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Le Couperet film français, belge & espagnol de Costa-Gavras, sorti en 2005.

Analyse

Un quadragénaire, cadre supérieur dans une usine de papier délocalisée, perd son emploi après quinze ans de bons et loyaux services. Après trois ans de chômage, il ne parvient pas à réintégrer un poste. La hantise de la déchéance sociale le pousse à éliminer physiquement tous les concurrents au même poste que lui, et dont il parvient à obtenir les coordonnées par ruse.

Dans ce film, Costa-Gavras dénonce la société capitaliste, où selon lui couve une guerre permanente et lancinante qui éloignerait d'un humanisme éclairé.

Bruno Davert : D'accord le travail n'est pas tout ! Mais sans travail je suis quoi ? (citation du film)

Costa-Gavras, en matière d’efficacité, sait y faire. Certes, de manière plus ou moins subtile selon les périodes. Mais toujours préside ce souci permanent d’accessibilité populaire, sans pour autant jamais rien céder aux vulgaires sirènes du simplisme caricatural. Le Couperet s’impose clairement en thriller de haute tenue, pertinemment ancré dans son temps et dispensant ses effets avec générosité. C'est un curieux mélange entre un polar, dont Costa-Gavras respecterait les règles à la lettre, et un pamphlet social, genre où il se sent à l'aise depuis longtemps.

Le réalisateur nous livre un vrai film noir, amoral et ludique, au suspens travaillé et aux rebondissements savoureux. Costa-Gavras, cohérent avec son propos et jamais tenté par l’américanisation à outrance, nous parle d’individualisme assumé. Costa-Gavras réussit à rendre sensible, meurtre après meurtre, l'aliénation d'un homme cerné par une société de battants, qui se laisse couler dans sa psychose avec une désarmante ingénuité. Le pire, pour lui, est de surprendre chez ceux qu'il croit ses ennemis la même détresse que la sienne. D'où l'intensité des séquences où il manque de tuer un ex-cadre devenu modeste vendeur de fringues sous les ordres d'un tyran minuscule. Un type comme lui, mais qui a choisi de se laisser mourir plutôt que de tuer.

L’Amérique de Westlake délocalisée chez nos voisins belges, Le Couperet résonne en effet d’une tonalité résolument européenne. Méticuleux, ne laissant rien au hasard, le conteur Costa-Gavras avance d’un pas élégant, jamais empêtré dans sa trame déconstruite, toujours au clair avec ses intentions, limpides. Le Couperet tombe juste et net. Nourri d’étrangeté par quantité de petits détails délectables et, autre belle idée risquant toutefois de faire grincer bien des dents, par les excellents travaux graphiques d’Oliviero Toscani, morcelant corps de femme ou révélant les penchants va-t-en-guerre des biens de consommation courante, en ses fausses affiches publicitaires, le film fonctionne à plein dans son univers personnel et pourtant si singulièrement familier.

Déclarations de Costa-Gavras

L'aspect social du roman de Westlake était pour moi le plus intéressant. Le côté serial killer ne m'intéressait pas. Enfin... Ce qui m'intéressait, c'était le côté serial killer social, pas l'histoire du fou qui tue des gens pour le simple plaisir. Mais l'environnement du roman, le pourquoi du passage à l'acte, ça, c'était intéressant... J'ai découvert le roman de Westlake en anglais, à sa sortie, il y a cinq ou six ans. J'ai immédiatement demandé les droits. C'est là que j'ai appris qu'un studio américain avait déjà pris une option pour son adaptation. Le studio n'était cependant pas vraiment convaincu par l'histoire.

J'ai attendu. Entre-temps, j'ai réalisé « Amen ». Juste après la sortie de « Amen », j'ai relancé l'affaire car j'avais appris, par la suite, que les Américains avaient abandonné l'idée d'en faire un film. Il y avait d'ailleurs déjà un metteur en scène sur le coup ! J'ai rappelé Westlake. Je lui ai demandé s'il voulait vendre ses droits à un Européen. Il a été tout de suite enthousiasmé.

Le thriller ou le polar, qu'il soit français ou américain d'ailleurs, est un formidable prolongement de la société, bien plus que les vraies histoires, parce qu'il permet une liberté extraordinaire. On peut utiliser les personnages comme on veut. Il n'y a pas de contraintes, ce qui est loin d'être le cas dans un film dépendant d'une réalité donnée. On fait de la fiction !

Ce qui m'intéressait dans le roman, c'était de constater que le libéralisme effréné, et presque sans lois, est devenu une généralité. Il y a une quinzaine d'années, il ne touchait peut-être que les États-Unis ; mais aujourd'hui, c'est devenu l'affaire des Européens aussi. Pour simplifier mon propos, je dirai qu'on met en avant l'économie au détriment de l'homme.

Distribution

  • José Garcia? : Bruno Davert
  • Karin Viard? : Marlène Davert
  • Geordy Monfils : Maxime Davert
  • Christa Theret : Betty Davert
  • Ulrich Tukur : Gerard Hutchinson
  • Olivier Gourmet : Raymond Mâchefer
  • Yvon Back : Etienne Barnet
  • Thierry Hancisse : Inspecteur Kesler
  • Olga Grumberg : Iris Thompson
  • Yolande Moreau : Préposée poste
  • Dieudonné Kabongo : Quinlan Longus
  • Jean-Pierre Gos : Le garagiste
  • Vanessa Larré : La prédatrice
  • Serge Larivière : Inspecteur de police
  • Jeanne Savary : La présentatrice TV

Fiche technique

  • Titre : Le Couperet
  • Réalisation : Costa-Gavras
  • Scénario : Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg, d'après le roman de Donald E. Westlake
  • Production : Michèle Ray-Gavras, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, José María Morales, Genevieve Lemal et Alexandre Lippens
  • Musique originale: Armand Amar
  • Directeur de la photographie : Patrick Blossier
  • Montage : Yannick Kergoat
  • Pays d'origine : Belgique, France, Espagne
  • Durée : 122 minutes
  • Dates de sortie : 2 mars 2005 (France)

Source partielle : Wikiafilm:Le_Couperet

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux