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Made in USA est un film français de Jean-Luc Godard , sorti en 1966

Analyse

La journaliste Paula Nelson cherche à savoir qui a tué son amant Richard. Son enquête la propulse dans un monde chaotique où elle croise flics et truands et où elle n'hésite pas elle-même à faire le coup de feu. Sous couvert d'un film policier de facture très personnelle, Jean-Luc Godard aborde franchement le cinéma politique qui, transformé en arme militante, le coupera à partir du grand public pour au moins dix ans. "L'impression de naviguer dans un film de Walt Disney mais joué par Humphrey Bogart, donc... dans un film politique" prévient le personnage joué par Anna Karina en début de film.

Les intentions de Godard, réaliser un film tout à la fois politique, poétique et policier, étaient peut-être claires mais le résultat est un peu confus. Au scénario touffu à souhait, Godard ajoute un traitement cinématographique séduisant dans ses principes mais difficiles à suivre. Les dialogues sont souvent délicats à comprendre à cause de l'insertion de sons la plupart du temps "naturels" (avions) ou carrément articulés dans le vide (Godard coupe le son, transformant ces scènes en parodie de cinéma muet).

L'intention politique de Godard était de ne surtout ne pas rester populaire (ce qu'il était alors); son désir de provocation et ses certitudes que le combat politique contre la bourgeoisie ne devait pas seulement être mené sur le fond (le discours) mais aussi sur la forme esthétique, véhicule du discours idéologique. "La seule façon d'être un intellectuel révolutionnaire était de cesser d'être un intellectuel" professait-il, visiblement sous influence de la Révolution Culturelle maoïste déclenchée en 1966, l'année même du tournage.

Le résultat obtenu fut l'inverse de celui souhaité , ses films devenant de plus en plus de pures oeuvres intellectuelles que le génie cinématographique du cinéaste ne su pas rendre aux masses laborieuses qu'il voulait éclairer. Les seuls qui continuèrent à voir et à défendre les films de Godard furent bien des intellectuels, peut-être de gauche, mais appartenant en fait au même cercle d'élites que ceux qu'ils prétendaient combattre.

Le célèbre humour godardien est présent mais rare. Le personnage tenu par Jean-Pierre Léaud déclare: "Quelle est la vitesse maximum de l'amour ? Réponse : 68 km à l'heure, parce que 1 km de plus provoquerait un tête à queue".

Le travail sur l'image de Raoul Coutard est superbe. Les couleurs vives, rouge, jaune et bleu, dominent et, comme mentionné précédemment, un montage typiquement godardien sachant souvent provoquer de la surprise et du sens imprévu.

Le discours politique frappe juste, surtout lorsqu'il se fait interrogateur et lorsque Godard ne prétend pas apporter de réponse toute faite. Ainsi des propos tenus par le journaliste Philippe Labro (jouant son propre rôle) : "La Droite et la Gauche, on ne les changera pas. La Droite, parce qu'elle est idiote à force de méchanceté. Et la Gauche parce qu'elle est sentimentale. D'ailleurs, la Droite et la Gauche, c'est une équation complètement périmée. C'est plus du tout comme ça qu'il faut la poser." Mais à la question d'Anna Karina "Alors comment ?", Labro ne répond rien. Et le film se termine sur cette incertitude. Quelques mois plus tard, ce sera 1968 où explosera dans le monde entier l'affrontement entre les représentants des pouvoirs bourgeois et les mouvements révolutionnaires, la Gauche traditionnelle se retrouvant un peu partout dépassée. En ce sens, le slogan "Gauche : année zéro" affiché plusieurs fois à l'écran, sonne quelque peu prophétique.

Distribution

  • Anna Karina : Paula Nelson
  • Jean-Pierre Léaud : Donald Siegel
  • László Szabó : Richard Widmark
  • Marianne Faithfull : elle-même
  • Ernest Menzer : Edgar Typhus
  • Kyôko Kosaka : Doris Mizoguchi
  • Yves Afonso : David Goodis
  • Marc Dudicourt : Barman
  • Rémo Forlani : Un travailleur

Fiche technique

  • Réalisateur : Jean-Luc Godard
  • Scénario : Jean-Luc Godard d'après le roman de Donald E. Westlake (alias Richard Stark) "The Jugger" ("Rien dans le coffre").
  • Directeur de la photographie: Raoul Coutard
  • Montage : François Collin, Agnès Guillemot
  • Producteur : Georges de Beauregard
  • Durée : 90 mn
  • Date de sortie: 3 décembre 1966 (G.B.) 27 janvier 1967 (France)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux