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Le Garçon aux cheveux verts (The Boy With Green Hair) film américain de Joseph Losey, sorti en 1948.

Analyse critique

Dans un commissariat, Peter Frye , un jeune garçon chauve d’une dizaine d’années, est interrogé par deux policiers qui n’arrivent rien à en tirer. On appelle à l’aide le Dr Evans, un psychologue qui, en partageant son maigre repas avec lui, réussit à lui faire raconter son histoire. Le film se poursuit par un long flash-back.

Orphelin à la suite d'un bombardement sur Londres, le petit Peter Frye est recueilli par un vieil artiste de cirque, Gramp, qui manifeste tant d'affection et de gentillesse pour l'enfant que celui-ci se laisse peu à peu apprivoiser. Miss Brand, sa nouvelle institutrice, lui prête d'autant plus d’attention qu'elle sait que Peter est pupille de la Nation et ne peut se consoler de la perte de ses parents, malgré toutes les prévenances de Gramp. Quelle n'est pourtant pas la surprise de Peter, un matin, de sortir du bain avec les cheveux verts ! Du jour au lendemain, il devient l'objet, puis la victime de la curiosité de ses petits camarades et des adultes qui se moquent de lui. Personne ne peut trouver d'explication à cette extraordinaire situation. Peter est devenu le souffre-douleur ses camarades de classe et les habitants de la ville qui ont peur de la contagion.

Désirant au début retrouver sa teinte d'origine, il rencontre dans la forêt d'autres orphelins, tout droit sortis d'affiches de la Croix rouge. Ceux-ci le persuadent que ses cheveux verts sont un symbole pour qu'enfin la guerre cesse et qu'il n'y ait plus d'orphelins sur terre. Ces fantômes lui font néanmoins comprendre, qu’au contraire, cette unicité est un signe et qu’il devrait s’en servir pour devenir leur porte-étendard, le symbole de la nécessité du devoir de mémoire. Il revendique avec enthousiasme sa différence, mais Gramp le persuade de se tondre la tête, ce qu'il fait devant ses voisins, la mort dans l’âme. Gramp comprend alors qu'il a été lâche. Mais il est trop tard, Peter fugue.

Après de nombreux travaux théatraux, Joseph Losey réalise dans les années 40 plusieurs documentaires éducatifs pour la National Youth Administration et découvre des comédiens à fort potentiel, les enfants. Il n’est donc pas étonnant que son premier long métrage, ce Garçon aux cheveux verts, en choisisse un pour personnage principal. Losey sera toujours très critique envers son premier essai ; Malgré quelques maladresses, ce film est une allégorie poétique plastiquement superbe, et le virage pris par les auteurs pour passer d’une fable cruelle sur l’intolérance au message sincère qui consiste à faire comprendre à une majorité qu’il faudrait désormais tout faire pour qu’il n’y ait plus jamais de guerre est grandement appréciable. Même si à postériori elle pourrait sembler d’une grande naïveté, la démonstration était, à l’époque de la Chasse aux Sorcière, sacrément courageuse. Le cinéaste et les scénaristes la paieront d’ailleurs le prix fort : ils seront ainsi tous "blacklistés".

Certes le message sur l’exclusion un peu trop appuyé, la leçon d’apprentissage bien gentillette, mais il faut se reporter à l'époque du tournage, encore belliciste, raciste et simplificatrice et la générosité des auteurs est telle qu’elle finit par emporter le morceau d’autant que la mise en scène est belle. Le soin apporté à l’esthétique du film montre un travail remarquable sur la lumière et les décors ainsi qu’une superbe utilisation du Technicolor, ici la palette de couleurs pastels faisant d’autant plus ressortir le vert des cheveux et "irréalisant" encore plus cette fable pleine d’une rare poésie.

Distribution

Dean Stockwell : Peter Frye Pat O'Brien : Gramp Robert Ryan : Dr Evans Barbara Hale : Miss Brand Richard Lyon : Michael Walter Catlett : "Le Roi" Samuel S. Hinds : Dr Knudson Regis Toomey : Mr Davis Charles Meredith : Mr Piper David Clarke : Barbier

Fiche technique

  • Titre original : The Boy With Green Hair
  • Réalisation : Joseph Losey
  • Scénario : Ben Barzman et Alfred Lewis Levitt, d'après une histoire de Betsy Beaton
  • Images : George Barnes
  • Musique : Leigh Harline ; chansons : Eden Ahbez
  • Producteur : Adrian Scott, Stephen Ames, Dore Schary
  • Production : RKO - Dore Schary production
  • Pays d’origine : États-Unis
  • Durée : 82 minutes
  • Date de sortie, États-Unis : 16 novembre 1948
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux