Le Prestige

De Cinéann.

Le Prestige ( The Prestige) est un film américano-britannique de Christopher Nolan, sorti en 2006. Adaptation du roman éponyme de Christopher Priest, publié en 1995, le scénario est signé Christopher Nolan et son frère Jonathan Nolan. L'acteur britannique Christian Bale incarne le rôle d'un magicien du XIXe siècle, jugé pour l'assassinat supposé de son rival Robert Angier . Le film raconte les années de rivalité qui opposent les deux hommes, rivalité qui débute à la suite de l'accident mortel de la femme d'Angier, et qui se manifeste principalement autour d'un tour de magie nommé « l'homme transporté » que les deux hommes se disputent, avec pour toile de fond les recherches sur l'électricité de Nikola Tesla (incarné par David Bowie) et Thomas Edison.

Analyse critique

L'histoire se déroule en Angleterre, à Londres, durant l'ère victorienne et partiellement à Colorado Springs aux États-Unis. Alfred Borden, magicien, est accusé du meurtre de son rival et ex-ami Robert Angier. Angier s'est noyé au cours d'un tour de magie, après être tombé d'une trappe dans une cuve remplie d'eau et verrouillée, l'exécution du tour ayant apparemment mal tourné. Seul témoin présent sur les lieux, Borden est condamné au vu de la vieille rivalité qui l'oppose à Angier. Dans l'attente de l'exécution, Borden reçoit le journal intime d'Angier et commence à le lire.

Flashback. En 1887, Alfred Borden et Robert Angier travaillent comme assistants d'un maître de la magie, le dénommé « Milton le magicien », dans un tour particulièrement dangereux durant lequel l'épouse d'Angier, Julia, ligotée, se libère d'une cuve hermétiquement fermée et remplie d'eau. Un jour, Julia se noie sous les yeux de son mari Angier, et celui-ci accuse Borden de l'avoir attachée avec un nœud de corde inédit et plus difficile à défaire. Borden s'avoue incapable de se souvenir du nœud qu'il avait réalisé.

Les hommes se séparent alors, et Borden fait carrière seul sous le nom du « Professeur ». Il embauche un "ingénieur" du nom de Fallon, et épouse une spectatrice dénommée Sarah, avec qui il a une fille, Jess. Angier quant à lui devient « Le Grand Danton », un nom qui lui avait été suggéré par sa défunte épouse. Il est aidé par un "ingénieur" Harry Cutter et embauche une jeune assistante nommée Olivia. Angier, déguisé, commence sa vengeance en tirant un coup de feu avec une véritable balle sur Borden pendant un tour de magie de celui-ci, lui faisant perdre deux doigts de la main. Borden, plus tard, déguisé lui aussi, provoque l'échec d'un numéro d'Angier de disparition d'oiseau, tour de magie durant lequel l'oiseau est tué devant le public mécontent (une personne sera même blessée).

C'est alors que Borden met en place son tour de magie de « l'homme transporté ». Dans ce tour de magie, où le magicien se transporte d'une caisse à une autre, Cutter est persuadé que Borden utilise un sosie. Angier engage alors un homme lui ressemblant, Olivier Root, afin de reproduire ce nouveau tour de magie qu'il baptise « le nouvel homme transporté ». Mais Angier est frustré d'effectuer la majeure partie du tour et de laisser les acclamations et applaudissements du public à son sosie, Root. Il confie donc à son assistante, Olivia, la mission de se faire engager par son adversaire Borden et de lui voler son secret. Olivia tombe amoureuse de Borden, mais fournit à Angier le journal de Borden dans lequel il décrit tous ses tours.

La signification du titre du film provient de l'une des trois étapes (inventées dans le livre) que comporte un tour de magie, comme cela est expliqué dans le film. La première étape se nomme la « promesse », où le magicien montre au public quelque chose qui semble ordinaire, mais ne l'est pas. La seconde étape consiste en l'exécution, le « tour », ou le magicien rend l'acte ordinaire extraordinaire. Le « prestige », titre du film et étape finale de l'illusion, est la partie du tour de magie où l'imprévu se produit.

Avec ce cinquième long métrage, Christopher Nolan ambitionne de jouer avec le spectateur, de lui tendre pièges, chausse-trappes et autres fausses pistes. Le Prestige, évoqué par le titre, est donc à entendre dans son acceptation ancienne, comme une illusion destinée à frapper l'imagination et dont les causes sont apparemment magiques. En racontant le duel à mort auquel se livrent deux illusionnistes de la scène londonienne, au crépuscule du XIXème siècle, le réalisateur tente d'élaborer un parallèle entre la démarche du cinéaste et celle du magicien de music hall. Idée a priori ingénieuse et qui pourrait déboucher sur de riches développements. Ces arts du mensonge usent du hors champ, de l'ellipse et du son pour produire des images mentales et nous faire croire à l'impossible, à ce qui n'a jamais été. Cette course au grandiose est d'ailleurs à rapprocher de celle des protagonistes : en cherchant l'ultime illusion, celle qui ne pourra pas être dépassée, il devient le jouet d'une machine infernale qui entraînera sa perte.

Cette histoire de vengeance et d'obsession oppose ainsi deux styles, deux manières d'appréhender le spectacle et l'art de la tromperie. L'un repose sur un appareillage élaboré, sinon complexe et mystérieux, l'autre sur l'astuce, le truc simple et efficace. Et étrangement, si l'on sent l'affection que Nolan porte à la seconde, plus artisanale, son geste est tendu entièrement vers la première. Ce qui se traduit par des redondances qui, à force, nuisent au film et rendent la plupart des pièges grossiers et inopérants. Le spectateur se retrouve alors à la place de celui qui devine à l'avance, sans pour autant tirer plaisir de cette anticipation.

Cela ne signifie pas que ce film soit dénué de valeur. Néanmoins ses thèmes, multiples (la figure du double, la filiation, l'obsession envahissante, la raison et l'irrationnel), ne forment pas un tout suffisamment lié pour être fascinant et intrigant. La faute en incombe au seul réalisateur, un virtuose de la caméra peinant à mettre en forme une véritable pensée.

Distribution

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  • Hugh Jackman : Robert Angier et Gerald Root
  • Christian Bale : Alfred Borden
  • Michael Caine : Harry Cutter
  • Scarlett Johansson : Olivia Wenscombe
  • Piper Perabo : Julia McCullough
  • Rebecca Hall : Sarah Borden
  • David Bowie : Nikola Tesla
  • Andy Serkis : Mr Alley
  • Ricky Jay : « Milton le Magicien »

Fiche technique

  • Réalisation : Christopher Nolan
  • Scénario : Christopher Nolan, Jonathan Nolan, Christopher Priest (roman)
  • Musique originale : David Julyan
  • Image : Wally Pfister
  • Montage : Lee Smith
  • Décors : Nathan Crowley
  • Durée : 130 minutes
  • Dates de sortie : 20 octobre 2006 (USA); 15 novembre 2006 (France)
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