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Le Lézard noir '黒蜥蜴 Kurotokage) est un film japonais de Kinji Fukasaku, sorti en 1968.

Analyse

"Lézard noir" est le pseudonyme d'une redoutable voleuse de bijoux, qui se fait appeler entre autres Madame Midorikawa. Pour s'emparer d'un extraordinaire diamant surnommé "Étoile d'Égypte", appartenant au joaillier Iwase, elle kidnappe sa fille Sanae, afin de l'échanger contre le diamant. Mais le détective Akechi entre en scène et réussit à sauver Sanae : une lutte impitoyable s'engage entre Akechi et le Lézard noir.

Un mois plus tard, malgré la protection renforcée de la police et la surveillance d'Akechi, Sanae disparaît une seconde fois, grâce à la complicité de la gouvernante Hina. À l'annonce de cet enlèvement, Akechi se précipite, mais ne trouve qu'une lettre signée "le Lézard noir", et réclamant le joyau en échange de Sanae. Un rendez-vous est fixé au port, où Iwase remet l'Étoile d'Égypte au Lézard noir, mais ce dernier réussit à s'enfuir sans restituer Sanae. Elle l'emmène sur un bateau, où elle lui avoue qu'elle ne l'a pas seulement enlevée comme otage, mais que, séduite par la beauté de son corps, elle veut la transformer en statue humaine pour compléter sa collection d'un étrange musée sur une île secrète. Croyant que Akechi est caché dans un canapé, elle tente de le poignarder, mais il s'agit en fait d'un vieux serviteur, Matsu, à qui elle confie son secret.

On enferme Sanae dans une cage, en attendant qu'elle subisse son destin de statue humaine. Mais, au moment crucial, Matsu se révèle être en fait Akechi déguisé, et Sanae une doublure. La police fait alors irruption dans le musée, et le Lézard noir, trahi et honteux, se suicide au poison, mourant dans les bras d'Akechi, qu'elle aimait en secret: Akechi est désespéré, et s'aperçoit que le Lézard noir avait plus de valeur pour lui que la fameuse Étoile d'Égypte.

Avec sa réputation de film culte, le Kurotokage de Fukasaku est en fait la deuxième adaptation cinématographique de la nouvelle homonyme de Ranpo Edogawa. La première, produite par la Daiei et datant de 1962, mettait en scène Machiko Kyo dans le rôle titre, actrice que l’on a pu voir notamment dans le Rashômon de Akira Kurosawa (1950). Mais si la première adaptation pour le grand écran reprenait page par page le script de Ranpo, celle de Kinji Fukasaku est très influencée par l’adaptation qu’en fit Mishima, qui par ailleurs en fit une pièce de théâtre.

Le film de Fukasaku possède une réputation de film ultra-kitsch grâce aux couleurs extrêmement vives utilisées pour les décors. Tout, dans le film de Fukasaku semble être exagéré. Le réalisateur nous offre une mise en scène volontairement outrancière où la démesure de ses plans décadrés et de ses zooms intempestifs fait bon ménage avec une musique rock-jazzy totalement psychédélique, et la narration du film nous trimballe d’un bout à l’autre sans que l’on se rende compte de quoi que ce soit.

Le film est marqué par le choix de l' interprète principal qui n’est autre qu’un travesti alors ultra connu au Japon, Akihiro Murayama, alias Akihiro Miwa, amant supposé de Yukio Mishima. Mishima qui d’ailleurs fait une apparition courte mais remarquée dans laquelle toute sa démesure et son culte du corps sont exploités à leur paroxysme. Les déguisements sont des morceaux d'anthologie, puisque c’est véritablement un concours qui se joue entre le détective et le lézard noir.

Le film est une curiosité de cinéphile, qui a le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux, mais avec cependant un certain cynisme. Les déplacements de certains personnages sont chorégraphiés, et la musique omniprésente peut faire penser à une comédie musicale. C'est un film gai, gay, un polar-kitsch, et un grand moment de cinéma, hélas quasiment impossible à voir, compte tenu de l'embargo mis par les ayants-droit de Mishima.

Distribution

  • Akihiro Miwa : Le Lézard noir
  • Isao Kimura : détective Kogorô Akechi
  • Kikko Matsuoka : Sanaye
  • Junya Usami : Shôei Iwase
  • Yusuke Kawazu : Junichi Amamiya
  • Kô Nishimura : Keiji Matoba , détective privé
  • Toshiko Kobayashi : Hina
  • Sonosuke Oda : Harada
  • Kinji Hattori : Toyama
  • Koichi Sato : Ohkawa
  • Jun Kato : Sakai
  • Ryuji Funakoshi : Kozu
  • Yukio Mishima : Une statue humaine

Fiche technique

  • Titre original: 黒蜥蜴 Kurotokage
  • Réalisation : Kinji Fukasaku
  • Musique originale : Isao Tomita
  • Production : Akira Oda pour la Shochiku
  • Scénario : Masashige Narusawa et Yukio Mishima d'après le roman homonyme de Rampo Edogawa, paru en 1934
  • Photographie : Hiroshi Dowaki
  • Montage : Keiichi Uraoka
  • Durée : 86 minutes
  • Date de sortie: 1968
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux