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La Forêt de Mogari (殯の森, Mogari No Mori) film japonais et français de Naomi Kawase, sorti en 2007, Grand Prix du Festival de Cannes en 2007

Analyse

À l’est de Nara, ancienne capitale du Japon, se trouve la forêt de Mogari. Shigeki, un vieil homme vit dans une petite maison de retraite sous le regard bienveillant d'une jeune aide-soignante, Machiko.

À la suite d'un accident de voiture, Shigeki et Machiko se retrouvent seuls et désemparés. Lorsque le vieil homme s'enfonce dans la forêt voisine, Machiko n'a d'autre choix que de le suivre. Tous deux partagent la perte d’un être cher sans parvenir à en faire le deuil. Mais au cœur de cette nature, protectrice et bienveillante, ils vont à nouveau se sentir vivants.

Avec La Forêt de Mogari, Naomi Kawase revient à Cannes dix ans après avoir remporté la Caméra d’Or pour Moe No Suzaku et quatre ans après avoir présenté Shara en Compétition. Le thème du deuil est au centre de La Forêt de Mogari. « Mogari » désigne en effet la période consacrée au deuil ou le lieu du deuil.

Si le film de Kawase comporte certaines longueurs, sa vision onirique de l'acceptation du deuil est bouleversante. Très peu de dialogues, beaucoup d'indices et une photo réaliste mais de toute beauté. La Forêt de Mogari choisit la voie de la nature et de la contemplation, et malgré les dieux toujours très proches, une approche plus qu'humaine et en cela, bien plus touchante.

Déclarations

La réalisatrice Naomi Kawase évoque la relation entretenue par ses deux personnages principaux : « Ils partagent un lourd secret : la perte d’un être cher et le temps du deuil. C’est une grande empathie qui les lie l’un à l’autre et non un sentiment de tristesse. Ceux qui ont perdu un être cher sont souvent plus sensibles à la douleur des autres. Une fois que Shigeki et Machiko pénètrent dans la forêt, c’est cette dernière qui les protège et veille sur eux. La nature existe en soi, indépendamment de toute intervention de l’homme. On s’y sent protégé. (…) Quand je cherche à exprimer ce sentiment de sécurité que m’inspire une telle force invisible à l’œil nu, j’ai recours aux images. »

Naomi Kawase sur son expérience personnelle : « Mon expérience personnelle est basée sur ma petite enfance. J’ai été élevée par des gens beaucoup plus âgés que moi puisque j’ai été élevée par ma grand-tante, et j’avais donc deux générations de décalage avec elle. C’est elle qui m’a appris à respecter le soleil, le feu, la nourriture. J’ai été élevée dans cette relation mystique avec la nature et avec ce qui m’environnait. Je devais aussi respecter tout ce qui est transmis de génération en génération. C’est un peu le fruit de mon expérience personnelle et c’est ce qui m’a construite. »

Naomi Kawase sur la genèse du projet : « J’ai voulu faire ce film, parce que ma grand-mère était atteinte de légère démence sénile et dans la société actuelle, on considère ces personnes un peu de haut, avec de la pitié. On oublie que ça peut nous arriver. On les considère aussi comme des êtres qui sont à plaindre, alors qu’en fait, leur âme est restée intacte. Ils ont encore des âmes d’être humain avec des sentiments et on oublie l’importance que l’on doit accorder aux sentiments. Il faut replacer l’âme au centre de la relation humaine. »

Lors de la Cérémonie de remise des Prix: « C’est formidable d’avoir pu faire des films et de continuer à en faire. Je suis contente. C’est très dur d'en faire. Je crois que c’est aussi dur que de vivre ; cela ressemble à la vie. Dans une vie, il y a beaucoup de difficultés, il y a beaucoup de choses qui vous font souffrir, il y a beaucoup de choses qui vous font hésiter ou trébucher sur le chemin. Je crois, à ce moment, qu'on cherche quelque chose au fond de soi qui peut nous redonner de la confiance et de la force. On essaie de se trouver des forces – ce n’est pas l’argent, des voitures ou des vêtements - ce n’est pas forcément quelque chose de visible. Ça peut être le vent, la lumière, le souvenir des Anciens. Et quand on trouve ce point d’appui dans le monde, on peut être tout seul et continuer. Merci d’avoir apprécié mon film, d’avoir reconnu ce que je voulais dire dedans. Merci beaucoup ! Ce monde est formidable. »

Distribution

  • Shigeki Uda : Shigeki
  • Machiko Ono : Machiko
  • Makiko Watanabe : Wakako
  • Kanako Masuda : Femme de Shigeki
  • Yohichiro Saito : Mari de Machiko

Fiche technique

  • Titre original : 殯の森, Mogari No Mori
  • Réalisation : Naomi Kawase
  • Scénario et dialogues : Naomi Kawase
  • Image : Hideyo Nakano
  • Montage : Yuji Oshige
  • Musique originale : Masamichi Shigeno
  • Production : Naomi Kawase ; Christian Baute
  • Durée : 97 minutes
  • Dates de sortie: 26 mai 2007 (Cannes) ; 23 juin 2007 (Japon)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux