:27
Reservoir Dogs
Fiche technique
* Titre original: Reservoir Dogs
* Réalisateur : Quentin Tarantino
* Scénario : Quentin Tarantino et Roger Avary
* Photographie : Andrzej Sekula
* Montage : Sally Menke
* Date de sortie : 2 septembre 1992
* Durée : 99 minutes
* Interdit aux moins de 16 ans en France
Distribution
* Harvey Keitel : Mr. White
* Michael Madsen : Mr. Blonde
* Tim Roth : Mr. Orange
* Steve Buscemi : Mr. Pink
* Chris Penn : Eddie Cabot
* Lawrence Tierney : Joe Cabot
* Quentin Tarantino : Mr. Brown
* Burr Steers : une voix à la radio
* Edward Bunker : Mr. Blue
Critique
Reservoir
Dogs, c’est l’histoire de six hommes, inconnus les uns des autres, se
retrouvant associés pour commettre un vol de bijouterie. Pour éviter
qu’un d’entre eux foute le souk et décide de balancer à la police ses
partenaires de crime, ils portent tous des surnoms fictifs de couleur.
Nous avons donc un Monsieur White, un Monsieur Orange et ainsi de suite
.Un doute concernant la présence possible d’un flic s’immisce à
l’intérieur du groupe. C’est donc sur ce doute que se penche Tarantino.
Qui est la taupe? Suspicions, canailleries, violences et échanges crus
sont tous au rendez-vous.
Reservoir Dogs est un film à petit
budget, l'esquisse d'un style, comme un brouillon de Pulp Fiction.
Pourtant invité à la quinzaine des Réalisateurs de Cannes, le public
boude le film. Avec le temps et les soirées vidéo, l'oeuvre est devenue
culte. Avec 252 "fuck" éructés, il est même passible de crime verbal
dans un pays où chaque gros mot est remplacé par un bip sur le petit
écran. On trouve dans Reservoir Dogs des discours souvent immoraux, une
violence simple, mais bien brutale et une mise-en scène se voulant
théâtrale.
La galerie de portraits de truands est
impressionnante. Ces salopards sont très bavards. Ils se placent avec
précision dans ce huis-clos très léché par ses choix de cadre.
L'économie de moyens rend cette dramaturgie très épurée, limitant
l'action. Qui pourtant fonctionne. Ce suspens de la quête de traître
aboutira comme dans tous ses films à une morale très classique : le
mouchard paie, et aucun, même celui qui semble doté d'une conscience et
de compassion (joué par Keitel), ne sera sauvé.
Le film, qui
s'achève dans une mare de sang, oscille sans cesse entre l'insoutenable
et l'ironie pure, l'excès volontaire venant sans cesse rendre non
réaliste ce qui pourrait être du pur voyeurisme. Cette absence voulue
de réalisme est signalée en permanence par des détails qui clochent. Ce
sont les détails qui font les histoires, et qui rendent celle-ci un peu
plus probable. A l'image de cette séquence, la meilleure, où Tim Roth
raconte, répète, apprend, et vit une même anecdote. Multiples décors
pour propos identique. Tout n'est qu'un jeu.
La construction
narrative en flash-back savants, ménageant adroitement le suspense, les
dialogues drôles et inspirés, la précision de la mise en scène et le
soin apporté au commentaire musical, tout indique le travail précis
d'un auteur, bigrement doué, là où on ne pourrait voir que désinvolture.

Mon, 22 Jan 2007 08:22:16
Stalker
Fiche technique
* Titre original: Stalker
* Réalisation : Andreï Tarkovski
* Scénario : Arkadi Strugatsky et Boris Strugatsky, d'après leur roman Stalker, pique-nique au bord du chemin, paru en 1972
* Production : Aleksandra Demidova
* Musique originale : Eduard Artemyev
* Photographie : Aleksandr Knyazhinsky et Georgi Rerberg
* Montage : Lyudmila Feiginova
* Pays d'origine : URSS
* Durée : 163 minutes
* Dates de sortie : Août 1979 (festival de Moscou), 13 mai 1980 (Cannes)
* Prix du Jury Œcuménique lors du Festival de Cannes 1980.
Distribution
* Aleksandr Kajdanovsky : Stalker
* Alisa Frejndlikh : La femme de Stalker
* Anatoli Solonitsyn : L'écrivain
* Nikolai Grinko : Le scientifique
* Natasha Abramova : Martha, la fille de Stalker
Critique
Le titre du film vient du verbe anglais « to stalk » (avancer furtivement, être sur la trace de..).
Dans
les plaines russes, il existe une zone, "La Zone", lieu dont personne
ne sait exactement ce qu'il est. Touchée par une bombe atomique, un
météorite ou la venue d'extra-terrestres, cette zone est crainte par
tout le monde et cernée par la police. On ne peut y entrer : la zone
est considérée comme dangereuse, il se dit qu'elle possède une volonté
propre. En son cœur, on dit qu'il existe un lieu, "la chambre", où tous
les désirs, les souhaits peuvent être réalisés. Cependant des passeurs
"stalkers" peuvent accompagner ceux qui souhaitent accéder à la chambre.
Un
écrivain et un scientifique ont contacté un stalker et décident de
pénétrer dans la zone et de découvrir cette fameuse chambre. Mais ce
qu'ils ne savent pas c'est que la zone suit ses propres règles dont
seul le stalker peut comprendre le sens. Ces règles qui peuvent être
des obstacles contraignent le professeur, l'écrivain à révéler leur
personnalité intime, ce qu'ils cachent au plus profond d'eux-mêmes.
