Un thé au Sahara

De Cinéann.

Un thé au Sahara film anglais de Bernardo Bertolucci, sorti en 1990

Analyse critique

En 1947, trois riches intellectuels Américains, Port et Kit Moresby et leur ami George Tunner, débarquent à Tanger avec l'intention de traverser le Sahara. Port est un compositeur désenchanté. Kit auteur dramatique, est plus optimiste mais aussi plus fragile. Leur couple traverse une crise douloureuse. Ils pensent que l'aventure représentée par le Sahara peut leur apporter l'oxygène qui leur manque.

Quant à Tunner, c'est un séduisant mondain, surtout préoccupé de séduire la jolie Kit. Port soupçonne une liaison entre Kit et Tunner. Leurs relations se dégradent. entachées de méfiance; le trio entretient de troubles rapports. La rencontre de Mrs. Lyle, Anglaise excentrique rédigeant des guides touristiques, et de son fils Eric, gros garçon malsain, va hâter leur départ vers le sud.

Port profite de leur Mercedes tandis que Kit part en train avec Tunner. Pendant le voyage. elle devient sa maitresse. Les conditions de voyage deviennent de plus en plus pénibles et d'étranges malaises assaillent Port. Après s'être débarrassé de Tonnet, Port emmène Kit à El Ga'a. Mais son état empire et il est transporté au fort français où un médecin l'isole : il a la typhoïde.

Après avoir assisté Port dans sa lente agonie, Kit, rongée par un intense sentiment de culpabilité, part seule dans le désert. Belqassim, un jeune chef Touareg, l'emmène dans sa caravane, s'éprend d'elle et une fois dans son village, la cache dans la maison familiale. La jalousie de ses femmes force Kit à fuir de nouveau, habillée en Arabe. Mais les billets français qu'elle détient la trahissent. Rapatriée à Tanger, Kit, muette, hébétée, est conduite par Miss Ferry à l'hôtel où l'attend Tunner. Déjouant la surveillance de sa compagne, Kit s'échappe pour retourner au café où ils aimaient se rendre au début de leur voyage, elle y retrouve un vieil homme témoin de leur histoire.

Bernardo Bertolucci est assez loin de son provocateur Dernier Tango à Paris et de son historique Le dernier Empereur, qui a précédé ce film de 4 ans. Il réussit un savant contraste entre les sublimes paysages dépouillés et grandioses et les sentiments des personnages torturés et indécis. Les paysages sont magnifiquement filmés, le désert y est retranscrit dans toute sa beauté, toute sa majesté et sa grandeur. Cette majesté s'oppose à l' histoire de ces deux êtres qui s'aiment mais qui ne se trouvent que dans la souffrance de la maladie. Ils sont pathétiques lorsqu'ils font l'amour au dessus de la vallée, n'osant pas se jeter l'un sur l'autre, envahis par la honte du désir.

L'autre volet de la passion est celui traduit par le désir fou qui se noue entre le touareg et l'héroïne. Ils ne se comprennent pas, et pourtant, une communication s'établit. La morale finale est assez conventionnelle et moralisatrice :« Comme nous ne savons pas quand nous mourrons, nous prenons la vie pour un puits inépuisable. Tout n’arrive qu’un nombre limité, très limité, de fois.Combien de fois te rappelleras-tu un après-midi d’enfance qui est si intimement part de ton être que tu n’imagines pas la vie sans lui ? Encore quatre ou cinq fois, peut-être même pas. Combien de fois verras-tu la pleine lune se lever? Peut-être vingt. Et pourtant, tout paraît être sans limites. »

L'interprétation des acteurs ne souffre aucune critique, en particulier celle du grand John Malkovich. Ce point est essentiel, car la beauté du désert laisse toujours planer la risque de voir basculer ce genre de film vers le documentaire de luxe. Piège dans lequel, heureusement, Bertucelli n'est pas tombé. Anthony Minghella s’y cassera les dents six ans plus tard avec Le Patient anglais, beaucoup plus faible.

Distribution

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Fiche technique

  • Titre original : The Sheltering Sky
  • Réalisation : Bernardo Bertolucci
  • Scénario : Mark Peploe et Bernardo Bertolucci d'après le roman de Paul Bowles
  • Photographie : Vittorio Storaro
  • Montage : Gabriella Cristiani
  • Producteur : Jeremy Thomas (Grande-Bretagne)
  • Musique originale : Ryuichi Sakamoto
  • Durée : 135 minutes (2 h 15)
  • Date de sortie : 21 novembre 1990


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