Bacalaureat

De Cinéann.

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Baccalauréat (Bacalaureat), film roumain et français de Cristian Mungiu, sorti en 2016

Analyse critique

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Toute la vie de Romeo est remise en question. Il oublie alors les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions.

L' inquiétude morale est un thème qui continue de hanter les cinéastes qui ont vécu, durant tant de temps, le communisme. Se compromettre ou pas ? Ruser ou sombrer ? Cristian Mungiu met constamment la théorie en pratique, sans jamais sombrer dans le film à thèse. Il a la cinquantaine, un peu d'embonpoint, et entretient une jeune maîtresse qu'il a opérée avant de la séduire. Tout le monde, en Roumanie post-communiste, semble destiné à obliger quelqu'un à lui être redevable. Contrairement à son épouse, pour qui les mots « devoir » et « honneur » ont encore de l'importance, Roméo n'est plus l'idéaliste qu'il était. La foi, l'espérance et l'amour, n'ont pas résisté à la peur ambiante, à la pauvreté permanente et, peut-être, à sa propre médiocrité.

Sa seule obsession, désormais, est de sauver sa fille : si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d'une bourse qui lui permettra de quitter ce fichu pays, d'étudier en Angleterre. Plutôt douée, l'adolescente se fait agresser dans un chantier près de la fac et a du mal à utiliser sa main droite. Ça ne fait rien, il faut qu'elle réussisse. Roméo s'agite : il lui faut des « services », et en échange d'un foie tout neuf, un homme influent lui promet d'intervenir auprès d'une pointure qui pourra corrompre le correcteur des copies.

Roméo accepte, Roméo fonce sans s'apercevoir que le piège se referme sur lui. C'est cet engrenage que décrit Cristian Mungiu avec une froideur suave, où les faits, comme une vitre brisée de leur appartement, angoissent au moins autant que les sentiments. Les plans séquence qu'il affectionne lui permettent d'instaurer une inquiétude purement physique  : on contemple, par vagues successives, un homme se perdre dans ses contradictions. La satire sur la corruption inévitable et généralisée vire lentement au polar noir.

« Cristian Mungiu filme l’apprentissage de la corruption par un honnête homme et la foudroyante contagion de ce mal que d’aucuns estiment nécessaire. En quelques jours, tout l’entourage du bon docteur est contaminé. Le réalisateur excelle ici dans la mise en évidence des mécanismes de la compromission et de leur emprise sur toutes les entreprises humaines. »
Thomas Sotinel, Le Monde, 25 mai 2016

Distribution

  • Adrian Titieni : Romeo
  • Maria-Victoria Dragus : Eliza
  • Rares Andrici : Marius
  • Lia Bugnar : Magda
  • Malina Manovici : Sandra
  • Vlad Ivanov : Le commandant de police

Fiche technique

  • Scénario et réalisation : Cristian Mungiu
  • Production : Mobra Films Productions, Why Not Productions, Les Films Du Fleuve
  • Photographie : Tudor Vladimir Panduru
  • Montage : Mircea Olteanu
  • Durée : 128 minutes
  • Dates de sortie: 17 mai 2016 (Festival de Cannes)
    • France : 7 décembre 2016
  • Distinctions
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