Ingmar Bergman

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Ernst Ingmar Bergman , metteur en scène, scénariste et réalisateur suédois, né à Uppsala le 14 juillet 1918 et mort le 30 juillet 2007 sur l'île de Fårö.

Biographie

Ingmar Bergman naît en 1918. Il est le fils cadet d'une famille de trois enfants : un frère aîné, Dag, et une sÅ“ur plus jeune, Margareta, qui vient au monde quatre ans plus tard. Le jeune Ingmar Bergman vit une enfance tourmentée ; ses relations avec sa mère et son frère sont contrariées par les manipulations et les chantages affectifs. Le père est un pasteur luthérien ambitieux. Le presbytère où vit la famille est ouvert à tous les paroissiens et se doit d'être modèle. Sans doute cédant à cette pression sociale, le père soumet sa famille à une discipline extrêmement rigide. Les enfants sont élevés dans la traque obsessionnelle du péché et du repentir. Les punitions corporelles sont courantes et ritualisées. L’auteur conserve un traumatisme de cette éducation rigide qui affleure dans certaines de ses Å“uvres.

C’est au sein des proches de la famille qu’il s’épanouit. Il passe le meilleur de son enfance chez sa grand-mère à Uppsala qui l'emmène au cinéma. Ingmar Bergman se découvre pour cet art une passion précoce. Lors d'un Noël, une riche parente fait cadeau aux enfants d'un cinématographe. L'appareil est doté de lentilles et d'un système de projection.

Il se rend régulièrement au théâtre depuis tout jeune. Ingmar Bergman a l’occasion de l’observer en coulisse grâce à un musicien qui joue derrière la scène pour une mise en scène du Songe d’August Strindberg.

Dans le cadre d’un programme d’échange, il part pour l’Allemagne, dans la région de Thuringe, en 1934. Le pays est alors plongé dans la tourmente nazie. Sa famille d’accueil l'emmène assister à une prestation d'Adolf Hitler dans un stade sportif à Weimar. Il se retrouve fasciné par le discours du Führer. De retour en Suède, le milieu dans lequel il vit, essentiellement germanophile, est de la même façon imprégné par l’idéologie nazie. Son frère est un des fondateurs et membre actif du parti national-socialiste suédois. Le traumatisme de la découverte des camps d'extermination par la suite le conduira à prendre ses distances avec la politique.

Ingmar Bergman s'inscrit en 1937 en Histoire et Littérature à l'université de Stockholm. Il y suit des cours de Martin Lamm, professeur réputé, spécialiste de Strindberg et d’Emanuel Swedenborg. Ses études, cependant, sont contrariées par un emploi du temps chargé, quasi entièrement consacré au théâtre.

Au printemps 1939, dans la nécessité de trouver un emploi, il tente sans succès de se faire embaucher au Théâtre dramatique royal de Stockholm, et doit se rabattre sur un poste d’assistant à la mise en scène à l’Opéra royal où il est occasionnellement souffleur. La Seconde Guerre mondiale éclate quand Ingmar Bergman doit accomplir son service national mais il est aussitôt démobilisé à cause d'un ulcère. En repos chez sa grand-mère en Dalécarlie, il écrit une douzaine de pièces de théâtre et un opéra. Il met en scène l’une d’elles, La Mort de Polichinelle, largement inspirée de pièces de Strindberg. À la fin de la représentation, il est approché par Carl Anders Dymling, directeur de la Svensk Filmindustri, et Stina Bergman, directrice du service des scénarios, qui lui proposent un emploi pour écrire et revoir les scénarios produits par la société.

Intégré dans une équipe de six scénaristes, il est parfois envoyé sur des tournages pour corriger des dialogues. Les méthodes d’écriture sont empruntées aux méthodes américaines alors en vogue. Ingmar Bergman leur préfère pourtant les films français de l’époque : Jean Renoir, Marcel Carné, Julien Duvivier. Il fait la connaissance de Gustaf Molander à qui il fait lire un scénario inspiré de ses années d’études. Celui-ci en recommande l'adaptation à la production qui confie la réalisation à Alf Sjöberg.

Dans le même temps, la commune de Helsingborg cherche à sauver son théâtre municipal et propose sa direction à Ingmar Bergman. Le théâtre est en piteux état mais il accepte. Il est alors marié à une jeune danseuse et chorégraphe, Else Fischer, qui a accouché d’une enfant à la fin de l’année 1943. Le bébé et sa mère sont atteints de la tuberculose et Ingmar Bergman enchaîne mises en scène et scénarios pour faire face aux frais d’hospitalisation. En 1945, la Svensk Filmindustri lui commande l’adaptation et la réalisation d’une pièce de théâtre. Ingmar Bergman est enthousiaste mais il pèche par orgueil et néglige son manque d'expérience. Le tournage a lieu en été dans des conditions catastrophiques. Il se fait un ennemi du chef opérateur, davantage porté sur le documentaire, il peine à maîtriser ses troupes, le mauvais temps se met de la partie lors des extérieurs, le laboratoire gâche les pellicules et la production du film doit souffrir d’un accident du travail lors d’une prise en studio. Tout au long de l’épreuve, il recueille les conseils du cinéaste Victor Sjöström et ceux, avisés, de son monteur expérimenté, Oscar Rosander, qui l’aide à remettre le film sur pied. Crise (Kris), premier film réalisé par Ingmar Bergman, sort en 1946.

Ingmar Bergman poursuit son travail au théâtre municipal de Helsingborg et continue à écrire des scénarios pour la Svensk Filmindustri. Il monte l’une de ses pièces, Rachel et l’ouvreuse de cinéma, qu’il adaptera plus tard pour L'Attente des femmes. Sa femme qui devait initialement pourvoir un poste de chorégraphe au sein du théâtre doit être remplacée en raison de sa maladie. Elle lui recommande une amie : Ellen Lundström avec laquelle il noue une liaison qui conduit les époux à divorcer. À l’automne 1946, le jeune couple déménage pour Göteborg où Ingmar Bergman obtient un poste de metteur en scène au théâtre municipal. L’endroit est sous la coupe de son directeur Torsten Hammarén qui devient son mentor et lui enseigne des techniques de mise en scène pour une pièce d’Albert Camus, Caligula, avec le comédien Anders Ek.

Après l’échec de Crise, la Svensk Filmindustri rechigne à renouveler l’expérience de la réalisation avec Ingmar Bergman. C’est donc avec le producteur Lorens Marmstedt, qu’il dirige ses trois prochains films : Il pleut sur notre amour (Det regnar pÃ¥ vÃ¥r kärlek, 1946), L'Éternel Mirage (Skepp till India land, 1947) et Musique dans les ténèbres (Musik i mörker, 1948). Ces premiers films sont très empreints de l’influence du cinéma français des années 1930 et notamment de Marcel Carné.

Durant l’été 1950, Ingmar Bergman traverse alors de graves difficultés financières et doit solliciter un important prêt à la Svensk Filmindustri qui le lui consent en échange d’une exclusivité sur plusieurs scénarios et des honoraires à la baisse. Il accepte de réaliser des films publicitaires pour des savons et une œuvre de commande, Une telle chose ne se produirait pas ici.

Ingmar Bergman est nommé directeur artistique du Théâtre municipal de Malmö en 1952. Il exécute plusieurs mises en scène, certaines puisant dans le répertoire classique (Peer Gynt, Le Misanthrope), des opérettes (La Veuve joyeuse) ainsi que deux de ses propres pièces : Peinture sur bois et Meurtre à Bajärna. Le travail théâtral de l’auteur se double d’une intense activité cinématographique. Il sort successivement La Nuit des forains (Gycklarnas afton, 1953), Une leçon d'amour (En Lektion i kärlek, 1954) et Rêve de femmes (Kvinnodröm). À l’automne 1955, après le tournage de Sourires d'une nuit d'été (Sommarnattens leende, 1955), victime du surmenage et d’un ulcère qu’il traîne déjà depuis de nombreuses années, il est hospitalisé.

Déjà amorcée avec La Prison, la maturation du cinéma de Bergman est, à la veille de la réalisation du Septième Sceau, déjà accomplie. L’influence du cinéma français de l’avant-guerre s’est effacée au profit d’un style plus personnel. Ville portuaire (Hamnstad, 1948) ou Monika, sont encore influencés par le cinéma italien néoréaliste mais son style personnel s’affirme. On trouve dans les films qu’il dirige entre 1948 et 1955, nombre de caractéristiques de l’empreinte personnelle du réalisateur : interrogations métaphysiques sur la vie et la mort , érotisme prégnant, désillusion conjugale , le spectacle. Sa vision de la féminité notamment détonne. Dans cette thématique, son langage cinématographique se positionne davantage du côté de la femme ; c’est au travers de leur regard que l’attitude des hommes est brocardée : les personnages féminins sont nuancés quand les personnages masculins sont au contraire typés.

