L'Emploi du temps

De Cinéann.

L'Emploi du temps , film français de Laurent Cantet, sorti en 2001

Analyse critique

Vincent, un consultant en entreprise, cache à son épouse qu'il a perdu son emploi. Il s'invente des rendez-vous de travail fictifs, puis fait croire qu'il a trouvé un nouvel emploi en Suisse. Pour subvenir à ses besoins, il commence à monter des escroqueries. Pris dans un engrenage, il se trouve amené à travailler pour Jean-Michel, un malfaiteur expérimenté.

Ce long-métrage est librement inspiré de la véritable histoire de Jean-Claude Romand, un imposteur qui fit croire durant des années à ses proches qu'il était médecin, alors qu'il avait interrompu ses études en première année et qu'il n'avait depuis aucune activité. Un film sur le même sujet, mais plus proche du fait divers, fut réalisé l'année suivante par Nicole Garcia sous le titre L'Adversaire, d'après le roman d'Emmanuel Carrère.

En gommant sciemment la part maudite et le caractère pathologique de Romand, en escamotant toute tentation homicide, Cantet entend rendre compte du glissement intime d'un cadre moyen, auquel nombre de spectateurs peut presque s'identifier, et sa mise en scène n'a de cesse de les renvoyer à leurs propres défaillances virtuelles.

L'interprétation d'Aurélien Recoing est remarquable, et s'adapte à l'évolution de son personnage. Dans le lent début, Vincent, vacillant et indéterminé, pas encore pleinement affûté dans l'art de la dissimulation, inscrit jeu et mise en scène dans son propre flottement. Aurélien Recoing s'accomplit également dans le fait d'ouvrir des failles ou de générer des manques dans sa composition et de patiemment se constituer, en acceptant d'endosser le rôle une vie de caméléon qu'il improvise et façonne petit à petit.

Au diapason, Cantet développe une impériale maîtrise dans la conduite de son récit pour que, très insidieusement, le malaise incube avec prégnance. Le réalisateur franchit différents paliers à cette adhésion; quand Vincent affine les rouages de sa fiction et redouble d'aisance dans ses arnaques aux prêts bancaires, il fait glisser le film vers le genre policier. Puis, quand son incursion dans l'illégalité l'amène à rencontrer Jean-Michel, escroc contrebandier. Jean-Michel est celui qui voit juste, qui a su démonter les mécanismes de la vaste conspiration du travail et qui ramène le film vers la critique sociale, la perte des illusions, la tyrannie du salariat.

Distribution

  • Aurélien Recoing : Vincent
  • Karin Viard : Muriel, la femme de Vincent
  • Serge Livrozet : Jean-Michel
  • Jean-Pierre Mangeot : le père de Vincent
  • Monique Mangeot : la mère de Vincent

Fiche technique

  • Réalisation : Laurent Cantet
  • Scénario : Robin Campillo et Laurent Cantet
  • Musique : Jocelyn Pook
  • Image : Pierre Milon
  • Montage : Robin Campillo, Stephanie Leger
  • Durée : 134 minutes
  • Date de sortie : 14 novembre 2001
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