Sommaire (edit)Le cinéma
LiensDéveloppé grâce à: pmwiki.org |
Le Lys brisé (Broken Blossoms) est un film muet américain de David Wark Griffith, sorti en 1919. AnalyseLe Chinois Cheng-Huan (« the yellow man »), reçoit comme mission d’aller apporter la bonne parole de Bouddha aux Anglais. Mais la tâche s’annonce plus difficile que prévue. Il ouvre un magasin dans un quartier de Londres, Limehouse, et passe son temps à fumer de l’opium et à admirer, à chaque fois qu'il la voit, Lucy, une jeune fille martyrisée par un père raciste et sans scrupule. Un soir, celle-ci, blessée, erre parmi les rues de la ville. Il finit par la recueillir. Prenant soin d’elle, il ne sait comment lui déclarer sa flamme. Par malchance, son père apprend d’un ami où et avec qui est sa fille. Celui-ci, après son match de boxe, se précipite chez le chinois, il ramène sa fille et la bat à mort. Par vengeance, Cheng-Huan assassine le père puis se suicide auprès du corps de son aimée. Le film commence par une vision paradisiaque, par une succession de plans généraux qui deviennent de plus en plus étroits au fur et à mesure que l'on progresse dans l'histoire. Le plan est une unité spatio-temporelle de prise de vue et de montage. Il existe différents types de plans qui sont répertoriés sur une échelle qui va du gros plan au plan de très grand ensemble. Griffith utilise le principe de l'alternance pour créer du suspense et ainsi doter son récit d'une tension narrative. Ainsi, lorsque Lucy est prise au piège dans le cagibi et que le chinois accourt pour lui porter secours, il alterne les plans, passe successivement de l'un à l'autre et le spectateur se demande si l'amoureux arrivera à temps. Tout au long du film, les personnages se réfugient dans des cadres de plus en plus étroits qui participent à leur massacre et nous livrent en même temps le pathétique de leur appel ; l’espace dans lequel ils jouent est centripète, la caméra essaie sans cesse de se rapprocher du centre de l’action, de la scène. Par exemple, à la fin du film, au sommet du conflit, Lucy se trouve comme étranglée dans un lieu clos, le cagibi, menacée par son père, furieux. Elle gesticule, elle hurle, elle crie, en vain, personne ne peut l’entendre. Griffith veut susciter chez le spectateur des sentiments de pitié envers Lucy, il veut qu'il ait envie de « pénétrer dans le film » pour lui porter secours et il utilise alors beucoup les gros plans pour que celui-ci puisse aisément percevoir l’angoisse et la peur qui se lit à ce moment sur le visage de la jeune fille. Les acteurs ne regardent plus la caméra et, grâce notamment au suspense engendré par le principe de l’alternance, le spectateur s’identifie aux personnages et est poussé à une réflexion par le réalisateur : il y a immersion du spectateur dans le film. Même si elle est un peu exagérée, l'influence de Griffith dans l'histoire du cinéma est absolument incontestable. Il est certain que le cinéma américain et même mondial ne serait pas ce qu'il est sans ses innombrables contributions. Naissance d'une nation et Intolérance sont, à juste titre, ses films les plus célèbres, et restent présents dans les mémoires grâce à leurs remarquables expérimentations narratives et à leur art du montage. Mais Le Lys brisé s'est toujours imposé comme un de ses meilleurs. Il offre un parfait exemple de ce qu'on appelait à Hollywood le « style doux ». C'était ce qui se faisait de mieux en matière de photo glamour : les chefs opérateurs utilisaient tous les moyens disponibles (fonds de teint, appareils d'éclairage spécialisés, application d'huiles sur les objectifs, immenses rideaux de gaze translucide pendus au plafond du studio) pour adoucir, valoriser et accentuer la beauté des stars. Dans Le Lys brisé, le visage de l'immortelle Lillian Gish rayonne littéralement d'une luminescence presque irréelle qui éclipse tout ce qui se trouve sur l'écran en même temps qu'elle.
|