Loulou (film, 1929)

De Cinéann.

Loulou (Die Büchse der Pandora), film allemand réalisé en 1929 par Georg Wilhelm Pabst.

Synopsis

Loulou, maîtresse du Dr Schön, patron de presse, est dans son appartement avec Schigolch son vieux "père-souteneur". Ils se rappellent l'ancien temps et Loulou esquisse quelques pas de danse. Le Dr Schön entre et Schigolch a juste le temps de se cacher dans le balcon. Le Dr annonce à Loulou qu'il va se marier avec une femme de son rang, en l'occurrence la fille d'un ministre, et qu'il ne peut plus avoir de relations avec elle. Elle lui rétorque que Si tu veux te libérer de moi tu devras me tuer. Schigolch sort de sa cachette et Loulou le présente comme étant son père.

Alwa, le fils du Dr,amoureux de Loulou,veut monter une revue et engager Loulou qui a déjà dansé. Le Dr accepte et il fera la publicité dans ses journaux. À la générale Loulou quitte la scène et s'enferme dans sa loge.Elle consent à ouvrir la porte au Dr qui se jette à ses pieds et la supplie de reprendre son rôle.Sa fiancée ayant ouvert la porte voit la scène. Les fiançailles sont rompues. Alwa convainc son père d'épouser Loulou qui accepte. Le jour du mariage Loulou s'éclipse abandonnant les invités et rejoint la chambre nuptiale dans laquelle Alwa, Schigolch et Rodrigo sont aux pieds de Loulou et consomment force coupes de champagne. Le Dr entre dans la chambre, chasse les intrus, va chercher un revolver, agresse violemment Loulou, et lui intime de prendre l'arme de la braquer sur elle et de se suicider. Durant la dispute un coup de feu éclate. Le Dr tombe mort.

Quelques années plus tard a lieu le procès. Elle est jugée pour le meurtre du Dr. Elle est accusée d'avoir ouvert la boîte de Pandore et d'avoir ainsi libéré tous les maux de la terre, dont le vice. Le procureur requiert la peine de mort. En attendant la décision du tribunal, des comparses de Schigolch déclenchent l'alarme et crient "au feu". Loulou, profitant de la panique de la foule, s'échappe.

Avec Alwa, Schigolch et Rodrigo elle s'enfuie et ils se retrouvent sur un yacht tripot français fréquenté par la haute société. Son amie,la lesbienne Comtesse Anna Geschwitz retrouve Loulou qui lui explique qu'elle est entraîneuse, qu'elle doit une forte somme à Rodrigo et lui demande de coucher avec lui pour effacer la dette. La Comtesse, malgré sa répulsion du sexe masculin, accepte. La police effectue une descente. On retrouve Rodrigo mort.

Loulou, Alwa et Schigolch réussissent à s'échapper et à rejoindre Londres où ils échouent dans les bas quartiers, Alwa ayant dilapidé sa fortune au jeu. Loulou drague un passant et l'invite à monter dans la mansarde. Il lui dit qu'il n'a pas d'argent et elle lui répond ça ne fait rien,tu me plais. C'est Jack l'éventreur qui la poignarde à mort.

Loulou est une jeune femme qui ne s'encombre d'aucun préjugé, vivant pour l'amour et le plaisir et ayant même une liaison avec une lesbienne. Le film est une adaptation de deux pièces de théâtre du dramaturge allemand Frank Wedekind qui firent scandale au début du XXe siècle. Le film est connu sous le nom de Loulou et non par son titre original.Ce dernier est en rapport avec la plaidoirie de l'accusation lors du procès de Loulou,le procureur l'accusant d'avoir ouvert la boîte de Pandore libérant tous les vices de la terre.

Le rôle de la Comtesse est considéré comme étant le premier personnage lesbien de l'histoire du cinéma. La censure a mutilé le film et rendu les personnages plus fréquentables. Le Dr devient le père adoptif de Loulou, son fils Alwa est transformé en secrétaire asexué, la Comtesse n'est plus une lesbienne mais une amie d'enfance de Loulou,Loulou est acquittée et se convertit à l'Armée du Salut. Jack l'éventreur disparait. Une copie, conforme aux vœux de Pabst, a été remontée en 1980.

La rencontre de Pabst et de Louise Brooks fut avant tout celle d'un chorégraphe et d'une danseuse, le film offrant l'aspect sur les plans visuel, littéraire et métaphysique, d'une danse d'amour et de mort.

Incarnation libertaire et anarchiste de l'amour fou et de la révolte sans compromis contre la société, féministe avant la lettre ou bien héroïne incandescente de mélodrame, victime des hommes et d'une morale en putréfaction, Loulou a survécu triomphalement à toutes ces interprétations. Le milieu social et les décors du film sont réalistes mais ils sont progressivement envahis par des éclairages expressionnistes qui finissent par toit engloutir.

Loulou elle-même est une créature lumineuse dont la lumière sert à éclairer et à révéler les ténèbres d'autrui et du monde qui l'entoure. L'annihilation finale de Loulou, antithèse tragique à l'ascendant qu'elle exerçait sur les personnages masculins, et parfois féminins, de l'intrigue, débouche par delà le dénouement sur une ultime victoire remportée dans la mémoire des spectateurs et dans l'éternité.

La tension dramatique constante du récit ne laisse que peu de répit aux personnages comme aux spectateurs et les courts moments d’accalmie ne font que précéder de plus grandes chutes. Malgré ça, le film, fondamentalement d’un profond pessimisme, ne sombre jamais dans le mélodrame. Pabst parvient à toujours maintenir un juste équilibre entre les développements du récit et la peinture à caractère réaliste d’une époque à travers ses différentes strates sociales. Des salons berlinois aux ruelles sordides de Londres, il dépeint un monde d’une rare noirceur et fait à jamais de Loulou une des figures féminines les plus marquantes de l’histoire du cinéma.

Distribution

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  • Louise Brooks : Loulou
  • Fritz Kortner : Dr Peter Schön
  • Francis Lederer : Alwa Schön
  • Carl Goetz : Schigolch
  • Krafft-Raschig : Rodrigo Quast
  • Alice Roberts : Comtesse Anna Geschwitz
  • Gustav Diessl : Jack l'éventreur

Fiche technique

  • Titre : Loulou
  • Titre original : Die Büchse der Pandora
  • Titre anglais : Pandora's Box
  • Réalisation : Georg Wilhelm Pabst
  • Scénario : Georg Wilhelm Pabst, Joseph Fleisler et Ladislaus Vajda, d'après la pièce de Frank Wedekind
  • Production : Seymour Nebenzal, pour la Nero-Film
  • Musique : Timothy Brock
  • Photographie : Günther Krampf
  • Direction artistique : Andrej Andrejew, Gottlieb Hesch
  • Assistant réalisation :[Marc Sorkin
  • Pays d'origine : Allemagne
  • Format : Noir et blanc - Muet
  • Durée : 100 minutes ; 133 minutes (version restaurée)
  • Date de sortie : 30 janvier 1929 (Berlin) (première).


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