Lorsqu'ils
arrivent au cœur de la zone au seuil de la chambre, et après avoir
traversé de multiples obstacles ayant révélé les véritables intentions
de chacun des protagonistes ; lorsque le stalker montre le chemin de la
chambre le professeur et l'écrivain seront possédés par une ultime
crise existentielle : l'un veut détruire la zone ayant peur qu'elle
tombe en de mauvaises mains, mais ce n'est en fait qu'une vengeance
personnelle dont l'origine est un adultère ; l'autre, l'écrivain, dans
son désir de retrouver une gloire perdue et ayant perdu foi en
lui-même, finit par s'identifier au sacrifice du Christ.
Mais
qui est réellement le Stalker: un charlatan, un truqueur, un superbe
sophiste ou alors un révélateur de l'âme, celui qui accompagne les
hommes vers la révélation mystique ? Comment expliquer les pouvoirs que
détient sa fille, et pourquoi un oiseau disparaît-il subitement alors
qu'il survole les trois hommes dans leur recherche. Curieusement c'est
le professeur, le rationaliste, qui perçoit dans le stalker le prophète
et c'est l'écrivain qui perçoit le sophiste, le truqueur dans le
Stalker.
La force du film d’abord est l’image. Tarkovski nous
transporte d’une ruelle grise, sale et tourné en noir et blanc à une
scène en couleur représentant une colline verdoyante. Les images sont
toutes empreintes d’une beauté artistique, comme si le réalisateur
voulait faire une peinture à chaque plan. Les ralentis sont utilisés,
rendant le film très lent. Ceux qui attendent de l'étiquette
"Science-fiction" des scènes d'actions à la John Woo, à la Star-Wars ou
même Matrix seront cruellement déçus. Celles-ci se résument a quelques
coups de feux tirés par des soldats, une scène de dix secondes.
Deuxième
force du film : les dialogues. Les dialogues sont à la fois une
critique acerbe du communisme borné qui régnait encore à l'époque du
tournage et de la poésie à l'état brute (qui perd un peu de son charme
à la traduction, comme d'habitude).
La vie m’a accueilli sous son aile,
Pour me garder et me sauver.
Et c’est vrai que j’ai évité le naufrage,
Mais j’en voudrais davantage.
Pas de feuilles brulées,
Pas de branches brisées,
Un jour propre comme le vitrage,
Mais j’en voudrais davantage.
Stalker c'est un film sacrément bon, mais sacrément imprévisible et surtout très lent.

Sun, 21 Jan 2007 18:39:10
Waterworld
Fiche technique
* Titre : Waterworld
* Réalisation : Kevin Reynolds
* Scénario : Peter Rader et David Twohy
* Production : Charles Gordon, Lawrence Gordon, Kevin Costner et John Davis
* Société de production : Universal Pictures
* Musique originale: James Newton Howard, Artie Kane et Mark Isham
* Photographie : Scott Fuller et Dean Semler
* Montage : Peter Boyle
* Durée : 176 minutes
* Date de sortie : 28 juillet 1995 (USA) ; 25 octobre 1995 (France)
Distribution
* Kevin Costner : Mariner
* Jack Kehler : Banker
* Jeanne Tripplehorn : Helen
* Rick Aviles : Gatesman
* R.D. Call : Enforcer
* Zitto Kazann : Survivant
* Jack Black : Pilote
* Leonardo Cimino : Un vieux
* Zakes Mokae : Priam
* Luke Ka'ili Jr.
* Anthony DeMasters
* Willy Petrovic
Critique
En
2500, alors que la Terre a été presque totalement immergée, quelques
hommes survivent sur de rares atolls. Sur l'un de ces îlots, Mariner,
un aventurier des mers, rencontre Helen et sa fille Enola qui a sur le
dos une carte tatouée de la contrée mythique "Dryland". Cette carte
intéresse beaucoup de monde, à commencer par le redoutable Deacon, le
chef des "Smokers", une bande de pirates.
Waterworld traîne une
relativement mauvaise réputation. Le film de Kevin Reynolds a coûté
incroyablement cher, le tournage a connu des ennuis innombrales,
certaines critiques ont été impitoyables. Mais il y a des bonnes choses
dans ce film. Il y a la création de cet univers de type
post-apocalyptique qui, à défaut d’être réellement crédible, est tout
de même assez bien mis sur pied et attrayant par certains côtés. On
peut reprocher le tape-à-l’oeil, le scénario vraiment simple et Costner
donne un peu trop dans le genre super héros qui n’est jamais pris au
dépourvu… mais il y a de belles scènes, en particulier sous-marines.
L’efficacité
est totale. De ce point de vue, les scènes d’action sont si
visuellement attractives que cela fonctionne même en ayant conscience
des limites du scénario. Les partis pris esthétiques et narratifs
ramènent forcement à la trilogie de Georges Miller (les 3 Mad Max), on
peut évidemment être un adorateur ultime de cette dernière sans pour
autant se sentir obliger de bouder son plaisir devant ces emprunts plus
qu’évidents.
Alors qu’est ce qui rend cette fable
invraisemblable assez sympathique. Probablement parce que sous sa
cuirasse de super-production Waterworld va chercher ses emprunts dans
des genres délaissés. Aux films de pirates évidemment, mais également
au western, à travers ce héros dont toute la communauté se méfie dès
son arrivée mais qui finira par défendre les innocents face à la menace
permanente sans participer à la récompense d’un paradis enfin retrouvé
puisque repartant seul sur les eaux. Waterworld parvient également à
provoquer, avec un certain brio, à la fois l’euphorie du spectacle
explosif et le sentiment de plénitude d’un Mariner contemplant
l’horizon toutes voiles dehors.
L'humour est omniprésent et
contribue à sauver le film. Alors qu’on s'attend à une histoire d’amour
à la Bodyguard , Costner n’a pas du tout cette vision du personnage et
se bat pour conserver son aspect dur et froid. Tout particulièrement
pour garder la scène pendant laquelle le Mariner va nonchalamment
fracasser une rame sur la tête de Jeanne Tripplehorn. Surprenant, drôle
et incorrect.
Mais l'humour le plus décapant se découvre au
sein des Smokers, cette communauté de pirates en possession
d’introuvables réserves de pétrole et de cigarettes. Dennis Hopper est
parfait dans le registre du méchant caricatural. Un leader qui tente de
bien faire malgré la bande d’incapables dont il est entouré en
permanence comme lorsqu’un de ses propres sbires, sorte de Leatherface
de la mitraille, dégomme accidentellement la moitié de ses petits
camarades. Il perd son œil de verre en pleine crise de cabotinage et
passe la moitié du temps une clope à la main et une bouteille de Whisky
dans l’autre.
Côté contexte, le scénario est inattaquable. Le
propos est certes écologique, car la situation du monde décrit résulte
à l'évidence d'un déréglement climatique majeur. Mais pas de
manichéisme, la seule mention géo-politique est la référence à une
langue commerciale "porto-grecque" (sic), et tout le reste n'est
qu'imaginaire, sans discours pontifiant, sans message explicite ou
implicite. On est donc ici plus proche de l'imagerie que de toute
fiction scientifique, plus proche du baron de Munchausen que de Jules
Verne.
Sun, 21 Jan 2007 16:51:49
Snake Eyes
Fiche technique
* Titre : Snake Eyes
* Réalisation : Brian de Palma
* Scénaristes : Brian de Palma, David Koepp
* Producteur : Brian de Palma
* Photo : Stephen Burum
* Musique originale: Ryuichi Sakamoto
* Montage : Bill Pankow
* Durée : 98 minutes
* Date de sortie : 8 août 1998 (USA), 10 novembre 1998 (France)
Distribution
* Nicolas Cage : Rick Santoro
* Gary Sinise : Kevin Dunne
* John Heard : Gilbert Powell
* Carla Gugino : Julia Costello
* Stan Shaw : Lincoln Tyler
* Kevin Dunn : Lou Logan
* Luis Guzmán : Cyrus
* Joel Fabiani : Charles Kirkland
Critique
Au
Palais des sports d'Atlantic City, la foule est venue en nombre
assister au match du siècle, mettant en confrontation deux poids lourds
de la boxe. Mais la soirée dérape lorsque des coups de feu éclatent à
proximité du ring, et le secrétaire d'État à la Défense est abattu.
L'enquête commence sous la direction de l'inspecteur Rick Santoro,
policier corrompu. Rick va tenter de sauver sa reputation ainsi que
celle de son ami Kevin Dunne, chargé de la sécurité du secrétaire
d'État, et qui s'était malencontreusement absenté au moment du drame.
Le
film exploite au maximum la notion de champ lexical, et peut paraître
par moment comme une sorte d'exercice de style : le titre du film (« les yeux du serpent »),
les éléments de décors (dessin d'un œil dans le décor, caméras de
télévision, de surveillance), la manière de filmer certaines scènes
(caméra subjective, plan-séquence), les ressorts dramatiques (bris de
lunettes, témoignages de la scène), le montage du film (présentations
des points de vue sur une même scène de différents personnages)… tout
concours à évoquer le thème du regard.
La dernière image du film
est d'ailleurs significative : on y voit une bague ressortant du béton.
Outre l'évocation d'un élément de l'histoire, et l'ouverture vers une
inconnue (quelqu'un verra-t-il cet élément et cela alimentera-t-il
l'enquête ?), on peut y voir une métaphore de l'objectif de la caméra.
Le film se termine donc par une sorte de regard caméra.
Sur fond
de complot politique, de Palma réalise ici un de ses meilleurs films,
visuellement réussi et ingénieux, où il atteint un sommet rarement
égalé au niveau de la mise en scène. Comme beaucoup de thrillers, Snake
Eyes se déroule en huis-clos presque intégral. Nicolas Cage arpente un
décor unique, celui du casino d'Atlantic City où il mène son enquête,
se déplaçant dans des endroits de plus en plus réduits, de l'immense
salle de boxe où a lieu le combat au réduit où il enferme son témoin.
Le principe du huis-clos est d'utiliser un lieu unique comme théâtre
d'affrontements psychologiques et physiques. Hitchcock a signé les
prototypes du genre avec des films comme La Corde (1948) ou Fenêtre Sur Cour (1954) suivi par le Shining (1980) de Stanley Kubrick.
"Snake
Eyes" est un bon thriller, bien ficelé, à l'intrigue obscure, complexe.
