Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

Mort à Venise (Death in Venice selon sa langue de tournage, Morte a Venezia selon sa langue de production) est un film franco-italien réalisé par Luchino Visconti, sorti sur les écrans en 1971.

Analyse

L'action se déroule à la Belle Époque dans une Venise visitée par la bourgeoisie européenne insouciante de l'époque, d'avant les drames qui vont surgir. Un compositeur en villégiature (très librement inspiré de Gustav Mahler) est troublé par un jeune garçon au point de remettre en question ses certitudes d'une vie toute entière.

Le film est inspiré principalement par la nouvelle de Thomas Mann, La Mort à Venise éditée en 1913, mais aussi par le roman Le Docteur Faustus, toujours de Mann, et l'un des personnages, le directeur de l'hôtel, doit beaucoup à un personnage imaginé par Marcel Proust.

Le film est une méditation sur l'impureté, le mal-être, l'homme qui en un instant se rend compte qu'il n'a pas pris conscience du temps qui passe.

Le film, qui montre entre autres des sentiments homosexuels ou pédérastes difficilement acceptés, est devenu une œuvre phare dans la culture Gay, bien que le réalisateur, peut-être par peur du scandale, ait choisi un acteur plus agé que le Tadzio de la nouvelle de Thomas Mann, lui même plus vieux que l'enfant réel lui ayant servi de modèle.

Une aube bleutée, un homme assis, luttant contre le sommeil sur le pont d'un bateau : c'est ainsi que l'on découvre Aschenbach dont le nom signifie « ruisseau de cendres » en allemand, dans la première séquence. Le destin du personnage est annoncé d'emblée : son engourdissement et ses efforts pour rester éveillé préfigurent symboliquement la séquence finale . Ces effets d'annonce donnent paradoxalement une impression d'urgence à un film par ailleurs caractérisé par une atmosphère et un rythme contemplatifs.

Le premier flash-back, au cours duquel Aschenbach évoque le sablier et la course du temps, présente le personnage comme un mort en sursis, pris de court par une vie qu'il n'a pas vue s'envoler. C'est ce qui explique son désarroi soudain devant la vieillesse, ou sa colère lorsque le maître d'hôtel le presse de quitter l'établissement afin de ne pas manquer son train. Cette impression d'urgence s'accroît au fur et à mesure du film : le personnage est de plus en plus en mouvement car il suit Tadzio, comme s'il luttait de façon acharnée et dérisoire contre le temps; jusqu'à la séquence finale, où la mort l'emporte en installant sa langueur.

À l'urgence temporelle correspond un isolement de plus en plus grand. Aschenbach est d'emblée isolé dans une attitude froide, rigide, et un air pincé. Il y a très peu de dialogues dans le film, parce que le héros n'a pas d'interlocuteurs. Au fil de l'histoire, il s'isole dans la fascination du désir : l'utilisation récurrente du zoom révèle la focalisation du regard d'Aschenbach sur les seuls faits et gestes de Tadzio. L'isolement est encore topographique : l'eau est partout et encercle les lieux. L'hôtel, avec sa plage, est le lieu principal : c'est un lieu clos, fermé sur lui-même. Visconti ne montre pas le trajet complet qui y mène, de sorte que l'on ne sait jamais exactement la distance qui le sépare de la ville. De Venise, on ne voit que deux places et quelques ruelles toujours plus désertées et toujours plus putrides ; quant à l'hôtel, il se vide peu à peu de ses pensionnaires.

La mort est toujours à la fois annoncée et masquée : le chanteur italien édenté semble camoufler la maladie et la mort derrière la fausse joie de son spectacle. Les rumeurs sur une mystérieuse épidémie sévissant à Venise sont sans cesse déniées par les autorités, tout comme Aschenbach tente de refouler la vieillesse et la maladie en se camouflant derrière un masque de beauté. La beautéde la ville apparaît ici comme un voile qui recouvre la mort. La poudre blanche qui recouvre le visage du héros est à rapprocher de la chaux blanche utilisée pour désinfecter les rues de Venise : c'est la même dérisoire protection contre un mal qui ronge la vie.

Aschenbach semble à la fois désirer et fuir la mort. Il finit par accepter de se laisser mener par le gondolier « passeur d'âme » qui veut lui imposer son chemin, tout comme il demeure à Venise après avoir appris l'existence de l'épidémie de choléra. Cette attitude apparaît à la fois comme la conséquence de son aveuglement car seule la beauté de Tadzio importe à ses yeux, et comme l'acceptation de la fatalité annoncée d'emblée par le film.

La rencontre avec Tadzio est l'événement qui brise toutes les certitudes morales et esthétiques d'Aschenbach. Le fort sirocco qui souffle sur Venise, et qui incommode tant Aschenbach, indique symboliquement que la beauté du jeune homme souffle et balaye tous les repères de son existence. La vie d'Aschenbach se règle alors sur celle de Tadzio, et plus rien d'autre ne semble exister : Lorsque Tadzio est absent, Aschenbach erre ou rêve du jeune homme. L'annonce du départ du jeune homme et de sa famille, juste avant la séquence finale, tombe d'ailleurs comme un couperet car alors Aschenbach n'a plus qu'à mourir.

Distribution

  • Dirk Bogarde : le compositeur Gustav von Aschenbach
  • Silvana Mangano : la mère de Tadzio
  • Bjorn Andresen : Tadzio, l'éphèbe (garçon au physique d'ange)
  • Marisa Berenson : Frau von Aschenbach
  • Romolo Valli : le directeur de l'hôtel
  • Nora Ricci : la gouvernante
  • Carole André : Esmeralda

Fiche technique

  • Titre français : Mort à Venise
  • Titres originaux : Death in Venice et Morte a Venezia
  • Réalisateur : Luchino Visconti
  • Scénario : Luchino Visconti et Nicola Badalucco
  • Adapté de la nouvelle La Mort à Venise, de Thomas Mann , ainsi que du roman Le Docteur Faustus, du même auteur
  • Production : Luchino Visconti pour Alfa Cinematografica
  • Musique : Gustav Mahler, Modeste Moussorgsky et Ludwig van Beethoven
  • Directeur de la photographie : Pasquale de Santis
  • Décors : Fernando Scarfiotti
  • Film franco-italien
  • Langue de tournage : anglais (et italien, français, allemand, russe)
  • Durée : 131 minutes
  • Date de sortie : 1971

Récompenses

  • Festival de Cannes 1971 : Prix du 25e anniversaire du Festival international du film, décerné à Luchino Visconti pour Mort à Venise et l'ensemble de son œuvre.


Source partielle: Wikipédia

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux