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Citizen Kane est un film américain d'Orson Welles sorti en 1941.

Ce film fait partie de la liste des douze plus grands films établie en 1958.

Analyse

Début des années 1940, Charles Foster Kane meurt dans son manoir de Xanadu, en prononçant dans un dernier souffle « Rosebud » (bouton de rose, en français). Un directeur d'agence s'intéresse à la vie de cet homme, que l'on voit rapidement retracée dans un court film d'actualités : héritant de la fortune de sa mère, il devient un grand magnat de la presse. Il épouse la nièce du président, et espère faire une carrière politique, carrière qui s'interrompt lorsque l'on apprend qu'il trompe sa femme pour une "cantatrice". La première demande le divorce, et Kane épouse alors la seconde, qui demandera finalement elle aussi le divorce. Kane finit par mourir seul dans son immense manoir inachevé.

Le journaliste Thompson est chargé de l'enquête. Plusieurs rencontres vont alors avoir lieu avec différentes personnes ayant côtoyé Kane. Elles sont accompagnées à chaque fois de flashbacks qui expliquent sa vie, et tentent de mettre Thompson sur la voie de Rosebud.

Orson Welles s'est inspiré d'un personnage réel : William Randolph Hearst (1863-1951), qui s'était réfugié dans un château, Hearst Castle, à la fin de sa vie, comme Kane à Xanadu dans le film.

Le narrateur de Citizen Kane est omniprésent et omnipotent. En attestent la première et la dernière scène du film. Ainsi, dès le début du film, une pancarte filmée en gros plan l’interdiction « No trespassing » est immédiatement transgressée par la caméra qui franchit sans problèmes les grilles de Xanadu. Ensuite, la caméra finit par arriver devant la fenêtre de Kane, et par un champ/contrechamp, passe outre cette barrière de verre pour s’immiscer dans la vie du vieillard. De même, lors de la conclusion du film, la caméra décrit au cœur des innombrables objets laissés par Kane des arabesques et finit par aboutir simplement sur une luge dont se saisit un manœuvre pour la livrer à la proie des flammes. L’œil de la caméra aura encore le temps de se rapprocher suffisamment de l’inscription que porte le jouet avant que l’action de la chaleur ne la fasse définitivement disparaître : « Rosebud », le mot qu’avait prononcé le mourant.

Rosebud, le fameux mot-clé prononcé par Kane, veut dire littéralement bouton de rose. On dit que ce mot était utilisé par William Randolph Hearst pour désigner le clitoris de sa maîtresse, Marion Davies. Certains estiment que c'ets une des raisons pour lesquelles William Randolph Hearst a essayé d'interdire le film à sa sortie.

Contrairement aux traditions de l’époque, Welles décide de raconter la vie de Charles Foster Kane sous la forme de flashbacks. Cependant, afin de ne pas perdre le spectateur, le réalisateur prend la peine de réaliser un « sommaire » grâce à la scène de la bande d’actualité, qui résume la vie de Kane. D’autre part, les flashbacks reprendront un ordre chronologique, avec dans le pire des cas des superpositions (par exemple entre le témoignage de Leland et celui de Susan).

La rupture de Susan avec Kane est ainsi racontée successivement en flashback par deux protagonistes différents, Susan elle-même et le majordome de Xanadu. Kane et Susan connaissent leur dernière altercation, et Kane, impuissant, regarde Susan quitter la pièce et s’éloigner en franchissant différentes ouvertures. Le dernier plan cadrant Susan peut prendre toute sa dimension dans la mesure où c’est elle qui relate leur séparation. Thompson interroge ensuite le majordome dont les souvenirs font l’objet du flashback suivant, qui débute de manière abrupte (par un cri de perroquet) au moment où le majordome voit Susan partir. Welles choisit ainsi de couvrir la fin de la liaison entre Kane et Susan Alexander par deux personnages différents. La construction en flashbacks remplit ici son office car elle autorise une variation sur ce qui avait déjà été dit auparavant en ménageant un nouveau point de vue. Plus précisément la rupture était déjà connue lors du flashback précédent mais peut-être vue dans toute sa continuité grâce à la présence du majordome qui assure sa fluidité à la narration.

