Perceval le Gallois

De Cinéann.

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Perceval le Gallois, film français réalisé par Éric Rohmer, d'après Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, sorti en 1978.

Sommaire

Analyse critique

Une femme qui a perdu son mari et deux de ses fils se cache dans une forêt du Pays de Galles avec son dernier enfant, Perceval, et essaye, pour le préserver, de l'élever loin de la civilisation, dans l'ignorance complète du monde et de la chevalerie meurtrière. Perceval rencontre un jour un groupe de chevaliers à la brillante armure. Il en est si enthousiasmé qu'il quitte aussitôt le refuge et sa mère malgré les supplications de celle-ci, qui disait qu'elle ne voulait pas le perdre a son tour.

Il se rend à la cour du « Roi Artus » (roi Arthur) à Carduel où une jeune fille lui prédit un grand avenir, malgré les railleries de « Kex » (Keu) le sénéchal. Perceval se fait remarquer par la rusticité de ses manières ; cependant, il sort vainqueur de son premier combat et s'empare de l'armure de son adversaire, le Chevalier Vermeil.

« Gurnemanz de Goorz » (Gornemant de Gohort), un vieux chevalier plein d’expérience prend Perceval sous sa protection et lui enseigne les façons courtoises. Il lui apprend aussi les vertus chevaleresques : épargner un adversaire vaincu, montrer de la retenue dans le discours, protéger les dames et fréquenter les églises.

Grâce à sa noble origine et à son ardeur, Perceval fait de rapides progrès et il peut bientôt voler de ses propres ailes. Il s'en va donc à l'aventure et conquiert par sa beauté et son courage « Blancheflor » qui devient son amie. Perceval insiste pour partir parce qu'il veut voir si sa mère est toujours en santé, mais il promet de revenir et d'épouser Blanchefleur après.

Après maintes péripéties, un soir qu'il cherchait un gîte, Perceval est reçu par le Roi Pêcheur. Des valets l'habillent d'écarlate et l'introduisent dans une vaste salle carrée au milieu de laquelle gît, à demi couché sur un lit, un homme vêtu de zibeline. Pendant que Perceval s'entretient avec lui, il est témoin d’un spectacle étrange : Un valet qui tient une lance resplendissante de blancheur s'avance. « À la pointe du fer de la lance perlait une goutte de sang et jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille ». Deux autres valets suivent avec des chandeliers en or. Puis vient une belle jeune fille richement parée. Elle porte un Graal d'or pur orné de pierres précieuses.

À chaque plat, le cortège réapparaît avec le Graal, sans que les assistants semblent y faire attention. Par contre bouleversé et intrigué, Perceval, se demande « À qui s'adresse le service du Graal ». Mais, prisonnier de l'éducation reçue, il n'ose le demander ; car il se souvient des conseils de Gurnemanz qui lui a recommandé de réfléchir avant de parler et de ne pas poser de questions indiscrètes ; alors, il se tait. Après le repas, le châtelain, qu'un mal mystérieux semble ronger, se fait porter dans sa chambre par quatre serviteurs. Perceval s'endort à son tour. À l'aube, en se réveillant, il trouve le château vide. Actionné par des mains invisibles, le pont-levis s'abaisse devant lui. Perceval reprend la route, mais il est bien décidé à élucider le mystère et surtout à retrouver un jour le Graal.

Peu de temps après, une dame d’aspect horrible, telle qu’on en voit dans les légendes celtiques, arrive à la cour et reproche à Perceval de ne pas avoir interrogé son hôte à propos du Graal, car la question aurait eu le pouvoir de guérir le roi blessé et en même temps levé la malédiction qui pesait sur ses terres.

La partie suivante raconte l'histoire du meilleur chevalier d'Arthur, Gauvain, qui a été défié en duel par un chevalier qui prétend que Gauvain avait tué son seigneur. Gauvain est en même temps un contraste et un complément à la naïveté de Perceval et ses aventures nous présentent un chevalier courtois qui doit agir dans des situations contraires à la courtoisie. Les aventures de Gauvain le conduisent à un château gouvernée par trois femmes : une reine, sa fille et sa petite-fille. Après avoir réussi l'épreuve du Lit Aventureux, Gauvain apprend qu'il s'agit en fait d'Ygerne, la mère d'Arthur, de l'épouse du roi Loth, sa propre mère, et de Clarissant, qui est donc sa sœur.

