Seul au monde

De Cinéann.

Seul au monde (Cast Away) est un film d'aventure réalisé par Robert Zemeckis, sorti en 2000.

Sommaire

Analyse critique

Chuck Nolan, ingénieur de la FedEx, société de transport de courrier, vole vers une nouvelle destination professionnelle lorsque son avion est victime d’un grave incident.

Dans Seul au monde, Robert Zemeckis reprend le thème de Robinson Crusoe. La plupart des commentaires ont salué la performance de Tom Hanks, tout en déplorant soit la longueur du film, soit sa banalité. Pourtant, Zemeckis, à travers la prise de conscience de son personnage, propose une réflexion salutaire sur le sens de la vie et entend nous faire jeter un regard critique sur les valeurs auxquelles nous soumettons notre existence.

Dans les films de Robert Zemeckis le thème du temps est récurrent. La récente édition en DVD de Retour vers le futur le rappelle assez. Le titre même et le récit de science-fiction qu’il recouvre combinent, en une comédie irrésistible, théorie scientifique de la relativité du temps et application fantaisiste nourrie des rêves humains de jouer avec - on ne peut résister au plaisir de la citation ! – le continuum spatio-temporel. Seul au monde, à l’inverse, – comme d’ailleurs Forrest Gump - s’empare du même thème du temps mais le traite, cette fois, de façon plus grave.

D’emblée, Zemeckis fait du temps l’enjeu essentiel de la structure de son film organisé comme un triptyque. Construit autour d’un personnage principal (Chuck Nolan, interprété par Tom Hanks) et d’une durée de cent quarante minutes (hors générique), le récit propose trois parties nettement différenciées à la fois par les événements qui surviennent au héros, par le retentissement qu’ils ont sur sa personnalité et par la modification de sa perception du temps qui s’en suit.

Le film propose, d’abord, une sorte de longue introduction de trente minutes centrée sur Chuck Noland dont le portrait est rapidement brossé : ingénieur de la FedEx, société internationale d’acheminement de courrier dans les meilleurs délais, il apparaît comme un homme pressé, vivant dans l’urgence, efficace, prêt (ou contraint, car il n’est pas sans quelque humanité) à faire passer sa carrière avant sa femme, en lutte de tous les instants avec le temps qui passe trop vite à ses yeux, comme tout adepte forcené du rendement.

Puis, suite à un accident d’avion survenu au cours d’un vol professionnel qui le jette, seul et désemparé, sur une île déserte, commence l’essentiel du film. Par un de ces retournements dont le destin a le secret, lui, l’homme pressé qui rêvait d’arrêter le flux du temps, se retrouve confronté à un temps figé, qui ne s’écoule plus mais prend des allures d’éternité immobile et qui fait vaciller sa raison lorsqu’il comprend qu’il ne peut être secouru. Cette rupture avec son univers personnel et affectif – symbolisée par la chute visuelle et, surtout, sonore, de l’avion dans l’océan et son immersion passagère dans l’océan, sorte de retour au liquide amniotique qui précède une re-naissance – et le séjour de quatre années qui s’ensuit sur l’île, Zemeckis les transcrit dans la durée même de son film puisqu’il leur consacre quatre-vingts minutes, étirant le temps pour le spectateur comme pour son personnage, de façon à opérer une identification plus vraisemblable. L'homme moderne (c'est-à-dire Chuck Noland ET le spectateur, en l'ocurrence !) dont la vie est organisée autour du travail et du loisir - le divertissement pascalien - qui donnent un sens à la vie et évitent l'ennui métaphysique se trouve alors confronté à cet ennemi qu'est le temps.

Le film s’achève comme il avait commencé. Le parallèle est évident : la dernière partie - à son retour à la civilisation, il apprend que sa femme s’est remariée et, prenant conscience que le temps est, aussi, irréversible, il décide de s’en aller loin d’elle pour ne pas déranger sa nouvelle vie - dure également trente minutes et reprend dans sa séquence finale exactement celle du début. Cette reprise symétrique de durée et de sujet donne d’ailleurs son sens au film. A l’ouverture du film, un agent de la FedEx vient réceptionner un colis dans une propriété isolée nommée « Dick et Bettina ». A la fermeture du film, c’est Chuck Noland qui rapporte le colis qu’il a sauvé du naufrage et qui a accompagné son séjour sur l’île mais le prénom « Dick » a disparu ; il ne reste plus que celui de « Bettina » avec laquelle il échange quelques mots au hasard de leur rencontre

Au dernier plan, le regard caméra nous montre le héros à un carrefour, se tournant successivement dans les différentes directions puis, en gros plan, fixe son visage qui exprime, face au spectateur, une souffrance indécise : une nouvelle vie est à commencer… sera-ce avec cette Bettina dont le paquet – destiné à l’origine à Dick son mari - lui a sauvé la vie ?

Zemeckis joue sur la durée dans la structure de son film (30′/80′/30′), ce qui s’accorde parfaitement à son propos : le temps mesuré par l’horloge n’est décidément pas celui perçu par la conscience qui l’accélère ou le ralentit selon qu’il lui paraît trop lent ou trop rapide. Cette variation dans la représentation qu’a Chuck Noland du temps avant l’accident et, ensuite, sur l’île prépare une réflexion qui débouche sur le problème du sens de la vie. Après avoir vécu la réussite, puis le châtiment, il connaîtra sans doute la rédemption, conscient désormais des enjeux : c’est moins la conscience du temps qui passe trop vite et le sentiment d’urgence qui en découle qui importe que la façon dont on l’utilise ; et l’ambition professionnelle a peu de prix si elle se construit sur les décombres des vraies valeurs humaines de la présence au quotidien, de la chaleur et de l’amour.

Distribution

Fiche technique

  • Titre original : Cast away
  • Réalisation : Robert Zemeckis
  • Scénario : William Broyles
  • Musique : Alan Silvestri
  • Production : Dreamworks/Twientieth Century Fox
  • Distribution : VIP.
  • Durée : 114 minutes
  • Dates de sortie : 7 décembre 2000 ( USA )
    • France 17 janvier 2001

Source


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