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Prénom Carmen est un film français de Jean-Luc Godard, sorti en 1983.

Analyse

Une jeune femme pénètre dans la chambre d'un malade. Carmen vient demander à son oncle Jean, cinéaste à l'esprit fatigué, s'il ne pourrait pas lui prêter son appartement pour un certain temps, afin de tourner un film avec des amis. Elle souhaite également qu'il revienne au cinéma en travaillant avec eux.

Quatre musiciens répètent des quatuors de Beethoven.

Une banque est attaquée par Carmen et ses amis, alors que se font entendre les mouvements variés de la musique. Au coeur de la fusillade, Joseph, un jeune gendarme, rencontre Carmen et se sauve avec elle. Joseph fuit en voiture avec Carmen jusqu'à l'appartement de l'oncle Jean, en bord de mer. Il l'aime, mais sans pouvoir véritablement prendre possession d'elle. Il s'intéresse au projet de tournage de Carmen et de sa bande... Ce n'est en fait qu'une habile diversion pour pouvoir mener à bien l'enlèvement d'un homme d'affaires. Les musiciens répètent d'autres mouvements des quatuors.

Dans les salons d'un hôtel où mange le milliardaire, les prises de vues vont commencer sous la direction de l'oncle Jean. Carmen ne parvient pas à se débarrasser de Joseph, amoureux fou. Elle tente d'enlever l'industriel mais l'entreprise échoue, des coups de feu éclatent, la police arrive. Joseph tire sur les policiers, puis sur Carmen. Elle s'écroule et meurt dans les bras d'un jeune valet.

Cette version très personnelle du grand mythe féminin poursuit la réflexion de Godard sur le monde, l'homme, la femme et la création. De son film Godard dit que ce sont des jeunes gens d’aujourd’hui qui "jouent à Carmen". Godard pousse la provocation jusqu'à substituer à la célébrissime musique de Bizet des quatuors de Beethoven.

Les dieux sont absents de Prénom Carmen. S’il reste des traces de sacré, c’est dans la mer et la musique de Beethoven. La verticalité du film n’est pas celle qui relie les hommes aux dieux, mais celle des créatures elles-mêmes qui luttent avec orgueil contre la pesanteur, comme les danseurs ou les sculptures qui cherchent la grâce de l’élévation malgré leur poids de chair ou de bronze.

Prénom Carmen est presque un film-objet, comme Le Mépris. Un film où le langage se fait image, où toutes les métaphores sont filmées au pied de la lettre : attaquer un morceau de musique/attaquer une banque ; coffrer quelqu’un ; tirez-vous/attirez-moi. Depuis A bout de souffle et Le Mépris, Godard aime à ménager à ses couples en fuite ou en conflit un répit dans un lieu clos, une bulle du récit, loin du bruit et de la fureur, où il n’y a plus qu’un homme et une femme qui s’aiment et qui s’affrontent. Ici, c’est le montage libre des images et des sons qui crée l’insularité du couple cerné par la musique et le bruit de la mer, dans l’appartement de l’oncle Jean (burlesquement interprété par Godard), avant que la police ne retrouve leur trace.

A défaut de dieu, il y a bien une Vierge, jouée par Myriam Roussel, à l’horizon de la passion de Joseph, mais Godard la garde en réserve pour son film suivant où elle sera sa Vierge. Je vous salue Marie sortira de scènes non tournées du scénario de Prénom Carmen, comme Eve de la côte d’Adam. Dieu aussi reste donc en réserve dans ce film des souffrances purement terrestres d’aimer.

Godard illustre sa théorie qui veut que la vocation du cinéma ne soit pas de traduire en images du déjà pensé et du déjà-dit, mais de trouver les images inédites, les sons inouïs, les rythmes neufs qui devraient permettre de s’approcher de cet indicible, de l’amour comme mystère.

Distribution

  • Maruschka Detmers : Carmen X
  • Jacques Bonnaffé : Joseph Bonnaffé
  • Myriem Roussel : Claire
  • Christophe Odent : Le chef
  • Pierre-Alain Chapuis
  • Bertrand Liebert : Le garde du corps
  • Alain Bastien-Thiry : Le valet du grand hôtel
  • Hippolyte Girardot : Fred

Fiche technique

  • Réalisateur : Jean-Luc Godard
  • Scénario : Anne-Marie Miéville
  • Images : Raoul Coutard
  • Durée : 85 mn
  • Date de sortie : septembre 1983 (Venise); 11 janvier 1984 (France)
  • Lion d'Or +prix spécial Venise 1983
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux