Cinq femmes autour d'Utamaro

De Cinéann.

Cinq femmes autour d'Utamaro (歌麿をめぐる五人の女 , Utamaro o meguru gonin no onna) film japonais en noir et blancde Kenji Mizoguchi sorti en 1946.

Analyse critique

Cinq femmes autour d'Utamaro est une biographie du peintre et graveur Utamaro Kitagawa (1753-1806), et de Naniwaya Okita , servante dans une maison de thé, qui fut l'un des modèles préférés du peintre.

Au Japon, à Edo, fin du 18ème siècle, le film commence, sous les cerisiers en fleurs, par la procession annuelle de présentation des courtisanes. Très attiré par ce milieu, le célèbre artiste de gravures sur bois et d'estampes japonaises, Utamaro Kitagawa (1753-1806) révolutionne son art en devenant le maître des estampes.

Un jeune noble veut acheter pour divertir sa fiancée, fille d'un artiste reconnu, une estampe d'Utamaro. D'abord séduit par le dessin, il se révolte devant l'inscription qu'Utamaro y a inscrite où il affirme que les artistes officiels avec leur débauche de couleurs peignent des femmes qui ressemblent à des monstres alors que, d'un simple croquis, il sait lui saisir la vie de ses modèles. Le jeune noble, lui-même disciple du peintre officiel Kano, se sent outragé. Au grand dam des vendeurs d'estampes et de sa fiancée, il exige de rencontrer Utamaro pour se battre en duel avec lui. Utamaro est chez la geisha Okita qu'il a rendue célèbre en la dessinant mais qui le délaisse pour le jeune Shozaburo. A peine est-elle rentrée et a-t-elle ironiquement salué Utamaro que l'on vient avertir celui-ci que le disciple de Kano veut se battre en duel avec lui. Celui-ci déboule fou de rage avant qu'Utamaro ne réussisse à le convaincre qu'étant donné qu'ils sont tous les deux artistes, il serait lâche de régler ce différent par les armes.

Il lui propose donc de régler l'affaire par le dessin. Le jeune noble, Seinosuke, dessine une déesse. Utamaro approuve mollement, lui déclarant qu'il n'a pas su en faire un personnage vivant. De quelques coups de pinceaux, il transforme le dessin. Les sourires de l'assistance, sa tranquille assurance et le regard stupéfait de Seinosuke suffisent à exprimer le triomphe d'Utamaro. C'est à ce moment que l'on vient les avertir qu'un tatoueur célèbre refuse de graver un dessin sur la peau d'une femme qu'il trouve trop belle pour cela.

Utamaro s'émerveille du corps parfait de Takasode dont le kimono entrouvert laisse découvrir le haut de son dos. Il lui propose ainsi qu'au tatoueur de faire un dessin qui pourra être à la hauteur de la beauté de la jeune femme. Devant l'assistance émerveillée, il dessine sur le dos de Takasode l'enfant prodige et sa nourrice. "Ils pleureront quand tu seras triste et souriront lorsque tu seras gaie" affirme-t-il à la jeune femme reconnaissante. Seinosuke, convaincu de la maîtrise absolue d'Utamaro, décide de devenir son disciple acceptant de vivre humblement dans les bas-quartiers parmi le peuple et les geishas. Il renonce pour cela à son mariage avec Yokie, la fille de Kano, que celui-ci chasse de sa maison.

Un matin, un vendeur de journaux apprend à tous que Takasode s'est enfuie avec Shozaburo. Okita qui en est très amoureuse, achète tous les journaux et les jette au feu. Utamaro ironise sur son manque de perspicacité tout en s'étonnant de la séduction de Shozaburo sur la gent féminine. Sur un pont Shozaburo et Takasode s'enfuient joyeusement.

Un soir, à la stupeur de Utamaro et de Takemaro, son fidèle assistant, Yokie débarque chez eux déclarant s'être enfuie de chez elle et être à la recherche de Seinosuke. Utamaro envoie Takemaro chercher celui-ci chez Okita. Mais Seinosuke n'a aucune envie de revoir Yokie à laquelle il reproche son goût de la mesure en toute chose ; Il préfère les plaisirs de rustre que lui accorde généreusement Okita. Takemaro étant revenu seul devant Utamaro et Yokie, ceux ci se rendent chez la geisha. Mais c'est cette fois celle-ci qui refuse catégoriquement que Seinosuke la quitte. Au matin, Utamaro fait la leçon à Okita, lui demandant de laisser libre Seinosuke d'épouser Yokie qui a sacrifié sa réputation. Okita fait semblant de croire que c'est par jalousie personnelle afin qu'elle retourne vers lui qu'agit Utamaro. Devant ses provocations, celui-ci à du mal à ne pas la fouetter comme elle le lui suggère sournoisement.

