L'Étoile du soldat

De Cinéann.

L'Étoile du soldat est un film français réalisé par Christophe de Ponfilly. Il est sorti en salle le 22 novembre 2006.

Sommaire

Synopsis

Le film retrace les mésaventures d'un guitariste russe enrôlé en 1984 dans le chaos de la guerre d'Afghanistan.

Ce soldat, emprisonné par les moudjahiddin du Commandant Massoud, rencontrera, durant sa captivité, un musicien afghan et un journaliste français. Près de 20 ans plus tard, ce journaliste, enquêtant sur le soutien massif apporté par les États-Unis aux islamistes les plus radicaux, revient sur place pour mener des investigations sur l'assassinat du commandant Massoud, quelques jours avant le 11 septembre 2001.

Déclarations de Christophe de Ponfilly

Cette fois, je ne viens pas en Afghanistan pour témoigner du lent et difficile processus de reconstruction, mais pour réaliser un film de fiction destiné au cinéma. (...) Un projet que j’avais depuis longtemps envie de réaliser, et que les événements de septembre 2001 ont rendu pressant, car les douloureuses années 1980 semblaient étrangement avoir été oubliées : ces dix années où les Soviétiques ont mis le feu à l’Afghanistan, engageant dans leur combat des soldats de l’armée gouvernementale afghane, chair à canon offerte par un régime communiste qu’ils avaient eux-mêmes placés au pouvoir lors du coup d’État d’avril 1978. Cette période de dix années de guerre soviéto-afghane, curieusement devenue un point aveugle de l’histoire contemporaine. En Afghanistan, un certain terrorisme, dit islamiste, a plongé ses racines, puisé des forces, se gorgeant de haine contre les démocraties, largement aidé, financé, encouragé par des Pakistanais et des Américains. Qu’on le veuille ou non, c’est une vérité qu’il faut assumer si l’on veut encore oser se réclamer des droits de l’homme, d’une Déclaration Universelle insuffisamment traduite. Pas assez lue, sans doute.

Je reviens, bientôt entouré de techniciens français, qui vont travailler avec une grande équipe afghane pour raconter, ensemble, une histoire vraie : celle d’un jeune Soviétique envoyé, en 1984, faire la guerre dans ce pays dont il ignorait jusqu’au nom. Un jeune Russe appelé Nikolaï, originaire de Kirjatch, petite ville à 100 kilomètres au nord-est de Moscou. Après une formation militaire à Tachkent, il se retrouve dans le bas de la vallée du Panjshir, au milieu de montagnes dont il n’avait même pas idée, pion parmi d’autres dans un camp retranché. Un jour, le jeune soldat se fait capturer par des Moudjahidin. Il rencontre un journaliste français venu enquêter sur ce que faisaient Soviétiques et Américains dans cet Afghanistan. Massoud avait décidé de libérer un prisonnier soviétique. (...) Il avait demandé à ses hommes, lorsque les conditions le permettaient, de préserver des vies. Nous avions accepté de l’emmener avec nous.

C’était une folie, mais, dans le contexte où nous vivions alors, tout semblait évident, impossible à ne pas tenter. Nous avions toutefois réussi à franchir la frontière sans nous faire prendre par la police pakistanaise. (...) Hélas, le lendemain, lorsque nous revînmes dans la maison afin de l’amener dans une chambre que nous avions prise à l’hôtel, Nikolaï n’était plus là ! Un des responsables politiques du Jamiat’e islami, opposé à sa libération, l’avait fait déplacer dans une prison, quelque part dans la zone tribale. Nous avons protesté, menacé, crié à la trahison et au scandale. Impossible d’avoir accès à notre ami Nikolaï. Quelques semaines plus tard, alors que nous étions revenus à Paris, où Bertrand Gallet avait réussi à obtenir d’un proche de Mitterrand un laissez-passer pour Nikolaï, nous avions appris qu’il avait été assassiné lors d’une tentative d’évasion. Pour moi, cette histoire reste comme une plaie douloureuse. Un jeune, parmi tant d’autres, envoyé à la guerre dans un pays dont il ignorait même le nom, mort à 25 ans, pour rien. Étions-nous responsables de sa fin tragique ? Serait-il encore en vie s’il était resté parmi les hommes de Massoud ? Cette histoire me hantera longtemps. Elle me hante encore.

En quelques jours, nous avons tourné la plupart des scènes avec le prisonnier soviétique. Une manière pour moi de faire partager à ceux qui verront le film, ce qu’était réellement le quotidien des moudjahidin de Massoud. Comment ils se cachaient, comment ils se nourrissaient, comment finalement, dans un contexte particulièrement dangereux, ils parvenaient à résister face à une armée aussi puissante. En 1984, lorsque je circulais de grotte en grotte, nous ne pouvions filmer de telles scènes car il faisait trop sombre dans ces lieux enfoncés dans la roche. Et si froid ! Les grottes étaient juste éclairées à la lampe à huile, parfois à la bougie. Aujourd’hui, avec l’équipe de techniciens très qualifiés qui m’entoure et un matériel d’éclairage conséquent, je m’offre ce rêve étonnant de pouvoir reconstituer ces moments du passé.


Voilà les Afghans ! Pas ceux que les télévisions n’ont cessé de montrer avec leurs armes et leurs airs de tueurs. Pas ceux dont les portraits repoussants ont fini par se nicher dans les consciences des Occidentaux soumis à tant de réalités déformées, caricatures de vérités. Avec ce film, je vais, une fois encore, tenter de montrer “la vraie vie“. Pas le spectaculaire qui survient de temps en temps mais la banalité du quotidien et la fraternité qui a pu exister entre des Afghans et des prisonniers soviétiques.

Nous sommes en Afghanistan, ce n’est pas encore vraiment la paix. Il y a des risques à y venir. Qu’importe ! Je crois à la magie des lieux, à la force des êtres. Impossible pour moi d’envisager de tourner ce film ailleurs. Ce sera ici, près de l’enfer pour certains. Ici, près de Massoud en qui j’ai cru. Dans un village appelé Tanbana, j’ai mis en scène ce qui avait dû se passer dans bien des endroits : la visite de l’armée afghane, encadrée par des soldats soviétiques. (...) La fiction, une fois de plus, se mêle à la réalité.

Tout semble si vrai. C’est la magie du cinéma, sa force, son utilité aussi. De toutes les ruelles, une foule de villageois est amenée par les soldats afin que les hommes soient interrogés par l’officier afghan. Nos acteurs russes ont des têtes à faire peur. Les enfants afghans ne rient pas. Soudain un vieil homme du village vient protester qu’aucun soldat soviétique n’a réussi à mettre les pieds dans son village. Il se met devant les caméras et se dit choqué par ce que nous faisons. Un jeune Afghan le prend par le bras et entreprend de lui expliquer : “Grâce à leurs machines à faire des images, le monde entier verra que nous n’étions pas des fous, que le peuple afghan a été courageux, fier et digne et que nous n’avions pas demandé cette guerre.“

Distribution

  • Sacha Bourdo : Guitariste / Soldat russe (Acteur français d'origine russe)
  • Patrick Chauvel : Journaliste
  • Najmudine
  • Moalemalef Sourat
  • Murad Ibrahimbayo
  • Gol Ghoutey
  • Mohammad Amin

Fiche technique

  • Titre : L'étoile du soldat
  • Réalisation : Christophe de Ponfilly
  • Scénario : Christophe de Ponfilly, Rim Turki
  • Directeur de la photographie : Laurent Fleutot, Didier Portal
  • Décorateur: François Chauvaud
  • Ingénieur du son, mixage : Alain Curvelier, Stéphane Albinet
  • Montage : Anja Lüdcke
  • Musique : Jean-Baptiste Loussier
  • Production : Albert Films
  • Co-Production : NEF Filmproduktion und vertriebs GmbH, AFGHAN FILM, FRANCE 2 CINEMA, EuroArts Medien GmbH
  • Distribution : Les Films du Losange
  • Pays d'origine : France
  • Format : 35 mm (1:85) - super 16 mm DVHD
  • Genre : Fiction documentaire
  • Durée : 1 H 45
  • Date de sortie : 22 novembre 2006

Autour du film

  • Unique long métrage de fiction du documentariste Christophe de Ponfilly
  • Tournage en août et en septembre 2005 en Afghanistan, puis en octobre en Russie
  • Budget de 3,4 millions d'euros (aide de 360 000 euros du fonds Eurimages et soutien de 300 000 euros au titre du mini-traité régissant les coproductions franco-allemandes).
  • La version bande dessinée de L'étoile du soldat, a été mise en images par René Follet, aux éditions Casterman.

Récompenses

  • « Meilleur film du festival » par le jury du festival d'automne de Gardanne.


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