Kié la petite peste

De Cinéann.

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Kié la petite peste (じゃリン子チエ, Jarinko Chie) film japonais de Isao Takahata, sorti en 1981

Analyse critique

Kié est une petite fille dont le père tient un petit restaurant dans l'arrondissement Nishinari-ku d'Ôsaka. Bagarreur et joueur, ce dernier néglige sa famille et son travail et sa femme le quitte, tout en continuant à rencontrer sa fille en cachette. Cette dernière, à huit ans seulement, s'occupe du restaurant tout en essayant de travailler en classe.

Ce film préfigure Mes voisins les Yamada, il s'agit de l'adaptation dans les deux cas d'un manga à sketches ayant pour thème principal la famille. L'époque de publication des mangas et de réalisation des animés (années 70-80 pour le premier, 90 pour le second) diffère ainsi que le style graphique mais dans les deux cas, ils sont très fidèles à l'œuvre d'origine qui est minimaliste.

Kié la petite peste est une chronique familiale haute en couleurs et qui s'apprécie encore plus si l'on fait l'effort de saisir son contexte culturel. L'histoire se déroule en effet à Osaka, surnommée le Marseille du Japon à cause de son tempérament nettement plus exubérant qu'à Tokyo. La région se caractérise notamment par un accent gouailleur, à apprécier en VO, des spécificités culinaires (l'okonomiyaki, sorte d'omelette garnie), un vocabulaire fleuri et un humour quelque fois de mauvais goût que l'on retrouve dans le film à travers une galerie savoureuse de personnages masculins (Tetsu le père de Kié, le patron de la salle de jeu auprès duquel il a contracté des dettes, son ancien prof, les yakuzas) ainsi que leurs animaux de compagnie, des chats bipèdes d'une force surhumaine qu'ils tiennent de leurs testicules, cet attribut viril proéminent se retrouvant à l'identique chez des tanukis de Pompoko également réalisé par Takahata. Kié elle-même a un caractère bien trempé et il lui bien ça pour gérer une famille compliquée.

Derrière la farce, le film raconte l'histoire d'une famille dysfonctionnelle avec une petite fille qui grandit entre un père irresponsable qui semble porter sur lui tous les défauts de la terre et une mère qui a abandonné le foyer familial. Kié est obligée de remplacer les adultes défaillants qui lui tiennent lieu de parents en gérant notamment le restaurant de son père, ce qui perturbe ses études. Le seul être mature sur lequel elle puisse s'appuyer est son chat, Kotetsu.

Mais rien de misérabiliste dans tout cela, au contraire car tous les personnages, sauf la mère de Kié, sont comiques et la solidarité du quartier joue à plein pour réconcilier de gré ou de force Tetsu et son épouse afin que Kié retrouve un minimum de stabilité familiale. C'est donc un mode de vie traditionnel en train de se perdre haut en couleur que fait vivre Takahata tout en jouant avec les formes et les codes, comme l'extrait live de Godzilla, un duel de chats virils orchestré comme un western de Sergio Leone.

Fiche technique

  • Titre original : じゃリン子チエ, Jarinko Chie
  • Réalisation : Isao Takahata
  • Œuvre originale : Etsuji Haruki
  • Direction de l'animation : Yasuo Otsuka, Yôichi Kotabe
  • Directeur artistique : Nizo Yamamoto
  • Musique : Katsu Hoshi
  • Production : Hidenori Taga, Tetsuo Katayama
  • Sociétés de production : TMS, Kitty Music, Toho
  • Durée : 105 minutes
  • Dates de sortie : 16 juillet 1981
    • France : 5 décembre 2001 (en VF)
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