La réputation d’Ingmar Bergman passe les frontières suédoises avec Sourires d’une nuit d’été qui est sélectionné au Festival de Cannes en 1956. Le film, dont l'accouchement s'est fait dans la douleur, y fait figure d'une surprise appréciable et obtient d'ailleurs un « prix de l'humour poétique Â» (sic). Mais c’est lors de la sélection de l’année suivante, avec Le Septième Sceau, qu’il fait sensation. Le film, plus grave, est adapté de l’une de ses propres pièces en un seul acte (Peinture sur bois). L’intrigue sous forme d’allégorie tourne autour de la mort et du jugement dernier. L’accueil critique est enthousiaste. Le clou est enfoncé avec Les Fraises sauvages dans lequel il fait jouer l’un des pionniers du cinéma suédois, Victor Sjöström qui jouait déjà dans Vers la joie. Il décroche à cette occasion l’Ours d'or du meilleur film au Festival de Berlin.

La critique suédoise, jusque-là très réservée, se fait dorénavant moins sévère qu’elle n’était à l’égard de ses œuvres. Les studios suédois lui laissent les coudées franches et une pleine liberté de création. Le réalisateur reçoit aussi plusieurs sollicitations et de plusieurs pays pour tourner des films. Néanmoins, il préférera continuer à tourner en Suède. Ingmar Bergman a désormais l’habitude d’alterner théâtre, le courant de l’année, et cinéma, l’été. Il aime s’entourer de sa propre équipe et redoute le sort de certains de ses compatriotes, tels Victor Sjöström ou Mauritz Stiller qui s’expatrièrent aux États-Unis pour finalement tomber dans l'oubli.

Ingmar Bergman tombe sous le charme de l'île de Fårö. Il y bâtit une maison et y tourne plusieurs de ses films dont Persona. L'île sera aussi le sujet de deux documentaires qu'il lui consacre à dix ans d'intervalle, intitulés tous deux Mon île Faro (Fårö-dokument), en 1969 puis en 1979.

Ingmar Bergman épouse Ingrid von Rosen en novembre 1971, elle reste sa femme jusqu’à sa mort en 1995. Il fait un séjour avec elle à Los Angeles pour diriger un séminaire sur le cinéma. Il y rencontre des cinéastes comme William Wyler et Billy Wilder. Cependant, un contrôle fiscal de l'entreprise met un terme brutal à ses projets, et va jusqu'à entraîner l'arrestation du cinéaste le 30 janvier 1976. Inculpé de fraude fiscale, le metteur en scène alors en pleines répétitions d'un spectacle, est emmené par la police pour un interrogatoire. Il est relâché une fois l'entretien terminé. L'événement fait la une des journaux et engendre un véritable battage médiatique. Empreint d'une vive émotion, le cinéaste se cloître chez lui ; sous l'impulsion de sa femme, il est conduit à l'hôpital psychiatrique quelques jours après. Ingmar Bergman apprend que les poursuites à son encontre sont finalement abandonnées un mois plus tard, tandis qu'il se repose dans sa maison sur l'île de FÃ¥rö. Le 22 avril, il publie par voie de presse une lettre ouverte dans laquelle il s'explique de ses démêlés avec le Trésor public et annonce qu'il quitte la Suède. Il se rend d'abord à Paris, mais la pression médiatique dont il y fait l'objet l'engage à changer ses plans. Il s'installe finalement à Munich.

Le séjour allemand dure neuf années. Ingmar Bergman retisse progressivement des liens avec la Suède. Il y retourne passer des vacances et effectue notamment une mise en scène du Roi Lear au Théâtre dramatique de Stockholm en 1983. Il est contraint d'y poser sa caméra pour le film Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander, 1982) inspiré en partie de souvenirs d'enfance.

Ingmar Bergman prend sa décision de se retirer du cinéma en 1982. La retraite annoncée reste pourtant active. La suite de sa carrière depuis lors se concentre, certes à un rythme moins soutenu qu'auparavant, au théâtre et à la réalisation de téléfilms. Une partie des téléfilms vont encore faire l'objet de sortie en salle, mais contre la volonté du réalisateur, pour qui ces œuvres audiovisuelles sont uniquement destinées au petit écran.

Le cinéaste s'attache très nettement à distinguer son œuvre cinématographique qu'il estime achevée avec Fanny et Alexandre, de son œuvre télévisuelle qui perdure. Reste que cette dernière emprunte les mêmes thématiques et questionnements et, à cet égard, il est difficile de s'empêcher de les mettre en perspective. Les téléfilms qu'Ingmar Bergman réalise, évoquent par exemple, comme d'autres films, le processus créatif et s'inspirent de sa propre histoire. Si l'on exclut l'idée d'une continuité, ils peuvent sans doute être vus comme une forme de résonance des thèmes et intrigues de ses films, comme une réflexion sur son œuvre cinématographique.

Depuis 1995, l'année où sa femme Ingrid décède d'un cancer de l'estomac, le cinéaste estime avoir perdu le goût de la vie. Il en fait l'aveu en 2000, lors d'un entretien télévisé en compagnie d'Erland Josephson : « Continuer à vivre me laisse indifférent. Je tente de maintenir ma vie en ordre, de respecter un schéma. Je me lève à six heures, je travaille méthodiquement le matin. Ensuite il y a le théâtre. Mais le fait même de vivre est lourd. Â» Après la sortie de Sarabande, Ingmar Bergman cesse toute activité artistique. Il meurt le 30 juillet 2007 à l’âge de 89 ans dans sa maison sur l’île de FÃ¥rö, le même jour que Michelangelo Antonioni.

Filmographie

( Réalisateur et scénariste)

  • 1946 : Crise (Kris)
  • 1946 : Il pleut sur notre amour (Det regnar pÃ¥ vÃ¥r kärlek)
  • 1947 : L'Éternel mirage (Skepp till India land)
  • 1948 : Musique dans les ténèbres (Musik i mörker)
  • 1948 : Ville portuaire (Hamnstad)
  • 1949 : La Prison (Fängelse)
  • 1949 : La Fontaine d'Aréthuse ou La Soif (Törst)
  • 1950 : Vers la joie (Till glädje)
  • 1950 : Cela ne se produirait pas ici (SÃ¥nt händer inte här)
  • 1951 : Jeux d'été (Sommarlek)
  • 1952 : L'Attente des femmes (Kvinnors väntan)
  • 1953 : Un été avec Monika ou Monika et le désir (Sommaren med Monika)
  • 1953 : La Nuit des forains (Gycklarnas afton)
  • 1954 : Une leçon d'amour (En Lektion i kärlek)
  • 1955 : Rêve de femmes (Kvinnodröm)
  • 1955 : Sourires d'une nuit d'été (Sommarnattens leende)
  • 1957 : Le Septième Sceau (Det sjunde inseglet)
  • 1957 : Herr Sleeman kommer
  • 1957 : Les Fraises sauvages (Smultronstället)
  • 1958 : Au seuil de la vie (Nära livet)
  • 1958 : Venetianskan
  • 1958 : Rabies
  • 1958 : Le Visage (Ansiktet)
  • 1960 : La Source (Jungfrukällan)
  • 1960 : L'Å’il du diable (Djävulens öga)
  • 1961 : À travers le miroir (SÃ¥som i en spegel)
  • 1963 : Les Communiants (Nattvardsgästerna)
  • 1963 : Le Silence (Tystnaden)
  • 1964 : Toutes ses femmes (För att inte tala om alla dessa kvinnor)
  • 1965 : Don Juan (feuilleton TV)
  • 1966 : Persona
  • 1968 : L'Heure du loup (Vargtimmen)
  • 1968 : La Honte (Skammen)
  • 1969 : Le Rite (Riten)
  • 1969 : Une passion (En Passion)
  • 1971 : Le Lien (Beröringen)
  • 1972 : Cris et chuchotements (Viskningar och rop)
  • 1973 : Scènes de la vie conjugale (Scener ur ett äktenskap)
  • 1974 : Misantropen (TV)
  • 1975 : La Flûte enchantée (Trollflöjten)
  • 1976 : Face à face (Ansikte mot ansikte)
  • 1977 : L'Å’uf du serpent (The Serpent's Egg)
  • 1978 : Sonate d'automne (Höstsonaten)
  • 1979 : Mon île Faro (FÃ¥rö-dokument)
  • 1980 : De la vie des marionnettes (Aus dem Leben der Marionetten)
  • 1982 : Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander)
  • 1983 : Hustruskolan (TV)
  • 1984 : Après la répétition (Efter repetitionen) (TV)
  • 1986 : TvÃ¥ saliga, De (TV)
  • 1992 : La Marquise de Sade (Markisinnan de Sade)
  • 1993 : Backanterna
  • 1995 : Sista skriket
  • 1997 : En présence d'un clown (Larmar och gör sig till)
  • 2000 : Bildmakarna
  • 2003 : Sarabande (Saraband)

Distinctions

Oscar du cinéma 
6 nominations
Berlinale 
Festival de Cannes 
  • 1957 : Prix du jury pour Le Septième Sceau (Det sjunde inseglet)
  • 1958 : Prix du meilleur réalisateur pour Au seuil de la vie (Nära livet)
  • 1960 : Mention spéciale pour La Source (Jungfrukällan)
  • 1973 : Grand prix pour Cris et chuchotements (Viskningar och rop)
César du cinéma 
  • 1984 : César du meilleur film étranger pour Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander)
Mostra de Venise 


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