Un thriller qu'on peut trouver peu original, prévisible dans son
intrigue. Mais le thriller qui n'est qu'un prétexte. Car au-delà du
film à spectacle, De Palma prolonge ses expériences sur la tromperie
(et la vérité) de l'image entamée avec "Mission: Impossible", De Palma
réalise ici un film difficile, d'une complexité formelle ahurissantes,
d'une maîtrise et d'une intelligence remarquables.
DePalma
dissèque, il décortique, non pas tant le moment du meutre, ce
plan-séquence époustoufflant ( pour les puristes ce n'est pas un vrai
plan-séquence, mais un montage en continuité de plusieurs plans avec
raccord numérique) , que le film lui-même, le texte filmique qui en est
le support. Il faudrait, pour bien faire, démonter chaque séquence,
pour tirer du film tout son sens. En attendant, nul n'est besoin d'en
arriver là pour comprendre comment De Palma fait de sa caméra
l'instrument d'une pensée de l'illusion. Regards qui voient, qui se
croisent, caméras qui surveillent construisent un film dans le film,
lui-même bâti sur cette imbrication. La multiplication des points de
vue, et avec eux, des récits eux-mêmes, à la manière de Rashomon,
segmentent le film, en écrans seconds, en split-screens d'une beauté et
d'une subtilité impressionnante.
"Snake Eyes" est un essai
théorique sur l'image, sur la signifiance de l'image, sur la
construction qu'elle permet d'un monde imaginaire qui se veut objectif,
alors qu'il ne peut, comme le montrent les diverses séquences en
flash-back, qu'être subjectif, sur la tromperie qu'elle ne permet pas,
mais qu'elle est, par nature même. Il faut voir "Snake Eyes", car il
est de ces films qui nous font comprendre le cinéma, nous fait
comprendre, bien mieux que le meilleur traité de sémiologie, comment
l'être humain fait sens, dispose de ses signes et en retour se fait
prendre par eux.

Sat, 20 Jan 2007 22:33:00
Un Thé au Sahara
Fiche technique
*Titre original : The Sheltering Sky
*Réalisation : Bernardo Bertolucci
*Scénario : Mark Peploe et Bernardo Bertolucci d'après le roman de Paul Bowles
*Photographie : Vittorio Storaro
* Montage : Gabriella Cristiani
*Producteur : Jeremy Thomas (Grande-Bretagne)
*Musique originale : Ryuichi Sakamoto
*Durée : 135 minutes (2 h 15)
*Date de sortie : 21 novembre 1990
Distribution
*Debra Winger : Kit Moresby
*John Malkovich : Port Moresby
*Campbell Scott : George Tunner
*Jill Bennett : Mrs. Lyle
*Timothy Spall : Eric Lyle
*Eric Vu-An : Belqassim
*Amina Annabi : Mahrnia
*Philippe Morier-Genoud : Capitaine Broussard
*Sotigui Kouyaté : Abdelkader
*Tom Novembre : Un officier français
Critique
En
1947, trois riches intellectuels Américains, Port et Kit Moresby et
leur ami George Tunner, débarquent à Tanger avec l'intention de
traverser le Sahara. Port est un compositeur désenchanté. Kit auteur
dramatique, est plus optimiste mais aussi plus fragile. Leur couple
traverse une crise douloureuse. Ils pensent que l'aventure représentée
par le Sahara peut leur apporter l'oxygène qui leur manque.
Quant
à Tunner, c'est un séduisant mondain, surtout préoccupé de séduire la
jolie Kit. Port soupçonne une liaison entre Kit et Tunner. Leurs
relations se dégradent. entachées de méfiance; le trio entretient de
troubles rapports. La rencontre de Mrs. Lyle, Anglaise excentrique
rédigeant des guides touristiques, et de son fils Eric, gros garçon
malsain, va hâter leur départ vers le sud.
Port profite de
leur Mercedes tandis que Kit part en train avec Tunner. Pendant le
voyage. elle devient sa maitresse. Les conditions de voyage deviennent
de plus en plus pénibles et d'étranges malaises assaillent Port. Après
s'être débarrassé de Tonnet, Port emmène Kit à El Ga'a. Mais son état
empire et il est transporté au fort français où un médecin l'isole : il
a la typhoïde.
Après avoir assisté Port dans sa lente agonie,
Kit, rongée par un intense sentiment de culpabilité, part seule dans le
désert. Belqassim, un jeune chef Touareg, l'emmène dans sa caravane,
s'éprend d'elle et une fois dans son village, la cache dans la maison
familiale. La jalousie de ses femmes force Kit à fuir de nouveau,
habillée en Arabe. Mais les billets français qu'elle détient la
trahissent. Rapatriée à Tanger, Kit, muette, hébétée, est conduite par
Miss Ferry à l'hôtel où l'attend Tunner. Déjouant la surveillance de sa
compagne, Kit s'échappe pour retourner au café où ils aimaient se
rendre au début de leur voyage, elle y retrouve un vieil homme témoin
de leur histoire.
Bernardo Bertolucci est assez loin de son provocateur Dernier Tango à Paris et de son historique Le dernier Empereur,
qui a précédé ce film de 4 ans. Il réussit un savant contraste entre
les sublimes paysages dépouillés et grandioses et les sentiments des
personnages torturés et indécis. Les paysages sont magnifiquement
filmés, le désert y est retranscrit dans toute sa beauté, toute sa
majesté et sa grandeur. Cette majesté s'oppose à l' histoire de ces
deux êtres qui s'aiment mais qui ne se trouvent que dans la souffrance
de la maladie. Ils sont pathétiques lorsqu'ils font l'amour au dessus
de la vallée, n'osant pas se jeter l'un sur l'autre, envahis par la
honte du désir.
L'autre volet de la passion est celui traduit
par le désir fou qui se noue entre le touareg et l'héroïne. Ils ne se
comprennent pas, et pourtant, une communication s'établit. La morale
finale est assez conventionnelle et moralisatrice :« Comme nous ne
savons pas quand nous mourrons, nous prenons la vie pour un puits
inépuisable. Tout n’arrive qu’un nombre limité, très limité, de
fois.Combien de fois te rappelleras-tu un après-midi d’enfance qui est
si intimement part de ton être que tu n’imagines pas la vie sans lui ?
Encore quatre ou cinq fois, peut-être même pas. Combien de fois
verras-tu la pleine lune se lever? Peut-être vingt. Et pourtant, tout
paraît être sans limites. »
L'interprétation des acteurs
ne souffre aucune critique, en particulier celle du grand John
Malkovich. Ce point est essentiel, car la beauté du désert laisse
toujours planer la risque de voir basculer ce genre de film vers le
documentaire de luxe. Piège dans lequel, heureusement, Bertucelli n'est
pas tombé. Anthony Minghella s’y cassera les dents six ans plus tard
avec Le Patient anglais, beaucoup plus faible.

Sat, 20 Jan 2007 16:53:58
L'Incompris de Comencini
Fiche technique
*Titre original : Incompreso
*Réalisation : Luigi Comencini
*Scénario : Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi, Lucia Drudi Demby, Giuseppe Mangione d'après le roman de Florence Montgomery
* Producteur : Angelo Rizzoli
*Musique originale :Fiorenzo Carpi
*Image : Armando Nannuzzi
*Montage : Nino Baragli
*Durée : 105 minutes
*Dates de sortie: 19 décembre 1966 (Italie); mai 1967 (Cannes)
Distribution
*Anthony Quayle : John Duncombe
*Stefano Colagrande : Andrea
*Simone Giannozzi : Milo
*John Sharp : Oncle William
*Adriana Facchetti : gouvernante
*Anna Maria Nardini : gouvernante
Critique
Consul
de Grande-Bretagne à Florence, Sir Duncombe vient de perdre sa femme.
Il apprend la triste nouvelle à son fils aîné, Andrea, gamin d'une
dizaine d'années ; par contre, le cadet, Milo, cinq ans, doit continuer
à croire sa mère en vacances et en bonne santé. Les deux enfants, très
liés l'un à l'autre, passent leurs journées à s'amuser comme des fous,
usant la patience de gouvernantes dépassées par leur turbulence. Le
père, toujours retenu par ses fonctions, juge hâtivement la conduite
d'Andrea comme celle d'un garçon insensible et irresponsable. Celui-ci
souffre en silence de la préférence marquée de son père pour Milo,
bambin capricieux et charmeur comme on l'est à son âge.
Milo est
jaloux et s'ingénie à conserver l'exclusivité de l'affection
paternelle. Il y réussit pleinement car il a pris froid et doit se
faire opérer des amygdales. Duncombe est à nouveau fâché car il pense
qu'Andrea est responsable de cet incident. A son retour, Andrea, pour
se prouver qu'il est un homme, va jusqu'au bout de son " audaciomètre
", cette branche d'arbre vermoulue qui surplombe la mare. La branche
casse et, la colonne vertébrale brisée, Andrea meurt sous le portrait
de sa mère après que Duncombe, bouleversé, lui ait dit enfin : "Tu es vraiment le fils que tout père voudrait avoir. "
Jamais
Comencini ne transforme le jeune héros en guimauve geignarde. Au
contraire il encense sa force intuitive. Andrea sait que sa mère est
morte, avant de l'entendre de la bouche de son père. En témoignent, ces
fleurs éparses sur un escalier mortuaire. Ce fluide sensoriel irrite le
père, qui voit sa supériorité bafouée. L'adulte est réduit ici à une
ridicule marionnette, fière de son costume et de son statut social.
Le
cinéaste y explore un thème récurrent de son œuvre : l’enfance. Alors
que dans ses films précédents, il peint la jeunesse la plus misérable
dans une vision optimiste, le cinéaste fait de l’Incompris son film le
plus noir avec la tragique histoire d’un enfant pourtant issu d’une
famille aisée. Avec une grande sureté, Comencini détourne ici le thème
alors en vogue de « l’incommunicabilité » entre adultes, typiquement
homme et femme, pour s’interroger sur la relation parents-enfants. Pour
rendre plus pesante l’incompréhension du père, le metteur en scène
accumule les scènes de vie quotidienne qui établissent dans le détail
le constat d’échec des deux personnages : ceux-ci ne parviennent plus à
s’atteindre ni à s’entendre de quelque manière que ce soit.
Comencini
renforce le sentiment de solitude et l’angoisse que suggère le
personnage d’Andrea en brossant en contrepoint le portrait de Milo,
inconscient, jaloux et à la limite de la perversité. L’Incompris évite
toute dramatisation mélodramatique emphatique : tout ici relève de
l’observation attentive et minutieuse du moindre petit fait et du
moindre geste susceptible de mettre en lumière le creusement du fossé
qui sépare deux êtres proches devenus définitivement étrangers l’un à
l’autre.
