Henri (2013)
De Cinéann.
Henri film franco-belge réalisé par Yolande Moreau, sorti en 2013.
Analyse critique
Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, "La Cantina". Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé. Leur fille Laetitia propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un "papillon blanc", comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proche de "La Cantina". Rosette est de ceux-là. Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est léger, elle est simplement un peu décalée, absente quelquefois. Elle rêve d’amour, de sexualité et de normalité. Avec l’arrivée de Rosette, une nouvelle vie s’organise.
Henri est un taiseux enfermé dans son chagrin qui trouve sa joie dans les concours de pigeons voyageurs. La pesanteur de la vie plombe un peu le film qui s'en arrache heureusement pour aller vers la légèreté, cette complicité qui réunit Rosette et Henri bien au-delà des mots.
Yolande Moreau aime se passer du langage. Elle compose des plans superbes et fait surgir des émotions visuelles. Pour exprimer une magie retrouvée, une envie de bonheur qui renaît. Par-delà la différence d'âge, au-delà du désir qui se consomme et consume, Henri et Rosette se retrouvent proches. Les voilà tenant un snack-camionnette, ancrés dans une réalité simple que Yolande Moreau sait décrire avec chaleur. Comme elle sait entrer dans la complexité, la beauté du sentiment qui lie ses personnages, et qu'ils ont autant de mal à vivre que nous à le qualifier, car le terme « amour » est trop connoté, trop précis et implique une relation que la société ne tolérerait pas.
La réalisatrice parle de petits riens, de petites gens, sans chichis, parfois avec un regard de documentariste. Pudique, elle évite l'écueil du sentimentalisme. Ses personnages prennent leur vie en main, testent leur aptitude au bonheur et son long-métrage a des airs de tragi-comédie. Yolande Moreau filme avec délicatesse les paysages campagnards et les lumières des ciels bas et lourds du Nord-Pas-de-Calais. Devant sa caméra, ils sont aussi émouvants que ses protagonistes.
Gérard Lefort, déclare : « Henri est un film sur la bonté. Pas celle qui glisse la pièce au pauvre monde et puis oublie. Non, la bonté de fond, discrète et invisible, telle qu’elle peut trouver asile dans un bar-restaurant des environs de Charleroi. »
Yolande Moreau déclare :« Je suis portée vers les histoires de coups de cœur qui surgissent aux hasards de la vie et forme des couples improbables. L’amour n’a que faire de la différence. A mes yeux, il y a beaucoup de ressemblances dans la différence ! Tout le monde vit les mêmes préoccupations existentielles. Les gens ont les mêmes sourires, les mêmes peurs et les mêmes doutes, handicap ou pas. »
Distribution
Fiche technique
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