Cinéma belge

De Cinéann.

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Le cinéma belge a longtemps vécu dans l'ombre d'autres cinématographies, particulièrement celle de la France où nombre de réalisateurs et d'acteurs allaient poursuivre leur carrière.

La Belgique est un petit pays au cœur de l'Europe, au centre de deux cultures : latine et germanique, et aux trois langues nationales : le français, le néerlandais et l'allemand (minoritaire). Le cinéma belge se décline donc au pluriel, mais si quelques auteurs font le choix d'une étude différenciée de chaque aire linguistique, d'autres préfèrent mettre en avant ce qui les rapproche: le patrimoine culturel, notamment la peinture, l'attachement aux racines rurales, ainsi qu'un goût marqué pour le fantastique et l'onirisme, voire le surréalisme, souvent associé au concept de belgitude en général.

Certaines catégories sont plus caractéristiques de ce cinéma que d'autres : le documentaire, auquel Henri Storck a donné ses lettres de noblesse, mais également l'essai formel (cinéma expérimental et avant-garde) et le film sur l'art.

Personnalités du cinéma belge

Films belges

Histoire du cinéma belge

La première représentation publique de cinéma en Belgique a lieu le 1er mars 1896 à la Galerie du Roi, à Bruxelles, soit quelques semaines à peine après la séance historique des Frères Lumière à Paris le 25 décembre 1895, et avec un programme très semblable. De fait, une projection de La Sortie des usines Lumière avait déjà eu lieu en avant-première, dans un cercle restreint mais en présence de nombreuses personnalités, le 10 novembre 1895 à l’École Supérieure de l’Industrie de Bruxelles.

Les débuts de la production belge proprement dite sont dominés par deux personnalités, Hippolyte De Kempeneer et Alfred Machin, un Français originaire du Pas-de-Calais.

En 1897, De Kempeneer, un ancien négociant en boissons, tourne son premier reportage, Le roi Léopold II à l’Exposition de Tervueren (Koning Leopold II op de Tentoonstelling in Tervuren). Conscient de l’intérêt que les spectateurs belges commencent à porter à ces images plus proches de leur réalité, il lance un programme d’actualités cinématographiques, "La Semaine animée", qui sera diffusé chaque vendredi de 1912 à 1914. Les enjeux moraux et pédagogiques du cinéma — notamment des films documentaires — lui tiennent particulièrement à cœur. En 1913 il fonde la Ligue du Cinéma Moral et en 1914, il ouvre le Cinéma des Familles, une petite salle dédiée aux documentaires, dans laquelle il organise des matinées scolaires. Poursuivant la mission dont il se sent investi, il crée pendant la guerre la Compagnie Belge des Films Instructifs.

Ses productions sont abondantes et variées. Parmi les sujets traités, on remarque une fête des fleurs, un concours hippique, une foire aux bestiaux, des visites officielles ou des funérailles de personnalités, ou encore des scènes de colonies de vacances. Une série de films patriotiques est également produite, par exemple La Belgique martyre (Het Gemartelde België) de Charles Tutelier en 1919. Nombre de ces pellicules ont malheureusement été perdues.

En 1921, cet homme d’affaires avisé construit également de vastes studios à Machelen, où des réalisateurs belges et étrangers viendront travailler, par exemple les Français Julien Duvivier et Jacques de Baroncelli. De son côté, le Français Alfred Machin, recruté par la puissante firme Charles Pathé, tourne d’abord des films animaliers en Afrique puis séjourne aux Pays-Bas pour y développer une industrie cinématographique locale, avant d’être envoyé en Belgique en 1912 comme directeur artistique de l’une des filiales de Pathé, Belge Cinéma Film.

Des films de fiction commencent à être produits et L'Histoire de Minna Claessens (De legende van Minna Claessens) (1912) est considéré comme le premier long métrage du cinéma belge. La pellicule de ce mélodrame a été perdue, il n’en subsiste que le scénario, conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Toujours en 1912, la firme Pathé investit le domaine du Karreveld dans la banlieue bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean et Machin supervise alors son réaménagement. C’est là qu’il tournera les scènes d’intérieur de ses films belges.

Maudite soit la guerre (Vervloekt zij den oorlog), œuvre résolument pacifiste et prémonitoire sortie en juin 1914, constitue le sommet d’une carrière riche d’environ 150 titres. Certains de ces films sont conservés à la Cinémathèque royale de Belgique, à Bruxelles.

Dekeukeleire se passionne très tôt pour le cinéma et ses maîtres ont pour noms Germaine Dulac, Jean Epstein, Marcel L'Herbier, Louis Delluc, mais aussi Dziga Vertov. Très construit, son court métrage Combat de boxe (1927), réalisé dans des conditions très précaires mais avec de vrais boxeurs, utilise avec virtuosité toutes les ressources de ce nouveau langage. Cinéphile averti, il puise aussi son inspiration du côté des plasticiens tels que Man Ray, Fernand Léger ou Marcel Duchamp. Il poursuit ses recherches formelles avec Impatience et Histoire de détective (1929), puis tourne nombre de documentaires jusque dans les années 1950.

Le film de fiction le plus marquant de cette époque est Les mouettes meurent au port (1955), coréalisé par trois jeunes cinéastes d’Anvers, Rik Kuypers, Ivo Michiels et Roland Verhavert. L’utilisation du noir et blanc, les décors urbains, les errances sans espoir d’un héros tourmenté et les tensions d’un canevas policier peuvent sans doute se rattacher à une esthétique expressionniste, mais on évoque aussi à son propos quelques films européens (Le Troisième Homme, Jeux interdits) ou américains (Sur les quais) plus proches dans le temps.

À la fin des années 1950, Paul Meyer réalise Klinkaart et Déjà s'envole la fleur maigre, des fictions sociales, aux limites du documentaire, influencées par le néoréalisme.

Lucien Deroisy et Émile Degelin réalisent leur premier long métrage de fiction pendant cette période, le premier avec une adaptation des Gommes, le roman de Robbe-Grillet (1959) et le second avec Si le vent te fait peur (1960), un sujet audacieux pour l’époque (la tentation de l’inceste entre un frère et une sœur), pas si éloigné de la Nouvelle Vague française, un film auquel le Festival de Cannes décerne une mention d’honneur. Comme dans d’autres pays, une page du cinéma national est sur le point de se tourner.

Le cinéma belge est subventionné à partir des années 1960. Les avances sur recettes sont créées tant du côté flamand (1965) que du côté francophone (1967). Grâce à ces financements publics les films ont de meilleures chances de voir le jour et une émulation apparaît. Ce n'était pas l'avis du cinéaste Edmond Bernhard qui a déclaré : Il y avait là une dame qui exigeait à tout prix de moi un scénario. Je tourne toujours sans scénario... Ils me mettaient plus ou moins au pinacle à cette époque et ils ne voulaient pas me donner du fric. Ils voulaient le donner à une " structure ", qui serait moi sans être moi. Plusieurs cinéastes flamands de cette nouvelle génération, André Delvaux (L'Homme au crâne rasé), Roland Verhavert (Pallieter), Hugo Claus (Les Ennemis) et Harry Kümel (Les Lèvres rouges et Malpertuis) se distinguent aux manifestations cinématographiques internationales. Du côté francophone, Benoît Lamy réussit dans la comédie grand public (Home sweet Home). Mais c'est Chantal Akerman qui créera l'événement en 1975 avec l'hyperréaliste Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, sommet de son travail de synthèse entre l'énergie de Godard et le formalisme des cinéastes expérimentaux nord-américains.

Dans les années 1980, Marc Didden (Brussels by Night), Marion Hänsel (Dust), Jean-Jacques Andrien (Le Grand Paysage d'Alexis Droeven et Australia), Robbe De Hert (Zware Jongens), Patrick Van Antwerpen (Un joli petit coin et Vivement ce soir) et surtout Chantal Akerman (Toute une nuit et Golden Eighties) sont les réalisateurs qui donnent un nouveau souffle au cinéma belge de fiction conventionnel.

À partir des années 1990, ce type de cinéma belge prend un essor et se voit récompensé : en 1991 le premier long métrage de Jaco Van Dormael, Toto le héros, séduit à la fois le public et la critique et fait l'objet de nombreuses distinctions internationales, dont la Caméra d'or à Cannes ; C'est arrivé près de chez vous en 1992 avec Benoît Poelvoorde, remporte le Prix du public également à Cannes ; Antonia (1995) de la Néerlandaise Marleen Gorris, est consacré meilleur film étranger aux Oscars ; Pascal Duquenne, Natacha Régnier, Émilie Dequenne et Olivier Gourmet sont couronnés d'une Palme d'Or, du meilleur acteur ou de la meilleure actrice à Cannes, respectivement en 1996, 1998, 1999 et en 2002. Symbole ultime : les frères réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne y emportent deux fois la palme d'or en 1999 avec Rosetta et 2005 avec L'Enfant. Relevons aussi Vincent Lannoo qui, avec Strass signe le premier film belge Dogme, mouvement lancé par le Danois Lars von Trier. En 2006, pour surfer sur la vague de la bonne réputation des films belges, Luc Besson a produit Dikkenek, un « faux Poelvoorde, sans le goût, l'humour, la folie, sans le talent » selon La Libre Belgique. De son côté la Communauté flamande encourage le cinéma académique (Daens de Stijn Coninx, Villa des roses de Frank Van Passel) ou les tentatives de rivaliser avec l'efficacité du divertissant cinéma américain (La Mémoire du tueur d'Erik Van Looy). Ces produits traversent avec difficulté la frontière linguistique.

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