Sommaire (edit)Le cinéma
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Intolérance est un film muet américain de D.W.Griffith, sorti en 1916 AnalyseLe scénario se développe sur quatre volets, introduits par l'image leitmotiv d'une nourrice berçant un nouveau-né :
Le film alterne les séquences concernant les 4 époques. "Un film pour la postérité, pour la vérité, pour la beauté" : tel fut le voeu de Griffith en composant le quatuor monumental d'intolérance, cathédrale flamboyante de l'art muet. Le précédent film de Griffith, La naissance d'une nation avait provoqué de remous aux États-unis. son succès reposait sur un malentendu : D. W. Griffith (1875-1948), en patriote doublé d'un grand cinéaste, avait voulu donner à l'Amérique sa Chanson de Roland; on lui fit grief d'avoir réveillé les vieux démons du racisme. Pour faire taire ses détracteurs, il entreprit un film de plus grande envergure encore, mais dont la portée humaniste serait sans équivoque. Il s'inspira d'un épisode réel de la chronique judiciaire contemporaine : le procès d'un gréviste accusé à tort du meurtre de son employeur. Le film s'intitule alors Mother and the Law (La mère et la loi). il entend fustiger l'intolérance sous toutes ses formes, l'intolérance qui a « martyrisé Jeanne d'Arc... détruit la première presse... inventé les sorcières de Salem ... » Dans une impulsion de fièvre créatrice, le cinéaste décida d'élargir ce simple fait divers aux dimensions d'une vaste fresque sociale, incluant des exemples fameux d'intolérance à travers les siècles. Autour du noyau moderne et « réaliste » vont se greffer comme autant d'amples métaphores, les spectres des guerres de Religion (le génocide huguenot au XVIe siècle), de l'effondrement de Babylone et de ce qui reste l'injustice suprême: la crucifixion de Jésus. Trois plaies au flanc de l'histoire des sociétés, qu'il importe de conjurer à tout jamais, surtout dans le contexte d'une nation moderne où elles ont tendance à se rouvrir. D'un cas banal d'erreur judiciaire, il passe au «drame solaire de tous les âges de l'humanité ». D'immenses décors furent édifiés (dont un d'une hauteur de cent mètres pour l'épisode babylonien), des milliers de figurants recrutés; le budget total atteignit deux millions de dollars, engloutissant les bénéfices de La naissance d'une nation et menant la firme productrice, la Triangle, où Griffith était majoritaire, au bord de la ruine. Les audaces du réalisateur ne se limitèrent pas à cette luxuriance décorative, dont Hollywood sera, par la suite, familier. Développant les principes du montage alterné élaborés dans La naissance d'une nation, il conçoit son film comme une sorte de symphonie en quatre mouvements, entrecroisant les épisodes, sautant d'une époque et d'un lieu à un autre, multipliant les télescopages et les liaisons symboliques: au massacre des protestants répond la répression des grévistes de 1914, aux roues des chars de Cyrus celles d'une automobile vrombissante... Il en résulte une « grêle d'images », au rythme haletant, quasi hugolien, culminant dans un admirable crescendo final, où le familier se mêle au grandiose, le quotidien au sublime. Certains n'ont voulu voir là que «tohu-bohu inexplicable» (Delluc) et « lyrisme emphatique » (Sadoul), alors que l'on y approche des « ténébreuses échappées ruisselantes » d'un Walt Whitman - auquel le leitmotiv du berceau se balançant sans fin est explicitement emprunté. Présenté en septembre 1916, à la veille de l'entrée en guerre des États-Unis, Intolérance eut un succès médiocre. Comme le note Jean Mitry, « le moment était mal venu de prêcher la fraternité universelle, et l'oeuvre fut retirée de la circulation ». Son influence n'en fut pas moins énorme à l'étranger, sur des auteurs tels que Carl Dreyer Abel Gance ou Serguéi M. Eisenstein. Griffith se cantonna à partir de 1918 dans le mélodrame intimiste (Le lys brisé, Le pauvre amour), la comédie fantastique (La rue des rêves, La nuit mystérieuse) et le document historique (Pour l'indépendance, Abraham Lincoln), manifestant toujours le même prodigieux sens dramaturgique et plastique. Son dernier film, parlant, The Struggle, date de 1931. Sa mort en 1948 passa inaperçue. Distribution
Fiche technique
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