Boys Don't Cry

De Cinéann.

Boys Don't Cry est un film américain réalisé par Kimberly Pierce, sorti en 1999.

Analyse critique

Teena Brandon est une jeune femme de 20 ans atteinte d'une crise d'identité sexuelle. Elle est née hermaphrodite, c'est un gêne qui lui permet d'avoir des organes appartenant aux deux sexes. Se sentant plus à l'aise en tant qu'homme plutôt que femme, elle change de nom et se fait passer pour Brandon, un jeune homme aux cheveux courts et quitte sa mère pour Lincoln et décide de cohabiter avec son cousin, Lonny. N'ayant pas encore l'argent pour se faire une transplantation de sexe, elle se sert de stratagèmes pour se faire passer pour un homme (comprimation de poitrine).

Un évènement fâcheux avec une fille pousse Lonny à jeter Teena dehors. C'est alors qu'il fait la connaissance de Candace dans un bar du coin.

Il lui sauve la vie lors d'une rixe avec un gars qui a essayé de la prendre avec lui. Brandon fait la connaissance de John Lotter et son meilleur ami Tom, qui pour le remercier l'entraînent à Falls City, une petite bourgade à quelques kilomètres de Lincoln.

Il parvient à s'intégrer facilement parmi la communauté des jeunes de la ville. Il tombera amoureux de Lana Tisdel, la meilleure amie de Candace et la "petite-soeur" de John, qui lui voue une dévotion et un soutien obsessionnel.

Lors d'une course-poursuite contre une bande de filles de riches, Brandon contourne la police sous une fausse identité, ce qui permet aux autres de ne pas découvrir la vérité. Quelques jours après ses 21 ans fêtés aux côtés de Lana et ses amis et le séjour de Brandon en prison, John et Tom découvrent que Brandon est en réalité une femme.

L'histoire est rigoureusement authentique: Teena Brandon, 21 ans, fut assassinée le 30 décembre 1993, ainsi que ses deux amis Lisa Lambert (Candace dans le film) et Philip Devine (et non pas le bébé de Candace). Ses deux meurtriers furent condamnés l'un à la peine de mort (par injection), l'autre à la prison à perpétuité...

Le scénario, refusé par les grands studios US, fut finalement tourné par une réalisatrice "indépendante", Kimberly Peirce.

Cette histoire terrible est vraie S'appuyant directement sur un documentaire, "The Brandon Teena Story" (Susan Muska and Greta Olafsdottir, 1998), la réalisatrice a respecté à la lettre la terrible histoire de Teena Brandon. A tel point que Lana Tisdel (la vraie Lana) a renoncé à la plainte qu'elle avait déposé contre le film, poussée par sa famille et après avoir commencé à collaborer à l'écriture du scénario. A la vue du film, elle n'a pu que constater sa fidélité aux faits...

Ce film heurte, laisse pantois et force à la réflexion. Nous sommes confrontés à l'un des plus terribles exemples d'intolérance et de bêtise, à la sauvagerie brute dont l'homme est, hélas, trop souvent capable. La certitude qu'il n'y aura pas de happy end crée une tension qui s'empare très vite du spectateur et ne le lâche plus. La dernière demi-heure nous explose à la figure, la violence ne nous est pas épargné par la réalisatrice. On peut se demander si la scène du viol de Brandon par John et Brendan,montrée à l'écran dans tous ses détails, était bien nécessaire. Peut-être une ellipse renvoyant l'image de Brandon dans le bureau de l'ignoble sheriff, tuméfiée et forcée de raconter son viol aurait eu autant de force. Par contre, la scène où les deux déjantés forcent Brandon à exposer sa véritable identité sexuelle s'impose, bien que provoquant un dégoût physique difficilement supportable...

La mise en scène de Kimberly Peirce, jeune femme de 31 ans au moment du tournage est diablement efficace, elle alterne présent et flash-backs, et monte sa spirale infernale séquence après séquence. La noirceur de l'histoire se retrouve dans les tons du film, beaucoup d'intérieurs et d'extérieurs nuit, et la réalisatrice a essayé avec succès d'éviter toute emphase sur-dramatique. La vérité objective est la seule chose qui l'intéresse.

Il est intéressant de noter que le personnage même de Teena Brandon, menteuse invétérée et voleuse, ne nous apparaît pas spécialement sympathique au début du film. Elle le devient peu à peu, plus nous sentons le danger monter, plus les autres personnages montrent leurs vrais visages. Elle n'est pas une "héroïne", juste une terrible victime. Il faut parler de la performance de son interprète, Hillary Swank. 25 ans au moment du tournage, à peine remarquée dans des films aussi stupides que "Buffy, tueuse de vampires" ou "Miss Karaté Kid" , elle réussit un prodige et a mérité l'Oscar de la Meilleure Actrice qu'elle remporta pour ce film. Son interprétation expose à la perfection tout à la fois l'enthousiasme de Teena/Brandon pour une nouvelle vie, sa naïveté à croire que tout se passera bien, son charme naturel dévastateur, mais aussi sa fragilité, la confusion de son esprit et l'incertitude de sa propre identité. Elle devient très émouvante dans la dernière demi-heure, notamment dans ses rapports avec Lana.

Chloe Sevigny, qui interprète cette dernière, a aussi rassemblé l'unanimité des critiques et y a gagné un Golden Globe. Elle incarne avec excellence l'aspect grunge de Lana, effacée et peu sûre d'elle au début du film, physiquement quelque part entre Courtney Love et Madonna. Mais la rencontre de Brandon, l'amour qu'elle reçoit de celle qu'elle croit être un garçon, la transforme peu à peu. Et c'est tout le talent de Chloe Sevigny de savoir nous rendre perceptible cette lente évolution et attachant ce personnage.

Distribution

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Fiche technique

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