Andrzej Zulawski

De Cinéann.

Andrzej Żuławski réalisateur de cinéma, metteur en scène de théâtre, scénariste et écrivain polonais, né le 22 novembre 1940 à Lviv (Lwow ou Lemberg, Pologne, actuellement Ukraine) et mort le 17 février 2016 à Varsovie.

Biographie

Fils du diplomate et écrivain Mirosław Żuławski (1913-1995), attaché culturel à l'ambassade polonaise à Paris, puis ambassadeur auprès de l'UNESCO pendant une partie de son enfance et de sa jeunesse, il effectue plusieurs années de sa scolarité en France. Après avoir étudié à l'IDHEC de 1957 à 1959, Żuławski revient en Pologne pour devenir assistant d’Andrzej Wajda (1960-1966). Il étudie entre temps la philosophie à l’Université de Varsovie et les sciences politiques à la Sorbonne. À cette époque, il publie des textes sur le cinéma, ainsi que ses propres poèmes. Il débute en 1967 avec un moyen métrage pour la télévision, intitulé Pieśń triumfującej miłości (Le Chant de l’amour triomphant) (pour lequel il a reçu le diplôme d’honneur de la Los Angeles Academy of Television Arts and Sciences en 1968).

Jeune homme doué et désireux de rattraper le temps perdu de la guerre, Zulawski est également critique de cinéma et écrivain. Ses premiers ennuis avec la censure commencent avec son roman Kino (Cinéma). Ce ne seront pas les seuls. A l’instar des principaux représentants d’un nouveau cinéma polonais qui rue dans les brancards tant esthétiques que politiques (Roman Polanski, Jerzy Skolimowski), Zulawski se heurte de nouveau à la censure avec ses deux premières réalisations, Troisième partie de la nuit (1971) et Le Diable (1972). Les deux films entremêlent déjà violemment une situation d’aliénation politique (respectivement la Pologne occupée par les Nazis durant la seconde guerre mondiale et par les Prussiens en 1793) à une situation de déraison personnelle.

Le succès de L’important c’est d’aimer (1975), vaut à son auteur un retour en grâce dans son pays natal, où il entreprend de réaliser un ambitieux film de science-fiction, Le Globe d’argent, inspiré d’une trilogie lunaire publiée par son grand-oncle Jerzy Zulawski au début du vingtième siècle. Quelques semaines avant la fin du tournage, le film est stoppé par les autorités, et le négatif mis sous scellés. Le ministre de la culture polonais s’avisa en effet que le conflit extra-terrestre mis en scène par le film pouvait métaphoriser la lutte du peuple polonais pour son indépendance. Le film ne sortira qu’en 1988, dans une version qui porte délibérément les stigmates de sa censure.

Zulawski voyage à Berlin, ville-frontière entre les deux blocs de la guerre froide, où il tourne Possession (1981), avec l’intense Isabelle Adjani dans le rôle principal. Écrit sous l’influence de sa récente déconvenue et du divorce qu’il est en train de vivre, le film, certainement la grande réussite formelle de son auteur, organise la collision du réalisme et du fantastique, de l’intime et du politique. Sous l’argument banal du mari qui tente de reconquérir sa femme, Possession fait littéralement éclore les monstres d’un totalitarisme qui embrasse tous les domaines de l’activité humaine, du théâtre intime à la scène politique. Acteurs chauffés à blanc, vision exacerbée des affects, plongée brutale et dérangeante dans les abymes de l’inconscient, sortie hallucinée de soi.

Les films suivants reconduisent les mêmes problématique et obsessions. La Femme publique (1984), L’Amour braque (1985), Mes nuits sont plus belles que vos jours (1989) tournent ainsi autour de la même sulfureuse douleur (comment s’aimer sans se détruire ?), avec pour les deux derniers titres ce frisson supplémentaire que la propre femme du cinéaste, Sophie Marceau, y interprète le premier rôle. Le public néanmoins s’éloigne à mesure du cinéaste, qui, après quelques tentatives de diversifications historiques vouées à l’échec (Boris Godounov, 1989, La Note bleue, 1991, sur les amours de George Sand et Frédéric Chopin) parachève, non sans un certain panache, son idylle avec Sophie Marceau dans le film La Fidélité (2000).

Sorti en décembre sur les écrans français, Cosmos a marqué son retour au cinéma, après quinze ans d’absence, sur une note de conte surréaliste. Ce come-back inattendu, et relativement assagi, fomenté en compagnie du producteur Paulo Branco, devait déboucher sur d’autres projets, hélas interrompus par la mort du cinéaste

ll reste à noter à quel point l’œuvre d’Andrzej Zulawski a transposé sur le terrain de l’intimité amoureuse quelque chose du tragique et pathétique destin polonais. C’est bien ce pays morcelé, aliéné, persécuté, désintégré, et aspirant d’autant plus furieusement à son intégrité, que n’aura cessé d’habiter le cinéaste, en le projetant sur la toile sous la forme convulsive de la possession sentimentale.

Il a vécu avec Sophie Marceau, de 26 ans plus jeune que lui. À la suite d'une invitation sur un plateau télévisée de Claude Pinoteau en 1981 lors du festival de Cannes, ils se rencontrent à l'hôtel Majestic et vivent ensemble durant 17 ans. De cette union naît un fils, Vincent, né le 24 juillet 1995. Andrzej Żuławski et Sophie Marceau se séparent en 2001. Żuławski a consacré deux livres à la description de sa rupture avec l’actrice française (O niej et L’Infidélité).

Filmographie

  • 1971 : La Troisième partie de la nuit (Trzecia część nocy)
  • 1972 : Le Diable (Diabeł)
  • 1975 : L'important c'est d'aimer
  • 1981 : Possession
  • 1984 : La Femme publique
  • 1985 : L'Amour braque
  • 1987 : Sur le globe d’argent (Na srebrnym globie)
  • 1989 : Mes nuits sont plus belles que vos jours
  • 1989 : Boris Godounov
  • 1991 : La Note bleue
  • 1996 : Chamanka (Szamanka)
  • 2000 : La Fidélité
  • 2015 : Cosmos


Retrouvez tous les détails de la filmographie de Andrzej Zulawski sur sa fiche IMDB

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