Tokyo Eyes

De Cinéann.

Tokyo Eyes film franco-japonais réalisé par Jean-Pierre Limosin, sorti le 9 septembre 1998.

Analyse critique

Un fait divers perturbe la sérénité quotidienne de la capitale nippone depuis plusieurs jours : un jeune homme, surnommé « le bigleux » en raison de ses épaisses lunettes, défraie la chronique en tirant sur des gens à bout portant, sans raison apparente. La jeune Hinano, dont le frère est policier, a entraperçu le portrait robot de l'intéressé, et acquiert bientôt la certitude d'avoir déjà vu ce « bigleux » sur la ligne de métro qu'elle emprunte chaque matin. Elle se met en tête de retrouver toute seule l'énigmatique personnage...

Tokyo Eyes, Tokyo + Yeux : il y a la ville et puis les regards. Un Tokyo, dans lequel on s'espionne, se filme, se toise et s'accroche dangereusement du regard. Ce Tokyo-là ne pouvait laisser indifférent ceux qui sont derrière la petite lucarne de l'écran, les yeux baladeurs et clandestins, à suivre les déambulations de K, le tueur virtuel et d'Hinano, midinette de l'âge numérique.

On est dans le Tokyo de la faune lookée et décontractée, le Tokyo des jeunes qui s'amusent et se défoulent copieusement, dans l'angoisse et la révolte d'avoir un jour à ressembler à ces quelques spécimens de « salarymen » (petits chefs) égarés qu'ils croisent de temps en temps. En attendant, ils se réfugient à fond dans la BD, la musique, la mode des chaussures Nike, des cheveux décolorés ou des jeux vidéos. K, digne mutant de l'ère Vidéo Game, ne fait pas beaucoup la différence, puisqu'il continue de canarder sur les méchants, exactement comme quand il est devant ses écrans, son casque sur les oreilles. Dans un doux délire de justicier farceur.

Hinano, soeur de flic et amoureuse téméraire, c'est la future femme libérée. On l'imagine mal jouer les pots de fleurs (on dit "fleur de bureau" au Japon) dans les grandes entreprises à servir le thé et faire des courbettes à ses « salarymen ». Hinano, en attendant la grande vie, fait des petits boulots, un arubaito (petit boulot) chez un coiffeur. Et puis elle espionne ce type au comportement étrange, qui se balade en faisant de grands gestes, un oeil secret dans la main.

J.P. Limosin aime le Japon, mais la manière dont il en parle est un peu maladroite et caricaturale en plusieurs occasions. La jolie Hinano est ainsi un pur produit du phénomène « idole », Takeda Shinji incarne un jeune homme qui ressemble plus ou moins à un « otaku », les salary men s’endorment dans les métros, un videur de boite de nuit est surpris en train de jouer avec une Gameboy, etc. Tout cela semble fait avec un soupçon de naïveté qui laisse finalement une bonne impression, malgré ce petit goût d’inachevé qui survient à la fin du film.

Distribution

Fiche technique

  • Titre original : Tokyo Eyes
  • Réalisation : Jean-Pierre Limosin
  • Scénario : Jean-Pierre Limosin, Santiago Amigorena, Philippe Madral et Yuji Sakamoto
  • Production : Hengameh Panahi (Lumen Films) et Kenzo Horikoshi (Euro Space)
  • Musique originale: Xavier Jamaux
  • Photographie : Jean-Marc Fabre
  • Montage : Danielle Anezin
  • Pays d'origine : France, Japon
  • Durée : 97 minutes
  • Dates de sortie : 9 septembre 1998 (France), 24 octobre 1998 (Japon)
  • Présenté au Festival de Cannes 1998, dans la section Un certain regard.


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