Le Choix des armes

De Cinéann.

Le Choix des armes film français, réalisé par Alain Corneau, sorti sur les écrans en 1981.

Analyse critique

Un vieux caïd rangé des affaires voit sa vie bouleversée par l'intrusion d'un jeune truand, récemment évadé de prison.

Serge et Mickey s'évadent de prison avec la complicité du frère de Constantini. Leur cavale tourne mal: Serge est blessé. Les fuyards se réfugient chez Noël, un ancien truand qui vit maintenant retiré dans sa propriété près de Paris, en compagnie de sa femme Nicole et ancien complice de Serge.

Serge meurt. Noël accepte de cacher Mickey qui, sur un coup de tête, prend sa voiture pour aller à Paris. À son retour, il tombe sur le commissaire Bonnardot et son adjoint Sarlat, qui viennent de fouiller la maison de Noël. Il croit que Noël l'a trahi. Il menace les policiers puis... retourne sur Paris. En banlieue, il tente d'apercevoir sa fille qu'il n'a pratiquement pas connue et qui vit en pension. Puis Mickey se réfugie chez Dany, un copain.

Mickey revient à la propriété et terrorise Noël, qui reçoit des amis. Noël contacte des anciens du milieu, Jean et Ricky, afin de l'aider. Par sécurité, il a envoyé Nicole dans un hôtel. Un soir, parce que sa jument est malade, celle-ci retourne à la propriété. Mickey l'y attend. Sarlat, dont les méthodes s'opposent à celles de Bonnardot, intervient. À la suite d'un échange de balles, Nicole est tuée par Sarlat.

Noël a découvert la cachette de Mickey, et se poste au pied de l'immeuble pour l'abattre. Mais Mickey tient dans ses bras sa fillette qu'il vient d'amener en promenade après l'avoir enlevée de sa maison de pension. Plus tard, en compagnie de Dany, Mickey va effectuer un casse à la banque du coin. Dany s'enfuit. Mickey, blessé, est recueilli par Noël, qui a suivi la scène. Il l'emmène dans une propriété isolée. Mickey et Noël s'expliquent. À peine Noël a-t-il quitté la maison que la police arrive. Pris de remords, Noël fait demi-tour. Une fusillade éclate. Mickey est tué ; Noël prend Sarlat en otage et l'abandonne sur une route de campagne, ayant renoncé à se venger non sans lui avoir infligé une sévère humiliation... Noël, à la fin, adoptera la fille de Mickey.

Le Choix des armes met en scène trois principaux personnages et leur rapport à la violence : Mickey, jeune loubard habitant en banlieue, sur laquelle le film pose d’ailleurs un regard lucide et prémonitoire, totalement impulsif et incontrôlable, qui ne s’exprime que par la violence, totalement incapable de raisonner et de communiquer avec les autres ; Noël, ancien braqueur à la retraite qui, confronté à Mickey, va être tenté de reprendre les armes pour se défendre lui et sa femme ; et enfin l’inspecteur Sarlat, jeune inspecteur totalement aveuglé par une soif de vengeance suite au meurtre, commis par Mickey, d’un agent de police. Inexorablement, ces trois hommes vont plonger dans une spirale tragique de haine et de violence qui va exacerber leurs rancœurs et les amener à commettre l’irréparable. La manière dont le scénario figure l’engrenage de la fatalité par le biais de péripéties, de malentendus aux conséquences tragiques, est d’une précision remarquable.

Le film est une illustration saisissante de l’emprise de la violence et des armes sur les individus et leurs relations, et des conséquences tragiques qu’elle provoque. Ainsi, si il est redoutablement efficace, le film est aussi particulièrement juste et lucide dans son propos. A travers un scénario admirablement construit servi par la réalisation rigoureuse et nerveuse de Corneau, Le Choix des armes démontre que le port d’une arme et la violence comme moyen de résoudre les conflits entraîne les hommes dans un cercle vicieux et destructeur, aussi bien pour eux-mêmes que pour les autres. Un cercle dans lequel la communication, qui à plusieurs moments du film aurait pu être salvatrice, devient pratiquement impossible, les relations entre les hommes se réduisant à de simples rapports de force.

Si cette réalité est connue et a été traitée de nombreuses fois au cinéma, elle a rarement été aussi poignante et saisissante que dans Le Choix des armes. Pour plusieurs raisons ; d’abord, l’intelligence et la construction du scénario, qui instaure une montée très progressive de la tension et illustre parfaitement la mécanique de la fatalité, ressort typique du cinéma noir.

Autre facteur de la réussite indéniable du film : la qualité de la réalisation. En effet, pour illustrer sa réflexion sur la violence, Corneau apporte un soin tout particulier aux scènes d’action, au cours desquelles le bruit des détonations et l’impact des balles est particulièrement frappant. Cet aspect est essentiel puisque l’objectif du film est de montrer les effets ravageurs des armes. Ainsi, si la violence ne surgit que lorsque la tension est à son comble, elle éclate avec une brutalité littéralement glaçante et sans la moindre complaisance, laquelle eut été en totale contradiction avec la thématique principale du film.

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation : Alain Corneau
  • Scénario : Michel Grisolia et Alain Corneau
  • Musique : Philippe Sarde
  • Directeur de la photographie : Pierre-William Glenn
  • Montage : Thierry Derocles
  • Directeur de production : Daniel Sarde
  • Durée : 135 minutes
  • Date de sortie : 19 août 1981


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