Welcome

De Cinéann.

Welcome film français de Philippe Lioret, sorti en 2009

Analyse critique

Souhaitant faire un film sur les immigrés bloqués à Calais dans l'espoir d'entrer au Royaume-Uni, Philippe Lioret élabore avec Emmanuel Courcol et Olivier Adam un scénario en rencontrant les associations et les réfugiés du Calaisis. Un certain nombre d'acteurs sont des non professionnels, et notamment Firat Ayverdi et Derya Ayverdi, qui interprètent le jeune couple séparé qui cherche à se rejoindre, et qui sont frère et sœur dans la vie.

Certains sans-papiers sont là depuis des semaines ou des mois. Bilal, lui, vient d'arriver à Calais, venu de son Kurdistan irakien. Avec la fougue de ses 17 ans, il s'imagine que rallier l'Angleterre, où l'attend celle qu'il aime, sera facile. Nettement plus que ce qu'il a déjà subi. De fait, trouver des passeurs, ce n'est pas très dur, à condition d'être plusieurs et de payer 500 euros par tête. Dissimulé dans un camion, Bilal ne se doute pas qu'il devra, à certains moments, s'enfouir la tête dans un sac en plastique pour éviter les flics, les chiens et leur petite tête chercheuse, cette « espionne du CO2 » qui détecte le moindre souffle suspect.

À Calais, un maître-nageur sauveteur décide d'aider un jeune émigrant kurde de 17 ans à atteindre le Royaume-Uni en traversant la Manche à la nage. Nager des kilomètres dans le froid, en dépit des courants et des bateaux qui patrouillent toutes les dix minutes. A la piscine où il s'est naïvement inscrit pour prendre des cours, Bilal rencontre Simon, l'un des maîtres-nageurs. Pourquoi ce maître-nageur, ni meilleur ni pire, se décide-t-il, soudain, à l'aider ? Par fatigue, peut-être, d'être devenu ce qu'il est, à savoir pas grand-chose. Par regret, aussi, de n'avoir pas été, aux yeux de sa femme, aimante mais partie, celui qu'il aurait pu être. « Il a fait 4 000 kilomètres pour rejoindre celle qu'il aime et moi je n'ai pas été fichu de traverser la rue pour te retenir », dit-il, tout en émotion rentrée, à Marion, qui, elle, n'est que sensibilité.

On ne voit pas les centres de rétention dont un ministre, récemment nommé, assure qu'ils sont devenus humains. Plus humains qu'avant. On ne voit que des rues, des quais, des docks. Dans des bureaux, des flics goguenards ; et dans des tribunaux improvisés, des juges indifférents, statuant à la va-vite sur des clandestins chopés en train de fuir, aux poignets desquels,- sinistre réminiscence, on inscrira des matricules. A Calais, des videurs de supermarché empêchent l'entrée du magasin à quelques paumés, égarés dans le centre-ville, « pour ne pas troubler la clientèle ». Philippe Lioret filme longuement un policier aux yeux et aux traits las, payé pour que la ville ne devienne pas un « camp de réfugiés en situation irrégulière ».

Philippe Lioret nous montre, sans emphase ni condescendance, une France où, si vous faites monter un clandestin dans votre voiture vous voilà aussitôt complice, convoqué au commissariat. Ce n'est pas un pamphlétaire, Lioret, mais un philosophe : il sait bien que chacun a ses raisons, même s'il arrive que tout le monde ait tort. Son film, intense et beau, donne le frisson. Il finit mal, bien sûr, parce qu'il ne saurait en être autrement. Mais, comme dans ces vieux chefs-d'œuvre italiens où il suffisait qu'un gamin glisse sa main dans celle de son père humilié pour que l'espoir renaisse, ce sont des fragments de fraternité que l'on emporte. Une photo déchirée que Bilal montre à Simon. Une bague perdue, soudain retrouvée. Une improbable soirée pizza, improvisée par un Lindon gêné et génial. Et, dans une piscine déserte, la silhouette d'un adolescent se glissant dans l'eau pour y poursuivre son rêve.

Quelques clins d'œil dans le film : le voisin hostile aux immigrés a un paillasson où est inscrit « Welcome ». Le jeune kurde, Bilal, est surnommé « Bazda », qui signifie « coureur », en raison des qualités athlétiques d'endurance de ce « footeux » fan du club anglais de Manchester United. L'écran de télévision diffuse, vers le début du film, un numéro de l'émission Ce soir ou jamais, de Frédéric Taddei, qui réunissait sur son plateau trois "grandes dames" du cinéma français : Michèle Morgan, Micheline Presle et Danielle Darrieux; cette dernière partageait l'affiche avec Vincent Lindon dans le classique de Claude Sautet Quelques jours avec moi

Distribution

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  • Vincent Lindon : Simon Calmat
  • Firat Ayverdi : Bilal Kayani, « Bazda», kurde de 17 ans
  • Audrey Dana : Marion, l'ex-femme de Simon
  • Olivier Rabourdin : le lieutenant de police
  • Derya Ayrverdi : Mîna, l'amour que Bilal veut rejoindre
  • Yannick Renier : le collègue de Simon à la piscine
  • Mouafaq Rushdie  : le père de Mîna
  • Behi Djanati Atai  : la mère de Mîna
  • Patrick Ligardes  : le voisin hostile
  • Thierry Godard  : Bruno, le collègue de Marion chez les bénévoles
  • Firat Celik  : Koban, l'immigré furieux contre Bilal
  • Jean-Paul Comart  : le gradé chez Simon
  • Jean-Paul Brissart  : le juge
  • Eric Hérson-Macarel  : le policier du centre de rétention
  • Gilles Masson  : le gradé du centre de rétention
  • Emmanuel Courcol  : le directeur du supermarché
  • Jean-François Fagour  : l'agent de sécurité du supermarché
  • Jean-Christophe Voiron  : le chauffeur du camion tchèque

Fiche technique

  • Titre : Welcome
  • Réalisation : Philippe Lioret
  • Scénario : Philippe Lioret, Emmanuel Courcol, Olivier Adam
  • Musique : Nicola Piovani, Wojciech Kilar, Armand Amar
  • Photographie : Laurent Dailland
  • Durée : 110 minutes
  • Date de sortie :11 mars 2009


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