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Une Affaire de goût est un film de Bernard Rapp, sorti en 2000.

Analyse

Frédéric Delamont, industriel au sommet de sa réussite, raffiné, original et phobique, embauche contre un salaire élevé Nicolas Rivière, jeune serveur intérimaire rencontré dans un restaurant, afin qu'il devienne son "goûteur" particulier. Ce qui commence comme une relation professionnelle insolite va finir rapidement en jeu très dangereux.

Devant se plier aux exigences machiavéliques de son patron en échange d'une vie prospère, il devient peu à peu son homme de confiance. Ses relations avec sa compagne se dégradent progressivement et il rompt avec ses amis un peu trop marginaux. Mais à quel prix et jusqu'où cela le mènera…

Bernard Rapp, mieux connu comme journaliste, est un réalisateur magistral. Son précédent et premier film fut un coup de maître avec le doux-amer et rayonnant Tiré à part dans lequel chaque geste, chaque image était nécessaire et suffisant.

L'ambiance cynique et malsaine mais policée d'Une affaire de goût saisit le spectateur sans tomber dans une gravité mal venue. Reprenant une structure proche de Tiré à part, le réalisateur décortique le contrôle total de la psychologie d'un homme allant jusqu'à la manipulation extrême. Ces deux hommes que tout sépare sont tels deux particules irrémédiablement attirées l'une l'autre mais dont la fusion sera fatale. Leur entourage, gravitation de caractères bons ou mauvais, actifs ou passifs, semble paradoxalement impuissant et coupable de laisser faire.

Une affaire de goût n'est pas qu'une affaire de mœurs. L’homosexualité latente et possible dans cette relation dominant-dominé n’est pas explicite. Mais il ne s’agit pas simplement de manger des aliments. C'est aussi dévorer l'autre. Ne plus lui laisser de vie. C'est aussi se risquer à être empoisonné pour cause d'incompatibilité, de mœurs. Dévorer ne veut pas dire digérer. Le goût des autres a donc ses limites. Cruel et manipulatoire, Rapp nous mène à la carotte vers sa cuisine au vinaigre pas très doux, mais de bon goût. Le film a fait saliver un public connaisseur et nombreux.

Ce thème de la domination totale par un patron charismatique a déjà fait l’objet de nombreux films dont le célèbre Une étrange Affaire de Pierre Granier-Deferre en 1981. Les titres et les thèmes sont assez proches.

Jean-Pierre Léaud en juge d'instruction est en parfait contre-emploi des films de Truffaut. Il accompagne le cheminement de l'analyse, en véritable fil rouge : qui est véritablement coupable, qui est véritablement victime, qui est véritablement innocent ? Parce que cette fable du totalitarisme invite à la réflexion, nous n'apprécions pas ce film uniquement pour une affaire de goût.

Distribution

  • Bernard Giraudeau : Frédéric Delamont
  • Jean-Pierre Lorit : Nicolas Rivière
  • Florence Thomassin : Béatrice
  • Charles Berling : René Rousset
  • Jean-Pierre Léaud : le Magistrat
  • Artus de Penguern : Flavert
  • Laurent Spielvogel : Docteur Rossignon
  • Elisabeth Macocco : Caroline
  • Anne-Marie Philipe : Docteur Ferrières
  • Delphine Zingg : Nathalie
  • David D'Ingeo : Marco
  • Frédéric De Goldfiem : Félix
  • Patrick Zimmermann : le chauffeur de Frédéric
  • Claude Lesko : le chef de sécurité de Frédéric
  • Vincent Tepernowski : second goûteur

Fiche technique

  • Réalisation : Bernard Rapp
  • Scénario : Bernard Rapp et Gilles Taurand d'après une nouvelle de Philippe Balland
  • Production : Catherine Dussart et Chantal Perrin
  • Musique originale : Jean-Philippe Goude
  • Photographie : Gérard de Battista
  • Durée : 90 minutes
  • Date de sortie : 26 avril 2000 (France, Belgique)
  • Séléctionné pour le festival du film policier de Cognac
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux