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L'Énigme du Chicago Express film américain de Richard Fleischer, sorti en 1952

Analyse critique

Walter Brown et Gus Forbes, deux amis inséparables et agents fédéraux de la police américaine ont pour mission de conduire Mrs Neal, veuve d'un gangster notoire, de Chicago à Los Angeles. La jeune femme doit témoigner devant un grand jury et transmettre une liste de personnes compromises dans les affaires de son défunt mari. Dans son prologue, avant que les personnages principaux montent dans le train, le film recourt aux codes visuels du film noir, milieu interlope, rues nocturnes, flics bourrus, éclairage expressionniste avec son noir et blanc contrasté qui découpe l’espace en zones claires et sombres. Une première scène d’action, où l’on découvre un tueur tapi dans l’ombre grâce aux perles tombées du collier cassé de la veuve sous protection, en est un parfait exemple.Dès la prise en charge, Forbes est tué alors que Mrs Neal était visée. Elle embarque discrètement dans le rapide pour Los Angeles sous la protection de Brown désormais seul, et qui repère tout de suite un individu suspect qui semble l'observer.

Dans le train, Brown fait la connaissance d'une jolie voyageuse, Ann Sinclair. Plusieurs personnages louches gravitent autour de lui : Kemp, un gangster, Yost qui lui propose 30 000 dollars pour qu'il relâche un instant sa surveillance, le gros Sam Jennings, et Densel, sans doute le chef de la bande. Kemp et Densel parviennent à exécuter Mrs Neal.

Mais la supposée veuve abattue était en réalité une auxiliaire de la police destinée à détourner les tueurs de la véritable Mrs Neal, qui s'est déguisée sous les traits d' Ann Sinclair. Densel, qui a été prévenu par télégramme, séquestre maintenant cette dernière pour lui faire avouer où se trouve la liste compromettante. Aidé par Jennings qui n'est autre que l'inspecteur du train, Brown parviend à sauver son témoin en tuant le gangster à travers la porte du compartiment.

Tourné très rapidement (13 jours) et sans grandes vedettes, le film, assez court (71 minutes) brille, grâce au talent du réalisateur, par son laconisme, son efficacité, la tension, l'action incessante et l'absence de temps mort. L'énigme du Chicago express amène toutes ces notions à leur limite extrême de virtuosité et notamment à cause de l'exiguïté du décor du train où se déroule les trois quarts de l'action, et constitue une sorte de précis de la mise en scène hollywoodienne telle qu'on la pratiquait à son plus haut niveau dans le film noir et la série B.

Fleischer parvient à créer une tension continue grâce aux incessants déplacements de ses personnages, dont bien entendu le policier chargé de la protection du témoin. Toujours sur le qui-vive, ce dernier ne cesse de parcourir le train express de long en large afin d’accomplir sa mission. Lorsque le film s’accorde une pause, c’est-à-dire quand on arrête de sillonner les couloirs étroits et les compartiments, ce sont les jeux de regard qui maintiennent le trouble et l’anxiété. Le détective Brown, monté sur un ressort, devient le pivot de ces scènes, toujours prêt à bondir pour retourner une situation critique à son avantage. Ce policier dur et impitoyable est interprété par Charles McGraw, second rôle célèbre habitué aux rôles de flics et de truands. Excepté lors d’une séquence où on le voit hésiter devant une tentative de corruption, et malgré un sentiment de culpabilité du à la mort de son partenaire, Brown ne montre quasiment aucune faille, ne dévoile rien de sa psychologie.

Si brillant qu'il soit le film est loin d'être un pur exercice de style. C'est aussi un film d'auteur à part entière, ne serait-ce que par cette absence d'humour et d'ambiguïté morale chez le héros par lequel Fleischer affirme ses choix et le ton de gravité qu'il entend donner à son récit. L'aspect tragique, absurde, improbable et presque suicidaire de la condition policière est décrit. On assiste en effet à une tragicomédie des erreurs. Gus Frobes, le partenaire du héros mourra pour rien, de même que la femme flic qui aura donné sa vie pour tester l'honnêteté de son collègue. Quant à la véritable Mrs Neil, elle n'aurait eu besoin de personne pour arriver saine et sauve à Los Angeles et c'est sa rencontre fortuite avec le policer qui mettra ses jours en danger.

La noirceur n'est pas seulement la caractéristique conventionnelle ou structurale d'un genre mais l'indice certain, quoique traité avec une grande modestie esthétique, d'une grave crise morale qui gangrènera de plus en plus la civilisation urbaine américaine.

Distribution

  • Charles McGraw : Walter Brown
  • Marie Windsor : Mme Frankie Neall
  • Jacqueline White : Ann Sinclair
  • Gordon Gebert : Tommy Sinclair
  • David Clarke : Joseph Kemp
  • Peter Brocco : Vincent Yost
  • Peter Virgo : Densel
  • Paul Maxey : Sam Jennings
  • Don Beddoe : Gus Forbes
  • Don Haggerty : Détective Wilson

Fiche technique

  • Titre original : The Narrow Margin
  • Réalisation : Richard Fleischer
  • Scénario : Earl Felton, d'après une histoire de Martin Goldsmith, Jack Leonard
  • Chef-opérateur : George E. Diskant
  • Format : Noir et blanc
  • Production : RKO Radio Pictures
  • Montage : Robert Swink
  • Durée : 71 minutes
  • Date de sortie :3 mai 1952
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux