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L'Efrontée film français réalisé par Claude Miller et sorti en 1985.

Analyse

Charlotte, adolescente de 13 ans, vit en province au bord d'un lac, avec son père, modeste artisan, son frère et Léone, la bonne. Pour elle, l'été s'annonce sans attrait. Elle reste sur place, n'a qu'une seule amie : Lulu, 8 ans, malade et véritable pot-de-colle. Le regard boudeur de Charlotte, gamine en mal d'identité, tombe par hasard sur l'image, à la télé, de Clara Bauman, treize ans comme elle, mais pianiste prodige, belle et blonde à pleurer.

Elle la croise par hasard. Eblouie, aveuglée, Charlotte va rompre les amarres, fuir le quotidien vers les rivages enchantés, la Beauté, le Bonheur. Le hurlement de la petite Lulu, sa seule amie, met fin au voyage : c'est l'appel au secours d'une désespérée. Charlotte ouvre les yeux ; elle allait se tromper d'histoire d'amour.

Entourée et surprotégée, Clara retrouve en compagnie de Charlotte quelques bribes d'une enfance qu'elle n'a sans doute jamais vraiment eue. Charlotte, au contraire, croit auprès d'elle accéder à l'âge adulte. Et lorsque Carla lui dit qu'elle aimerait bien l'avoir pour imprésario, elle ne comprend pas que la petite virtuose fait seulement semblant de croire possible ce qu'elle imagine, ainsi que le font les enfants dans leurs jeux. Lui prêter sa plus belle robe relève du même type de comportement, alors que Charlotte voit dans le geste le signe qu'elle accède vraiment à un univers dont elle rêve, dans lequel le glamour règne en maître.

Le physique même de Clara, sa façon d'être trahissent le glamour aussi bien que le mode sur lequel est traité la musique : lorsque Clara jour Mozart au bord de la piscine, Miller donne à entendre un orchestre manifestement absent.Charlotte ne distingue pas vraiment le jeu de la réalité, alors que Clara a trop l'habitude de se trouver en représentation pour ne pas savoir faire la part de choses.

La trouvaille la plus importante du scénario est le personnage de Lulu, espèce de demi-sœur par adoption de Charlotte. Geignarde, ça et là, critique spontanée, cette envahissante cadette rend banales les copines habituelles d'un certain cinéma français. De Charlotte, elle est la double parodique et révélateur : malade plus ou moins imaginaire, elle incarne ce qui reste de puéril chez l'héroïne sous son double aspect, fuite en arrière face à l'inconnu et rémanence douillette.

La fin du film est construit comme un suspense digne d'Hitchcock. Lulu , en tant qu’enfant, ne connaît pas les frontières entre le rêve et la vie. L'idée de perdre Charlotte lui est insupportable et son cri marque l'intrusion violente du réel dans le dernier rêve de Charlotte. Le rêve de Charlotte éclate en morceaux. Charlotte quitte alors définitivement son enfance. L'instant n'est plus au rêve. Elle est là pour soutenir Lulu, et Miller achève le film par une image plus grave qu'il n'y paraît. Lulu et Charlotte, immobiles, se tiennent la main en regardant le lac aux eaux stagnantes.

Le film est traité de façon intimiste, par petites touches, sobrement, reposant sur la présence remarquable de Charlotte Gainsbourg.

Distribution

  • Charlotte Gainsbourg : Charlotte
  • Bernadette Lafont : Léone
  • Jean-Claude Brialy : Sam
  • Julie Glenn : Lulu
  • Clothilde Baudon : Clara Bauman
  • Jean-Philippe Ecoffey : Jean
  • Raoul Billerey
  • Simon de La Brosse : Jacky

Fiche technique

  • Réalisateur: Claude Miller
  • Scénario : Claude Miller, Luc Béraud, Bernard Stora et Annie Miller
  • Productrice : Marie-Laure Reyre
  • Musique originale: Alain Jomy
  • Photographie : Dominique Chapuis
  • Date de sortie : 11 décembre 1985
  • Durée : 1h36
  • Deux Césars
  • Prix Louis Delluc pour 1985
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux