Chute libre

De Cinéann.

Chute libre (Falling down) est un film américain réalisé par Joel Schumacher, sorti en 1993.

Analyse critique

Un cadre dynamique William 'D-Fens' Foster soudainement en plein embouteillage sous une chaleur torride pète les plombs abandonne son véhicule et part pour une randonnée sanglante à travers Los Angeles.

C’est vraiment une sale journée qui commence pour ce personnage subitement projeté hors du système. Tout le long de son parcours, il remet tout en question. L’épicier qui vend ses fruits trop chers, l’image réelle du hamburger servi qui ne correspond pas au produit publicitaire, le vendeur fasciste.

Ce monde est fou, toutes les personnes croisées le long de ce périple sont encore plus déjantées que le héros qui devient moralisateur, provoque, juge et sanctionne certains cas désespérés.

S’arrêtant dans un restaurant, il se voit refuser le petit-déjeuner qu’il commande au nom d’un respect excessif de l’horaire de service, ce qui le pousse à menacer, avec les armes dérobées, clients et employés jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction.

Pendant ce temps, l’inspecteur Prendergast, un policier consciencieux, établit un lien entre ces divers incidents et entame des recherches avec sa jeune collègue Sandra. On apprend qu’il a fait valoir ses droits à une retraite anticipée, le soir même, suite à l’exigence pressante de sa femme Amanda, une personne fragile et angoissée depuis le décès accidentel de leur fillette. Il met à profit ses dernières heures de travail, et, se souvenant de l’embouteillage au cours duquel il a dû aider à pousser la voiture de D-Fens sur le bas-côté, il l’identifie : il s’agit du nommé Bill Foster. Il se rend chez sa mère, puis chez sa femme.

Entre-temps, D-Fens croise la route d’un marchand de vêtements militaires homophobe admirateur d’Hitler qu’il tue au cours d’un pugilat, avant de s’emparer d’un bazooka avec lequel il déclenche une explosion dans un chantier urbain. Son errance le conduit sur un terrain de golf où il se dispute avec un joueur qui veut l’éconduire et qui s’affaisse, victime d’une crise cardiaque. Il menace même une famille chargée de s’occuper d’une maison luxueuse.

Il finit par arriver au domicile de sa femme qui s’enfuit précipitamment lorsqu’il arrive. Il s’y installe alors et visionne une cassette de souvenir d’anniversaire. Dérangée par l’arrivée de l’inspecteur Prendergast, il tire sur son assistante Sandra et rejoint sa femme et sa fille réfugiées sur une jetée. D-Fens fait croire à l’inspecteur, qui veut l’arrêter en douceur, qu’il est armé. Ce dernier abat D-Fens au moment où il dégaine le pistolet à eau de sa fille.

A travers ce film se dégage l’atmosphère d’une ville « Los Angeles » où tout semble hors contrôle, du port d’armes abusifs aux conflits raciaux avec à chaque rencontre la découverte d’un territoire cérébral insensé.

Le réalisme professionnel impitoyable du début des années 90 sert de référence à ce film qui révèle un véritable problème de notre société, les cadres pressés comme des citrons par les contraintes de leurs jobs perdent la raison et deviennent dangereux pour la société.

Cet homme saturé par les responsabilités professionnelles se lâche et progresse dans le zoo urbain d’une ville ou tous les excès sont possibles.

Conçu comme une parabole de la société américaine contemporaine, et plus largement des sociétés modernes, il n’utilise certes pas la litote pour délivrer sa vérité. On y voit « un homme ordinaire » à la dérive, interprété par un excellent Michael Douglas, traverser une partie de Los Angeles pour échouer au bord de l’océan.

Le décor de cet itinéraire a valeur de symbole : cette Ville par excellence s’apparente à une jungle où l’homme, pour survivre, doit se comporter comme « un loup pour l’homme ». Mais, à la différence des films d’aventure, cette odyssée ne transforme pas le personnage en héros, puisqu’il échoue dans son projet. Pourtant ce pessimisme doit aussitôt être nuancé. En effet, un second personnage – le seul qui s’intéresse vraiment à cet anonyme et comprend ce qu’il se passe -, l’inspecteur Martin Prendergast, suit un chemin inverse : son ultime enquête modifiera l’avenir qu’il avait envisagé selon les voeux de sa femme ; contrairement à ce qu'elle avait souhaité, il ne partira pas à la retraite. Ces deux personnages sont donc liés : l’un agit et sème le désordre et la violence dans la ville ; l’autre réagit et « suit » le premier dans sa dérive en observateur, d’abord, en chasseur, ensuite, en acteur déterminant artisan du destin, enfin.

On remarque que les protagonistes sont de simples citoyens, hommes simples, à la vie modeste, voire difficile. Ils sont surveillés par une police omniprésente et empêtrée dans ses propres difficultés : lors de l’embouteillage initial (surveillance et dépannage), pour enquêter sur les vols (boutique du Coréen), sur les homicides (la virée malencontreuse du gang) ou pour protéger les femmes de leur mari violent (Beth Travino inquiète des coups de fil de D-Fens). Mais l’on ne relève aucune présence physique de ceux qui ont licencié D-Fens, ou qui habitent les maisons luxueuses de Los Angeles (on ne « voit » que les gardiens). Bref, tout se passe comme si les responsables de cet état de fait social étaient absents et laissaient citoyens et policiers régler leurs comptes entre eux. Une dernière photo de famille.

Le personnage commence par abandonner sa voiture, puis sa mallette de cadre, enfin sa vie qu’il offre à son enfant dans l’espoir que la prime de son assurance-vie le remplacera auprès de sa fille en lui apportant la sécurité. Cette progressive mise à nu correspond à un refus de l’existence qu’il a menée jusque-là, et à une volonté de rétablir ce qu’il estime être une forme de justice : celle de l’individu trop longtemps exploité et trompé par ceux qui l’employaient, et victime de conditions sociales qui l’exposent à la nocivité des plus démunis. « D-Fens », a toujours été un citoyen-modèle, obéissant, prêt à faire ce qui lui était demandé. Pourtant, son mariage a été un échec et l'a privé de sa fillette qu'il n'a pas vu grandir. Pourtant, sa Société l'a licencié. Pourtant, il est vu comme “le méchant” et, s'il se laisse arrêter par Prendergast, il va passer le reste de sa vie en prison. Une fin absurde...

Alors, Bill Foster, désormais coupé de sa famille, tel une feuille morte, se détache de son cadre social, tournoie en une valse hésitante dans les rues de Los Angeles, avant de se noyer dans l’océan tout proche.

L’un des points forts du film est de permettre au spectateur de s’identifier, d’une certaine façon, à cet homme à la personnalité sans doute rigide, mais foncièrement honnête et altruiste, qui part à la dérive et, brusquement, refuse de suivre les codes sociaux pour agir selon son instinct de justice, et, dans le fond, pour réaliser ce que tout un chacun a eu envie de faire un jour ou l'autre, sans jamais se l’autoriser. Il en résulte un bon film qui propose un mélange des tons réussi. De son côté, Michael Douglas compose, de façon magistrale, un personnage d'américain “moyen", tour à tour proche et loin du spectateur, à la fois révoltant et émouvant.

Distribution

Fallingdown.jpg

Fiche technique


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