Les Beaux Jours

De Cinéann.

Les Beaux Jours film français réalisé par Marion Vernoux, sorti le en 2013.

Analyse critique

Dans l'environnement un peu tristounet du port de Dunkerque (à moins que ce ne soit Calais), Caroline, la soixantaine, dentiste, prend sa retraite un peu trop tôt, sur un coup de tête, provoqué par le décès de sa meilleure amie. Du temps libre s'offre à elle, elle ne sait qu'en faire. Craignant de la voir s'ennuyer, ses deux filles lui offrent un abonnement d'essai au club «Les Beaux Jours», où se rencontrent des personnes de son âge pour des cours et des ateliers. Première impression, déprimante, de régression et d'humiliation au cours d'un atelier "théâtre". Elle y retourne pourtant, et elle fait bien : elle rencontre Julien, un animateur du club informatique, beaucoup plus jeune qu'elle, il pourrait être son fils. Ils deviennent amants, un peu par hasard. Euphorie sexuelle, relation a priori sans lendemain. L'attachement réciproque les surprend tous deux. Aux côtés de Julien, elle retrouve une joie de vivre toute spontanée. Mais Caroline aime toujours son mari, Philippe. Celui-ci ne tarde pas à découvrir que sa femme a une liaison avec un homme plus jeune.

Les Beaux Jours est une comédie sentimentale proche de la fable. Réaliste mais pas encombrée par des explications psychologiques. L'emballement de Caroline et de Julien n'est pas la conséquence d'un manque ou d'un déséquilibre, mais plutôt d'une curiosité et d'un désir d'"autre chose". Caroline a un mari qu'elle aime; et Julien, coureur de province, n'est pas en manque d'occasions et ne fait pas de fixette sur les « vieilles ». Les épisodes s'enchaînent sans heurts ni fausse note, avec une justesse qui fait oublier le caractère improbable de cette liaison. On croit au couple que forment Caroline et Julien, même si tout le monde, eux les premiers est conscient de la précarité de cette relation. Dans leurs regards, leurs gestes, leur manière de plaisanter ensemble, ils font très bien ressentir le désir et la complicité amoureuse, même si le thème de "la fin" est présent très tôt dans leurs conversations. Fanny Ardant est relookée, jeans et cheveux blonds, moins raffinée que d'habitude, plus décontractée, et se montre affriolante et émouvante, toujours avec malice. Laurent Lafitte parvient à nuancer la superficialité un brin pathétique de son rôle de collectionneur de femmes.

L'amour donne ici des ailes en modifiant la perception du temps qu'il reste. La vieillesse, les années passées, la mort qui se rapproche, tout cela est soudain mis entre parenthèses. Marion Vernoux filme cette histoire au présent. Un présent léger, presque souverain, si proche de l'insouciance que Caroline veille à peine à dissimuler son infidélité. Lorsque son mari l'apprend, le film passe à un registre plus douloureux, mais sans s'appesantir. Pas de règlement de comptes sordide : le couple vit en bonne intelligence. C'est un autre atout de faire ainsi du cocu un personnage qui compte. Patrick Chesnais est royal, toujours digne quoique malheureux, séduisant malgré lui.

Outre le mari, la femme, l'amant, il y a une ribambelle de personnages secondaires réjouissants, qui gravitent autour du club des retraités, incarnés par de grands acteurs, eux-aussi proches de la retraite. Avec eux, loin de la mode et des diktats, Marion Vernoux célèbre le plaisir de boire un bon vin le midi, de fumer, de lâcher prise. À la fin du film, pour Noël, la drôle de tribu composée de seniors court à poil ou presque sur une plage et c'est l'occasion pour le couple initial de se retrouver.


Fanny Ardant déclare :

C'est dur pour une brune de devenir blonde. Mais je me suis dit pourquoi pas... De toute façon, j'ai toujours aimé entrer dans un costume. J'aime cette idée de pouvoir détruire sa propre personnalité. C'est tout sauf un déguisement. Au cinéma, tout est information.

Le personnage de Caroline est une femme solaire mais qui, aussi, a décidé de rompre les derniers liens qui la retenaient encore à une vie sociale normale. Mais je pense que la vieillesse est le temps de l'insolence, le temps de l'irréductibilité. Si on a la santé et un esprit libre, alors oui, on peut être une empêcheuse de tourner en rond...

Quand Marion Vernoux m'a proposé le rôle, ce n'était pas tant le fait que ce soit le parcours d'une femme d'un certain âge qui m'a attirée mais son caractère. Elle est irréductible. Elle va vivre cette histoire d'amour avec un jeune homme, même si elle aime son mari. Ce n'est pas une femme à la dérive, en mal de mâle. Elle sait qu'elle n'a plus un physique de 20 ans, mais elle refuse l'abrutissement. Cette rencontre ne sera que désir et plaisir. Ce n'est pas une bouée de sauvetage, c'est quelque chose en plus. Quitte à prendre des risques avec son mari et ses filles. C'est ce que je dis toujours: tout a un prix. Caroline le sait et elle l'assume. Elle préfère être blessée mais vivre.

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation : Marion Vernoux
  • Scénario : Marion Vernoux et Fanny Chesnel d'après le roman Une jeune fille aux cheveux blancs de Fanny Chesnel paru en 2011 aux Éditions Albin Michel
  • Musique originale : Quentin Sirjacq
  • Productions : Les Films Du Kiosque et 27.11 Production
  • Producteurs : François Kraus , Denis Pineau-Valencienne et Juliette Favreul-Renaud
  • Durée : 94 mn
  • Date de sortie : 19 juin 2013


Retrouvez tous les détails techniques sur la fiche IMDB

 

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