Utamaro manque d'inspiration. L'un d'eux propose de l'amener voir un spectacle propre à la stimuler. Un seigneur du voisinage s'entoure de jolies femmes qu'il fait mettre nues (enfin en sous-vêtements) sous prétexte de les faire pêcher des poissons dans la mer. La ruse réussit. Les quatre hommes assistent au spectacle de ce parterre d'une quarantaine de femmes ôtant leur peignoir pour aller en chemise légère pêcher des poissons. Utamaro est subjugué par l'une d'elle, Oran, à laquelle il demande la permission de la dessiner nue. Celle-ci accepte et ne garde qu'une légère chemise qui lui comprime la taille pour se laisser peindre par Utamaro.

Pendant ce temps, Okita s'est mise en chasse de Shozaburo et le retrouve grâce à deux porteurs dont l'un a vu le tatouage de Takasode. Okita trouve celle-ci seule devant la maison où elle vit avec Shozaburo. Les deux femmes se disputent et Takasode essaie de cacher son amant qui pêchait tranquillement dans le fleuve. Peine perdue, Okita le fait enlever par les deux porteurs. Shozaburo comparait donc penaud devant elle avoue sa faute et accepte bien volontiers de la suivre.

Parallèlement Utamaro essaie de réconcilier Seinosuke et Yokie demandant au premier de visiter son atelier ou travaille modestement celle-là. Quelques jours plus tard, il est arrêté pour une gravure du shogun qui a déplu au souverain. Seinosuke, aussi ébloui par les dessins que son maître a fait d'elle que par sa beauté, supplie Oran de poser pour lui maintenant que son maître est en prison. Yokie, humiliée et honteuse devant son insistance qui fléchie Oran, s'enfuit.

Utamaro revient chez lui, condamné à cinquante jours de menottes pendant lesquelles il ne pourra rien faire et surtout qui lui interdisent de dessiner. Takemaro averti Okita qu'il a vu roder Takasode qui semble bien vouloir reprendre son amant. Effectivement lorsque Okita rentre chez elle, Shozaburo a disparu. Elle se saisit d'un couteau et part à leur poursuite. Elle les a bientôt rejoint et somme son amant de désigner celle qu'il préfère entre Takasode et elle. Shozaburo répond qu'il les aime toutes les deux. Okita lui enfonce alors le couteau dans le corps puis se retourne contre Takasode.

On vient annoncer à Utamaro encore menotté le drame qui s'est déroulé. Okita ne regrette pas son geste qui va la conduire à la mort. Elle va se livrer. Plus tard, les cinquante jours étant passé, on vient délier les mains d'Utamaro. Ses amis se prépare à fêter cela, Utamaro les renvoie, la fête peut attendre pas l'envie de peindre. Il demande à Takemaro de lui apporter son matériel, trace quelques coups de pinceau. En plan serré viennent se superposer des estampes d'Utamaro.

Autour d'Utamaro gravitent cinq femmes : Okita, la geisha dont il a été amoureux, Takasode, la femme sur laquelle il réalise le dessin, Oran, celle qui pêchait nue des poissons, Yokie la fille de l'artiste officiel dont il se sent responsable de la chute et Oshin la robuste geisha qui finira par épouser son assistant. Ces femmes vont aussi avoir des relations avec d'autres hommes et parfois se livrent un combat mortel pour les conquérir.

Pour Utamaro comme pour Mizoguchi, la beauté de la femme représente à la fois le contenu ultime de l'œuvre et la plus ardente stimulation à créer. La femme est au terme et à l'origine de l'œuvre. L'obsession de la femme, l'obsession de la beauté idéale et celle de la création se confondent pour l'artiste et c'est justement le caractère polyvalent de cette obsession -elle n'est jamais uniquement sexuelle ou sentimentale ou esthétique- qui sauve l'artiste de la tragédie où basculent souvent ses modèles et leurs partenaires.

Superbement filmées, les actrices du film, dont Kinuyo Tanaka, l'actrice-fétiche de Mizoguchi, plus tard héroïne du magnifique La vie de O'Haru, femme galante) semblent sortir tout droit des véritables estampes d'Utamaro dont on entrevoit brièvement quelques oeuvres à la fin du film.

Mizoguchi nous enseigne que l'Art ne peut aller sans liberté ni passion et que, pour atteindre son but, l'artiste, peintre ou cinéaste, doit se tenir prêt à subir censure et même châtiments. L'épisode qui voit Utamaro condamné à 50 jours de menottes est tout à fait véridique. Mais il ne doit jamais oublier de puiser son génie créateur à la source de son environnement immédiat et des êtres qu'il côtoie.

