Films sur la Première Guerre mondiale

De Cinéann.

Films ayant pour thème la Première Guerre mondiale ou des événements liés, pendant ou après ce conflit, par ordre chronologique.

Entre les deux guerres

Pendant le conflit, les rares films sortis sont patriotiques, œuvres de propagande, donnant au monde le spectacle d’une France héroïque et blessée.

  • 1915 Une page de Gloire de Léonce Perret
  • 1918 N'oublions jamais (Lest We Forget) de Léonce Perret, réalisé aux États-Unis

Dés l'année 1930, le ton des grands films est pacifique et critique envers la guerre et ses conséquences. Deux grands films sortent cette année là, en pleine période des débuts du cinéma sonore et parlant.

  • 1930 Quatre de l'infanterie (Westfront 1918) , film allemand de Georg Wilhelm Pabst, retrace la vie et la mort de quatre fantassins allemands sur le front français lors des derniers mois de la Première Guerre mondiale. Les tranchées sont montrées comme un enfer qui engloutit les forces vives d’un pays sans distinction d’âge ni de classe.
  • 1930 À l'Ouest, rien de nouveau film américain de Lewis Milestone, adapté du roman Im Westen nichts Neues de l'allemand Erich Maria Remarque, publié en 1929, évoque le destin de Paul Bäumer et de ses amis de classe partis s'enrôler volontairement pour répondre aux harangues patriotiques de leur professeur qui les exhorte à défendre la patrie et à se couvrir de gloire. Les adolescents se rendent compte qu'il n'y a pas que des bons côtés à la guerre : discipline absurde, désorganisation du front, sous-alimentation, attente insupportable sous les bombardements meurtriers, combats cruels, pertes énormes.
  • 1932 Les Croix de bois de Raymond Bernard, d'après le roman de Roland Dorgelès, paru en 1919 , a pour héros un étudiant idéaliste prêt à en découdre avec les Allemands. Le front lui offre bien des désillusions : la faim, le froid, la peur, et l'impitoyable boucherie d'un combat qui fera, certes, reculer l'ennemi, mais qui décimera le régiment français.
  • 1937 La Grande Illusion de Jean Renoir . L'avion du lieutenant Maréchal transportant le capitaine Boieldieu de l'état-major est abattu. Les deux hommes sont faits prisonniers par le capitaine Von Rauffenstein, qui les traite avec grand respect. Maréchal et Boieldieu sont internés dans un camp de prisonniers en Allemagne où ils rejoignent d'autres compatriotes. Rapidement des relations de camaraderie se nouent, notamment avec le juif Rosenthal. Boieldieu et Von Rauffenstein, deux aristocrates, se lient d'amitié. Se rapprochant également de leur côté, Maréchal et Rosenthal envisagent de s'évader. Renoir multiplie les gestes de courtoisie ou d'amitié entre les adversaires.
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Quatre de l'infanterie, 1930

Entre 1945 et 1979

  • 1947 Le Diable au corps, de Claude Autant-Lara. A l'époque, le cinéma exalte la Résistance, l'esprit patriotique et la victoire. Autant-Lara fait scandale en adaptant le roman de Raymond Radiguet, l'histoire d'amour d'une jeune fiancée d'un soldat mobilisé, aide soignante dans un hôpital militaire et d'un adolescent, en pleine guerre de 14-18. Le film fait scandale avec la liaison « immorale » entre Marthe et François. Alors que Marthe est enceinte, le retour du soldat est annoncé comme un présage funeste, tandis que la promesse de sa mort semble un soulagement.
  • 1957 Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick. Lors d'un l'assaut des forces françaises, le régiment du colonel Dax est repoussé par le feu ennemi, subit de lourdes pertes et doit se replier. Observant la scène et s'apercevant qu'une partie des hommes n'a pas quitté la tranchée, le général Mireau enrage et ordonne de tirer au canon sur ses propres troupes pour les forcer à attaquer. De plus, il traduit le régiment en conseil de guerre pour « lâcheté devant l'ennemi », souhaitant qu'une centaine des soldats soient fusillés. Le colonel Dax repousse cette initiative qu'il juge révoltante et barbare. Finalement, le général Broulard pousse au compromis : seuls trois hommes, un par compagnie, seront jugés. Les 3 soldats seront fusillés le lendemain.
    Le film s'inspire de plusieurs faits réels. Pendant la Première Guerre mondiale, environ 2 500 soldats français ont été condamnés à mort par les conseils de guerre, dont un peu plus de 600 furent réellement fusillés « pour l'exemple ».
    Stanley Kubrick s'appuie entre autres sur l'affaire des caporaux de Souain où le général Réveilhac aurait fait tirer sur son propre régiment refusant de sortir des tranchées lors d'un assaut impossible, avant de faire exécuter quatre soldats en mars 1915, qui seront réhabilités en 1934.
    A sa sortie,le film est apprécié aux États-Unis car, au premier degré, la cible explicite est l’armée française. En France, les efforts diplomatiques aboutissent et il ne sera pas même soumis à la commission de censure. Les cinéphiles iront le voir en groupe en Belgique. Le film sortira en France dix-huit ans plus tard, au milieu de l'été 1975.
  • 1970 Les Hommes contre de Francesco Rosi.Le jeune et idéaliste lieutenant Sassù est mêlé aux carnages d'une guerre de position entre L'Autriche et l'Italie. Les combats se déroulent dans une zone montagneuse près d'Asiago dans la région de la Vénétie, Italie. La division du général Leone, dans un mouvement de panique, a abandonné une importante position que le général va s'acharner à essayer de reprendre.
    Soucieux du sort de ses hommes et s'élevant contre les décisions de la hiérarchie militaire, tentant aussi de circonvenir le calamiteux général Leone, le lieutenant Sassù est fusillé comme insoumis.
    Ce film dénonce les horreurs inutiles pour la prise de la colline de Montefiore sous les ordres d'un général malchanceux plus qu'incompétent, les mutineries, les exécutions qui s'ensuivent, événements fort comparables aux mutineries de 1917 dans les armées françaises et anglaises. À noter qu'avec 2 800 soldats fusillés pour mutinerie, abandon de poste, mutilation volontaire ou désertion, l'Italie détient le record de 14-18.
    À sa sortie, en Italie, le film l'objet de polémiques et même d'un procès pour « dénigrement de l'armée » qui se termina par un acquittement.
  • 1971 Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo. Joe Bonham est un jeune américain plein d'enthousiasme qui décide de s'engager pour aller combattre sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Au cours d'une mission de reconnaissance, il est gravement blessé par un obus et perd l'usage de ses quatre membres ainsi que la parole, la vue, l'ouïe et l'odorat. Allongé sur son lit d'hôpital, il se remémore son passé et essaie de deviner le monde qui l'entoure à l'aide de la seule possibilité qui lui reste : la sensibilité de la peau de son torse. Sa voix intérieure évoque la manière dont il se rend compte peu à peu de son infirmité. Les scènes dans l'hôpital avec la voix intérieure alternent avec des scènes de souvenir et de rêve. Très pessimiste, le film constitue un double manifeste, à la fois contre la guerre et pour l'euthanasie.
    Alors que les États-Unis étaient en pleine Guerre du Vietnam, la sortie du film et sa reconnaissance au festival de Cannes 1971 eurent une seconde résonance avec l'actualité. Les divers mouvements pacifistes et antimilitaristes des années 1970 firent de Johnny s'en va-t-en guerre une œuvre majeure dans laquelle il convient de voir l'un des plus violents réquisitoires de la littérature et du cinéma américain contre l'absurdité de toutes les guerres.
  • 1976 La Victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud. Aux confins du Cameroun et de l'Oubangi, des colons français et allemands apprennent en janvier 1915 que leurs pays sont en guerre. Les patriotes décident alors de former leur propre armée en recrutant exclusivement parmi les indigènes pour aller corriger la colonie allemande postée à quelques encablures de là sans vraiment se douter qu'une guerre peut être dangereuse.
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Les Sentiers de la Gloire, 1957

Après 1980

  • 1989 La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier. Le film se situe en novembre 1920. La Première Guerre Mondiale est achevée depuis deux ans. La France panse ses plaies et se remet au travail.Le conflit s’est interrompu, mais les plaies profondes qu’il avait ouvertes ont demeuré, béantes, dans les périls d’une terre ravagée, dans les meurtrissures d’une chair mutilée, ou dans les tourments d’une mémoire traumatisée. Irène, une grande bourgeoise parisienne part à la recherche de son mari, porté disparu au front. Sa route croise celle du commandant Dellaplane, qui dirige le Bureau de recherche et d'identification des militaires tués ou disparus. Perrin, un collègue du commandant, est pour sa part chargé de dénicher la dépouille d'un soldat inconnu, qui sera enseveli au pied de l'Arc de triomphe. Dellaplane apporte aussi son aide à Alice, une jeune institutrice qui a perdu son fiancé. Bertrand Tavernier tente la résurrection d’une population enfouie, enterrée par l’histoire institutionnelle, et par des autorités politiques ou militaires qui avaient intérêt à minimiser l’ampleur du drame démographique.
  • 2001 La Chambre des officiers . En août 1914, aux premiers jours de la guerre, Adrien, un jeune lieutenant, part en reconnaissance à cheval. Un obus éclate et lui arrache le bas du visage. La guerre, c'est à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce qu'il la passe, dans la chambre des officiers. Il est le premier à occuper cette pièce à part réservée aux gradés atrocement défigurés par leurs blessures. Il est bientôt rejoint par de nombreux officiers qui réagissent, chacun avec leurs personnalités aux souffrances qu'ils subissent. Dans ce film, François Dupeyron dénonce bien sûr les atrocités de la guerre, mais s'intéresse en priorité aux réactions individuelles devant la perte d'identité que constitue une mutilation grave. Dans cette situation, les premiers temps sont une lutte contre la souffrance physique, mais une fois que celle-ci devient moins aigue, il faut affronter le regard des autres, des proches, mais surtout son propre regard.
  • 1996 Capitaine Conan de Bertrand Tavernier
  • 2005 Joyeux Noël de Christian Carion. La première année de la guerre, Noël 1914 arrive avec son cortège de cadeaux venant des familles et des états-majors. Mais l'impensable se produit : pour quelques instants, on va poser le fusil pour aller, une bougie à la main, voir celui d'en face, pourtant décrit depuis des lustres, à l'école aussi bien qu'à la caserne, comme un monstre sanguinaire, et, la musique coutumière des chants de Noël aidant, découvrir en lui un humain, lui serrer la main, échanger avec lui cigarettes et chocolat, et lui souhaiter « un joyeux Noël », Frohe Weihnachten. Le film rassemble plusieurs épisodes historiques de fraternisation, survenus en différents endroits du front à la Noël 1914. Tous sont attestés par différents témoignages et preuves historiques. Tout est authentique dans ce film issu d'un travail d'exploration des archives.
  • 2007 La France de Serge Bozon
  • 2017 Les Gardiennes de Xavier Beauvois. En août 1914, dans une ferme des Deux-Sèvres, Hortense Misanger voit partir ses deux fils Georges et Constant et son gendre Clovis. Le mari d'Hortense, Claude est usé par le travail et n'a plus la volonté de continuer. Dotée d'une grande énergie et d'un caractère particulièrement autoritaire, Hortense va se dépenser sans compter et imposer implacablement sa volonté à son entourage au mépris des conséquences et du bonheur réel des membres de sa famille. La singularité du film se déploie, en décalage de tous les films centrés sur les poilus et les tranchées. La narration est hors du temps, pendant des saisons, des années. Ces vies suspendues à une éventuelle mauvaise nouvelle, qui arrive par l'intermédiaire du maire, chargé d'annoncer les décès, et toutes les échéances sont reportées à un hypothétique « après la guerre », prononcé comme une formule magique. Quand les hommes reviennent pour une permission, ils sont fantomatiques, hagards, hantés par la barbarie des combats, les seules scènes de guerre proviennent de leurs cauchemars.
  • 2017 Au revoir là-haut d' Albert Dupontel. En novembre 1920, Albert Maillard est interrogé par un officier de la Gendarmerie française, au Maroc. Il raconte la fin de sa participation à la Première Guerre mondiale, sa rencontre avec Édouard Péricourt, fils de bonne famille parisienne défiguré lors du conflit. Ensemble, ils montent une opération d'escroquerie. L'histoire suit également Henri d'Aulnay-Pradelle, leur ancien lieutenant va-t-en guerre devenu lui aussi escroc et qui est parvenu à intégrer la famille Péricourt, dont le patriarche règne sur la classe politique parisienne. Albert Dupontel s’en donne à cœur joie pour dénoncer les ravages du patriotisme et le cynisme des puissants. Sa virulence politique est indissociable d’une profonde tendresse pour les marginaux. Le cinéaste aime le burlesque mais n’a pas peur du mélo, il réussit à rendre très émouvantes des scènes qui, sur le papier, avaient tout pour être ridicules. Albert Dupontel réalise de formidables trouvailles visuelles, à travers la collection de masques portés par Edouard pour cacher sa gueule cassée, tout l’art moderne et la culture populaire du début du XXe siècle défilent.
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La Vie et rien d'autre, Bertrand Tavernier
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