Ce film, l'un des plus grands mélodrames du cinéma, fut
très mal reçu par la critique au festival de Cannes 1967, puis à sa
sortie en France en 1968. La presse française se montra plus
enthousiaste lors de la ressortie en 1978. Quelque temps après l'avoir
réalisé, Comencini lui-même qualifia son film de "machine à faire pleurer".

Sat, 20 Jan 2007 13:18:25
Wayne's World
Fiche technique
* Titre : Wayne's World
* Réalisation : Penelope Spheeris
*
Scénario : Mike Myers, Bonnie Turner et Terry Turner, adapté des
personnages des sketches de Saturday Night Live créés par Mike Myers
* Production : Lorne Michaels, Hawk Koch, Dinah Minot et Barnaby Thompson
* Société de production : Paramount Pictures
* Musique : J. Peter Robinson
* Photographie : Theo van de Sande
* Montage : Malcolm Campbell
* Durée : 95 minutes
* Dates de sortie : 14 février 1992 (États-Unis), 28 octobre 1992 (France)
* Sortie DVD : 6 décembre 2001.
Distribution
* Mike Myers : Wayne Campbell
* Dana Carvey : Garth Algar
* Rob Lowe : Benjamin Kane
* Tia Carrere : Cassandra Wong
* Brian Doyle-Murray : Noah Vanderhoff
* Lara Flynn Boyle : Stacy
* Michael DeLuise : Alan
* Dan Bell : Neil
* Lee Tergesen : Terry
* Kurt Fuller : Russell Finley
* Sean Gregory Sullivan : Phil
* Colleen Camp : Mme Vanderhoff
Critique
Dans
la banlieue de Chicago (Aurora, Illinois), Wayne Campbell et Garth
Algar animent une émission qu'ils émettent depuis la cave de leurs
parents. Benjamin Kane, producteur d'une chaîne de télévision locale,
tombe par hasard sur leur programme et les engage, en réalité pour
servir les intérêts de marketing de Noah Vanderhoff, propriétaire de
bornes d'arcade. Parallèlement à la "professionnalisation" de leur
émission, Wayne rencontre Cassandra, bassiste d'un groupe de hard rock,
dont il tombe amoureux. Mais il va devoir se confronter à Benjamin, qui
semble lui aussi intéressé par la jeune femme, et avoir ses propres
idées quant à l'émission.
Schneider Phineras a déclaré: "Si
certaines répliques tombent à l'eau, dans l'ensemble elles font mouche,
et les acteurs jouent très bien leurs rôles d'idiots. Rien que leur
apparition à l'écran suffit souvent à déclencher le rire"
Mike
Myers, connu pour sa trilogie des Austin Powers (parodies des James
Bond), ne recule devant aucun gag et surtout pas les plus honteux, mais
qui s'avèrent suffisamment ridicules pour nous arracher de gros fous
rires. L'histoire n'est pas follement originale, et devient carrément
classique par la suite. Mais ce qui prime avant tout ici ce sont les
gags et blagues du duo. Si certaines répliques tombent à l'eau, dans
l'ensemble elles font mouche, et les acteurs jouent très bien leurs
rôles d'idiots.
Wayne's World, c'est le film de toute une
génération, dont l'adaptation en français a été prise en charge par Les
Nuls en personne. Il fallait leur talent pour retranscrire en français
les expressions de dingues utilisés par les deux compères en VO.
Les
musiques jouent un rôle important dans le film, avec toujours du rock :
entre quelques chansons interprétées par Tia Carrere (dont une reprise
de Fire) et son groupe dans le film, un titre des Red Hot Chilli
Peppers ou encore Foxy Lady de Jimi Hendrix, la musique est
d'excellente composition et au final, c'est la bande son qui fait
passer ce film de la série B au quasi film-culte. (Voir détail de la Bande Originale)

Sat, 20 Jan 2007 13:07:05
B.O de Wayne's World
Bande originale du film Wayne's World de Penelope Spheeris sorti en 1992
* Thème de Wayne's World, composé par Mike Myers et G.E. Smith
* Bohemian Rhapsody, interprété par Queen
* Everything About You, interprété par Ugly Kid Joe
* Romeo And Juliet - Fantasy Overture, interprété par l'Orchestre symphonique allemand de Berlin
* Sound Off, composé par Willie Lee Duckworth
* Dream Weaver, interprété par Gary Wright
* Fire, interprété par Tia Carrere
* Loud Love, interprété par Soundgarden
* String Quartet In G, Opus 54, No.1 - Third Movement, interprété par Aeolian Quartet
* Rock Candy, interprété par BulletBoys
* Loving Your Lovin, interprété par Eric Clapton
* Touch Me, interprété par Tia Carrere
* Blue Hawaii, composé par Leo Robin et Ralph Rainger
* Hot And Bothered, interprété par Cinderella
* Thème de Star Trek, composé par Alexander Courage
* Sikamikanico, interprété par Red Hot Chili Peppers
* Mickey, composé par Nicolas Chinn et Michael Chapman
* Cold Chills, interprété par Kix
* Foxy Lady, interprété par Jimi Hendrix
* All Night Thing, interprété par Temple of the Dog
* Happy Birthday To You, composé par Mildred J. Hill et Patty S. Hill
* Ride With Yourself, interprété par Rhino Bucket
* Why You Wanna Break My Heart, interprété par Tia Carrere
* Feed My Frankenstein, interprété par Alice Cooper
* Making Our Dreams Come True, composé par Norman Gimbel et Charles Fox
* The Murder, composé par Bernard Herrmann
* Time Machine, interprété par Black Sabbath
* Thème de Mission: Impossible, composé par Lalo Schifrin
* Thème de Wayne'S World (extended version), composé par Mike Myers et G.E. Smith
* Ballroom Blitz, interprété par Tia Carrere
Fri, 19 Jan 2007 20:24:06
The Truman Show
Fiche technique
* Titre : The Truman Show
* Réalisation : Peter Weir
* Scénario : Andrew Niccol
* Musique : Philip Glass
* Durée : 103 minutes
* Dates de sortie : : 5 juin 1998( États-Unis) ; 28 octobre 1998 (France)
Distribution
* Jim Carrey : Truman Burbank
* Ed Harris : Christof
* Laura Linney : Meryl / Hannah Gill
* Noah Emmerich : Marlon / Louis Coltrane
* Natascha McElhone : Lauren Garland / Sylvia
* Holland Taylor : La mère de Truman
* Brian Delate : Le père de Truman
Critique
Truman
Burbank mène une vie tranquille, dans une petite ville paisible,
remplie de gens sympathiques. Et pourtant Truman a envie de voir le
monde, et de retrouver une fille dont le regard l'a envouté. Mais tout
semble contraindre Truman à rester là où il est, y compris l'agence de
voyage qui affiche des photos d'avions accidentés. Car Truman est en
fait, bien malgré lui, la star d'une émission de télévision réalité, et
ce depuis sa plus tendre enfance.
Ce film dénonce la vie de
Truman sur le ton de la comédie, plus que sur celui de la
science-fiction. Il est enfermé dans un monde où une seule personne
contrôle tout (le réalisateur). Celui-ci est placé tout en haut du
studio, dans la lune. On peut donc y voir une allégorie de Dieu tout
puissant. D'un autre côté, le maître de Truman semble aussi être le
spectateur et la publicité. En effet, le spectateur décide par le choix
de sa chaîne de l'avenir de l'émission et donc de celui de Truman. Mais
la publicité a aussi un rôle très important dans sa vie. Ses proches
s'adressent régulièrement à lui en utilisant des slogans publicitaires.
L'omniprésence
des caméras et la présence d'acteurs rendent une atmosphère étouffante,
proche de Big Brother. Le réalisateur a tous les pouvoirs sur la vie de
Truman. À la fin, quand Truman cherche à s'échapper, il lui fait une
proposition : rester dans ce monde parfait ou connaître les affres du
monde extérieur. En effet, ce monde artificiel ne connaît pas la
guerre, ni les difficultés du monde réel. Cependant, Truman refuse. Ce
moment du film est un éloge à la liberté. Si Truman sort du jeu il perd
la sécurité d'une vie décidée par l'audimat mais gagne le contrôle de
sa vie.
Les acteurs sont extraordinaires. Jim Carrey défait
complètement son image de clown grimaçant et nous apporte une
performance d'acteur impressionnante de naïveté et de bonheur de jouer.
Ed Harris, qui incarne le producteur et créateur du Show, incarne à la
perfection un personnage reservé et passionné. Les autres acteurs ne
sont pas en reste. Noah Emmerich, Laura Linney et Natasha McElhone font
merveille dans un double-jeu stupéfiant (ils sont chacun des acteurs
jouant des acteurs!).
La réalisation est impeccable, absolument
intriguante et collant parfaitement à l'ambiance surréaliste du film.
Plusieurs plans sont filmés de manière très intéressante, à la manière
des caméras cachées. Le montage associé à un jeu de visage parfait des
acteurs provoque une émotion intense à chaque moment fort du film.
Quelques effets spéciaux jalonnent The Truman Show, rien de
particulièrement impressionnant. Le script est tout bonnement
merveilleux. The Truman Show renferme des trésors qui font les films
cultes. Par exemple, pour dissuader Truman de quitter sa ville natale
pour découvrir le monde, une propagande intense autour du concept "Home
Sweet Home" fait rage dans la ville. Chaque titre de journal, chaque
affiche dans l'agence de voyages en est sournoisement teintée, pour
notre plus grand plaisir.
Enfin, The Truman Show atteint une
profondeur philosophique à laquelle Hollywood ne nous avait pas
habitués. Les sujets traités, la liberté, l'angoisse existentielle, la
paranoïa réel/imaginaire, font du film de Peter Weir (Le Cercles Des
Poètes Disparus), un classique du genre.

Fri, 19 Jan 2007 16:48:21
L'Ecole de la chair, de Benoit Jacquot
Fiche technique
* Titre : L'École de la chair
* Réalisation : Benoît Jacquot
* Scénario : Jacques Fieschi, d'après le roman de Yukio Mishima
* Production : Fabienne Vonier, Zakaria Alaoui et Fabienne Tsaï
* Photographie : Caroline Champetier
* Montage : Luc Barnier
* Pays d'origine : France, Luxembourg, Belgique
* Durée : 110 minutes
* Dates de sortie : mai 1998 (festival de Cannes), 18 novembre 1998 (France)
Distribution
* Isabelle Huppert : Dominique
* Vincent Martinez : Quentin
* Vincent Lindon : Chris
* Jean-Louis Richard : Mr Thorpe
* Marthe Keller : Mme Thorpe
* François Berléand : Soukaz
* Danièle Dubroux : L'amie de Dominique
* Bernard Le Coq : Cordier
* Roxane Mesquida : Marine
* Jean-Claude Dauphin : Louis-Guy
Critique
Curieuse
et disponible, Dominique passe la soirée avec une amie dans une boîte
gay. La jeune femme fixe avec intérêt le barman, qui lui rend son
regard. Chris, un travesti, vient proposer à Dominique les " services "
de ce beau garçon qui s'appelle Quentin. Elle refuse mais reviendra
plus tard inviter celui-ci à dîner. Au matin de leur première nuit
d'amour, Dominique paie la " prestation " de son amant.
Tout, en
apparence, sépare Dominique et Quentin. Directrice d'une maison de
couture, elle a de l'argent, de l'éducation, des relations. Lui est un
gigolo dont le seul loisir est la pratique de la boxe française. Pour
en savoir plus sur lui, Dominique interroge Chris, à l'évidence
amoureux de Quentin qui a, déclare-t-il, des dettes qu'elle s'empresse
d'acquitter. Elle achète des vêtements à son protégé, lui fait passer
un test, - non concluant - de mannequin, puis l'héberge chez elle. Un
avocat ancien amant de Quentin, Soukaz, lui révèle que le jeune homme
se prostitue pour aider sa mère et son frère handicapé. Pourtant
courtisée par Louis-Guy, un restaurateur, par Cordier, un politicien,
Dominique, qui est divorcée, s'attache à son amant en dépit de ce
qu'elle sait de lui, de son sans-gêne, de son absence d'éducation.
Parfois, leur relation devient orageuse mais, toujours, s'apaise après
une étreinte...
Adapté d’un roman de Mishima situé dans le Japon
de l’immédiate après-guerre, L’Ecole de la chair est la version dure
d’une histoire dont le temps et les nombreuses variations avaient poli
les angles d’attaque : un tsunami amoureux et physique entre un jeune
homme et une femme mûre, fulgurant et bref comme tous les séismes de la
passion, nippons ou non.
Cette histoire qui peut arriver tout
le temps et à tout le monde, Benoît Jacquot lui a redonné son caractère
impérieux et intraitable, qui est de n’arriver qu’une seule et
irrémédiable fois, aujourd’hui à Paris, et à personne d’autre que
Dominique et Quentin . Elle travaille dans une maison de couture
parisienne et règne sur ces salons feutrés où l’on vend cher de la
beauté. Lui, il vend la sienne à l’occasion, aux hommes comme aux
femmes, et ne règne que sur le bar de la boîte gay où il travaille. Le
soir où Dominique y échoue avec sa copine Teresa *Danièle Dubroux) sera
une passation de regards et de pouvoirs. Un autre règne va commencer,
celui de Quentin sur Dominique.
L’Ecole de la chair est un
duel continuel (sous l’empire de tous les rapports, de classe, de
force, de chair et d’émotions), parcouru par la violence invisible
d’une vague de fond qui emporte les personnages très loin d’eux-mêmes,
et bien au-delà de l’histoire qui les rassemble et les sépare. Le film
réussit à être à la fois le récit de ce qui arrive à Quentin et à
Dominique, et de ce qu’ils se racontent chacun dans de beaux rêves de
fusion et de troubles fantasmes de prédation.
Benoît Jacquot
n’a peut-être jamais été si loin dans son art de déployer une énergie
physique et mentale, visible et invisible. Comme ces visages filmés en
Scope et en gros plans, à une échelle inhumaine profondément humaine,
L’Ecole de la chair est un film extrêmement captivant et mystérieux, où
la tension est prise dans un mouvement ample qui ne résout et n’épuise
jamais la fascination.

Fri, 19 Jan 2007 16:35:20
Films à partir de 2000
Bienvenue sur le blog des films cultes !
Les films analysés par ordre chronologique:
et bien d'autres sur ce site

*Voir aussi les Films sortis avant 2000
*Gladiator, (2000) de Ridley Scott
*Memento, (2000) de Christopher Nolan
*Nadia (Birthday Girl), (2001) de Jez Butterworth
*The Pledge, (2001) de Sean Penn
*Betty Fischer et autres histoires, (2001) de Claude Miller
*Un Homme d'exception (A Beautiful Mind), (2001) de Ron Howard
*Marie-Jo et ses deux amours, (2002) de Robert Guédiguian
*Chicago, (2002) de Rob Marshall
*Uzak, (2002) de Nuri Bilge Ceylan
*Insomnia, (2002) de Christopher Nolan
*Calculs meurtriers (Murder by numbers), (2002) de Barbet Schroeder
*Irréversible, (2002) de Gaspard Noé
*Nid de guêpes de Florent Emilio Siri
*Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi , (2003) de Peter Jackson
*Old School, (2003) de Todd Phillips
*Match Point, (2005) de Woody Allen
*Black Book, (2006) de Paul Verhoeven
*La Vie des autres (Das Leben der Anderen), (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck
*Quand j'étais chanteur, (2006) de Xavier Giannoli
*Un Jour sur Terre, (2007) de Alastair Fothergil
*Zodiac, (2007) de David Fincher
*Into the Wild (2007) écrit, réalisé et produit par Sean Penn
*Juno (2007) de Jason Reitman
*Cloverfield, (2008) de Matt Reeves
*L'Empreinte de l'ange, (2008) de Safy Nebbou
*Valse avec Bachir, (2008) de Ari Folman


