J'enrage de son absence

De Cinéann.

J'enrage de son absence, film français de Sandrine Bonnaire, sorti en 2012

Analyse critique

La rage du titre, c'est celle d'un homme qui le conduit sur les traces d'un amour blessé et endeuillé pas vraiment éteint et réellement insensé. Le thème est en rapport avec un épisode de la vie de sa mère. Un ancien amant, éconduit, n'avait pas pu faire le deuil de leur séparation et avait lentement glissé vers une déchéance morale et physique.

Après dix ans d’absence, parti en Amérique, Jacques ressurgit dans la vie de Mado, aujourd’hui mariée et mère de Paul, un garçon de sept ans. La relation de l’ancien couple est entachée du deuil d’un enfant. Alors que Mado a refait sa vie, Jacques en paraît incapable. Jacques revient alors dans la vie de Mado et rencontre Paul avec lequel la complicité, qui dérange Mado, grandit jour après jour. Finalement Mado décide de les empêcher de se voir, mais Jacques n'a pas dit son dernier mot.

On le retrouve dans une cave, paisible, presque rassurante. Dans ce petit lieu clos, le temps s'arrête, le monde extérieur disparaît, les autres se résument à quelques pieds entraperçus à travers un soupirail. Jacques a fait semblant de regagner l'Amérique, mais il s'est dissimulé dans cette cachette où Paul vient le retrouver, dès qu'il le peut.

Le cinéma n'a presque jamais montré un père s'éprenant d'un gamin qui n'est pas le sien. Le plus étrange, c'est que cette passion est partagée. Le petit Paul est fasciné par cet inconnu, probablement parce qu'il vient d'ailleurs, cet homme, c'est le rêve, l'aventure, le fruit défendu. L'oncle d'Amérique, mais sans doute pressent-il, aussi, inconsciemment, sa solitude. Il l'aime et pour ne pas le quitter, le voilà prêt à tout : il ment, il ruse, il l'aide à s'installer dans sa cave.

Sandrine Bonnaire filme la douleur, pas la spectaculaire, l'hystérique, mais la douleur diffuse, celle qui est tapie dans l'ombre, survit quand on la croit endormie. Elle imprègne les gestes d'Alexandra Lamy, fiévreuse, fragile, et les traits blêmes de William Hurt, impressionnant fantôme, revenu un temps d'entre les morts pour nourrir son obsession inguérissable. Elle réussit, pour son premier film de fiction , à faire vivre des lieux inquiétants et des sentiments ambigus.

Distribution

  • William Hurt : Jacques
  • Alexandra Lamy : Mado
  • Augustin Legrand : Stéphane, le mari de Mado
  • Jalil Mehenni : Paul, le fils de Mado et de Stéphane
  • Françoise Oriane : Geneviève, la fidèle gouvernante
  • Norbert Rutili : le notaire
  • Matteo Trevisan : Félix, l'ami de Paul dans l'immeuble

Fiche technique

  • Réalisation : Sandrine Bonnaire
  • Scénario : Sandrine Bonnaire, Jérôme Tonnerre
  • Directeur de la photographie : Philippe Guilbert
  • Montage : Svetlana Vaynblat
  • Musique : André Dziezuk
  • Producteur : Thomas Schmitt, Dominique Besnehard, Michel Feller, Nicolas Steil et Jesus Gonzalez-Elvira
  • Production : Mon Voisin Productions, Mosaïque Films et IRIS Films ( France, Belgique, Luxembourg )
  • Durée : 98 minutes
  • Date de sortie : 31 octobre 2012; Avant première au Festival international du film de La Rochelle 2012


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