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L'Ivresse du pouvoir est un film français réalisé par Claude Chabrol, sorti en 2006.

Analyse

Un important groupe industriel international a servi d'instrument pour de vastes opérations et les commissions associées. Une juge d'instruction surnommée la piranha pénètre des secrets, mais ce pouvoir est arbitré non seulement par les puissants hommes d'affaires mais aussi d'autres facteurs notamment politique plus ou moins occultes.

À travers l'investigation se fabrique le pouvoir. Grisée par l'expansion de la mise en examen de Humeau, Jeanne Charmant Killman (tuer l'homme), juge d'instruction, n'est plus en mesure de contrôler un territoire attirant, la mise à nue d'une vie privée. Jeanne s'aperçoit des opportunités immenses qu'offrent son métier en l'exerçant. Elle perquisitionne, fouille les armoires, confisque les portables. Rien ne lui résiste. Humeau, d'abord arrogant, se soumet. Le rapport sado-masochiste s'étend ensuite à son mari délaissé qui, malgré ses incessants cris d'impuissance, ne parvient pas à corriger la lente dérive obsessionnelle de Jeanne, qui ne respecte plus qu'elle même.

Dès les premières images de L'Ivresse du pouvoir, on sait qu'on entre dans une comédie vacharde de haut vol, acide et jubilatoire. Soit donc, à l'écran, un capitaine d'industrie, chemise bicolore à col blanc, quittant son bureau en jonglant avec ses téléphones portables et ses secrétaires : il faut répondre à sa maîtresse, mais aussi prévoir les vacances des enfants, et puis aussi s'assurer qu'à l'hôtel de l'adultère les oreillers seront bien hypoallergéniques.

Le personnage en question ne s'appelle pas Le Floch-Prigent, mais personne n'est dupe. Il s'agit bien sûr d'une adaptation de l'affaire Elf et du juge Eva Joly, ce scandale politico-financier qui conduisit sur le banc des accusés le gratin d'une société d'Etat. En première analyse L'Ivresse du pouvoir est une réflexion morale sur les abus de pouvoir. Abus de la part de ceux qui, censés défendre les intérêts de la France, piquent l'argent des contribuables pour vivre dans le luxe et entretenir des poules. Et abus aussi, pourquoi pas, de celle qui les met en examen, se plaît à déjouer leurs stratégies de défense, se prend au jeu de cette puissance-là. On jurerait que Chabrol se fiche de la psychologie comme de dénoncer l'iniquité de ceux qui nous gouvernent. Mais ce qui le passionne, c'est d'installer un petit théâtre ludique et méchant, de filmer des pantins veules et pathétiques mis en pièces par une prédatrice. Saisir les ambitions et les ridicules d'une faune intemporelle, qui doit autant à Balzac qu'à la Ve République.

En prime il y a Isabelle Huppert, fidèle chabrolienne. Elle se confond avec son personnage avec ce naturel décalé, cette fausse simplicité, incroyablement élaborée, qui sont sa marque, c'est elle, donnant en permanence le spectacle de son propre travail. Huppert a fait de son jeu une stratégie permanente, et la voilà qui joue une stratège. Son art de feindre l'indulgence – consentir à descendre, d'un sourire, vers le commun des prévenus, et donc des mortels – est profondément jouissif.

Avec la complicité active du cinéaste, l'actrice emmène le film loin du réalisme, vers une forme curieuse de fantastique. Il faut la voir, insomniaque, arpenter son grand appartement haussmannien comme un fantôme, à l'image de cet époux qu'elle délaisse au point de le transformer, lui aussi, en ectoplasme. Il y a du vampire en elle, et c'est un ballet de spectres que saisit alors le cinéaste, s'attardant à des plans insolites, des couteaux qu'on range, un évier qui se vide.

Mais il ne faut pas négliger le substrat politique de ce film à la fois drôle et infiniment mélancolique : un monde qui fout le camp, une certaine idée de la France en monarchie républicaine, de vieux notables contre des énarques profiteurs. Avec une bonhomie misanthrope, Chabrol renvoie dos à dos ces ombres condamnées à disparaître. Elles lui offrent pourtant l'un de ces magnifiques trompe-l'œil dont il est passé maître.

Distribution

  • Isabelle Huppert : Jeanne Charmant-Killman
  • François Berléand? : Humeau* Patrick Bruel : Sibaud
  • Marilyne Canto : Erika
  • Robin Renucci : Philippe
  • Thomas Chabrol : Félix
  • Jean-François Balmer : Boldi
  • Pierre Vernier : le président Martino
  • Jacques Boudet : Descarts
  • Philippe Duclos : Holéo
  • Jean-Christophe Bouvet : Maître Parlebas
  • Roger Dumas : René Lange
  • Michelle Goddet : Nicole Humeau
  • Yves Verhoeven : Benoît, le greffier
  • Pierre-François Dumeniaud : Leblanc

Fiche technique

  • Titre : L'Ivresse du pouvoir
  • Réalisation : Claude Chabrol
  • Scénario : Odile Barski et Claude Chabrol
  • Production : Patrick Godeau, Françoise Galfré et Alfred Hürmer
  • Société de production : Alicéléo
  • Musique : Matthieu Chabrol
  • Photographie : Eduardo Serra
  • Montage : Monique Fardoulis
  • Décors : Françoise Benoît-Fresco
  • Genre : Comédie dramatique
  • Durée : 110 minutes
  • Dates de sortie : 16 février 2006 (festival de Berlin), 22 février 2006 (France)

Récompenses

  • Nomination à l'Ours d'or, lors du Festival de Berlin 2006.


Source partielle: Wikipédia

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux