La Villa

De Cinéann.

La Villa , film français de Robert Guédiguian, sorti en 2017

Analyse critique

Angèle, Joseph et Armand se retrouvent auprès de Maurice, leur père âgé devenu aphasique après une attaque. Angèle n'est pas retournée dans la maison de son enfance depuis 20 ans, brisée par la mort accidentelle de sa fille Blanche. Des souvenirs mélancoliques s'échangent sur la Calanque autrefois populaire et communiste, désormais livrée à la spéculation immobilière et qui a perdu son âme d’antan. Angèle n'accepte pas que son père, terrassé de remords d'être le responsable de la mort de Blanche dont il avait la responsabilité, lui réserve une plus importante part d'héritage que ses frères pour l'achat de son pardon.

Benjamin, un pêcheur trentenaire de la Calanque, retrouve avec délice Angèle, l'actrice qu'il avait tant admirée au théâtre à Marseille, qui lui avait donné le goût des planches, et dont il est secrètement amoureux.

Des militaires en armes surveillent régulièrement la côte où échouent des migrants venus d'Afrique, afin de les arrêter et de les envoyer en centre de rétention, puis dans leur pays. Un jour, les deux frères trouvent dans la falaise trois enfants sans parents, transis et affamés. Ils les cachent chez eux, ce qui les ramène à une réalité beaucoup plus dramatique que la mélancolie ambiante des souvenirs vieillissants.

Les retrouvailles des trois enfants, est aussi celle de la troupe de Guédiguian , Armand (Gérard Meylan), Joseph (Jean-Pierre Darroussin) et Angèle (Ariane Ascaride), autant dire le rappel de la troupe de Robert Guédiguian. Le premier tient le modeste restaurant du port mais songe à mettre la clé sous la porte car le village se vide. Joseph est un cadre qui a été licencié, un beau parleur amer multipliant les saillies sardoniques. Enfin, la petite sœur, comédienne, habite Paris et revient à contrecœur dans cette région, chargée, pour elle, de funestes souvenirs.

Les trains qui filent vers la calanque déserte, des chemins de contrebandiers envahis de mauvaises herbes, tout paraît dominé par la perte, le deuil de quelqu’un, de quelque chose. La tentation est grande, de céder au « c’était mieux avant ». On pourrait le croire, lorsque surgit l’extrait d’un des premiers films de Robert Guédiguian, Ki lo sa ? (1985), porté par la musique de Bob Dylan, où l’on voit les mêmes personnages dans leur jeunesse insouciante. Mais déjà, Guédiguian parlait du temps perdu, des amours enfuies, de l’utopie gâchée.

Guédiguian mesure le gouffre qui sépare parfois les générations, leurs différends liés au travail et à l’argent, celui du couple de voisins avec leur fils médecin est bouleversant. D’autre part, l’urgence du présent, à travers la découverte d’enfants réfugiés, tapis dans la nature, vient réveiller ce que peuvent être une conscience, le sens de la solidarité et l’esprit de groupe. Les réponses apportées sont provisoires, la fin reste ouverte, ce qui est rare chez le cinéaste.

Distribution

  • Ariane Ascaride : Angèle Barberini, actrice
  • Jean-Pierre Darroussin : Joseph, le frère d'Angèle, professeur à la retraite
  • Gérard Meylan : Armand, le frère d'Angèle, restaurateur
  • Fred Ulysse : Maurice, le père d'Angèle, Joseph et Armand
  • Anaïs Demoustier : Bérangère, l'amie de Joseph
  • Robinson Stévenin : Benjamin, le pêcheur
  • Yann Trégouët : Yvan, le médecin

Fiche technique

  • Réalisation : Robert Guédiguian
  • Scénario : Robert Guédiguian et Serge Valletti
  • Directeur de la photographie Pierre Milon
  • Montage : Bernard Sasia
  • Producteurs : Robert Guédiguian, Marc Bordure
  • Durée : 107 minutes
  • Date de sortie : 29 novembre 2017
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