A Serious Man

De Cinéann.

A Serious Man ( Un homme sérieux au Québec) film américain réalisé par Joel et Ethan Coen sorti en 2009

Analyse critique

En 1967 à Minneapolis, Larry Gopnik, un professeur de physique en attente d'un poste de professeur titulaire, voit sa vie progressivement s'effondrer lorsque sa femme Judith demande le divorce pour épouser leur ami, Sy Ableman, veuf depuis trois ans. L'ambiance dans la famille de Larry Gopnik n'est pas au mieux depuis quelques mois : sa fille, Sarah, obsédée par son apparence, ne rêve que de se refaire le nez, son fils, Danny, se morfond à l'école hébraïque et passe son temps devant les séries télévisées des années 1960 ou à écouter la radio pendant ses cours, et enfin son frère irresponsable, Arthur, ne veut pas quitter son foyer et squatte le canapé depuis des mois à remplir d'obscurs cahiers de symboles de la cabbale. Gopnik est forcé par son épouse de quitter son foyer pour s'installer dans un motel minable de la ville durant le temps de la procédure de divorce.

À l'université, la situation de Gopnik n'est guère meilleure. En effet, il a reçu une proposition de pot-de-vin d'un étudiant coréen qui a échoué à son examen et qu'il tarde à dénoncer à sa hierarchie. Des lettres de diffamation arrivent alors au directeur du département de physique qui préside le comité devant se prononcer prochainement sur sa titularisation.

Devant l'avalanche de problèmes qui s'ajoutent chaque jour à son quotidien bien réglé de professeur de physique quantique, Gopnik tente de trouver des solutions et du réconfort auprès de différents rabbins tous plus incapables les uns que les autres de lui apporter une aide. Progressivement, le poids de sa vie s'abat sur ses épaules qui ploient un peu plus chaque jour. Gopnik obtient finalement la titularisation de son poste de professeur dans la faculté et Sy Ableman décède opportunément d'un accident de la route au moment exact et troublant où lui-même est impliqué dans un autre accident. Il reçoit alors un appel téléphonique de son médecin personnel qui lui demande de venir discuter de toute urgence de ses derniers résultats médicaux.

Le film illustre l'imprévisibilité, l'injustice et l'incompréhensibilité de la vie qui semble parfois s'acharner sur certaines personnes en leur réservant malheurs par dessus malheurs, comme dans l'histoire de Job dans la Bible. Cette imprévisibilité est reflétée jusque dans l'enseignement de Gopnik qui s'attache à décrire le principe d'incertitude d'Heisenberg et l'expérience du Chat de Schrödinger.

A Serious Man livre ainsi, pour la première fois de manière aussi explicite, une clé essentielle de l'oeuvre des frères Coen : sa filiation avec la culture juive américaine. La spécificité de ladite culture étant précisément sa difficulté à se situer par rapport à une filiation. Pour deux raisons : l'acculturation rapide de la communauté juive aux Etats-Unis, et sa sourde culpabilité devant l'anéantissement qui frappa, à travers le judaïsme est-européen, son terreau originel, dans sa forme traditionnelle, le monde de l'étude religieuse, ou profane, la langue et la littérature yiddish, la lutte politique pour l'émancipation.

Le judaïsme américain devient donc au XXe siècle l'incarnation exemplaire d'un judaïsme que la modernité dilue dans l'incertitude identitaire et la perte de ses repères. Existentiellement douloureuse et spirituellement angoissante, cette situation se révèle artistiquement fructueuse, notamment sur le plan d'un des derniers "traits juifs" pouvant prétendre à la pérennité : l'humour.

L'inspiration des frères Coen peut ainsi être rattachée à une tradition qui prendrait sa source chez les classiques européens de la littérature yiddish au début du XXe siècle et au premier chef Cholem Aleikhem. A Serious Man fournit quelques arguments à cette hypothèse, à commencer par le caractère autobiographique du film, situé dans une époque, une région et une sociologie dans lesquelles baigna la jeunesse des frères.

Mais c'est aussi bien sa stupéfiante séquence d'ouverture, qui constitue un véritable coup de force dramaturgique : un apologue en noir et blanc, situé en Europe orientale, dialogué en yiddish, et inventé de toutes pièces par les cinéastes, à mi-chemin entre conte traditionnel et film gore. Entre ce prologue fantasmé et l'histoire du martyr Larry Gopnik, c'est bien un monde perdu qui est évoqué par les frères Coen.

Distribution

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  • Michael Stuhlbarg : Larry Gopnik
  • Sari Lennick  : Judith Gopnik, la femme de Larry
  • Fred Melamed : Sy Ableman, l'ami de Judith
  • Richard Kind : Oncle Arthur, le frère de Larry
  • Aaron Wolff : Danny Gopnik, le fils
  • Jessica McManus : Sarah Gopnik, la fille
  • Simon Helberg : Rabbi Scott Ginzler, le rabbin "Junior"
  • Adam Arkin : Don Milgram, l'avocat de Larry
  • George Wyner : 'Rabbi Nachter, le deuxième rabbin
  • Fyvush Finkel : Reb Groshkover
  • Katherine Borowitz : Mimi Nudell
  • Steve Park : M. Park
  • Amy Landecker : Mme Samsky, la voisine attirante

Fiche technique

  • Titre : A Serious Man
  • Réalisation : Joel et Ethan Coen
  • Musique : Carter Burwell
  • Photographie : Roger Deakins
  • Montage : Joel et Ethan Coen crédités sous le pseudonyme de Roderick Jaynes
  • Durée : 106 minutes
  • Dates de sortie 2 octobre 2009
    • France 20 janvier 2010


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