Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

Taking Off film américain réalisé par Milos Forman, sorti en 1971.

Analyse critique

Début des années 1970. Une adolescente, Jeannie, fait une fugue pour se rendre à New York où elle veut devenir chanteuse. En route, elle rencontre une communauté de hippies et de bohèmes. Ses parents, américains moyens, scrupuleux et conventionnels, se lancent à sa recherche. Ils cherchent à comprendre leur fille et essaient de la retrouver, mais leur poursuite tourne en une série d'anecdotes tragi‑comiques et pitoyables, dont ils deviennent, sans s'en rendre compte, les protagonistes involontaires.

Un soir, Jeannie, 15 ans, ne rentre pas à la maison. Ses parents, désemparés et angoissés, se mettent à téléphoner à toutes ses copines. Ils sont soutenus par un couple de voisins, aussi désemparés qu'eux, qui accourent à leur aide. Les femmes chargent leurs deux maris, munis d'une photo de la fille disparue, de parcourir les rues à sa recherche. Lors de ces moments de tension, les femmes se font des confidences sur les détails de leur vie de couple et les hommes, trouvant ces recherches dans les rues insensées, s'installent dans un bar.

Quand les hommes rentrent, fortement éméchés, la jeune fille fait irruption dans la maison, apparemment sous l‘effet d'un stupéfiant et sans donner d'explication. Peu après, l'adolescente quitte la maison pour de bon. En parcourant des cafés bohèmes, toujours à sa recherche, son père rencontre par hasard la mère d'une autre jeune fille en fugue et apprend par elle l'existence de l'Association des parents des enfants en fugue ( APEF) dont les membres se réunissent régulièrement pour essayer de comprendre les prédilections et les motifs de fuite de leur rejetons égarés.

On y trouve la scène culte du film dans laquelle un psychologue bohème instruit les parents sur la façon de fumer de la marijuana et dans laquelle tous finissent par se défoncer sous l’égide du psy. Lorsque le soir Jeannie rentre de son plein gré à la maison, elle est réveillée par ses parents ivres et drogués jouant au strip‑poker avec des amis de l'Association.

Forman décrit ici le conflit de générations des années 1960, mais, en même temps, crée une histoire intemporelle, plaisante et authentique sur le désarroi des adultes dont les enfants grandissent et prennent le dessus sur eux. Ils quittent le nid familial parce qu'il ne comprennent pas la vie rangée et hypocrite de leurs parents ; ils la trouvent pleine de résignation et de compromis de tous les jours et refusent de s'y soumettre.

Taking Off est souvent considéré comme un trait d'union entre les films tchèques et les films américains de Milos Forman. Par certains sujets et procédés formels, ce premier film de Forman tourné aux États‑Unis est lié à ses œuvres précédentes ; les citations de L'Audition sont dans le film des plus explicites.

Le thème du conflit entre générations et de l'incommunicabilité est transposé dans un autre contexte socio‑culturel dans lequel tous les protagonistes, sans exception, sont tournés en ridicule. Or, la génération des parents américains moyens bien rangés est beaucoup plus désemparée que leurs contemporains petits bourgeois simples et incultes de la Tchécoslovaquie socialiste.

Forman se sert très efficacement de son regard frais sur la société américaine et transforme sa surprise de la vie quotidienne en Amérique en surprise de ses personnages qui incarnent les parents, prématurément vieillis et, dans les circonstances du monde qui les entoure, nécessairement conservateurs.

C'est Helen Scott, grande prêtresse du cinéma français aux États-Unis, qui fit part à Miloš Forman d'une nouvelle politique de production décidée par Universal. Après le succès d'Easy Rider, qui avait rapporté gros aux studios, Universal voulait se lancer dans des films plus difficiles, à risques, mais à moins d'un million de dollars

La photographe et amie de Miloš, Marie-Ellen Mark, s'est improvisée directrice de casting en photographiant les jeunes hippies et la communauté de la « flower generation » de Central Park. Miloš Forman remarqua la jeune Linnea Heacock, dont les bouts d'essais confirmèrent le talent recherché.

À l'été 1970, le tournage pouvait commencer. Un tournage en famille , comme le raconte Miloš Forman, lui-même : « Aucune vedette, aucune barrière, ni coiffeur, ni maquilleur, ni loge, ni caravane ». Le film fit une belle carrière en Europe (Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1971), mais obtint tout juste un succès d'estime aux États-Unis.

Distribution

  • Lynn Carlin : Lynn Tyne
  • Buck Henry : Larry Tyne
  • Linnea Heacock : Jeannie Tyne
  • Georgia Engel : Margot
  • Tony Harvey : Tony
  • Ike Turner : Lui-même
  • Tina Turner : Elle-même

Fiche technique

  • Réalisation : Miloš Forman
  • Scénario : Miloš Forman, Jean-Claude Carrière, John Guare et Jon Klein
  • Production : Alfred W. Crown et Michael Hausman
  • Photographie : Miroslav Ondříček
  • Montage : John Carter
  • Durée : 93 minutes
  • Date de sortie : 28 mars 1971
  • Grand prix du Festival de Cannes au Festival de Cannes 1971
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux