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Étreintes brisées (Los abrazos rotos) film espagnol de Pedro Almodóvar, sorti en 2009 en sélection officielle du Festival de Cannes 2009.

Analyse critique

Après avoir perdu la vue et l'amour de sa vie dans un accident de voiture, Mateo alias Harry Caine, réalisateur, vit dans l'obscurité. Son passé refait surface à la mort d'un certain Ernesto Martel et la venue d'un jeune artiste du nom de "Ray X" présentant son projet de film.

Dans l’obscurité, un homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote. Dans l’accident, il a non seulement perdu la vue mais aussi Lena, la femme de sa vie. Cet homme utilise deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu’il réalise.

Après l’accident, Mateo Blanco n’est plus que son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l’idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côtés de sa Lena adorée. Aujourd’hui, Harry Caine vit grâce aux scénarios qu’il écrit, et avec l’aide de son ancienne et fidèle directrice de production, Judit García, et du fils de Judit, Diego, qui fait office de secrétaire, dactylo et guide d’aveugle.

Depuis qu’il a décidé de vivre et de raconter des histoires, Harry est un aveugle actif et attractif qui a développé tous ses autres sens pour jouir de la vie, sur fond d’ironie et dans une amnésie volontaire. Il a effacé de sa biographie toute trace de son identité d’origine, celle de Mateo Blanco.

Une nuit, Diego a un accident et Harry s’occupe du garçon, sa mère, Judit, se trouve loin de Madrid et ils décident de ne rien lui dire, pour ne pas l’inquiéter. Pendant les premières nuits de sa convalescence, Diego demande à Harry de lui parler de l’époque où il se nommait Mateo Blanco. Après un moment d’étonnement, Harry y consent et raconte à Diego ce qui s’est passé quatorze ans auparavant avec l’intention de le distraire, comme un père dirait un conte à son enfant pour l’endormir.

L’histoire de Mateo, Lena, Judit et Ernesto Martel est une histoire d’amour fou, dominée par la fatalité, la jalousie, l’abus de pouvoir, la trahison et le sentiment de culpabilité. Une histoire émouvante et terrible dont l’image la plus éloquente est la photo de deux amants enlacés déchirée en mille morceaux.

Le style visuel de Pedro Almodovar, maniaque du détail, amoureux du rouge, est reconnaissable au premier regard. Étreintes brisées est un mélodrame mâtiné de film noir, mais aussi, comme une mise en abyme, une nouvelle déclaration d’amour au cinéma à travers la relation ambiguë entre un cinéaste atteint de cécité et une actrice, amante d’un homme milliardaire. Almodovar ne se cache jamais lorsqu’il fait des allusions, des références, ou des autocitations. Ses films s'offrent comme des sommes, des œuvres pleines qui brillent dans une quasi-saturation de signes, de raisonnements, d'élucidations.

Comme dans La Fleur de mon secret ou La mauvaise éducation, on retrouve une architecture scénaristique complexe sur le thème de l’identité morcelée. Mais les imbrications sont tellement astucieuses et théoriques (flash-back, film dans le film, chausse-trappes) qu’elles menacent de brider l’émotion et de faire sortir les spectateurs les plus cartésiens du récit.

Le film que tourne Harry Caine avec Lena, Femmes et Valises (Chicas y Maletas), est un clin d'œil à Femmes au bord de la crise de nerfs, judicieusement placé vers la fin, et rappelle à la dernière minute que s’il est aujourd’hui rongé par le spleen, l’ancien enfant terrible de la Movida n’a pas oublié non plus qu’il savait faire dans les années 80 des comédies provocatrices, hystériques et échevelées. On retrouve certaines scènes réutilisées comme la préparation du gazpacho ou lorsque Candela rend visite à Pepa (Lena) craignant la police et découvre le lit brûlé, ou encore une fin alternative pour les besoins du tournage où sa voisine Ana (incarnée ici par Rossy de Palma ayant aussi un rôle dans Femmes au bord de la crise de nerfs) la pousse du haut de l'escalier.

Triomphe du récit gigogne, ou plus exactement de la fiction prolifique au sein de laquelle intrigues et époques s'imbriquent ou se juxtaposent, le savoir-faire narratif d'Almodóvar est ici poussé à l'extrême, coq-à-l'âne ou queue de poisson compris. Le récit endosse le maniérisme du grand cinéma romanesque d'antan, tout entier dédié à la beauté de Penélope Cruz, coiffée comme Audrey Hepburn dans Sabrina, elle est à la fois innocente et sensuelle, enfantine et ravageuse.

Distribution

  • Penélope Cruz (VF : Anneliese Fromont) : Magdalena Rivero, dite « Lena »
  • Lluís Homar (VF : Féodor Atkine) : Mateo Blanco / Harry Caine
  • Blanca Portillo : Judit García
  • José Luis Gómez : Ernesto Martel
  • Tamar Novas : Diego García, le fils de Judit
  • Rubén Ochandiano : « Ray X », le fils d'Ernesto Martel
  • Lola Dueñas : la femme qui lit sur les lèvres
  • Ángela Molina : la mère de Lena
  • Ramón Pons : le père de Lena
  • Marta Aledo : Maribel
  • Kiti Manver : Madame Mylene
  • Agustín Almodóvar
  • Rossy de Palma : Julieta

Fiche technique

  • Titre original : Los Abrazos rotos
  • Réalisation : Pedro Almodóvar
  • Scénario : Pedro Almodóvar
  • Production : El Deseo S.A.
  • Musique originale : Alberto Iglesias
  • Image : Rodrigo Prieto
  • Montage : José Salcedo
  • Durée : 2h09
  • Dates de sortie: Espagne : 18 mars 2009; France : 20 mai 2009 (Festival de Cannes)
  • Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2009
  • Fiche Imdb
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux