En attendant Bojangles

De Cinéann.

En attendant Bojangles , film français de Régis Roinsard, sorti en 2022

Analyse critique

Le récit raconte l'histoire d'une famille improbable, un père retraité et déjà écrivain, une mère très passionnée un peu folle, et un « enfant charmant et intelligent qui faisait la fierté de ses parents », vite retiré de l’école. L'appartement héberge également Mademoiselle Superfétatoire, une grue demoiselle de Numidie, et régulièrement le sénateur L'Ordure Ménagère. Dans cet univers chacun invente des histoires, détourne les formules courantes. Personne n'ouvre le courrier. Et Mr. Bojangles est le morceau de musique fétiche de la mère, dans l'interprétation de Nina Simone.

Au premier coup d'oeil, Camille et Georges semblent former un couple comme tous les autres en cette fin des années 50. En réalité, depuis les débuts de leur relation, tout est trop extraordinaire. Mariés le jour même de leur rencontre à une soirée mondaine, leur amour n'a cessé de grandir, et un petit Gary n'a pas tardé à rejoindre leur foyer. Malheureusement, cette vie faite d'excès, de légèreté, et de trop d'insouciance prend soudainement fin quand Camille est rattrapée par des démons qu'elle ne parvient désormais plus à combattre. George se retrouve seul avec son fils, faisant face à ses terribles remords, empli d'incertitudes.

L’adaptation du roman d’Olivier Bourdeaut invite dans le cinéma des personnages tellement inattendus qu’ils auraient tout pour effrayer un producteur, sans le succès que ce livre a reçu. Camille et Georges planent au-dessus des contingences de la vie. La seule qui vaille est celle qu’ils inventent ! Leur rencontre a tout d’un sketch délirant, leur première étreinte est une parade baroque, leur appartement, une scène de théâtre. Le tourbillon est vertigineux, comme le vide qui s’ouvre parfois sous les pas de Camille, funambule en chef rattrapée par la gravité de l’existence.

Le film prend la forme d’un étonnant hymne à l’amour. Aussi excentriques soient-ils, Régis Roinsard sait les rendre proches de nous, comme ils sont, à l’évidence, proches de lui. Leur envie de célébrer le bonheur, de fêter la magie extraordinaire et quotidienne d’être ensemble, fait des étincelles. Leur joie tellement insensée qu’elle en devient folie menaçante donne des frissons. Tout est dans l’intensité, ludique ou dangereuse.

Le film possède des liens étroits avec 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix ou L'Écume des jours de Gondry, d'après Boris Vian. Mais le film fabrique une représentation assez convenue du bonheur fou; cette comédie sixties transpose la mode pop du Swinging London du roman à Paris, jouant davantage sur la nostalgie des moquettes et des papiers peints vivaces que sur l’imaginaire des deux héros. A l’écran, la grue baptisée « Mademoiselle Superfétatoire » et le tas géant de courriers non ouverts témoignent davantage d’une mise en scène faussement fofolle.

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation : Régis Roinsard
  • Scénario : Romain Compingt, d'après le roman homonyme d'Olivier Bourdeaut publié en 2016
  • Photographie : Guillaume Schiffman
  • Montage : Loïc Lallemand
  • Sociétés de production : Curiosa Films et JPG Films ; France 2 Cinéma, Orange Studio,
  • Durée : 124 minutes
  • Dates de sortie : 13 octobre 2021 (avant-première au Festival international du film de La Roche-sur-Yon) ; 5 janvier 2022 (sortie nationale)
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