Sommaire (edit)Le cinéma
LiensDéveloppé grâce à: pmwiki.org |
Assassins et voleurs est un film français de Sacha Guitry sorti en 1957. AnalysePhilippe Dartois s'apprête à se suicider lorsqu'un cambrioleur, Albert Lecayeux, pénètre dans son bureau. Aussitôt, l'idée lui vient de se faire tuer par le malfaiteur. Ce dernier, cependant, artisan consciencieux et d'ailleurs uniquement spécialisé dans le fric-frac, se montre réticent. Malgré l'offre alléchante d'être « couché » sur le testament de sa future victime, sa délicatesse lui interdit d'accepter s'il n'est pas mieux informé. Philippe entreprend de lui raconter son histoire. Il y a dix ans, à Deauville, il a fait la connaissance de Madeleine avec qui il file bientôt le parfait amour malgré la présence d'un mari brutal, dont la jalousie ne fait qu'exciter l'ardeur des amants. Un soir, cependant, il surprend sa femme et l'étrangle. Philippe abat le mari, mais laisse condamner à sa place un cambrioleur qui se trouvait précisément sur les lieux et qui se voit condamner à vingt ans de travaux forcés. Mais Philippe a des remords. Il se sent responsable vis-à-vis de l'innocent voleur et décide de prendre sa place; non en prison, mais dans sa carrière de malhonnête homme. Il réussit d'ailleurs parfaitement dans cette nouvelle profession, sans pouvoir y trouver un apaisement pour sa conscience. C'est alors qu'il décide de se tuer. Albert Lecayeux lui apprend alors qu'il n'est autre que le pauvre cambrioleur, condamné jadis à sa place et Philippe, reprenant goût à la vie, abat ce témoin gênant. Assassins et Voleurs est le dernier et peut-être le meilleur film de Sacha Guitry. Critique de François Truffaut dans les Cahiers du Cinéma:Assassins et Voleurs se place sous le signe de l'immoralité. Tout d'abord immoralité d'un scénario et d'un texte cyniques glorifiant l'adultère, le vol, l'injustice et l'assassinat. Immoralité surtout d'une double réussite financière et artistique, défiant toutes les règles dictées par le bon sens et l'expérience, réussite paradoxale et presque scandaleuse comme nous allons le voir. Assassins et Voleurs, au contraire de tous les films que nous défendons aux Cahiers, est dénué de toute ambition esthétique; on n'y trouve pas même le plus léger indice de conscience professionnelle; une scène de barque, censée se dérouler en pleine mer, a manifestement été tournée sur le sable, l'ascenseur de l'hôtel ne s'élève pas plus que la barque n'avance, le même décor sert plusieurs fois; la longue scène entre Poiret et Serrault, fractionnée en dix ou douze tronçons, a été évidemment filmée en un après-midi avec deux caméras, et si grossièrement qu'en prêtant l'oreille on peut entendre les autobus passer devant le studio-hangar et les machinos du plateau voisin deviser joyeusement à propos de leur casse-croûte. ( ... ) Certains films, parce qu'ils arrivent à un moment donné et qu'ils réunissent certaines particularités, deviennent pour la critique - et à l'insu même de leur auteur des symboles, des filins-drapeaux. Venant après une dizaine de films français soignés, trop soignés, coûteux, trop coûteux, ambitieux et ratés, Assassins et Voleurs, malgré le cynisme de l'entreprise, ses imperfections, symbolise le film sainement produit, conçu et réalisé, c'est-à-dire dont le charme naît malgré le manque de moyens et non pas grâce au luxe comme dans les mauvais films cités plus loin. François Truffaut, Cahiers du cinéma, avril 1957
|