Utamaro est un grand amoureux des femmes mais ce qu'il aime par dessus tout, c'est s'inspirer des ces corps, de ces courbes, des ces lignes qu'il se fait un bonheur de fixer sur le papier. Son comparse, Seinosuke, qui a quitté sa propre école de dessin pour devenir le disciple de ce grand maître, a beau prétendre vouloir dessiner ces merveilleux modèles féminins, il finit toujours par les séduire.

Le troisième homme, Shozaburo, grand séducteur qui rend fou les courtisanes est présenté comme efféminé. Ce sont les femmes qui vont se battre pour lui que l'inverse.

L'intérêt particulier de ce film dans l'œuvre de Mizoguchi est de mettre totalement hors champ les puissances masculines de l'argent et de la contrainte militaire ou politique. Le caractère tragique du destin de Okita, comme dans une moindre mesure de Takasode et de Yokie, ne leur est pas imposé de l'extérieur mais provient de leur propre cheminement. Lorsque Utamaro est arrêté, nous ne voyons ni la gravure à l'origine de son emprisonnement, ni le jugement, ni ses quelques jours passés en prison. La sanction n'aura pour effet que de le persuader un peu plus de reprendre fiévreusement son activé artistique.

L'éloge du mouvement, du changement passe aussi dans quelques-uns uns des plus beaux plans du film. Lorsque Seinosuke déboule chez Utamaro pour exiger le duel, il arrive par la droite du plan, bloquant violemment Utamaro qui s'apprêtait à sortir au centre de la pièce. Utamaro est contraint de se mettre à terre dans une position humiliante pour échapper au courroux de son interlocuteur. Il finit par le convaincre de régler l'affaire par le dessin. L'affaire se calme, on apporte les feuilles de dessin puis la caméra se déplace légèrement sur la droite pour recadrer les deux protagonistes de face devant la feuille de papier. Ce simple mouvement dit que les choses sont revenus à leur place et que l'issue du duel n'a plus rien à voir à avec celui que Seinosuke voulait imposer par la violence.

L'usage du recadrage est d'ailleurs assez constant dans ce film où, comme toujours chez Mizoguchi, l'usage du montage est parcimonieux et le choix de l'échelle des plans réduit du plan large au plan rapproché. Seul un flash très bref saisit en gros plan sur le visage d'Oran lorsque Utamaro la désigne au milieu de ses compagnes. Un plan d'élection, de perception plus que d'émotion. Celle-ci provient du seul mouvement des âmes que Mizoguchi sait saisir avec sa grâce habituelle dans ce film où la structure narrative est plus dense qu'habituellement parce que les relations de désirs entre personnages y sont plus nombreuses.

Le peintre Kitagawa Utamaro

Kitagawa Utamaro (喜多川 歌麿, Kitagawa Utamaro, v. 1753 - 1806) est un peintre spécialiste de l'Ukiyo-e. Il est particulièrement connu pour ses représentations de jolies femmes (bijin-ga), mais son œuvre comprend également de nombreuses scènes de nature et d'animaux.

Son travail parvint en Occident au XIXe siècle où il rencontra un grand succès. Il a particulièrement influencé les impressionnistes par ses cadrages audacieux et le graphisme de ses estampes. Il était alors connu sous le nom d'« Outamaro », transposition selon l'orthographe française de la prononciation de son nom. Il fut surnommé en 1891 par Edmond de Goncourt « le peintre des maisons vertes » (les maisons closes), même si un tiers seulement des très nombreuses estampes que l'on connait de lui furent en réalité consacrées au Yoshiwara.

Selon certaines sources, il serait né à Edo (aujourd'hui Tōkyō), Kyoto ou Osaka. Mais plusieurs sources affirment qu'il serait né à Kawagoe, province de Musachi. Il est l'élève du peintre Toriyama Sekien, alors qu'il était encore enfant. Il grandit dans la maison de Sekien, et leur relation se poursuivit jusqu'à la mort de celui-ci en 1788. Sekien avait été formé dans l'aristocratique école de peinture Kano, mais il s'orienta plus tard vers l'ukiyo-e, plus populaire.

Utamaro fut ensuite patronné par l'éditeur Tsutaya Jūzaburō, chez qui il résida à partir de 1782 ou 1783. Comme la plupart des éditeurs, Tsutaya Jūzaburō habitait aux portes du quartier du Yoshiwara, dont il contribuait en quelque sorte à assurer la promotion (courtisanes et acteurs de kabuki).

Utamaro, comme de nombreux artistes japonais de son temps, changea son nom à l'âge adulte, et pris le nom de Ichitaro Yusuke lorsqu'il prit de l'âge. Au total, il aurait eu plus de douze surnoms, noms de famille, ou pseudonymes.

