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Soyez sympas, rembobinez (Be Kind Rewind) film américain réalisé par Michel Gondry et sorti en 2008

Analyse critique

Le film s'ouvre avec un petit film en noir et blanc, une sorte de faux documentaire amateur retraçant la vie du jazzman Fats Waller qui aurait grandi à Passaïc, une petite ville du New Jersey (il n'y a en fait jamais mis les pieds).

À Passaic, de nos jours, Mike est l'employé de Be Kind, Rewind, le vidéo-club de Mr. Fletcher , son père adoptif, qui de plus cultive religieusement la légende du musicien. . Le vidéo-club va mal et Fletcher apprend que la mairie a prévu de raser le bâtiment pour construire à la place une résidence pour riches. Fletcher décide d'élaborer une contre-attaque et confie temporairement les clés de la boutique à son employé, Mike. Dévoué à un patron qui lui a tout appris, le jeune homme a un défaut majeur : son ami Jerry, une sorte d'illuminé caractériel, obsédé par les effets conjugués des ondes et d'un complot planétaire, qui dort dans une caravane avec une passoire sur la tête.

Le jour du départ de Mr. Fletcher, il se lance, armé d'un arsenal artisanal baroque, à l'assaut de la centrale électrique locale pour la saboter. L'opération tourne évidemment au fiasco, et Jerry finit électrocuté, mais pas mort. Marchant comme un robot désarticulé, il revient au vidéoclub, agresse les clients sans raison et provoque malgré lui, en raison de la charge électro-magnétique qu'il trimbale, une catastrophe irrémédiable : l'effacement du contenu de toutes les cassettes de la boutique.

Pour satisfaire malgré tout la clientèle, le mécano et son copain employé du vidéo-club vont tourner en catastrophe des versions très. personnelles des films évanouis. Surprise : réalisés avec les moyens du bord, en décors naturels et avec les deux loustics pour seuls acteurs, ces films dits « suédés » (en anglais, « sweded », car ils ont plus ou moins transité par la Suède, selon la fumeuse explication des auteurs...) vont connaître un succès fou et donner naissance à une micro-industrie locale, car il embauche les désœuvrés du quartier.

Après le succès inattendu de leurs versions de S.O.S. Fantômes et Rush Hour 2, ils tournent film sur film avec l'aide d'Alma et de Wilson, l'employé de Jerry. Parmi leurs reprises, on compte Robocop, 2001 : l'odyssée de l'espace, Boyz N the Hood, Miss Daisy et son chauffeur, Les Dents de la mer et Le Roi Lion. Bientôt ils vont devenir de véritables stars dans leur quartier on leur réclamera toujours plus de films « suédés ».

Les grands studios de cinéma, avec l'aide du FBI, réclament la destruction de l'ensemble des cassettes « suédées », car elles sont rangées dans les boites originales et sont donc considérées comme des copies pirates. Seule la création d'un film au scénario original, réalisé avec l'aide de tous les habitants du quartier et consacré à raconter la vie (imaginaire) de Fats Waller semble pouvoir arranger les choses.

Dans Eternal Sunshine of the spotless mind (2004), Michel Gondry inventait une machine destinée à effacer la mémoire amoureuse. Cette fois encore, il imagine une astuce pour faire table rase de l'existant, abolir une mémoire (ici, elle est collective) et pouvoir ensuite la reconstituer. Revisitées par les deux zozos, les scènes cultes de King Kong, SOS fantômes ou Miss Daisy et son chauffeur donnent des moments de pure parodie totalement excentriques. On y retrouve l'esprit déjanté de l'artisan bidouilleur Gondry, clippeur de Björk et des White Stripes, qui a su transposer sa liberté formelle et narrative sur grand écran. Il n'hésite pas à recourir à des gags purement visuels, aidé par un Jack Black à la gestuelle survoltée qui empoigne sa tâche de néo-cinéaste avec ferveur.

Dans le même temps, Gondry propose aussi une manière de chronique sociale : Passaic, New Jersey, est une banlieue plutôt déshéritée où fleurit une solidarité communautaire. Old school, le vidéo-club croulant dont le propriétaire résiste aux DVD, rend hommage au cinéma du samedi soir, tout comme la présence réjouissante des figures tutélaires Danny Glover et Mia Farrow. Les films « suédés », eux, moquent la mode des remakes tout en saluant celle des films faits maison, capables de fédérer un petit groupe autour de la fabrication puis de la dégustation des images.

Le titre américain, Be Kind, Rewind, fait référence à la phrase type inscrite sur les cassettes vidéo de location, prône la bricole contre la standardisation aseptisée, la transmission contre la déculturation mondialisée. Célébration de l'enfance et de ses puissances créatrices, il est, de tous les films de son auteur, celui qui s'abandonne le plus librement à la croyance dans le cinéma.

Dans ce film original mais jamais prétentieux, Michel Gondry dessine sa vision d'une cinéphilie sans frontières ni tabous, où un patrimoine classique cohabite pacifiquement avec des films cultes de qualité variable, pour lesquels on est autorisé à éprouver une certaine tendresse. . Avec ce film, le cinéaste français bascule de la fantaisie théorique acidulée qui caractérisait Eternal Sunshine of The Spotless Mind, ou La Science des rêves, à un burlesque original, alliant outrance et finesse, maîtrise et improvisation.

Distribution

  • Jack Black : Jerry
  • Mos Def : Mike
  • Danny Glover : M. Fletcher
  • Mia Farrow : Miss Falewicz
  • Melonie Diaz : Alma
  • Sigourney Weaver : Ms. Lawson
  • Kid Creole : l'employé de West Coast Video

Fiche technique

  • Titre : Soyez sympas, rembobinez
  • Titre original : Be Kind Rewind
  • Réalisation : Michel Gondry
  • Scénario : Michel Gondry
  • Production : Georges Bermann
  • Photographie : Ellen Kuras
  • Musique : Jean-Michel Bernard
  • Montage : Jeff Buchanan
  • Pays : États-Unis
  • Dates de sortie :
    • États-Unis : 22 février 2008
    • France : 5 mars 2008
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux