Hôtel (2004)

De Cinéann.

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Hôtel (Hotel) , film autrichien de Jessica Hausner, sorti en 2004

Analyse critique

Irène, jeune blonde un peu rigide, débute comme réceptionniste dans un grand hôtel des Alpes autrichiennes. Les jours passent, les clients sont rares, elle prend peu à peu ses marques dans cet univers strict. Lorsqu’elle apprend que celle qui la précédait à ce poste a disparu dans d’étranges circonstances, elle commence à enquêter et se heurte à l’indifférence puis à l’hostilité de ses collègues, en particulier d'un couple de gardiens, jusqu’à sentir une menace peser sur elle.

Le danger est constant mais incertain, source de peur autant que d'excitation. Avec ses plans au cordeau, la réalisatrice crée un climat étrange en exploitant le potentiel angoissant du décor, pourtant banal. La forêt alentour semble croître, tandis que le couloir du sous-sol qui mène à la piscine semble engloutir l'héroïne.

Jessica Hausner joue sur les couleurs, les contrastes, les lumières, et instaure une atmosphère ouatée à l'angoisse diffuse, par une mise en scène discrètement inventive et un sens aigu de la bizarrerie. Les personnages sournois, les silences inquiétants, les cris lancinants, les rêves bizarres conditionnent le spectateur. Les couloirs sombres et les lieux obscurs ne représentent une menace que si on les considère comme des dangers potentiels.

Tout n'est qu'une question de subjectivité et d'interprétation, le spectateur est balancé entre psychanalyse et science-fiction. Est-ce le cauchemar éveillé d'une jeune femme travaillée par le refoulement sexuel et la pulsion de mort  ? Un fantôme hante-t-il les lieux ? Un serial-killer serait-il dans les parages ? Hausner dessine des pistes et des fausses pistes, distille le trouble. En sondant les angoisses les plus viscérales et les peurs les plus primaires. Plus qu'une métaphore simpliste sur le passage à l'âge adulte, le film invite à méditer sur les forces secrètes qui hantent le quotidien le plus familier, en pointant du doigt une question récurrente: Il y a-t-il manipulation par des forces obscures ? Le film se ressent plus qu'il ne s'explique.

« L’affiche du film est minimale : une femme de dos marche dans un couloir très éclairé, aux murs nus ; à quelques pas devant elle, le couloir s’obscurcit jusqu’à devenir totalement noir, comme un gouffre horizontal. Ce n’est rien, mais cela exprime parfaitement l’angoisse sourde qui baigne Hôtel. Aucun souci d’effets appuyés : tout est enveloppé de feutre. Mais la moindre action, un bain nocturne dans la piscine de l’hôtel, la lumière qu’il faut allumer à chaque coude du couloir de la réserve, nous laisse le cœur suspendu, tant la menace rôde, non identifiable. Hôtel est un film sous le signe de la mort romantique. Il y a longtemps que nous n’avions pas frémi avec autant de plaisir. »
Lucien Logette, Jeune Cinéma, juillet 2004

Distribution

  • Franziska Weisz : Irene
  • Birgit Minichmayr : Petra
  • Marlene Streeruwitz : Mme Liebig
  • Christopher Schärf : Erik
  • Peter Strauß : Mr Kross
  • Regina Fritsch : Mme Karin
  • Alfred Worel : Mr Liebig

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Jessica Hausner
  • Photographie : Martin Gschlacht
  • Montage : Karina Ressler
  • Sociétés de production : Coop99 Filmproduktion, Essential Filmproduktion
  • Durée : 82 minutes
  • Dates de sortie : 17 mai 2004 (Festival de Cannes)
    • France : 9 mars 2005
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