Goupi Mains Rouges

De Cinéann.

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Goupi Mains Rouges , film français de Jacques Becker, sorti en 1943

Analyse critique

Les Goupi sont une famille charentaise de paysans rusés autant que bornés. Goupi Mes sous (un avare) fait revenir de Paris son fils qu'il n'a pas vu depuis vingt ans et qu'il croit grand directeur commercial. Il a le projet de le marier à sa jolie cousine, Goupi Muguet. Mais, le soir de son arrivée, Goupi l'Empereur, 106 ans, a une attaque qui le fait croire mort.

Goupi Tonkin, un ancien d'Indochine qui en est revenu à moitié fou, trouve dans les mains du terrassé une poignée de billets dont il s'empare. Déplorant ce vol plus que l'assassinat supposé, Goupi Tisane, mégère cruelle, poursuit Tonkin dans les bois, tombe sur Jean, jeune paysan un peu demeuré qu'elle se met à battre au bâton. Les Goupi trouveront le lendemain le corps de Tisane qu'un violent coup au front a expédié.

Le clan soupçonne alors Goupi Monsieur, le fameux fils prodige rentré la nuit même au pays. Il n'est qu'humble vendeur de cravates. Mis sous le séquestre afin d'obtenir ses aveux quant au vol et au meurtre, la situation s'enlise d'autant que l'Empereur, contre toute croyance, respire encore et que Muguet s'entiche de ce parisien à belle allure qu'on lui promettait pour époux. Tonkin qui aime Muguet sombre alors pour de bon dans la folie.

Qui a tué Tisane et où se trouve le magot de l'Empereur ? Deux questions auxquelles apportera réponse Goupi Mains rouges, le solitaire de la famille, partagé entre rancœur et attachement.

Le dénouement du film et celui du roman sont différents. En 1943, sous l'occupation allemande, il était impossible de tourner dans un camp militaire, celui de La Braconne, près d'Angoulême, là où se situe une partie de l'action du roman. En adaptant son roman, Pierre Véry dut changer d'assassin.

Il faut surtout remarquer la modernité de ce film sorti sous l'Occupation, le deuxième de Jacques Becker qu'il put tourner en échappant au stalag après avoir simulé des crises d'épilepsie. Aucune coquetterie champêtre dans la mise en scène, aucun cabotinage rustique dans ce drôle de drame paysan.

Becker enferme les membres d'une famille particulièrement âpre dans des plans virtuoses et décortique leurs mœurs et leurs bizarreries, comme par exemple ces pratiques d'envoûtement dignes d'un culte vaudou. La cupidité est le principal ressort de ses personnages, avec ses corollaires, la méfiance, le renfermement.

A travers les Goupi, leur obsession du travail et de la famille, leur hypocrisie, ce sont les valeurs de Vichy que le jeune et grand cinéaste stigmatisait, mais avec suffisamment de finesse, et un petit discours final apaisant, pour éviter la censure.

Distribution

  • Fernand Ledoux : Léopold Goupi "Mains rouges"
  • Georges Rollin : Eugène Goupi "Monsieur"
  • Blanchette Brunoy : "Muguet"
  • Robert Le Vigan : "Tonkin"
  • René Génin : "Dicton"
  • Line Noro : Marie
  • Arthur Devère : "Mes sous"
  • Germaine Kerjean : "Tisane"
  • Maurice Schutz : "L'Empereur"

Fiche technique

  • Réalisation : Jacques Becker
  • Adaptation et dialogues : Pierre Véry d'après son roman Goupi Mains rouges (éditions: Gallimard, 1937)
  • Photographie : Jean Bourgoin, Pierre Montazel
  • Montage : Marguerite Renoir
  • Musique : Jean Alfaro
  • Production : Minerva
  • Directeur de production : Charles Méré et Jean Mugeli
  • Durée : 104 minutes
  • Date de sortie : 14 avril 1943
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