Vers 1782 ou 1783, il s'en alla vivre chez le jeune éditeur Tsutaya Jūzaburō, alors en pleine ascension, chez lequel il résida apparemment cinq années. Pendant les années qui suivirent, la production d'estampes fut sporadique, car il produisit essentiellement des illustrations de livres de kyoka (littéralement « poésie folle »), parodie de la forme littéraire classique waka. Entre 1788 et 1791, il se consacra essentiellement à l'illustration de plusieurs remarquables livres sur la nature (insectes, oiseaux, coquillages...).

Vers 1791, Utamaro cessa de dessiner des estampes pour livres, et se concentra sur la réalisation de portraits de femmes, en plan serré, figurant seules dans l'estampe, contrairement aux portraits de femmes en groupe, qui avaient encore les faveurs de certains autres artistes de l'ukiyo-e. En 1793, il devint un artiste reconnu, et produisit alors une certain nombre de séries fameuses, toutes centrées sur les femmes du quartier réservé du Yoshiwara.

Le style d'Utamaro marque l'apogée de l'art traditionnel de l'ukiyo-e. Il su en effet porter l'art du portrait à son sommet, par de nombreux apports :

  • portraits visant à la ressemblance, malgré les conventions de l'art japonais,
  • visage « en gros plan », en buste (okubi-e) donnant à l'image un impact saisissant,
  • utilisation fréquente de fonds micacés (kira-e), donnant un aspect à la fois luxueux et sobre au portrait,
  • utilisation sans précédent du noir des chevelures féminines, dont la densité est augmentée par une double impression,
  • virtuosité extraordinaire du traitement des cheveux (un défi pour le graveur)...

Pendant longtemps, la notion de portrait n'exista pas dans l'estampe japonaise, en tous cas pas au sens où l'entend la peinture occidentale. En effet, la plupart des représentations humaines présentaient les personnages soit en groupe, soit, et c'était une constante des bijin-ga, individualisé, mais en pied. Ce n'est guère qu'en 1788-1789 que Katsukawa Shunkō réalisa une série de portraits d'acteurs de kabuki, représentés en buste. Utamaro reprit cette idée pour l'appliquer au genre bijin-ga, en publiant chez son éditeur Tsutaya Jūzaburō sa série Dix types d'études physiognomoniques de femmes (Fūjin sōgaku juttai), vers 1792-1793. Cette première série cependant, ne pouvait pas encore prétendre au portrait en gros plan, puisqu'il ne s'agissait que de portraits de femmes cadrés à mi-corps.

Ce n'est qu'un peu plus tard, et tout particulièrement avec sa série Anthologie poétique : section de l'Amour (Kazen koi no bu), publiée dès 1793-1794, qu'Utamaro conçoit véritablement ce qui restera l'archétype de l’okubi-e : les femmes ainsi représentées apparaissent en gros plan, ne montrant que la tête et les épaules, souvent sur un fonds micacé, pour produire ce qui demeurent une des formes les plus spectaculaires de l'ukiyo-e.

En 1804, au sommet de son succès, l'année même où il sortit l'Almanach illustré des Maisons Vertes, il dû faire face à de sérieux problèmes vis-à-vis de la censure, après avoir publié des estampes traitant d'un roman historique interdit. Ces estampes, intitulées La femme et les cinq concubines de Hideyoshi décrivait la femme et les cinq concubines de Toyotomi Hideyoshi, le grand chef de guerre du Japon à l'époque Momoyama. En conséquence, il fut accusé d'avoir porté atteinte à la dignité de Hideyoshi. En réalité, le shogun Ienari y vit une critique de sa propre vie dissolue. Quoi qu'il en soit, Utamaro fut condamné à être menoté pour 50 jours. Il ne put supporter le choc émotionnel de cette epreuve, et ses dernières estampes manquent de puissance. Il meurt en 1806.

Distribution

  • Minosuke Bandô : Utamaro
  • Kinuyo Tanaka : Naniwaya Okita
  • Kôtarô Bandô : Seinosuke
  • Hiroko Kawasaki : Oran
  • Toshiko Iizuka : Takasode
  • Kyôko Kusajima : Oman
  • Eiko Ohara : Yukie
  • Shôtarô Nakamura : Shozaburo
  • Kiniko Shiratao : Oshin
  • Mimpei Tomimoto : Takemaro

Fiche technique

  • Réalisation : Kenji Mizoguchi
  • Scénario : Yoshikata Yoda, Kanji Kunieda
  • Production : Masaichi Nagata pour la Shoshiku
  • Musique : Tamezô Mochizuki, Hisato Osawa
  • Photographie : Minoru Miki
  • Montage : Shintarô Miyamoto
  • Durée  : 106 mn
  • Date de sortie : 17 décembre 1946


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Trois Beautés de notre temps
Estampe à fond micacé d'Utamaro

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Photogramme du film

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