Frères Dardenne

De Cinéann.

Jean-Pierre et Luc Dardenne sont des frères réalisateurs belges. Jean-Pierre est né le 21 avril 1951 à Engis et Luc est né le 10 mars 1954 aux Awirs.

Représentants d’un cinéma militant et réaliste, les frères Dardenne ont su, grâce à une filmographie cohérente, imposer leur style mais aussi leurs revendications. Ils sont aujourd’hui, avec Ken Loach et Mike Leigh les représentants d'un cinéma social renouvelé, notamment esthétiquement.

Biographie

Les frères Dardenne ont grandi en Belgique dans la banlieue industrielle de Liège, à Seraing.

C’est en tant qu’étudiant en Art dramatique à Bruxelles que Jean-Pierre Dardenne rencontre Armand Gatti, metteur en scène et poète, qui le marquera beaucoup et surtout qui lui permettra de débuter dans la réalisation en lui proposant ainsi qu’à son frère Luc de devenir les assistants de ses expériences théâtrales que sont « La Colonne Durutti » et « L’Arche d’Adelin » puis plus tard de son film Nous étions tous des noms d'arbres.

Après leurs études respectives (Jean-Pierre en art dramatique et Luc en philosophie1 de 1974 à 1977, « les frères » comme les appellent leurs amis et collaborateurs, tournent des vidéos militantes et d’interventions dans des cités ouvrières qu'ils financent grâce à leurs petits emplois respectifs. L’art filmique et les aspects sociaux de la vie viennent alors de se rencontrer, deux éléments qui sont à la base du cinéma engagé des frères Dardenne.

De plus, désireux de créer les structures qui leur permettraient de lier engagement social et cinéma, Luc et Jean-Pierre Dardenne fondent en 1975 la maison de production « Dérives » (qui déjà produit une cinquantaine de documentaires). Ils fonderont également, en 1981, « Films Dérives Productions » qui a produit six longs métrages et, en 1994, « Les Films du Fleuve » qui financera tous leurs films à partir de La Promesse et participera à la production de Stormy Weather de Solveig Anspach, Le Monde vivant d’Eugène Green, Le Mystère de la chambre jaune de Bruno Podalydès et Le Couperet de Costa-Gavras entre autres.

Par la suite, en 1978, les deux frères cinéastes réalisent de nombreux documentaires (sur les radios libres, les problèmes engendrés par la vie collective, la grève générale de 1960 : Lorsque le bateau de M. Léon descendit la Meuse pour la première fois, les journaux clandestins, la résistance anti-nazie en Belgique : Le Chant du rossignol).

En 1981 ils retrouvent Armand Gatti pour un film : Nous étions tous des noms d’arbres pour lequel Luc est le premier assistant réalisateur et Jean-Pierre le premier assistant caméra.

En 1987, Falsch, adapté d’une pièce de René Kalisky et co-écrit avec Jean Gruault (scénariste de François Truffaut), marque un tournant décisif dans leur carrière : le passage à la fiction. En effet, leur cinéma, toujours engagé socialement, prend maintenant son point de départ dans la fiction tout en restant très proche du documentaire dans la forme.

Ils réaliseront ensuite Je pense à vous, en 1992, mais ne seront découverts qu’en 1996, année au cours de laquelle leur parcours cannois commence, et avec succès puisqu’ils y présentent, à la Quinzaine des Réalisateurs, La Promesse (qui révèle Jérémie Renier, acteur dans L'Enfant et Olivier Gourmet, acteur dans Le Fils). Par ailleurs, outre son importance pour la suite de la carrière des frères Dardenne, ce film préfigure les thèmes qui seront au centre de leur œuvre : le conflit entre enfants et parents, entre une société en perdition et une jeunesse égarée, et enfin entre un monde libéral et exploiteur (voire, d’une certaine façon, cannibale) et ses victimes. Leur style naturaliste s'y affirme également dans la volonté de combiner une forme visuelle nerveuse et rugueuse à une histoire romanesque, profonde et intense qui tire les schèmes de la tragédie du côté des personnes en marge et des déshérités. Le décor post-industriel de la périphérie liégeoise devient leur cadre de prédilection et on y décèle déjà leur manière singulière de coller convulsivement à leur personnage principal et de montrer ses gesticulations et ses mouvements répétés dans un quotidien de débrouille et de clandestinité. Ce troisième long métrage de fiction utilise d'ailleurs le fil central de leurs scénarios à venir, à savoir un protagoniste entraîné dans un problème d'ordre moral et confronté, à un moment donné, à un dilemme cornélien qui fera ressurgir son humanité cachée.

C’est véritablement en 1999 que les frères Dardenne sont reconnus mondialement grâce à leur Palme d'or obtenue à Cannes pour Rosetta, fiction racontant le combat d’une jeune femme en quête désespérée d’un emploi. Émilie Dequenne, comédienne débutante à l'époque, décroche de son côté le Prix d'interprétation féminine.

Plus récemment, en 2002, Olivier Gourmet est lui aussi honoré d'un Prix d'interprétation cannois pour son rôle dans Le Fils, film d'une grande intensité dramatique sur les relations père / fils et la difficulté de pardonner. Dans cette œuvre, le comédien joue un menuisier formateur de jeunes qui rencontre l’enfant qui a tué, quelques années plus tôt, son propre fils.

En 2005 les frères Dardenne rejoignent le cercle très privé des cinéastes doublement palmés (au côté du président du jury de cette année-là : Emir Kusturica) avec L'Enfant qui évoque le sort de jeunes parents « instables socialement » dont la vie va basculer à la naissance de leur enfant. En 2008, Le Silence de Lorna, drame sur l'immigration clandestine et le mariage blanc, leur vaut un autre trophée cannois : le Prix du scénario. Ils comptent désormais parmi les metteurs en scène les plus primés de l'histoire du festival. Ils ratent d'ailleurs de peu une troisième palme mais gagnent le Grand Prix pour Le Gamin au vélo en 2011, film qui narre la possibilité pour un jeune garçon abandonné par son père de se choisir une mère d'adoption, incarnée par Cécile de France. Jean-Pierre et Luc Dardenne (au centre), à gauche Philippe Reynaert, et à droite Gabriel Ringlet.

Ils sont, avec Jaco Van Dormael, cofondateurs de l’académie Delvaux qui organise les Magritte du cinéma.

Filmographie

Récompenses

  • 1997 : Prix Bologne-Lemaire du Wallon de l'année 1997, décerné par l'Institut Destrée
  • 1999 : Palme d'or au Festival de Cannes pour Rosetta
  • 2005 : Palme d'or au Festival de Cannes pour L'Enfant.
  • 2008 : Prix du scénario (Festival de Cannes) pour Le Silence de Lorna.
  • 2008 : Prix LUX du Parlement européen pour le cinéma attribué au Silence de Lorna.
  • 2008 : Prix de la Ligue belge des Droits de l'Homme.
  • 2010 : Doctorat honoraire, Katholieke Universiteit Leuven
  • 2011 : Grand prix du jury (Festival de Cannes) pour Le Gamin au vélo


Retrouvez tous les détails de la filmographie de Frères Dardenne sur sa fiche IMDB, pour Jean-Pierre
Retrouvez tous les détails de la filmographie de Frères Dardenne sur sa fiche IMDB, pour Luc

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