A la fin, après cinq années de vaines recherches, Perceval rencontre un ermite, son oncle, qui l'instruit dans les voies de l'esprit et lui révèle que le Graal est un calice. Apportée chaque jour en procession solennelle au père du roi, cette hostie lui permet depuis quinze ans de se maintenir en vie. Le film se termine par l'évocation du martyre du Christ.

Pour porter à l'écran le dernier roman (inachevé) de Chrétien de Troyes, Eric Rohmer a commencé par le traduire. Mais en lui conservant ses tournures médiévales, et même certains mots, qui sont encore compréhensibles. En gardant aussi la structure poétique : petits vers de huit syllabes. Un musicologue, Guy Robert, a retrouvé, ou parfois pastiché, des airs du XIIe et du XIIIe siècle et utilisé les instruments de l'époque : guitare sarrazine, rebec, luth, flûte traversière, chalumeau. Les personnages disent les dialogues très proches de l'original, mais ils se décrivent également à la troisième personne, accentuant l'effet de distanciation.

Les décors portent la marque du cinéaste et introduisent une distance salutaire: Ils sont stylisés : une aire de sable, de l'herbe peinte, un rocher de carton, une rivière en verre pilé, un château de carton doré (toujours le même, seul le blason change) et trois arbres de métal. Les effets spéciaux sont tous avoués et assumés, les décors sont disproportionnés (châteaux plus petits que les acteurs, etc.), en carton apparent et les murs du studio laissés bleus. Les costumes sont tous à dominante rouge ou ocre.

Eric Rohmer est fidèle à la fois à l'éthique chrétienne et à lui-même : pour reconnaître le Graal (vase qui, selon la légende, recueillit le sang du Christ), il faut oser questionner, pour questionner, il faut s'intéresser aux autres.

Mais Rohmer introduit également à travers ses choix de situations, des éléments modernes. Ainsi dans le choix même de Fabrice Lucchini pour tenir le rôle de Perceval, il ne cède pas à l'image d'un chevalier brutal. De même les rapports entre hommes et femmes sont souvent marqués par l'audace et l'initiative féminine. Il introduit dans cette aventure épique une fausse naïveté qui court comme une eau fraîche et ironique dans les pérégrinations de Perceval, incarné par un Luchini débutant aux yeux écarquillés.

Distribution

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  • Fabrice Luchini : Perceval
  • André Dussollier : Gauvain
  • Marie Rivière : pucelle, dame, fille de Garin
  • Pascale Gervais de Lafond : pucelle, dame, fille de Garin
  • Pascale de Boysson : la Veuve Dame
  • Clémentine Amouroux : la Pucelle de la tente
  • Jacques Le Carpentier : l'Orgueilleux de la Lande
  • Antoine Baud : le Chevalier Vermeil
  • Jocelyne Boisseau : la Pucelle qui rit
  • Marc Eyraud : le Roi Arthur
  • Gérard Falconetti : le sénéchal Ké
  • Raoul Billerey : Gornemant de Goort
  • Frédéric Norbert : le Roi d'Escavalon
  • Arielle Dombasle : Blanchefleur
  • Sylvain Lévignac : Anguingueron
  • Guy Delorme : Clamadieu des Îles
  • Michel Etcheverry : le Roi pêcheur
  • Coco Ducados : la Demoiselle Hideuse
  • Gilles Raab : Sagremor
  • Marie-Christine Barrault : la Reine Guenièvre

Fiche technique

  • Titre : Perceval le Gallois
  • Réalisation : Éric Rohmer
  • Scénario : Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, écrit vers 1180 et transcrit par Éric Rohmer
  • Musique : Guy Robert, d'après des airs des XIIe et XIIIe siècles
  • Production : Margaret Ménégoz, Barbet Schroeder, les Films du Losange
  • Pays d'origine : France, Italie, RFA
  • Images : Néstor Almendros, assisté de Jean-Claude Rivière et Florent Bazin
  • Montage : Cécile Decugis, Jill Reix
  • Photographie : Bernard Prim
  • Durée : 138 minutes
  • Date de sortie : 8 actobre 1978 (USA) ; 7 février 1979 (France)

Distinctions


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