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Le Goût de la cerise est un film iranien (co-produit par la France), réalisé, écrit, produit et monté par Abbas Kiarostami, sorti en 1997.

Analyse

Monsieur Badii, homme d'une cinquantaine d'années, désespéré, se met en quête de quelqu'un qui accepterait, moyennant finances, d'effectuer une tâche spéciale (en l'occurrence le "suicider"). Il parcourt en Range Rover les faubourgs de Téhéran puis les petites routes des collines désertiques alentour, au milieu de chantiers et de carrières. Il s'arrête auprès d'hommes qu'il croise et leur pose une étrange question : accepteraient-ils un travail vite fait et bien payé ? L'un d'eux, que Badii a entendu avouer au téléphone des besoins d'argent, se méprend même sur cette proposition et semble furieux.

M. Badii ramène un jeune soldat originaire du Kurdistan vers sa caserne et précise ce qu'il veut : il va se suicider dans un trou qu'il a déjà creusé, en contrebas de la route, près d'un arbuste; il faudra venir le demain matin à six heures s'assurer de sa mort puis ensevelir son corps avec vingt pelletées de terre. Il montre l'endroit au soldat, qui s'enfuit en courant. Reprenant son périple en voiture dans les collines, il aperçoit une section de soldats. Un peu plus loin, il se retrouve dans le fossé. Un groupe de gens le secourt. Le candidat au suicide renouvelle l'offre auprès du gardien d'une cimenterie.

Pas de succès; même refus chez l'homme que le gardien héberge, un séminariste afghan qui ne veut pas être complice d'un geste interdit par la religion. Badii repart sans partager une omelette avec eux. Plus loin, il est fasciné par une machine qui concasse et trie de grosses pierres.Il rencontre ensuite un vieil homme, qui braconne des oiseaux pour le musée d'histoire naturelle, dont il est taxidermiste. Ce dernier, bien qu'opposé au suicide après y avoir songé il y a longtemps, accepte le marché. Durant le trajet en voiture vers le musée, il s'efforce de présenter toutes les joies qu'offrent la nature et la vie, dont " le goût de la cerise". Badii semble touché par ses paroles. Ils se donnent néanmoins rendez-vous le lendemain près de l'arbre. La nuit tombe, Badii passe chez lui, repart en taxi avec ce qu'il faut pour mourir, s'allonge dans le trou. Un orage éclate, des éclairs trouent la nuit... Écran noir.

Le Goût de la cerise parle de quelqu’un qui voudrait mourir. Ce sujet est complètement tabou, franchement interdit. Le suicide, n’y pensez pas. Le Dieu des Iraniens a pensé pour eux, en a décidé autrement. S’il n’aime pas les questions sur la censure, il n’aime pas non plus les questions sur la religion. La religion, le sexe, c’est une affaire privée . Retranché derrière une phrase de Cioran : si je ne savais pas que le suicide existe, je me serais déjà tué ! Kiarostami ne vous expliquera pas non plus pourquoi il a choisi ce sujet-là.

Kiarostami est un fidèle. Fidèle à sa terre, rouge, ocre, brune. Fidèle à sa voiture, il sillonne les routes de son pays, l’habite, filme, enregistre, photographie et dessine. « C’est une sorte de maison, dit-il, on y est bien, à l’abri, libre et en mouvement ». C’est la qui habite le film. Être dans une voiture, en appeler aux autres. Partager cet espace, associer les autres à un geste ultime. Les cerisiers sont en fleurs, le film se tourne, la félicité passe. Le Noir, le fondu au noir ne dure qu’un instant. Kiarostami a osé nous montrer son écran noir. Cannes lui a donné la Palme. Quel meilleur cadeau imaginer pour qu’il puisse continuer ? Où est la maison de mon ami ? était le titre d’un de ses premiers films. Ce film est austère, le goût de la cerise ne vient que quand on a mangé le fruit. Il faut goûter pour savoir.

Interdit en Iran, ce film est arrivé à Cannes à la dernière minute, parce que les autorités refusaient le visa de sortie. En effet, Kiarostami n’avait pas montré son film au festival de Téhéran pour obtenir l’aval de la censure. En réponse à la question : Lorsque vous faites un film, doit-il changer quelque chose chez les gens qui le font et chez les spectateurs ?, Kiarostami a répondu :Effectivement, lors d’une avant-première, une jeune femme est venue me dire que Le goût de la cerise lui avait sauvé la vie.

Distribution

  • Homayun Ershadi : Mr. Badii
  • Abdolrahman Bagheri : Mr. Bagheri
  • Afshin Khorshid Bakhtiari : un soldat
  • Safar Ali Moradi : un soldat
  • Mir Hossein Nuri : le séminariste

Fiche technique

  • Titre original en persan: گیلاس, Tam-e gilās
  • Réalisation : Abbas Kiarostami
  • Production : Abbas Kiarostami
  • Scénario : Abbas Kiarostami
  • Photographie : Homayun Payvar
  • Montage : Abbas Kiarostami
  • Durée : 99 minutes
  • Date de sortie : mai 1997

Récompenses:

  • Palme d'or au festival de Cannes 1997, ex æquo avec L'Anguille
  • Prix du meilleur film étranger aux Boston Society of Film Critics Awards de 1998
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux