Le Beau Mariage
De Cinéann.
Le Beau Mariage film français réalisé par Éric Rohmer, sorti en 1982.
Analyse critique
Le film illustre ces vers de La Fontaine (La Laitière et le Pot au lait) :
- Quel esprit ne bat la campagne ?
- Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Sabine habite Le Mans et suit des cours d'Histoire de l'Art à Paris. Elle décide de mettre un terme à sa liaison avec Simon, un peintre abstrait, qui est marié, a des enfants et ne la voyait qu'en coup de vent. En lui annonçant sa décision, Sabine ajoute qu'elle va elle-même se marier.
De retour au Mans, où elle travaille provisoirement chez une antiquaire pour se faire de l'argent de poche, Sabine annonce également la nouvelle à son amie Clarisse, en précisant qu'elle s'est simplement décidée sur le principe du mariage, sans avoir encore rencontré l'heureux élu. Clarisse se prenant au jeu de son amie invite Sabine au mariage d'un parent et fait ce qu'elle peut pour lui faire rencontrer le futur mari dont elle rêve. Elle présente Sabine à un ami avocat, Edmond, intelligent et relativement aisé, mais très occupé par son travail.
Edmond, par ses bonnes manières, plaît à Sabine qui pense avoir trouvé en lui son "candidat". Dès lors, elle tente de séduire Edmond en jouant la jeune fille timide et bien élevée. Elle l'invite à son anniversaire et le présente à sa mère. Mais Edmond déjoue les manœuvres de Sabine en évitant de la revoir ou même de lui parler au téléphone. Excédée, Sabine finit par se rendre à son cabinet à l'improviste, et c'est la grande explication : Edmond lui fait comprendre qu'il tient à son indépendance.
Sabine repart, et, auprès de son amie Clarisse, elle reconnaît son erreur : on ne peut décider un mariage dans l'abstrait ; les choses du cœur n'ont rien à voir avec la froide raison. Dans le train, elle remarque un jeune étudiant.
La photographie est somptueuse. Le film se déroule à l'automne et les teintes douces et chaudes des extérieurs renvoient aux décors intérieurs et aux tenues des héroïnes. C'est le second film de la série " Comédies et proverbes ", que Rohmer inaugura avec La Femme de l'aviateur. Dans cette série, le héros rohmérien subit une épreuve dont il sort ou non triomphant. Ici, Sabine est vaincue. Aucune de ses manigances matrimoniales n'aboutira. Sur un sujet d'une minceur extrême, Rohmer signe une mise en scène classique, d'une finesse et d'une limpidité rares. Le Beau Mariage est aussi un de ses films les plus cruels. Constamment, le mariage est envisagé sous sa valeur marchande, comme échange de deux standings ou désir soudain d'ordre bourgeois. Les contrastes sociaux entre Clarisse et Edmond d'une part et Sabine d'autre part transparaissent à chaque scène. Pour Clarisse, réception mondaine, habits et atelier bourgeois ; pour Sabine, appartement parisien miteux, pauvre affiche de Man Ray, train et 4L, réception et costume minable, ancien amoureux pantouflard. L'amour de Sabine n'est qu'un échafaudage de son esprit. Dans ce conte éthique et social cruel, le mariage est constamment envisagé comme un désir d'élévation spirituel alors qu'il n'est qu'une solution pour s'élever socialement. Volontaire, sûre d'elle, souvent insupportable, Sabine poursuit une idée fixe, jusqu'à déchanter amèrement, lors de la scène des explications dans le bureau de l'avocat, qui est un prodige d'équilibre. Entre la gêne, la muflerie et la courtoisie, André Dussollier est éblouissant. Distribution
Fiche technique
Distinctions
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