Le recours à la profondeur de champ est omniprésent dans Citizen Kane. Comme pour le flashback, c’est la systématisation du procédé plus que le procédé lui-même qui marque une date dans l’histoire du cinéma.

Un plan devenu à ce titre exemplaire est celui de la découverte de la tentative de suicide par Kane. L’image montre en amorce le verre et la fiole tandis que Kane force la porte à l’arrière plan, Susan respirant avec difficulté sur sa couche faisant office d’intermédiaire. On sait que ce plan n’a pas été effectué en une seule prise mais que la mise au point a été successivement faite sur les différents composants du plan avant intégration dans une image unique.

De même, l’enfance de Kane qui fait l’objet des mémoires de Thatcher est représentée par la même méthode. La séquence débute par des images du jeune Charlie Kane jouant dans la neige avec sa luge. Puis, un travelling arrière fait comprendre que le point de vue se situait à l’intérieur de la maison familiale. Les jeux du garçon seront désormais perçus en arrière plan tandis que son proche avenir est débattu dans le foyer, les deux plans étant nets.

De nombreux plans de Citizen Kane sont soit en plongée, soit en contre-plongée. La plongée traduira souvent l’exaltation (le discours de Kane contre Gettys) tandis que la contre-plongée enregistrera les périodes de doute et d’échec (la demande de mutation de Leland à Kane après la débâcle électorale, la destruction de la chambre après le départ de Susan par Kane).

Welles aime à faire appel à des effets spéciaux pour enrichir son film. On peut citer quatre exemples dans Citizen Kane :

  • la scène de Leland parlant à Thompson à l'hôpital est jouée devant un mur blanc, des diapositives créeront le fond par la suite.
  • les vues extérieures de Xanadu et la foule du meeting politique sont des illusions : ce sont en réalité des toiles peintes.
  • la scène où Gettys surveille le discours de Kane depuis le poulailler possède une caractéristique très particulière : chaque moitié d'image a été filmée séparément puis rassemblée, ce qui permet de voir nettement les deux personnages.
  • le suicide de Susan a été filmé en 3 fois, pour pouvoir avoir les 3 plans nets. Seul un plan est éclairé et filmé, puis la bobine est rembobinée et le plan suivi est éclairé, et ainsi de suite.

Distribution

  • Orson Welles : Charles Forster Kane
  • Buddy Swan : Charlie Kane à 8 ans
  • Joseph Cotten : Jedediah Leland
  • Dorothy Comingore : Susan Alexander, seconde épouse de Kane
  • Agnes Moorehead : la mère de Kane
  • Harry Shannon : le père de Kane, aubergiste dans le Colorado
  • Sonny Bupp : le fils de Kane
  • Ruth Warrick : Emily, première épouse de Kane
  • Ray Collins : James W. Gettys
  • Erskine Sanford : Carter
  • Everett Sloane : Bernstein
  • William Alland : Thompson
  • Paul Stewart : Raymond
  • George Coulouris : Thatcher, tuteur de Charlie Kane
  • Fortunio Bonanov : Matiste
  • Gus Schilling : le maître d'hôtel
  • Philip Van Zandt : monsieur Rawlston
  • Georgia Backus : madame Anderson

Fiche technique

  • Titre original : Citizen Kane
  • Réalisation : Orson Welles
  • Production : Orson Welles
  • Scénario : Herman J. Mankiewicz, Orson Welles et John Houseman
  • Photographie : Gregg Toland
  • Décors : Darell Silvera
  • Effets spéciaux : Vernon L. Walker
  • Montage : Robert Wise, Mark Robson
  • Musique : Bernard Herrmann
  • Durée : 119 minutes
  • Sortie : New York, 1er mai 1941

Récompense

  • Oscar du meilleur scénario original 1941 (décerné en 1942)


Original: source Wikipédia

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux