Geronimo (2014)

De Cinéann.

Geronimo film français réalisé par Tony Gatlif, sorti en 2014.

Analyse critique

Le film demarre à 100 km/h par la fuite d'une adolescente d'origine turque, Nil Terzi, le jour de son mariage (forcé), avec un lointain cousin de sa propre communauté. Elle fuit en robe blanche et retrouve son amour, un jeune gitan d'une communauté adverse, Lucky Molina. Le frère de la jeune fille, Fazil, et le presque-marié sont prêts à laver son honneur dans le sang. Pompière toujours au four et au moulin, sprinteuse de choc "Geronimo", une éducatrice sans cesse en mouvement, plongée dans cette vendetta entre communauté turque et gitane. tente d'éteindre le brasier des haines qui enflamme cette cité du Sud de la France.

Dix-septième film de Tony Gatlif ,"Geronimo" est un "Roméo et Juliette" ensoleillé, une tragédie solaire chorégraphiée à la "West Side Story" au credo clairement affiché. "Savoir sortir du cadre", est-il écrit entre deux graffitis sur le mur d'un entrepôt désaffecté, à la fin du film. C'est bien ce que fait Tony Gatlif, qui s'écarte souvent, sans jamais s'éloigner, de l'argument mince que souvent vu qui tient le film. L'antagonisme entre communautés est un motif à transfigurer, à poétiser sans cesse, un substrat tragique toujours prêt à libérer un suc flamboyant. La musique est omniprésente, un cocktail explosif de flamenco, mélopées orientales et hip-hop.

Si le film s'attarde au début dans un réalisme qui sert à planter le décor, il déploie un naturalisme poétique qui donne lieu à de superbes scènes, la fuite de la mariée dans un champ, un long plan-séquence où une joute de hip-hop dans un hangar tourne à l'affrontement. Entre battles nocturnes et triples saltos sur fond de no man's-land, cris d'amour et accalmies où la musique tzigane devient un exutoire, la machinerie Gatlif tourne à plein régime. Le film se termine dans une force tragique et montre le symbolisme de son climax, quand deux hommes luttent enserrés dans une bâche de plastique qui rappelle la robe de mariée, matrice tragique du film.

Céline Sallette est extraordinaire dans ce rôle d'altruiste cabossée, de brindille hardie, de combattante, d' Apache aux yeux clairs.

Filmé caméra à l'épaule, ce qui donne une image en forme de précipité flou, multipliant les gros plans, "Geronimo" dégage une grande sensualité, qui trouve sa plus grande expression dans les yeux de braise des protagonistes haineux, qui aimantent littéralement le regard et cristallisent le drame façon western. "Géronimo" rend compte aussi de cette vie revenue à l'état de nature, rendue aux pulsions primitives, à la haine monomaniaque et aux pratiques moyenâgeuses (le mariage forcé), que dénonce ici Gatlif. Quelques séquences auraient gagné à être resserrées, ais, dans le paysage souvent formaté du cinéma français, la fougue de Gatlif, sa liberté et sa croyance dans la mixité, entre images et musiques, entre communautés, font du bien.

Distribution

  • Céline Sallette: Geronimo
  • Rachid Youcef : Fazil
  • David Murgia : Lucky
  • Sergi López
  • Vincent Heneine

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Tony Gatlif
  • Photographie : Patrick Ghiringhelli
  • Montage : Caíque de Souza
  • Durée : 1h45
  • Dates de sortie : 20 mai 2014 (Cannes); 15 octobre 2014 (France)

Sélections

  • Festival de Cannes 2014 : sélection hors compétition « Séances spéciales »
  • Festival international du film de Locarno 2014

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